Corruption à l’ONU dans le dossier sahraoui : un ex-diplomate crève l’abcès

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Par Houari A. – Joseph Alfred Grinblat a relaté des faits gravissimes qui étaient jusque-là inconnus de l’opinion internationale et qui ternissent l’image de l’ONU. Cet ancien responsable de la mission référendaire des Nations unies pour le Sahara Occidental (Minurso) a affirmé avoir été séquestré par les services secrets du roi Hassan II et révélé que le secrétaire général de l’ONU au moment des faits, Javier Perez De Cuellar, avait été corrompu par le Maroc. 
«Le 1er août 1991, j’ai été officiellement détaché à la commission d’identification de la Minurso. Le président de la Commission était Macaire Pedanou, un membre du personnel de l’ONU originaire du Togo, et il y avait cinq vice-présidents, dont moi-même. 
Le cessez-le-feu devait commencer début septembre, et il a été décidé que les vice-présidents de la commission quitteraient New York pour Laâyoune, la capitale du Sahara Occidental, le 7 septembre 1991. Le reste de la commission, soit environ 30 personnes, devait nous rejoindre plus tard», a-t-il expliqué.
«Nous sommes montés à bord d’un avion de la Royal Air Maroc à New York, le 7 septembre […]. Mais à notre arrivée à Casablanca, le matin du 8 septembre, nous n’avons pas été autorisés à nous rendre à Laâyoune et avons été emmenés de force à Rabat, la capitale, par la police secrète marocaine», se rappelle le démographe qui a pris sa retraite des Nations unies en 2004. 
«Nous avons été gardés là-bas pendant près de deux semaines, jusqu’au 21 septembre, pour ce qui s’apparentait à des séances quotidiennes de lavage de cerveau avec des personnes justifiant la possession marocaine du Sahara Occidental», a-t-il encore révélé. 
«Nous avons découvert que notre enlèvement avait été organisé par le ministre de l’Intérieur du Maroc, Driss Basri, avec l’accord de Zia Rizvi, qui nous attendait à Rabat», a-t-il ajouté, en précisant que «Rizvi était devenu le chef de facto de la mission de l’ONU au Maroc parce que Manz avait donné une interview aux médias que le gouvernement marocain considérait comme soutenant la position du Polisario, et il n’était plus le bienvenu au Maroc».
Joseph Alfred Grinblat rapporte ainsi des faits de corruption qui ont commencé par les conditions d’accueil dans un hôtel de haut standing, lui qui comptait côtoyer les populations locales pour mener à bien son travail sans avoir à être influencé. 
Il raconte comment le diplomate pakistanais véreux, qui sera évincé pour corruption, a tout fait pour empêcher que le recensement et l’identification des électeurs se fasse après qu’une solution pratique au problème fut trouvée. «Bien que nous ne soyons plus au Sahara, nous étions toujours membres de la Commission d’identification, et nous avons travaillé sur un rapport sur la façon de poursuivre notre travail, à présenter au Conseil de sécurité par l’intermédiaire du secrétaire général Javier Pérez de Cuellar», a-t-il précisé, en soulignant que ce dernier a demandé de modifier le rapport qui lui avait été soumis «pour le rendre plus favorable au Maroc».
«Le secrétaire général a fait modifier le rapport avant qu’il ne soit présenté au Conseil de sécurité. La principale modification consistait à dire que l’ONU exécuterait le référendum après accord des parties, au lieu de après consultation des parties. 
Cela signifie que le Maroc a reçu le pouvoir d’empêcher l’ONU d’organiser le référendum», a-t-il expliqué, avant de révéler que la position de Javier Pérez de Cuellar «était motivée par des considérations matérielles. 
En 1992, ce dernier, qui venait juste de prendre sa retraite, «s’est vu proposer un poste dans une société contrôlée par le roi Hassan II du Maroc, l’Omnium Nord-Africain (ONA)», a-t-il indiqué.

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