Maroc: Un calme tendu attend la réponse algérienne – Aucun pays ne veut entrer dans cette guerre. C’est l’objectif des (autres) forces étrangères qui veulent déstabiliser la région
Alger, 4 novembre (EFE) – Un calme de guerre tendu enveloppe l’Afrique du Nord dans l’attente de la réponse « punitive » de l’Algérie qu’elle a promise à une attaque présumée de drone marocain contre un convoi de camions sur une route du Sahara, dans laquelle trois civils algériens ont été tués.
Dans des déclarations à Efe, Akram Kharief, directeur du site spécialisé Menadefense, le premier à avoir rapporté l’incident enregistré lundi alors que l’Algérie commémorait le 67e anniversaire du début de la guerre d’indépendance contre la France, a expliqué aujourd’hui que « les chauffeurs de camion algériens ont été tués entre les villes d’Ain Bentili et de Bir Lahlou, territoire (sahraoui) libéré, une zone totalement isolée » utilisée pour le commerce de marchandises entre l’Algérie et la Mauritanie.
Cette information a été confirmée par la présidence algérienne mercredi, après 48 heures de rumeurs, dans un communiqué dans lequel elle a accusé le Maroc et promis des « représailles », mais sans fournir de détails tels que le lieu exact de l’attaque, l’arme utilisée ou les raisons de considérer qu’il s’agit d’un acte hostile prémédité par l’armée marocaine, qui occupe illégalement l’ancienne colonie espagnole depuis 1975.
Les détails fournis par Menadefense, un site web qui affirme que les camions ont été brûlés par un tir de précision télécommandé, effectué en plein jour par un Bayraktar TB2 de fabrication turque ou un drone de classe Hermès 450 de fabrication israélienne, qui avait décollé quelques minutes plus tôt d’une base aérienne dans la ville de Smara, dans les territoires occupés par le Maroc.
Dans son communiqué, la présidence algérienne s’est contentée d’affirmer que « plusieurs facteurs indiquent que les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental ont commis un lâche assassinat avec des armes sophistiquées dans cette nouvelle manifestation d’agressivité brutale caractéristique d’une politique bien connue d’expansion territoriale et de terrorisme ».
« Il n’a pas été établi que l’attaque était particulièrement dirigée contre les Algériens. Il est certain que des drones ont été utilisés, ne laissant aucune place au doute. Il n’y a pas non plus de doute que les Marocains visaient des civils, ils savaient qu’ils allaient bombarder des civils. Je ne sais pas s’ils étaient conscients du fait qu’il s’agissait d’Algériens ou non, mais en tout cas, leur action était dirigée contre des civils », ce qui serait un acte de terrorisme, a déclaré Kharif.
Le Conseil de sécurité algérien devrait se réunir dans les prochaines heures et recommandera au président le type de réponse à apporter.
REPRÉSAILLES ATTENDUES
La présidence a également promis que le meurtre des trois citoyens – identifiés comme étant les camionneurs Hamida Boumediane, Ahmed Belkhir Chtam et Brahim Larbaoui – « ne restera pas impuni », une promesse qui ouvre plusieurs scénarios possibles.
En ce sens, le journaliste et expert en affaires de sécurité a exclu une réponse militaire directe similaire, mais il existe plusieurs hypothèses selon lesquelles l’armée algérienne pourrait renforcer sa présence aux frontières.
« Il y a plusieurs options de réponse : la seule certitude est que l’armée algérienne ne bombardera pas les civils marocains, une option totalement exclue. D’autres possibilités sont des déploiements aériens, un renforcement des forces à la frontière et un renforcement de la sécurité militaire qui se trouve dans la zone du côté sahraoui », a déclaré Kharif, avant d’insister sur le fait qu' »aucun des deux ne veut aller à la guerre ».
« Jusqu’à présent, il y a une escalade diplomatique et politique et beaucoup de tension militaire, mais je pense que l’attitude algérienne ne prédit pas qu’il y aura une accélération dans cette (dernière) direction. Il est vrai qu’aucun des deux pays ne veut entrer en guerre ou du moins être le premier à la déclencher. La tension militaire restera, mais la volonté des deux pays d’entrer en guerre n’existe pas », a-t-il ajouté.
Une source de sécurité qui a préféré garder l’anonymat a déclaré à Efe que l’armée algérienne, considérée comme l’une des plus puissantes de la région, « ne consacrera pas son temps ni ses armes puissantes à faire la guerre » et a prédit que la partie marocaine ne le fera pas non plus car « elle sait qu’elle serait perdante ».
« Aucun pays ne veut entrer dans cette guerre. C’est l’objectif des (autres) forces étrangères qui veulent déstabiliser la région », a-t-il averti. EFE
Nacera Ouabou
Swissinfo, 04/11/2021
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