Algérie-France : La schizophrénie de Macron – Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, les Algériens pensaient que tout allait changer.
Les relations algéro-françaises ont souvent été marquées par de nombreuses crises. Le dossier de la mémoire a souvent été au cœur de ces crises. Mais depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au palais de l’Elysée, les Algériens pensaient que tout allait changer. Et pour cause, les propos tenus par M. Macron, en visite à Alger alors qu’il n’était que candidat aux présidentielles françaises de 2017 avaient redonné l’espoir de relations meilleures entre les deux pays. Celui-ci avait qualifié le colonialisme de crime contre l’humanité. Une première de la part d’un officiel français. Une fois au pouvoir, Macron multiplia les gestes en faveur d’un apaisement sur la question mémorielle. Il a ainsi reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat des nationalistes algériens Maurice Audin et Ali Boumendjel. Le président français a aussi commandé un rapport sur le dossier mémoriel à l’historien Benjamin Stora.
Mais c’est aussi sous le règne du jeune président que de nombreuses entreprises françaises ont décidé de quitter l’Algérie. De nombreuses crises liées aux activités de l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, ainsi qu’aux déclarations anti-françaises du ministre algérien, Hachemi Djaboub, ont éclaté ces deux dernières années.
Cependant, aucune des précédentes crises n’a suscité de telles réactions de la part d’Alger. Les derniers propos de Macron viennent, selon toute vraisemblance, de donner lieu à la plus grave crise entre les deux pays depuis plusieurs années.
La « rente mémorielle », entretenue par « le système politico-militaire », est une expression qui ne passe pas à Alger, et Macron était loin de l’ignorer. Pourquoi le chef de l’Etat français a-t-il délibérément cherché à provoquer une crise diplomatique avec l’Algérie, alors qu’il avait pendant tout son mandat cherché à améliorer les relations entre les deux pays ? A quoi est due cette schizophrénie de l’actuel locataire de l’Elysée ? Tout porte à croire qu’il s’agit tout simplement de calculs électoraux, en prévision des prochaines présidentielles qui auront lieu dans 6 mois.
Par : Mustapha B.
A quelques mois des présidentielles françaises : Macron provoque une « crise ouverte » avec Alger
Asix mois des élections présidentielles en France, et avec la montée en puissance de l’extrême droite, l’actuel locataire de l’Elysée tente de séduire cette catégorie de l’électorat afin de s’assurer un deuxième mandat, malgré les échecs et les scandales successifs qui ont marqué son quinquennat.
Après avoir passé plus de deux ans à « séduire » la classe dirigeante algérienne, voici que M. Macron change de tactique à 180 degrés. En effet, depuis quelques semaines, les relations entre Alger et Paris sont de plus en plus crispées et le président français semble tout faire pour jeter de l’huile sur le feu. En effet, il y a une dizaine de jours, la France annonçait par la voix du porte-parole de l’Elysée, la réduction de 50% des visas pour les Algériens, en prenant en référence l’année 2020, c’est-à-dire l’année où les Algériens avaient reçu le moins de visas, pour cause de crise sanitaire. L’octroi de visa était bloqué une bonne partie de l’année 2020, réduisant ainsi le nombre de visas octroyés aux Algériens de 275.000 en 2019, à 63.000 en 2020. Durant les 6 prochains mois les Algériens ne recevront que 31.500 visas, soit moins de 11,5% du quota de 2019.
Au lendemain de cette annonce, le MAE algérien a répondu avec fermenté aux provocations françaises en convoquant l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette,
Le diplomate français a été convoqué « afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France », explique un communiqué publié par le département de Ramtane Lamamra. Dans les us diplomatiques, la convocation d’un ambassadeur n’est pas un fait anodin.
Macron en rajoute une couche
Au lieu de privilégier la voix de la raison, le président français a préféré verser dans le populisme, toujours pour séduire les électeurs de l’extrême droite. Ses derniers propos, tenus ce jeudi 30 septembre, alors qu’il recevait des acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords, sont de nature à prouver que M. Macron veut jouer sur le terrain d’Éric Zemmour et Marine Le Pen.
Le locataire de l’Elysée a accusé la « classe dirigeante en Algérie » de vivre de la « rente mémorielle », tout en affirmant que la dernière restriction des visas ciblait cette classe-là.
Des propos jugés, irresponsables de la part d’un chef de l’Etat qui ne cesse depuis quelques semaines de multiplier les crises diplomatiques avec les « pays amis ». En effet, les maladresses du président français valent à son pays une crise diplomatique avec la Grande Bretagne, l’Australie et les USA. Mais le chef de l’Etat français semble vouloir isoler de plus en plus son pays, en multipliant les « bourdes diplomatiques » et en ouvrant une crise sur plusieurs fronts.
Pour M. Macron, la restriction des visas vise les responsables algériens. « Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a-t-il déclaré.
Ce qu’il convient d’appeler « la crise des visas » était jusque-là le dernier acte d’une longue série de tensions entre les deux pays.
Alger va probablement réagir aux propos « irresponsables » du premier responsable français, qui n’a fait qu’amplifier la crise entre les deux pays, surtout qu’il a utilisé, pour arriver à ses fins un sujet très sensible en Algérie, à savoir le « dossier mémoriel ». En effet, lors de sa rencontre avec les « acteurs de la guerre d’Algérie », M. Macron dénonçait une «histoire officielle, totalement réécrite» qui «ne s’appuie pas sur des vérités» mais sur «un discours qui repose sur une haine de la France».
Ce discours populiste, tranche complètement avec les propos qu’il avait tenus et assumés tout au long de son mandat présidentiel.
Un “système politico-militaire”
Dans sa quête de la crise diplomatique avec Alger, le président français va encore plus loin dans son discours « antisystème algérien ». Selon lui, la nation algérienne post-1962 s’est construite sur « une rente mémorielle » entretenue par « le système politico-militaire ». Le même orateur a exprimé son « inquiétude » vis-à-vis de ce qu’il estime être une « réécriture » de l’Histoire qui risque, toujours selon lui de mener à « un renfermement » de la mémoire et « un éloignement » avec le peuple algérien.
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