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El Moudjahid : L’Algérie célèbre le 8 octobre le 59e anniversaire de la Journée nationale de la diplomatie…
M. Lazhar Maroc : Le 8 octobre 1962 est l’une des dates phare de notre histoire contemporaine. Elle correspond à l’adhésion de l’Algérie aux institutions internationales et son admission au sein de l’ONU. Historique, cet exploit, consacré au lendemain de l’indépendance arrachée de haute lutte, est le fruit de l’offensive algérienne menée durant le combat libérateur où l’internationalisation de la juste cause nationale était parmi les objectifs inscrits dans la Proclamation du 1er novembre 54, confortée deux années plus tard dans la plateforme du Congrès de la Soummam. La diplomatie algérienne a pleinement assumé ses missions durant la guerre de Libération pour accélérer l’avènement de l’indépendance et du recouvrement de la souveraineté nationale. A ce titre, citons la participation remarquée de l’Algérie à la Conférence afro-asiatique de Bandung (Indonésie) le 18 avril 1955.
Le soutien de la communauté internationale, États et organisations, à la cause algérienne n’a cessé de croître depuis. Une autre date phare de la dynamique diplomatique durant la guerre de Libération : la célébration à travers le monde de la journée de Solidarité avec l’Algérie combattante, le 30 mars 1958, à un moment où, à l’intérieur du pays, le combat de l’ALN ébranlait l’édifice colonial. La création du GPRA, dont l’annonce officielle a été faite le mois de septembre de la même année, a d’ailleurs été très vite reconnue par plusieurs pays.
Au lendemain de l’indépendance, la diplomatie algérienne a rayonné par ses actions de soutien aux mouvements de libération, au droit à l’autodétermination des peuples, à la souveraineté des États, au respect de l’égalité internationale, à la défense des causes justes, à la promotion des valeurs de la paix, de la stabilité et de la solidarité internationales, autant de principes adoptés en tant que positions constantes.
Quels sont les défis de l’heure pour la diplomatie algérienne?
La diplomatie algérienne devrait être redéfinie sur de nouvelles bases plus pragmatiques pour faire face aux mutations profondes survenues dans notre environnement régional et d’autres pays du Moyen-Orient et du Sahel.
Quant aux menaces nées de ces mutations, elles sont essentiellement au nombre de trois. La première porte sur la persistance du plan de destruction de l’Etat-nation, objet de plusieurs scénarios exécutés dans d’autres pays comme en Irak ou en Syrie. La seconde, la prolifération des groupes terroristes dans la région du Sahel dans le but de susciter un climat de violence et d’insécurité devant servir de motif pour justifier le recours à l’ingérence étrangère, voire l’installation de bases militaires étrangères qui ont un impact négatif sur la souveraineté des États.
La troisième menace concerne le potentiel de richesses naturelles dont dispose l’Algérie et d’autres pays du voisinage, qui sont l’objet de convoitise de parties étrangères qui n’hésiteront pas à recourir à des stratégies détournés et au complot pour s’en emparer. Pour mieux juguler toutes ces menaces, la contribution et l’appui de la diplomatie algérienne sont plus que jamais recommandés.
Qu’en est-il des priorités pour optimiser l’apport de la diplomatie dans la défense des intérêts suprêmes de la Nation ?
La première priorité est de conforter davantage la présence de l’Algérie dans le continent africain et au sein de l’organisation de l’Union africaine. L’Afrique est le prolongement naturel de l’Algérie et pour des considérations sécuritaires et économiques, la diplomatie algérienne est appelée à être plus active, plus dynamique sur le continent africain pour la consécration des objectifs de paix, de stabilité et atteindre des niveaux de coopération qui sont à même d’impacter positivement sur le devenir des Etats africains. Poursuivre et approfondir la coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme devrait être érigé au rang des priorités de notre diplomatie, non seulement pour mieux sécuriser nos frontières mais aussi pour asseoir une stabilité durable dans le Sahel.
D’autre part, il est nécessaire d’affiner et de mieux consolider nos relations diplomatiques avec l’Union européenne, vu l’importance de la coopération économique et des échanges entre l’Algérie et les pays européens. Il est également attendu de la diplomatie algérienne de mieux valoriser la place de ses partenaires historiques, ceux de l’Amérique latine et de la Chine ou de la Russie, de rehausser le niveau de coopération avec les USA et d’œuvrer à conférer un meilleur avenir aux relations algéro-françaises dans le but de mieux défendre nos intérêts en tant qu’Etat et peuple souverains.
Entretien réalisé par Karim Aoudia
El Moudjahid, 07/10/2021