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L’impressionnant coup de filet anti-stup ce week-end en région parisienne et en banlieue de Rouen avec la garde à vue de Mélanie Boulanger, la maire socialiste de Canteleu (ressortie libre et sans poursuite) pose la question de l’infiltration politique par les réseaux mafieux. Les élus de Canteleu étaient entendus pour s’expliquer sur leurs liens avec la famille M., impliquée dans un trafic de drogue de grande ampleur et soupçonnée d’influencer très fortement le monde politique local.
Deux ans d’investigation en Seine-Saint-Denis et en Seine-Maritime, 150 policiers mobilisés, dont des colonnes du RAID, de la BRI de Rouen et 60 enquêteurs de la sûreté départemental pour un butin énorme : la saisie d’un million d’euros – dont 375 000 euros en liquide –, de 15 kg d’héroïne, de véhicules, d’ armes de type militaire… Ces chiffres témoignent d’une opération hors normes quelque peu éclipsée par la garde à vue de Mélanie Boulanger, la maire PS – EELV de Canteleu (Seine-Maritime). Tout comme son adjoint Hasbi Colak, en charge du développement économique, des commerces et de l’emploi. Tous deux ont été remis en liberté sans poursuite dans le courant du week-end.
Les affaires sont gérées depuis le Maroc
Les deux élus étaient interrogés sur leurs liens réels avec la famille M., des gros pontes du trafic de drogue à Rouen et sa région. « Les écoutes téléphoniques montrent que la maire de Canteleu était en contact régulier avec les principaux suspects » révèle une source judiciaire à France Bleu Normandie.
La famille M. est présentée comme « incontournable dans le trafic de drogue de la région », rapporte une source judiciaire citée par Le Monde. Cette opération a « sans doute décapité le plus important réseau de trafiquants de la région rouennaise, à la source de 75 % de l’approvisionnement de la métropole normande en stups ».
Historiquement implantée à Canteleu, cette famille a construit sa base arrière au Maroc et c’est depuis le royaume chérifien que les affaires sont gérées. Les têtes de réseau de cette famille y ont trouvé refuge. (Ils investissent notamment dans l’immobilier) . Avec leurs équipes, les M. sont capables d’importer indifféremment du cannabis, de la cocaïne et de l’héroïne, en les faisant transiter par l’Espagne. Go fast, cargaisons dans des bateaux, complicités multiples ?
«En tout cas, ce réseau très structuré et très puissant aurait acheté la paix sociale à Canteleu par des menaces, influences et pression », affirme Actu76. Il est soupçonné d’avoir infiltré la sphère politique.
Infiltration de la sphère politique
Un rapport annuel sur la criminalité organisée en France soulignait ainsi : « le trafic de stupéfiants prospère, notamment dans la Seine-Maritime…La proximité du Benelux et de la région parisienne permet aux malfaiteurs de s’approvisionner régulièrement et de redistribuer tous types de produits vers le grand ouest de la France », notamment par les axes routiers que constituent l’A13 et l’A84.
Dans une note interne, l’Office antistupéfiants (Ofast) alertait il y a quelques mois sur ce risque de « corruption de la sphère politique ». Et mettait en garde : « Cette menace pourrait se manifester en France par des tentatives d’infiltration du milieu politique, en particulier au niveau local. Le financement des frais de campagne électorale, l’organisation du recueil de vote ou la candidature à une élection, directement ou en plaçant des hommes de paille, constituent autant de points de vulnérabilité. »
Le bien public, 11/10/2021
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