Macron a perdu les Français et n’a pas conquis les Algériens. La crise provoquée par Macron a uni les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie contre la France.
L’un des avantages de la crise provoquée par le président français Emmanuel Macron, au niveau des relations algéro-françaises, est qu’elle a unifié les visions des milieux politiques et médiatiques en Algérie dans le traitement de l’ancienne puissance coloniale, contrairement à ce qui se passe sur la rive nord de la Méditerranée, qui connaît une grave rupture dans le traitement de ce dossier brûlant.
Alors que les Algériens se sont rangés derrière une position unifiée, car ce qui a été émis par le président français est une déviation inacceptable qui appelle à revoir la nature des relations bilatérales et à les reconstruire sur la base de l’égalité. Ses positions ne sont pas calculées.
L’expression la plus éloquente de la scène française est ce qu’écrit le journal d’investigation MediaPart, qui s’en prend à Macron : « Après avoir été trompé par son aveuglement sur la réalité du régime, et sa déception de voir des obstacles inattendus se dresser contre sa volonté de tourner la page de la mémoire, égaré par les conseils d’une cellule diplomatique éparpillée partout, le président a déclenché avec « l’Algérie une crise diplomatique sans précédent ».
La radio « France Inter » a qualifié de « terrible » ce qui se passe entre les partis politiques notamment à propos des rapports de la France avec l’Algérie. » « La gauche anticoloniale refuse la fausseté de la vérité historique sur la répression, et la droite refuse ce qu’elle appelle une politique de repentance qui nous affaiblirait », écrit-elle sur son site internet, tout en commentant la position de Macron sur le passé colonial de son pays.
C’est l’approche dessinée par « France Inter » à propos de la démarche du président français concernant les événements sanglants du 17 octobre 1961 à Paris. Quant au quotidien « Le Figaro », connu pour ses tendances de droite, il estime que la meilleure solution pour surmonter la tension au niveau de l’axe Alger-Paris est d’établir « des relations équilibrées basées sur la réciprocité ».
Les ennuis de Macron ne se sont pas arrêtés aux critiques des différents médias français, mais ont également fait l’objet d’une violente attaque de la part des politiciens français, notamment les personnalités qui ont décidé de se présenter aux élections présidentielles qui devraient être organisées en avril prochain.
La chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, candidate vétéran à la présidence française, n’est pas passée à côté des récentes déclarations de Macron, qui ont été reprises dans le communiqué publié par l’Élysée, tout comme les candidats potentiels du « Parti républicain », la droite, Michel Barnier et Valérie Pecresse, qui ont exprimé leur rejet de ce qu’ils appellent « une excuse constante » du président français pour l’Algérie sur le sombre passé colonial de son pays.
Ils estiment qu’Emmanuel Macron « est allé trop loin », en parlant de crimes « injustifiés pour la République française », en référence aux horribles exactions commises par la police française sous l’autorité du préfet criminel Maurice Papon, et ils pensent qu’il faut mettre fin à ce que Marine Le Pen appelle « la repentance répétée », qu’elle considère comme « des insultes répétées de l’Algérie à son pays ».
Les critiques de la politique et des positions de Macron insistent pour souligner que les victimes étaient des deux côtés, et cette introduction n’était rien d’autre qu’une tentative des candidats de droite d’établir la conviction que si des excuses sont nécessaires, elles doivent venir des deux côtés, ce qui est rejeté par la gauche française, ou ce que certains appellent la « gauche éduquée », qui reconnaît l’entière responsabilité de l’État français dans les crimes hideux qui ont eu lieu dans l’ancienne colonie.
Mohamed Mouslim
Echourouk online, 20/10/2021