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L’onde de choc provoquée par les dernières déclarations du président Français, Emmanuel Macron, lesquelles ont été très mal perçues dans le sud de la Méditerranée, n’a pas laissé indifférents les habitants de la région des Aurès, berceau des révolutionnaires du 1er novembre 1954 notamment les opérateurs privés.
Une vingtaine d’opérateurs économiques de la région de Batna ont annoncé, jeudi dernier, leur volonté de geler des projets de partenariat avec des entreprises françaises. L’initiative a été lancée par le propriétaire du Groupe BenBellat, spécialisé dans la fabrication de matériaux de construction, produits agricoles et équipements hydrauliques. La réunion de concertation tenue à Batna a réuni une vingtaine d’opérateurs de la région, et ce dans le but d’une réaction unifiée des hommes d’affaire batnéens à la suite des déclarations «inappropriées» du président français, qualifiées aussi de «calomnieuses à l’encontre de la mémoire collective du peuple algérien».
Les récents développements dans les relations bilatérales entre l’Algérie et la France, du moins dans leur volet politique, semblent prendre une autre tournure, loin de la capitale, bastion du pouvoir. Un signal fort est donc venu du pays profond, et les initiateurs semblent vouloir envoyer un message franc à l’auteur de ce qui a été qualifié de «dérapage d’un chef d’Etat et d’immixtion dans les affaires intérieures algériennes».
Versés dans les secteurs de la pharmacie, de l’agroalimentaire, de l’hydraulique, de l’habitat et autres équipements industriels, les opérateurs de la région des Aurès se sont ainsi réunis pour se concerter sur les voies à emprunter afin de donner «une réplique à la position intransigeante des hautes autorités du pays» quant au refus de toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires algériennes.
Interrogé par le Jeune Indépendant sur l’inopportunité d’une telle décision, laquelle pourrait nuire aux multiples coopérations avec les opérateurs étrangers de manière générale, l’un des opérateurs a expliqué que «les projets visés n’ont pas encore été entamés et que, par conséquent, aucun d’eux n’a encore été concrétisé». Il a ajouté que la décision se limite aux projets de partenariat non encore réalisés et que ceux entamés ne font l’objet d’aucune remise en cause, d’autant que des cahiers des charges liant sous contrat les parties concernées ne peuvent, en aucun cas, être remis en question.
«La dignité passe avant le pain»
Le président directeur général et principal actionnaire du Groupe BenBellat a expliqué, pour sa part, que la décision n’a aucune visée politique puisque «personnellement», il n’est nullement intéressé par un poste politique. Selon lui, la décision des industriels aurésiens obéit au seul principe «La dignité passe avant le pain».
Il a précisé, en outre, avoir gelé quatre conventions en voie de finalisation avec des entreprises françaises versées dans l’équipement agricole, projets qu’il évalue à quelques millions d’euros. Le patron du groupe a ajouté que la valeur globale de la coopération entre les opérateurs économiques de la région et des entreprises françaises avoisinerait le milliard d’euros. Ces partenariats touchent essentiellement des produits et équipements industriels, agricoles, les travaux publics et l’hydraulique.
Par ailleurs, les initiateurs de ce boycott n’écartent pas le fait que leur initiative puisse s’étendre à d’autres régions du pays. Cependant, certains écartent cette éventualité du fait que pareille décision pourrait aussi nuire à l’image, à l’attractivité et, surtout, à la crédibilité de l’Algérie en tant que terre d’accueil des investissements étranger futurs, d’autant qu’en haut lieu, l’on tente de définir de nouvelles mesures du plan de relance économique.
Le Jeune Indépendant, 09/10/2021
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