Qui gère le Maroc? – Le royaume donne l’impression d’un bateau ivre qui déroute les observateurs au point de s’interroger: «Qui tire les ficelles au Maroc?»
On est loin du raffinement sémantique et de la stricte discipline qu’incarnait le roi Hassan II, encore très loin de la bienséance héritée de la longue tradition makhzenienne. Par la multiplication des décisions irresponsables, hasardeuses et à hauts risques, le royaume hallucine. Il donne l’impression d’un bateau ivre qui déroute les observateurs au point de s’interroger: «Qui tire les ficelles au Maroc?»
On ne compte plus les bêtises du Makhzen qui, depuis une année, s’est illustré par des guerres diplomatiques tout aussi vaines qu’inutiles: en mars dernier, le Maroc de Bourita s’en prend à la puissante Allemagne. Parce que Berlin n’a pas caché sa réprobation sur la décision de Donald Trump reconnaissant la souveraineté du Maroc sur les territoires occupés du Sahara occidental en échange d’une normalisation avec l’entité sioniste. C’est donc sous une forme de « sanction» que le Maroc a réagi envers un pays qui, 2 mois plus tôt, lui signe un chèque de 1,387 milliard d’euros pour l’aider à se relever de la pandémie de Covid-19. Après l’Allemagne, c’est l’Espagne. Encore une fois parce que l’Espagne a refusé de cautionner la démarche marocaine. En toute logique, Madrid s’est alignée sur la position de l’ONU et, comme le reste de l’Europe, elle mise, sinon sur un référendum d’autodétermination, du moins sur une solution négociée pour achever la décolonisation.
Toujours à cause des positions des uns et des autres vis-à-vis de la question du Sahara occidental. Un dossier obsessionnel au point de devenir une schizophrénie nationale. Le Makhzen en fait un baromètre du patriotisme et une ligne de conduite pour la diplomatie du Maroc. Au moins trois thèses sont avancées pour ce dangereux égarement du Royaume.
La première est que l’état de santé de celui qui règne sur le Maroc depuis 1999 est déclinant. Soufrant d’une arythmie cardiaque et d’une maladie pulmonaire chronique et après plusieurs interventions chirurgicales, Mohammed VI ne gouverne plus. La seconde thèse, la plus plausible, est l’arrivée des sionistes qui se sont incrustés au coeur du pouvoir marocain.
La troisième explication qui est la conséquence des deux premières, le transfert des pouvoirs détenus par le roi vers les services de renseignement marocains. C’est exactement ce que reproche le royaume qui fait croire à une prééminence de l’armée algérienne dans les décisions politiques du pays. Dans l’arène du mensonge, il est très difficile de rivaliser avec le Makhzen qui a décroché toutes les médailles.
Brahim TAKHEROUBT
L’Expression, 06/11/2021