Algérie. Une prime et des questions

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Le président de l’assemblée populaire nationale aurait tranché à propos de la prime de fin de service destinée aux députés de la précédente mandature. Selon le média en ligne en langue arabe, Sabqpress, Brahim Boughali a signé le document, dont une copie serait en possession du site électronique en question, autorisant le virement de l’équivalent de deux mois de salaire pour chaque député, sur l’ensemble des années qu’ils ont passé à l’hémicycle Zighout Youcef. La même source a indiqué que l’enveloppe financière a été dégagée du budget 2021 de l’APN.

Ainsi, les membres de la mandature 2017-2022, dont la dissolution a été annoncée le 18 février dernier par le président de la République, pourraient jouir d’un pactole, qu’ils considèrent comme un droit, au moment où le pays est confronté à des difficultés financières aigües. Est-ce vraiment le moment de procéder à de telles démarches ? Les députés concernés, qui ont défrayé la chronique en octobre 2018 avec l’épisode du cadenas, méritent-ils vraiment que l’Etat leur offre une prime dans la conjoncture actuelle, alors que des pans entiers de travailleurs dans plusieurs secteurs peinent terriblement à joindre les deux bouts et vivent des fins de mois insoutenables ?

Il va sans dire que cette annonce va susciter une colère parmi les catégories professionnelles les plus exposées à la précarité, au regard de l’érosion continue de leur pouvoir d’achat face une hausse des prix des produits de large consommation, devenue incontrôlable, malgré les mesures prises par les responsables concernés.

Les enseignants, les paramédicaux, qui viennent de monter au créneau pour rappeler aux pouvoirs publics qu’ils ne sont plus en mesure de tenir le coup, constituent un exemple vivant de la crispation d’une situation appelée à se dégrader davantage, si un dialogue franc n’est pas amorcé en toute urgence entre le gouvernement et les secteurs concernés. Il est à rappeler que parmi les anciens députés, nombreux sont ceux qui ont accédé à ce statut grâce au commerce des candidatures à la députation, révélé par Baha Eddine Tliba, lui-même impliqué.

L’ancien député de Annaba avait reconnu lors de son procès que la vente de places dans les listes des législatives de 2017 revenait à 7 milliards de centimes. Lors de ce procès, Djamel Ould Abbés, qui avait été appelé à la barre en tant que témoin, a révélé de son côté que les listes étaient élaborées par Abdelmalek Sellal, Noureddine Bedoui et Tayeb Louh.

Le président actuel de l’APN n’aurait-il pas fait mieux de temporiser en mettant sous le coude la réglementation en attendant que la situation financière du pays s’améliore ? Certes, il a puisé dans le budget de l’institution, mais le fait qu’une telle procédure soit portée à la connaissance de l’opinion publique, cela pourrait causer des incompréhensions et des malentendus.

Mohamed M

L’Est Républicain, 18/11/2021

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