Algérie-UE : Union malheureuse – Le mariage économique et commercial entre l’Algérie et l’Union européenne, scellé en 2005 par un Accord d’association, n’aura finalement jamais été heureux depuis sa contraction, il y a déjà plus de quinze ans
Le mariage économique et commercial entre l’Algérie et l’Union européenne, scellé en 2005 par un Accord d’association, n’aura finalement jamais été heureux depuis sa contraction, il y a déjà plus de quinze ans. Censé accoucher à terme d’une zone de libre-échange au bénéfice des deux rives, cet engagement s’avère en définitive structurellement déséquilibré. L’Algérie n’en profite, en effet, que peu ou prou, en raison, probablement, d’un gap de compétitivité économique, auquel l’Europe ne veut guère prêter attention, en dépit de ce que commande le bien-fondé originel de l’Accord. C’est donc presque sans surprise, qu’après plus de 15 ans d’association, l’Algérie réclame, “en guise de noces de cristal”, de revoir, clause par clause, les termes de ce partenariat, jugé comme étant “gagnant-perdant”.
Ce feuilleton de désaccords entre l’Algérie et l’UE n’est pas inédit. Un premier épisode de divergence entre les deux partenaires – pourtant géographiquement et historiquement liés – avait déjà fait l’actualité ici et en Europe, lorsqu’en 2015, l’Algérie avait réclamé une mise à plat en profondeur de l’Accord d’association. Bien que cette requête ait été satisfaite à l’époque, à travers un long processus de renégociations mené à bien pour répondre aux doléances d’Alger, rien n’aura véritablement changé quant à l’équilibre des échanges économiques entre les deux parties. Bon an, mal an, et malgré l’indétrônable concurrent chinois, la balance commerciale de l’Algérie penche irrémédiablement vers l’Europe, tandis que les investissements directs tendent, eux, à se faire désirer. Cherchez l’erreur… ! De part et d’autre.
Du côté de l’Europe des 27, l’on semble avoir tendance à oublier que les accords d’association conçus pour les pays tiers ne doivent pas viser uniquement la libre circulation des marchandises, mais aussi le développement économique, institutionnel, culturel, ainsi que la libre circulation des personnes.
Du côté d’Alger, l’erreur était sans doute de lever précipitamment et exclusivement ses barrières au commerce en faveur d’un seul ensemble régional – pour des motivations d’abord politiques – alors que le pays n’avait pas adhéré au système plus global de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’autre erreur, plus historique encore, est de ne pas avoir réussi, depuis l’Indépendance, à enclencher un véritable “Novembre économique” pour sortir définitivement de toute forme de paternalisme et de dépendance à la rente et à l’importation.
Liberté, 02/11/2021