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Alors que la bataille pour pondre une résolution sur les missions de la Minurso au Sahara occidental fait rage au sein du Conseil de sécurité, Paris, allié naturel du Makhzen, n’a pas hésité un seul instant à manœuvrer, comme d’habitude, pour imposer un texte résolument favorable à l’occupation et à la colonisation marocaine.
Guerre de procédures pour certains et guerre de principe pour d’autres, cette résolution préliminaire, dont le vote était prévu mercredi dernier mais repoussé, est “déséquilibré” et ne reflète pas la nouvelle réalité puisqu’il y a, actuellement, une situation de guerre ouverte depuis la violation du cessez-le-feu par l’armée marocaine en novembre 2020 dans la zone tampon de Guerguerat, aux confins du sud du territoire sahraoui occupé.
D’ailleurs, la Russie, le Kenya, qui assure la présidence du Conseil de sécurité, et d’autres pays membres de cette instance de l’ONU ont souhaité introduire des “amendements de substance” au projet de cette résolution sur le renouvellement du mandat de la Minurso, devant expirer le 31 octobre, l’objectif étant de rééquilibrer ce texte.
Ces deux pays ont donc décidé de briser la procédure du silence qui était observée sur le projet de résolution par le porte-plume américain. Les autres griefs retenus par la Russie et le Kenya concernent “l’absence de transparence et l’approche partiale” dans l’élaboration du texte préliminaire.
Pour les milieux diplomatiques, les deux pays contestent le fait que ceux qui ont élaboré ce texte “brouillent les paramètres” du règlement de la question sahraouie qui est, avant tout, une question de décolonisation, laquelle doit trouver son règlement conformément à la légalité internationale, c’est-à-dire permettre l’exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination.
En attendant la fin des consultations et l’acceptation de quelques amendements, le texte a été soumis au vote ce vendredi dans la soirée.
Pour sa part, le représentant du Front Polisario en Europe et auprès de l’Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a fustigé la France qui, selon lui, “s’interdit de facto de jouer un rôle” dans la résolution du conflit du Sahara occidental, et a critiqué l’Espagne qui continue de faire fi de sa responsabilité historique vis-à-vis du peuple sahraoui.
Dans un entretien accordé au journal français la Croix, M. Oubi a regretté la position de l’Espagne qui “se dit officiellement neutre et, ce faisant, se comporte comme des pays dénués de toute relation avec le Sahara occidental. Or, l’ancienne puissance coloniale a une dette historique. Elle porte une lourde responsabilité morale et juridique dans l’échec de la décolonisation, non seulement vis-à-vis des Sahraouis mais aussi de toute la région”.
Quant à la France, le diplomate sahraoui a estimé qu’elle se situe résolument aux côtés du Maroc qui défend la prétendue “marocanité” du Sahara occidental et “s’interdit de facto de jouer un rôle dans la résolution du conflit”. Au moment où, au sein de l’Union européenne (UE), l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays nordiques rappellent le droit international pour résoudre cette question irrésolue de la décolonisation, la position de la France “s’est même durcie ces dernières années”, a constaté M. Oubi. Raison pour laquelle, a-t-il dit, le Front Polisario, n’a plus aucun contact avec Paris depuis 2017.
Du côté de l’ONU, “personne ne veut obliger le Maroc à payer la facture de la paix”, a-t-il affirmé. “Nous avons eu dans le passé des émissaires de très grande qualité, les Américains James Baker et Christopher Ross ou l’Allemand Horst Köhler. Tous les trois ont démissionné”. Le problème, selon lui, “ne réside pas dans ce poste d’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, mais se situe au sein du Conseil de sécurité. Ce dernier se contente de gérer le conflit sans vouloir le résoudre”.
Pour le Front Polisario, il n’est pas question de faire davantage de concessions. “Il ne peut y avoir une formule avec un gagnant et un perdant. Il faut régler cette question de souveraineté”, a-t-il ajouté.
Sahara occidental : le mandat de la Minurso renouvelé
Le Conseil de sécurité a décidé, vendredi, de proroger pour une durée d’une année le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
Le Conseil de sécurité a rendu publique sa résolution n° 2602 sur le Sahara occidental lors d’une séance tenue, vendredi, portant propagation de la mission de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2022.
Par 13 voix pour et deux abstentions (la Russie et la Tunisie), le Conseil de sécurité a adopté cette résolution présentée par les États unis.
Les 13 pays qui ont voté en faveur du prolongement de la durée du mandat de la Minurso sont la Belgique, la République dominicaine, l’Estonie, l’Allemagne, Saint-Vincent, les Grenadines, l’Indonésie, le Niger, le Vietnam, la France, le Royaume-Uni, la Chine et les États-Unis.