Maroc: accentuation de la précarité de la main d’œuvre féminine

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L’agriculture marocaine est marquée par l’accentuation de la précarité économique et sociale de la main d’œuvre agricole féminine, notamment avec le manque de soutien étatique et sociétal, a indiqué le groupe de réflexion « Arab Reform Initiative », basé à Paris. Selon une récente publication de ce groupe de réflexion, se définissant en tant que ressource pour des connaissances exclusives sur les gouvernements et les sociétés de la région arabe, si les conditions de travail des femmes dans l’agriculture marocaine s’avèrent « très dures », la crise de la pandémie COVID-19 n’a fait qu’accentuer leurs précarités économiques et sociales.

« Au Maroc, la crise liée à la pandémie a accentué les difficultés quotidiennes et injustices sociales et matérielles auxquelles de nombreuses ouvrières agricoles font déjà face. Beaucoup travaillent sans contrat, sans sécurité sociale, et font quotidiennement face à différentes formes de stigmatisation sociale », rapporte la même source. De plus, seule une minorité des ouvrières travaille avec des contrats de travail et bénéficie d’une sécurité sociale. « En effet, la grande majorité travaille sans contrat, sans sécurité sociale et avec peu d’opportunités d’ascension professionnelle, contrairement aux hommes », souligne le groupe de réflexion, ajoutant que pour arriver sur leur lieu de travail, « les ouvrières et ouvriers sont souvent entassés en grand nombre dans des camionnettes ou pick-ups non bâchés et transportés vers les exploitations ».

De plus, même si le revenu des ouvrières est indispensable pour la survie de leur famille, leur travail est socialement peu reconnu et apprécié. « Le fait de ne pas reconnaître les femmes comme de principaux pourvoyeurs de revenus permet également aux employeurs de payer les ouvrières avec de faibles salaires. Leur rémunération est souvent inférieure de 20 à 40% de celle de leurs homologues masculins », souligne « Arab Reform Initiative ».

Par ailleurs, nombre d’ouvrières, notamment analphabètes, n’ont pu bénéficier de l’aide annoncée par l’Etat car elles n’ont pas pu réaliser la procédure de demande en ligne. « Dans d’autres cas, même quand la femme est le principal pourvoyeur de la famille, le mari ou le beau-père est considéré comme le chef de famille ce qui de facto empêche les femmes de demander directement de l’aide », ajoute la publication.

En outre, les séquelles post-Covid-19 dont parlent les ouvr ières se traduisent par des crédits qui se sont accumulés et qu’elles sont aujourd’hui incapables de rembourser dans leur totalité. « Les factures d’eau et d’électricité qu’elles voulaient régler après le confinement ne le sont toujours pas ».

En termes de politiques publiques, « la problématique des ouvrières et ouvriers agricoles n’a jamais été abordée exclusivement ». Elle fait partie du code du travail marocain ou des stratégies agricoles dans leur ensemble. « Le débat public portant sur la problématique des ouvriers et ouvrières agricoles n’est presque jamais abordé en exclusivité dans les sphères de décisions non plus », relate l’initiative internationale.

« Incontestablement, les rares mises en débats publics sur la situation des femmes ouvrières en particulier ont lieu suite à des incidents malheureux d’accidents mortels sur les routes en raison des conditions déplorables de transport et du non-respect du code de la route », note la même source.

L’Expression, 14/11/2021

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