L’Algérie doit s’adapter au marché gazier en raison de l’importance qu’est en train de prendre le gaz, et qui va devoir durer longtemps.
Le marché gazier mondial a radicalement changé depuis le début de l’année, et la position de l’Algérie ne pouvait que suivre. D’où l’importance de la dernière sortie médiatique du ministre de l’Energie, Mohamed Arkab. Ce dernier, et en marge d’une rencontre régionale tripartite entre la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG), les associations de protection des consommateurs et les directions de l’énergie, a mis sur le tapis un sujet épineux et crucial. Il s’agit de l’impérativité de revoir les contrats de long terme concernant l’exportation du gaz vers l’Europe. Rester sur la même base qu’avant 2021, c’est tout simplement demeurer dans une position de spectateur sur un marché dans lequel l’Algérie peut avoir un important rôle à jouer.
L’augmentation des prix du gaz en Europe, avec toutes les conséquences qui s’en sont suivis (et ça devrait continuer au moins jusqu’à la fin de l’hiver), a donc changé la donne. Tout en assurant que l’Algérie restera fidèle à ses engagements contractuels, le ministre de l’Energie a mentionné les discutions actuelles de Sonatrach avec ses clients sur les moyens de s’adapter aux changements actuels. En assurant 8% des besoins gaziers européens, l’Algérie a les moyens de faire entendre sa voix.
L’enjeu n’est pas uniquement financier, ou énergétique, il est également géopolitique. Avec tout ce qui se passe autour du gaz, se positionner est une marge de sécurité pour l’avenir. Il suffit juste de voir ce qui se passe entre les Etats-Unis et la Chine. Alors que les deux pays sont en mode «guerre économique » déclarée depuis plusieurs années, voilà qu’ils préparent (probablement pour la fin de l’année) un accord sur la livraison à Pékin de gaz liquéfié US. Mieux encore, entre janvier et août 2021, les Etats-Unis ont quadruplé leurs exportations de gaz vers la Chine. Quand l’intérêt des Etats est en jeu, il n’y a pas d’amis, ni des ennemis, mais avant tout des intérêts à défendre et à glaner.
L’importance qu’est en train de prendre le gaz, et qui va devoir durer longtemps avec les transformations énergétiques en cours dans le monde, impose à l’Algérie de s’adapter. Renégocier les contrats à long terme ne devrait pas être la seule démarche à suivre.
Reporters, 20/10/2021
La bonne gestion du gaz…
L’Algérie est tenue de se préparer à une «forte» hausse de la demande gazière mondiale qui ne cessera de croître jusqu’à 2050, a indiqué à l’APS l’expert international, Mourad Preure. Selon des sources citées par « Bloomberg », la Russie aurait clairement fait savoir à l’Europe qu’elle augmenterait ses livraisons de gaz, mais seulement à condition que le gazoduc Nord Stream 2 soit mis en service. Ces dernières années, la construction du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique (au grand dam de l’Ukraine) a été l’objet de vives tensions diplomatiques entre l’Europe, l’Ukraine, la Russie et les Etats-Unis, qui ont retardé le projet en sanctionnant les entreprises qui collaboraient avec la Russie à la fabrication du nouveau gazoduc.
« Nord Stream 2 » a été finalement achevé début septembre, mais il n’est pas encore opérationnel. Ce qui fait que l’Algérie est devenue un des fournisseurs de l’Europe. “La demande gazière mondiale ne cessera de croître jusqu’à la mi- siècle. Les prix vont suivre car le gaz n’est plus considéré comme une +bridge energy+, une énergie de transition, mais comme une +destination energy+”, a déclaré M. Preure. « Préparons-nous aux rendez-vous futurs en orientant Sonatrach afin qu’elle devienne un acteur des transformations énergétiques à l’œuvre et non un fournisseur d’énergie », a-t-il recommandé. Mais l’Algérie peut-elle profiter de la demande gazière sur le marché international ?
L’Algérie a connu « vingt-ans d’arrêt de développement gazier », pendant que la demande nationale absorbe l’équivalent quasiment des exportations, en plus d’une compétition intense avec des nouveaux entrants « très agressifs » sur le marché européen, a-t-il souligné. S’agissant de la hausse conjoncturelle des prix gaziers, l’expert a estimé que l’Algérie n’en profite que « marginalement » du fait du niveau limité des exportations algériennes.
La gestion de cette situation passe, selon lui, par la maîtrise de la demande interne et l’accélération de la transition énergétique pour sécuriser les équilibres énergétiques à court, moyen et long terme et « soulager Sonatrach de la pression insoutenable qui s’exerce sur ces gisements ». C’est une des solutions que les experts ne cessent de remettre sur tapis. « Nous avons, par le passé, connu des chocs pétroliers, mais jamais de choc gazier. Il semble que nous nous y approchons », a-t-il averti.
Entre-temps, Les cours du pétrole étaient en baisse mercredi, refroidis par une hausse des stocks américains annoncée mardi par l’API et attendue plus tard dans la journée par l’EIA.
Le Carrefour d’Algérie, 21/10/2021
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