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En réaction aux graves déclarations et autres insinuations du président français, Emmanuel Macron, sur l’histoire de l’Algérie, les membres de l’Assemblée populaire nationale s’apprêtent à déterrer l’ancien projet de loi criminalisant le colonialisme français. Ce texte de loi qui a été préparé et conçu par des députés FLN lors du second mandat de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, n’a jamais vu le jour. Il fut rapidement oublié suite à d’énormes pressions politiques et diplomatiques et surtout du veto de l’ancien Premier Ministre Ahmed Ouyahia, hostile à ce genre d’initiatives.
Depuis, plus personne n’en a parlé, ni évoqué une éventuelle résurrection de cette initiative, et ce en dépit d’une large mobilisation des organisations dites de la famille révolutionnaire.
Pourtant, ce projet, qui criminalise les crimes et autres atrocités barbares commis par le colonialisme français en 132 ans de domination, a été rendu possible après l’impair commis par l’Assemblée nationale française en 2005. Cette année, le 23 février, le Parlement français a adopté une loi qui glorifie ce colonialisme. Un texte qui fut naturellement dénoncé par certaines forces politiques françaises, qui avaient vu dans cette démarche un retour au premier plan de l’extrême droite. Une majorité de députés de ce Parlement, même centristes, avait adhéré aux thèses extrémistes qui glorifient les occupations militaires et les campagnes d’extermination contre les peuples africains. Selon leurs auteurs, la France a apporté la civilisation et la modernité à ces peuples qualifiés d’arriérés.
Aujourd’hui, actualité oblige, des parlementaires algériens pensent que l’occasion est propice pour réagir et répondre par une loi qui criminalise ce colonialisme. L’idée fait son chemin après la crise, sans précédent, qui a surgi entre Alger et Paris. Déjà, tous les groupes parlementaires de la Chambre basse (six au total) se disent prêts à adopter cette loi. Il semblerait que le feu vert des autorités supérieures de l’Etat ait été donné pour que l’APN se mobilise.
Ainsi, le texte, qui est au stade de la réflexion, prendra en charge plusieurs chapitres, tous liés à la question mémorielle, comme la reconnaissance des crimes, des assassinats, des atrocités, des destructions, des pillages et expropriations des biens et autres exactions. De même qu’on prévoit un axe au pardon ou à l’excuse, exigé de l’Etat français, responsable historique de l’acte colonial et défenseur de son système, ainsi que des aspects de l’indemnisation aux milliers de victimes, inclus ceux des essais nucléaires et chimiques.
Pour les initiateurs de ce projet en gestation, cette loi est une réaction politique du peuple algérien contre les intimidations et le mépris des autorités françaises à l’encontre de la nation et de son histoire. Il s’agit aussi, selon les dires des députés, d’une vraie réhabilitation des six millions de martyrs de ce colonialisme sauvage. D’ailleurs, il est question qu’en parallèle de cette œuvre parlementaire, un comité soit créé spécialement pour rédiger et éditer un livre blanc sur les massacres et les violences commises par l’occupant français depuis 1830. Des historiens, des sociologues et des anthropologues seront sollicités pour réécrire le long récit sanguinaire et barbare du colonialisme, ainsi que les profonds bouleversements qui ont ébranlé la société algérienne, son patrimoine et ses cultures ancestrales.
Selon des propos de députés qui s’engagent dans cette démarche, le projet en question va prendre une dimension juridique qui respectera les intérêts de l’Etat algérien et de son peuple. Autrement dit, les institutions politiques étatiques ne seront plus seules ou isolées dans une quelconque bataille mémorielle avec l’ancien colonisateur. A l’avenir, nos hauts responsables seront soumis et protégés par cette loi de criminalisation du colonialisme.
L’unanimité à l’APN est donc déjà acquise concernant l’élaboration de ce projet. Seul bémol : les islamistes du MSP et du mouvement El-Bina veulent un texte plus fort, plus élaboré et plus encadré. Ils réclament un agenda précis avant toute adoption, comme la tenue d’assises qui regrouperaient des politiques, des juristes, des sociologues et des enseignants en histoire. Des rencontres plus larges et des concertations avec toutes les mouvances devraient permettre de créer un consensus total sur cette question.
Par contre, d’autres partis politiques suggèrent, pour le moment, une simple déclaration générale qui sera adoptée par l’APN et qui dénoncera les propos du président Macron, mettant en relief les atrocités et les crimes du colonialisme français.
Le Jeune Indépendant, 14/10/2021
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