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Attendue prochainement en Tunisie, la visite du Président Tebboune chez le voisin de l’Est intervient dans un contexte politique très particulier. De prime abord, la visite porte un message clair, le soutien et la solidarité du peuple et du gouvernement algériens avec la Tunisie, «particulièrement en cette étape délicate», comme l’a souligné le président Tebboune lors du dernier entretien accordé à des médias locaux.
Aussi, cela permettra de casser l’isolement et les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, qui aura l’occasion grandeur nature, d’une visite d’Etat, de montrer au monde que le pays est en voie de retrouver sa stabilité politique avec la formation d’un gouvernement dirigé pour la première fois de l’histoire par une femme, en l’occurrence la Première ministre Najla Bouden. Mais, on n’en restera certainement pas au stade des messages et de la parade médiatique lors de cette visite. Car, la Tunisie a bien besoin de soutiens concrets après les pressions dont elle fait l’objet de la part de la France, des Etats-Unis et du Canada, notamment, en tant que puissances qui peuvent avoir une influence directe sur la Tunisie par le biais de différents mécanismes financiers et diplomatiques.
Le Président Kaïs Saïed a récemment exprimé à l’ambassadeur américain en Tunisie le mécontentement de son pays après l’inscription de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour des travaux de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des Etats-Unis (Congrès), mais cela ne suffit pas à faire changer d’opinion aux membres de la Commission des Affaires étrangères du Congrès US.
Certains y voient même un «droit de regard» de la politique extérieure US que de disséquer la situation au niveau des pays qui bénéficient de l’aide financière américaine. Voilà où se situe la problématique, la Tunisie bénéficie depuis presque une décennie d’un soutien financier et technique très important de la part des Etats-Unis, visant essentiellement le renforcement de la démocratie et la croissance économique, et les membres de la Commission étrangère du Congrès US estiment qu’ils ont le plein droit d’inscrire la question de l’état de la démocratie en Tunisie à l’ordre du jour de leurs travaux pour décider, justement, du maintien ou le retrait de leur aide financière. Pour eux, donc, il ne s’agit nullement d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie.
Dans ce sens, la prochaine visite du Président Tebboune devrait conforter l’image d’une Tunisie qui avance avec des pas sûrs vers un retour à la normale démocratique.
Quant à la position de la France, le président français a lourdement influé sur la décision du report du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, qui devait se tenir à l’île de Djerba au mois de novembre prochain et qui a été reporté d’une année, en raison de la situation politique interne en Tunisie, noircie par les opposants tunisiens, eux-mêmes.
Sous l’influence d’une partie de la diaspora tunisienne, de l’ex-président Moncef El Marzouki, qui ne se cache pas d’avoir contribué au report du sommet en question, la France qui a une influence morale et financière sur l’événement qui regroupe près de 88 chefs d’Etat, a poussé à ce report, alors que certains pays membres ont milité pour remplacer la Tunisie et organiser le sommet le mois prochain.
La Tunisie en butte à de sérieux problèmes politiques et économiques subit les contrecoups d’une hostilité occidentale qui n’est pas vraiment naturelle. Que peut faire l’Algérie pour aider la Tunisie à dépasser tous les antagonismes ? C’est à cette question que devrait répondre la prochaine rencontre entre les présidents Tebboune et Saïed.
par Abdelkrim Zerzouri
Le Quotidien d’Oran, 16/10/2021
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