Maroc Confidentiel

Macron nie toujours le crime d’Etat

Algérie, France, crimes d’Etat, crimes coloniaux, colonialisme, 17 octobre 1961,

/Comment la République française sous la conduite de Macron continue à tourner le dos à son histoire.
Hier dans la journée, l’équipe de communicants de l’Elysée ont concocté une activité politique pour leur patron avec pour objectif avoué de tenter de récupérer une base électorale d’origine algérienne qui avait été choquée par la phraséologie utilisée lors de la rencontre du président Macron avec les jeunes d’origine algérienne. 
Après une cérémonie de recueillement sur le pont de Bezons présentée comme une première pour un président français, le service de presse de l’Elysée «pond» un communiqué attendu par bon nombre d’observateurs, politologues et historiens. A la lecture dudit communiqué, le président Macron, et en évoquant les événements du 17 octobre, parle de «répression sanglante» et de «crimes» au pluriel «commis cette nuit-là» en désignant un seul coupable selon lui. Le préfet de police de l’époque en la personne de Maurice Papon. 
L’ensemble des termes utilisés seront minutieusement choisis pour éviter de parler d’un seul et unique crime et dont le seul et unique coupable est l’Etat français. Pourtant, dans son rapport sur «Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie» remis en début d’année à Emmanuel Macron, l’historien Benjamin Stora proposait d’inclure cette date dans une liste d’«initiatives de commémorations importantes». 
Avec comme préalable la reconnaissance de cette date comme «crime d’Etat». Macron, comme à son habitude, va privilégier l’aspect communication de sa démarche politique en donnant l’impression d’avoir pris en compte la question des événements du 17 octobre sur la question mémorielle mais sans faire avancer l’histoire qui lie les deux pays depuis bon nombre d’années.
Gisèle Halimi déjà victime collatérale
Le traitement du clan Macron de la question mémorielle est souvent marqué par le poids de l’ultra droite et les harkis. Encore une fois, dans son communiqué d’hier, la président français a trouvé le moyen de rassurer son flanc droit en évoquant le «cortège de crimes commis de tous côtés», remettant dos à dos le colonisateur et un peuple en lutte. 
En annonçant que «la France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies», le président français aurait pu gagner quelques points en matière de crédibilité sur la question mémorielle mais quand on sait que quelques semaines auparavant, les services de l’Elysée, sous la pression du lobby pied noir et des harkis, ont privé l’ancienne avocate du FLN, Gisèle Halimi d’une place au panthéon… 
De nombreuses personnalités s’étaient engagées en faveur d’une panthéonisation de Gisèle Halimi, faisant circuler une pétition qui a récolté plus de 35.000 signatures. Mais Macron avait déjà cédé à la pression : elle n’aura finalement droit qu’à un hommage national aux Invalides en 2022. Mais pas au Panthéon.
L’élection présidentielle, seule leitmotiv
La toile de fond de la communication de Macron est intimement liée à la tenue des prochaines élections présidentielles en France. Et quand dans son communiqué, il évoque le rôle de la France qui «regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies», il estime que la France, «le doit en particulier à sa jeunesse, pour qu’elle ne soit pas enfermée dans les conflits de mémoires», il interpelle encore une fois les jeunes français d’origine algérienne pour tenter de les rallier à son camp.
C. S.
Quitter la version mobile