Algérie-France : Le président Tebboune persiste et signe

Tags : France, Algérie, Emmanuel Macron, Abdelmadjid Tebboune, histoire, mémoire, colonialisme,

Si l’escalade politique et médiatique entre l’Algérie et le France, qui a ponctué pendant plusieurs semaines les relations (historiquement tumultueuses) entre les deux pays, nous assistons ces derniers jours à une baisse palpable de tension, comme si entre Alger et Paris on a pris conscience de la nécessité de tempérer les ardeurs belliqueuses. Pour autant, les choses vont encore attendre longtemps avant de se normaliser, du moins en se fiant aux propos du président Tebboune, dans son entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel dans lequel il s’est longuement attardé sur la nouvelle crise politico-diplomatique entre l’Algérie et la France. « Les déclarations du président Macron sont extrêmement graves en cela qu’elles remettent en cause l’existence même de la nation algérienne avant la colonisation française en 1830 », fait valoir le président Tebboune pour qui « jamais au grand jamais nous n’accepterons une quelconque remise en cause de notre Histoire, ni une quelconque atteinte à l’honneur de notre peuple ».

Loin de décolérer, le chef de l’Etat estime que « les déclarations du président français ont causé beaucoup de tort aux relations bilatérales », l’accusant en outre « d’avoir cherché délibérément à faire mal à l’Algérie, à son peuple et à son histoire, lors d’une rencontre à l’Elysée au cours de laquelle il avait reçu les descendants des Harkis et des pieds- noirs avec la complicité du journal Le Monde ».« C’est une des pires phases de nos relations bilatérales depuis quinze ans » insiste le président Abdelmadjid Tebboune qui accuse une bonne partie de la classe politique, intellectuelle et médiatique française « d’avoir encore sur l’Algérie un regard néo-colonial , alors que « nous nous apprêtons à célébrer cette année le 60 ème anniversaire de note indépendance, le 5 juillet prochain ».

Le président Tebboune a rappelé dans les colonnes du journal allemand, les mesures qu’il avait prises en réaction aux propos agressifs et inélégants de son homologue français, citant le rappel de l’ambassadeur à Alger ainsi que l’interdiction de survol du territoire algérien par les avions militaires français engagés dans le cadre de l’opération Barkhal au Mali. Si les propos du président français constituent en quelque sorte l’étincelle qui a provoqué la déflagration, des dossiers de fonds sont à la base de la crise actuelle, notamment la question de la mémoire, la question des visas ( à la lumière des Accords de 1968) , les échanges économiques et le très sensible dossier du Sahara occidental avec la partialité de la France en soutenant le plan marocain de « large autonomie interne » au détriment du référendum sur l’autodétermination soutenu par l’Algérie et l’ONU. Trop de nuages en somme pour espérer une nouvelle embellie d’autant que le président algérien reste ferme en assenant sans ambages ni afféteries diplomatiques que « Je ne serai pas le premier à prendre l’initiative (N.D.L.R pour relancer les relation bilatérales), sinon je perdrai (le soutien NDLR) du peuple algérien ».Car, a conclu le président Tebboune ,l’enjeu « dépasse la personne du président de la République, c’est toute la nation algérienne qui est au centre de la problématique »

H. Khellifi

L’Est Républicain, 07/11/2021

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