Sahara Occidental, Maroc, ONU, Conseil de Sécurité, MINURSO, Front Polisario,
Vendredi 30 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté une résolution par laquelle il a décidé de proroger jusqu’au 31 octobre 2O22 le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Le texte que les Etats-Unis ont rédigé en tant que «pays porte-plume» arrondit beaucoup les angles du dossier selon une logique de prudence sans doute compréhensible après l’attitude qu’a eue Washington sur le conflit au temps de l’administration Trump. Il souligne néanmoins «qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable» dans la perspective d’une auto-détermination du peuple du Sahara occidental». Une formulation qui sonne comme un camouflet pour Rabat.
Par Anis Remane
Vendredi 29 octobre, le Conseil de sécurité a décidé de la prorogation jusqu’au 31 octobre 2022 du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). La résolution 2602, par laquelle ce mandat d’une année a été renouvelé, a été adoptée par 13 voix contre zéro, avec deux abstentions exprimées par la Fédération de Russie et la Tunisie. L’année dernière, au côté de la Russie, c’était l’Afrique du Sud qui s’est abstenue de voter le texte de rallonge du mandat de la Minurso. Ce mandat, a précisé vendredi un communiqué des Nations unies, «n’a pas fait l’objet d’un renouvellement consensuel depuis 2017».
Ce désaccord s’est d’ailleurs manifesté à nouveau lors du report de la consultation des membres du Conseil de sécurité. Prévue le mercredi 27 octobre, elle a été ajournée pour vendredi 29 octobre en raison de la «non satisfaction» de la Fédération de Russie par des «paragraphes relatifs au processus politique», avait indiqué à l’AFP un diplomate sous le couvert de l’anonymat. Mais, plus tard, on a appris que le refus russe était motivé par la reprise dans le texte de la résolution rédigé par les Etats-Unis de propositions datant du temps de l’ancien envoyé spécial pour le Sahara occidental, l’Allemand Horst Köhler, dont celle de la reconduction, pour le processus de négociation entre le Maroc et le Polisario, des «tables rondes».
Un format que l’Algérie juge «inefficace» et «contre-productif» et à la place duquel sa diplomatie plaide pour des «négociations directes» entre les parties belligérantes. Cette position que notre pays a exprimée par la voix de sa représentation permanente aux Nations unies à New York n’a pas été prise en compte. Le format « tables rondes » comme celles qui avaient été organisées en Suisse jusqu’au printemps 2019 sous l’égide de l’ancien envoyé spécial Martin Köhler est à nouveau mentionné dans la nouvelle résolution. Il fait craindre aux indépendantistes du Polisario, qui n’avaient pas encore réagi officiellement hier à la résolution, la poursuite du statu quo au Sahara occidental, alors que le cessez-le-feu avec le Maroc est rompu après la reprise des armes au niveau de la zone tampon de Guerguerat. Cette crainte, qui n’est pas clairement dite par les Sahraouis pour des raisons tactiques et de diplomatie avec Washington en particulier contrairement aux critiques qu’elle adresse fréquemment à Paris, est motivée par le fait que, pour les Etats-Unis comme pour la France, qui a demandé le respect du cessez-le-feu, le plan d’autonomie présenté en 2007 par le Maroc constitue une base sérieuse et crédible de discussion en vue de la reprise du dialogue.
Pour autant, les lignes bougent et le Maroc perd beaucoup des atouts qu’il avait ! Les Etats-Unis, bien qu’ils continuent de faire pression sur les pays dont l’Algérie qui plaident pour des «négociations directes», ne sont plus dans la position unilatérale et en faveur de Rabat qui était la leur durant le mandat de l’administration Trump, ouvertement hostile à la légalité internationale. Ils parlent davantage du «processus politique». La Fédération de Russie, qui s’est abstenue cette année encore, adopte un ton plus offensif. Elle regrette avec davantage d’affirmation que ses contributions n’aient pas été prises en compte. Selon sa représentation diplomatique à New York, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité ne reflète pas le tableau objectif du règlement de la question du Sahara occidental «et ne contribuera sans doute pas» aux efforts de l’Envoyé spécial en vue de négociations directes entre les deux parties pour trouver une solution mutuellement acceptable. Son représentant a dénoncé les termes utilisés de «démarches réalistes» et de «compromis», estimant qu’ils «prolongent l’ambiguïté» et sapent les travaux du Conseil de sécurité en nuisant aux perspectives d’un dialogue direct. D’après lui, «le problème principal reste depuis plusieurs années non réglé».
Texte pas équilibré
Le Viet Nam, le Mexique et la Chine, qui ont voté la résolution, ont cependant exprimé des préoccupations proches de l’avis russe, regrettant que le texte n’ait pas été «plus équilibré» et ne reflète pas mieux la situation sur le terrain. Le Viet Nam a rappelé sa position de principe d’un appui au règlement des conflits par des pourparlers de paix entre les parties concernées. La Chine a en outre demandé pour l’avenir «davantage de consultations» sur la prorogation du mandat. Le Mexique a lui aussi dénoncé «le manque d’ouverture au cours de la négociation pour incorporer des propositions importantes dans la résolution qui ont été soutenues par plusieurs délégations». Il a notamment cité les demandes visant à obtenir des informations plus fréquentes, «compte tenu de la détérioration significative de la situation, tant par rapport à la rupture du cessez-le-feu qu’à l’aggravation de la situation des droits humains».
Ce discours nouveau est encore plus manifeste en Afrique avec l’abstention de la Tunisie – un geste qui sera sans doute mal apprécié par Rabat – et par la position du Kenya davantage proche de la position algérienne et aux yeux de qui la «ligne rouge est la question de l’autodétermination», a affirmé mercredi son ambassadeur à l’ONU, Martin Kimani, président en exercice du Conseil de sécurité. «Nous voulons
que l’autodétermination soit clairement indiquée dans la résolution», a-t-il précisé en soulignant que, pour son pays, «s’il n’y a pas de reconnaissance du droit à l’autodétermination, alors nous aurons beaucoup de mal avec la résolution». Le Kenya plaide également pour une meilleure prise en compte des positions de l’Union africaine, mettant en avant l’appel lancé le 9 mars par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Si le succès de l’Envoyé spécial dépendra du soutien que lui accordera le Conseil de sécurité, M. de Mistura devra aussi œuvrer avec l’Union africaine, a déclaré l’ambassadeur Kimani, qui s’est prononcé pour un libellé mettant davantage l’accent sur le droit à l’autodétermination et sur le respect des droits de l’homme, en revenant au libellé initial des résolutions relatives au Sahara occidental mentionnant ce droit à l’autodétermination et l’organisation d’un référendum. «Pays qui a acquis son indépendance après avoir été colonisé», le Kenya apporte son appui à l’autodétermination des peuples, une «juste cause», a-t-il clamé. La résolution votée vendredi «souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable» à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin. Le texte adopté ajoute «mutuellement acceptable», une précision qui n’était pas dans la mouture qui devait être proposée mercredi au vote. Ses votants se félicitent de la nomination, il y quelques semaines, de Staffan de Mistura comme envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Lors de leurs explications de vote, ils se sont eux aussi félicités de cette nomination, les États-Unis, pays «porte-plume», rappelant qu’elle n’était que «trop attendue». À l’image du Kenya, ils ont promis au nouvel Envoyé spécial leur plein appui, «pour revitaliser un processus de paix qui s’est enlisé».
que l’autodétermination soit clairement indiquée dans la résolution», a-t-il précisé en soulignant que, pour son pays, «s’il n’y a pas de reconnaissance du droit à l’autodétermination, alors nous aurons beaucoup de mal avec la résolution». Le Kenya plaide également pour une meilleure prise en compte des positions de l’Union africaine, mettant en avant l’appel lancé le 9 mars par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Si le succès de l’Envoyé spécial dépendra du soutien que lui accordera le Conseil de sécurité, M. de Mistura devra aussi œuvrer avec l’Union africaine, a déclaré l’ambassadeur Kimani, qui s’est prononcé pour un libellé mettant davantage l’accent sur le droit à l’autodétermination et sur le respect des droits de l’homme, en revenant au libellé initial des résolutions relatives au Sahara occidental mentionnant ce droit à l’autodétermination et l’organisation d’un référendum. «Pays qui a acquis son indépendance après avoir été colonisé», le Kenya apporte son appui à l’autodétermination des peuples, une «juste cause», a-t-il clamé. La résolution votée vendredi «souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable» à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations unies à cette fin. Le texte adopté ajoute «mutuellement acceptable», une précision qui n’était pas dans la mouture qui devait être proposée mercredi au vote. Ses votants se félicitent de la nomination, il y quelques semaines, de Staffan de Mistura comme envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Lors de leurs explications de vote, ils se sont eux aussi félicités de cette nomination, les États-Unis, pays «porte-plume», rappelant qu’elle n’était que «trop attendue». À l’image du Kenya, ils ont promis au nouvel Envoyé spécial leur plein appui, «pour revitaliser un processus de paix qui s’est enlisé».
Mohamed Ould Salek : «Le Conseil de sécurité a compris qu’il n’y a plus de cessez-le-feu»
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a réaffirmé samedi que l’option de la paix, comme alternative à la guerre, n’est possible que sur la base du respect de la légalité internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. «Nous espérons que le nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, saura convaincre l’autre partie (le Maroc, ndlr) et ceux qui sont derrière elle, sur le fait que trois décennies de déni de la réalité nationale sahraouie et les tentatives visant à enterrer l’accord de cessez-le-feu conclu entre les deux parties, doivent suffire à les convaincre que l’option de la paix n’est possible que sur la base du respect de la légalité internationale qui ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental», a-t-il déclaré à l’APS . Pour M. Ould Salek, le Conseil de sécurité, par son approbation vendredi de la résolution 2602, «a compris qu’il n’y a plus de cessez-le-feu». «Il est arrivé au même constat de l’Union africaine avant lui, en concluant que la guerre entre les deux parties a repris après l’agression du 13 novembre 2020 (à Guerguerat). C’est ce que le secrétaire général Antonio Guterres a confirmé dans son rapport au Conseil» sur la situation au Sahara occidental, a-t-il précisé.
Devant ce blocage, M. Ould Salek cite deux options pour parvenir au règlement de ce conflit, vieux de quatre décennies : «Les deux pays membres de l’Union africaine (UA), la République sahraouie et le Maroc doivent accepter la solution pacifique sur la base des décisions du sommet extraordinaire de l’UA sur la stratégie visant à faire taire les armes et du sommet du Conseil de paix et de sécurité (CPS)». Ou bien «le Conseil de sécurité fixe une date pour l’organisation du référendum d’autodétermination, qui est la seule mission de la Minurso». «L’accord sur l’une des deux options est devenu désormais la seule voie pour parvenir à un nouveau cessez-le-feu», affirme M. Ould Salek.
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