Options du Maroc après la fermeture du Gazoduc GME – Environ 1/10 de la production électrique marocaine de 38 700 GigaWatthours (GWH) dépendait du gaz algérien
RABAT, 4 novembre (Reuters) – Le Maroc estime que l’impact immédiat de l’arrêt de l’approvisionnement en gaz de l’Algérie par le biais d’un gazoduc est « insignifiant », mais il n’a pas dit comment il allait combler le déficit éventuel tout en adoptant des plans à long terme pour stimuler les énergies renouvelables et importer du gaz naturel liquéfié (GNL).
QUEL ÉTAIT L’ACCORD ET POURQUOI A-T-IL PRIS FIN ?
Malgré des années de relations glaciales entre les deux nations, souvent au sujet du sort du territoire contesté du Sahara occidental, elles ont conclu un accord sur un gazoduc avec l’Espagne en 1996.
L’accord a conduit à la construction d’un gazoduc de 1 300 km (808 miles) pour acheminer le gaz de l’Algérie vers l’Espagne en passant par le Maroc, qui a reçu 7 % du gaz sous forme de redevance, soit environ 700 millions de mètres cubes par an.
Après une année de dégradation des relations entre Alger et Rabat avant l’expiration de l’accord le 31 octobre, l’Algérie a déclaré qu’elle approvisionnerait l’Espagne par un autre gazoduc et qu’elle n’enverrait plus de gaz au Maroc.
Les tensions étant toujours très fortes au sujet du Sahara occidental et d’autres questions, il semble peu probable que les relations s’améliorent rapidement.
DANS QUELLE MESURE LA DÉCISION DE L’ALGÉRIE AFFECTE-T-ELLE LE MAROC ?
Environ un dixième de la production électrique marocaine de 38 700 GigaWatthours (GWH) dépendait du gaz algérien, utilisé pour deux centrales électriques dans le nord du pays, qui ne sont utilisées que pendant les périodes de pointe.
Cependant, le Maroc a connu ces dernières années un excédent de puissance et, depuis 2018, exporte de l’électricité vers l’Espagne, en utilisant deux liaisons sous-marines d’une capacité combinée de 1 400 MW.
Les fluctuations de la demande au Maroc sont principalement liées à la production industrielle, réduite pendant la pandémie, a déclaré un haut responsable.
Mais d’autres centrales électriques pourraient augmenter leur production si nécessaire, a ajouté le responsable. La plupart des capacités électriques marocaines proviennent du charbon, du fioul et des énergies renouvelables.
QUELLES SONT LES OPTIONS ACTUELLES EN CAS DE PÉNURIE ?
La compagnie d’électricité marocaine et l’agence nationale des hydrocarbures ont déclaré dimanche que les « mesures nécessaires » avaient été prises pour assurer un approvisionnement stable en électricité en prévision de la décision de l’Algérie, mais n’ont pas précisé quelles étaient ces mesures.
Le Maroc dispose « d’alternatives durables à moyen et long terme », ont-ils ajouté, sans donner de détails.
Le haut fonctionnaire marocain a déclaré que Rabat discutait toujours avec l’Espagne de la possibilité qu’elle fournisse du gaz au Maroc via le gazoduc existant.
L’Espagne, qui dépend de l’Algérie pour une grande partie de son approvisionnement énergétique, ne serait pas d’accord pour le moment, ont déclaré deux traders.
Le Maroc a également accordé des permis d’importation à certaines compagnies de gaz privées mais n’a pas dit s’il était en pourparlers avec l’une d’entre elles pour fournir du combustible aux centrales électriques.
QU’EN EST-IL DU MOYEN ET LONG TERME ?
Le Maroc en est aux premières étapes de l’appel d’offres pour un terminal GNL flottant d’une capacité éventuelle de 5 milliards de mètres cubes par an.
Il a récemment modifié le cahier des charges pour ajouter un nouvel emplacement possible pour le terminal au large de Tanger, où il pourrait se brancher sur le gazoduc Algérie-Espagne, désormais abandonné.
Cependant, même après l’attribution des principaux contrats, la réalisation de tels projets prend généralement deux ou trois ans.
Le gouvernement a déclaré qu’il souhaitait remplacer progressivement le charbon par le gaz, mais les autres projets suggérés, notamment la construction de nouveaux terminaux GNL et d’un gazoduc vers le Nigeria, ne seront pas réalisés avant plusieurs années.
L’agence nationale des hydrocarbures a délivré des licences d’exploration sur terre et en mer dans l’espoir d’augmenter la production actuelle de 100 millions de mètres cubes par an.
Le Maroc met en avant des plans visant à augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 52% d’ici 2025 et 64% d’ici 2030, contre 36% en 2020, a déclaré la semaine dernière le journal pro-établissement Le Matin.
Bien qu’en retard sur ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, le Maroc a installé d’importants projets solaires et éoliens et en prévoit d’autres. L’agence des énergies renouvelables MASEN n’a pas répondu à la demande de commentaires de Reuters sur ses objectifs et ses projets.
Reuters, 04/11/2021
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