Gaz diplomatique – Ce qui se passe entre l’Algérie et le Maroc a naturellement fait peur aux responsables des deux membres de l’Union européenne.
La question énergétique en relation avec le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) restera dans l’histoire comme un véritable repère à plusieurs facettes. La première concerne avant tout celle de la notion d’Etat. La décision de l’Algérie d’arrêter le GME et d’opter pour le Medgaz reste un défi à relever, celui d’assumer une décision devant deux pays, l’Espagne et le Portugal. Ces derniers (en plus du Maroc) sont les plus concernés par ce changement radical. Ce qui se passe entre l’Algérie et son voisin de l’Ouest a naturellement fait peur aux responsables des deux membres de l’Union européenne. Ils devaient être rassurés et, vraisemblablement, c’est fait. En tout cas concernant l’Espagne.
Ainsi, l’approvisionnement en gaz de ce pays sera assuré comme auparavant, et avec le même volume. L’Algérie va continuer à avoir le même statut, celui de premier fournisseur de gaz naturel de l’Espagne, qui équivaut à la moitié de la consommation annuelle interne. Le seul perdant dans cette affaire du GME reste le Maroc. La fermeture des vannes va faire perdre au royaume chérifien ce qu’il récoltait, grâce au GME, annuellement des recettes allant de 50 à 200 millions d’euros. Rabat aura à trouver des solutions pour compenser une perte de ce qui équivaut à un dixième de son électricité. Loin d’être évident pour Mohamed VI.
Ainsi, l’Algérie aura cette responsabilité de démontrer à l’échelle internationale sa détermination à donner une autre image d’elle, tout au moins à l’étranger.
L’activité remarquée au niveau diplomatique, avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, va dans ce sens. L’affaire du gazoduc entre dans le même plan d’action que l’implication directe de l’Algérie dans la résolution des »problèmes» que subissent les pays frontaliers. Que ce soit au Mali, en Libye ou encore en Tunisie, Alger veut se placer en tant que partenaire incontournable. A ces pays, il faut ajouter la question de la décolonisation du Sahara Occidental, qui reste toujours une »constante». Se faire entendre et respecter dans ce qui se passe à nos frontières passe, également, par le respect des engagements vis-à-vis de la communauté internationale.
Yazid Miloudi
Reporters, 02/11/2021
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