Tags : Sahara Occidental, Tindou – Réfugiés sahraouis: Des élèves en situation d’urgence humanitaire
L’Agence des nations pour les réfugiés (UNHCR), le Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le programme alimentaire des Nations unies (PAM) ont organisé hier, au Centre international des conférences un atelier sur la stratégie de l’éducation quinquennal récemment adoptée pour améliorer l’accès inclusif à une éducation de qualité aux élèves sahraouis, conformément aux objectif de développement durable et de l’initiative «aucun enfant laissé de côté» pour l’éducation des enfant en situation d’urgence humanitaire.
Lors de son allocution, le représentant de l’UNICEF, Isselmou Boukhary a mis en exergue les conditions d’éducation et d’enseignement didactique, notamment le manque de moyens qui dépasse les deux tiers des besoins, les classes surpeuplées, l’absence de transport scolaire, le salaire de l’enseignant qui ne dépasse pas 30 dollars mensuels et l’absence de nutrition dans l’école. Il a appeléà répondre aux besoins de financement dans ces camps et à la nécessité d’améliorer les conditions de scolarisation. Le représentant du ministère de l’Education sahraoui, Bombi Salek a remis en cause la qualité de l’école dans les camps qui ne répond pas aux normes internationales, malgré «les aides de l’Etat algérien et des ONG traditionnelles qui travaillent avec nous».
Il cite l’absence de formation pour les formateurs, la qualité du programme, le décrochage scolaire, l’émigration des enseignants et des formateurs vers l’étranger. L’intervenant a souligné la nécessité d’améliorer les acquis scolaires en raison de la faiblesse de qualification des enseignants et de renforcer la gestion du secteur par une meilleure utilisation des données dans les processus de prise de décisions, y compris pour les apprentissages, dans le but d’améliorer l’efficacité et l’efficience de l’utilisation des ressources et de renforcer les partenariats.
La situation due à la crise la plus longue du monde
L’expert en éducation Mohamed Tolba a estimé que «la situation de l’éducation des camps de réfugiés est complexe, due à la crise la plus longue du monde qui a engendré ces conditions précaires pour la scolarisation des Sahraouis».
Il a présenté deux scénarios prenant en compte le niveau de satisfaction attendu, les besoins identifiés et les investissements à effectuer progressivement pour la mise en œuvre de la stratégie de l’éducation sahraouie. M. Tolba a rappelé les efforts de l’Algérie qui permet aux enfants sahraouis de rejoindre les bancs de l’école et l’université algériennes. Les membres de l’ UNHCR, UNICEF et PAM ont débattu de la vision stratégique à moyen terme et des besoins qui en découlent en termes de mobilisation desressources.
La Stratégie de l’éducation des enfants des camps des réfugiés (2021-2025) constitue un outil de planification sur le court et le moyen terme de nature à renforcer les complémentarités et synergies entre les acteurs humanitaires et de développement, le suivi des progrès réalisés, et d’évaluer l’impact des interventions mises en œuvre afin d’améliorer les services éducatifs.
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Symbole de la lutte du peuple sahraoui : Sultana Khaya boucle sa première année d’assignation à résidence
La militante sahraouie pour les droits de l’homme, Sultana Sidi Brahim Khaya, assignée à résidence depuis une année dans la ville de Boujdour occupée, fait face à une injustice et à une oppression accrues, devant le silence honteux de la communauté internationale qui a échoué à protéger les Sahraouis des pratiques inhumaines de la tyrannie marocaine.
Selon des associations sahraouies, les violations des droits de l’Homme et les actes de répression se sont multipliés et durcis depuis la reprise de la lutte armée, le 13 novembre 2020 entre le Front Polisario et le Maroc, suite à l’agression militaire de ce dernier contre des civils sahraouis à El-Guerguerat.
Depuis, les forces d’occupation marocaines mènent une campagne massive de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes et les prisonniers politiques, ainsi que contre les civils sahraouis pour les intimider et les dissuader d’exercer leurs droits à la liberté d’expression et d’association.
L’assignation à résidence arbitraire en cours de la défenseuse des droits humains Sultana Khaya et de sa soeur Luara constitue l’un des exemples et symboles les plus graves de la répression menée dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Elle et les membres de sa famille sont, depuis le 19 novembre 2020, assignés à résidence de manière arbitraire par les forces d’occupation marocaines, et subissent systématiquement des violences physiques, psychologiques et sexuelles.
Le 10 mai, le domicile a été saccagé et trois militants qui vivaient avec la famille ont été arrêtés. Les agents marocains ont battu Sultana et sa soeur, détruit des meubles et volé des documents, de l’argent, des ordinateurs et des objets de valeur. Deux jours après, les deux soeurs ont été violées et les agents ont versé un liquide toxique et nauséabond dans toute la maison, qui a rendu la famille Khaya malade. Le 22 août, ces mêmes agents ont à nouveau fait irruption dans la maison et agressé sexuellement les deux femmes et ont exposé de force Sultana au Covid-19. Elle a été testée positive au coronavirus le 1er septembre.
Jusqu’à ce jour, l’assignation à résidence se poursuit avec la même force, se manifestant par deux agressions physiques et sexuelles ce mois de novembre. Sultana s’est également vu injecter une substance inconnue, la laissant dans un état de santé critique, en plus de causer des dégâts à la maison, qu’ils ont aspergée avec de l’eau de mouffette, utilisée dans les attaques israéliennes contre les Palestiniens.
Durant ce temps, l’occupation marocaine n’a pas acquiescé à l’appel des Sahraouis et de la communauté internationale d’arrêter les souffrances du peuple sahraoui dans les territoires occupés.
Les forces d’occupation ont avorté toute tentative de visite à la militante ou même de s’approcher de son domicile.
Une délégation espagnole composée de médecins et d’avocats a d’ailleurs été expulsée le mois dernier par les autorités marocaines de l’aéroport de Laâyoune occupée.
Dans ce sens, plusieurs ONG et associations de défense des droits de l’Homme locales et internationales comme Amnesty International ont dénoncé l’assignation à domicile et la surveillance arbitraire de Sultana Khaya et saisi les différentes institutions des Nations unies, de l’Union africaine et de l’Union européenne pour faire pression sur le régime du Makhzen marocain afin qu’il cesse son agression contre les civils sahraouis, libérer les détenus politiques et envoyer des missions internationales pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés.
Le 10 novembre dernier, l’eurodéputé Miguel Urban a demandé à la commission des droits de l’Homme du Parlement européen d’intervenir pour assurer la sécurité de la militante sahraouie, dont l’état de santé a été affecté après la dernière agression des forces d’occupation marocaines.
Le CICR a été appelé pour prendre des mesures urgentes afin d’assurer la sécurité des citoyens sahraouis sans défense, et à travailler à l’envoi d’urgence d’une mission médicale dans la ville de Boujdour occupée pour enquêter sur les violations du droit humain international et des Conventions de Genève contre la famille de Sultana Khaya.
Dans cet élan de solidarité, le Comité national sahraoui des droits humains organisera vendredi prochain un colloque en visioconférence avec la participation d’acteurs internationaux et sahraouis des droits de l’Homme.
En outre, une campagne nationale a été lancée par un groupe de jeunes Sahraouis, sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports, en coopération avec l’Union des femmes sahraouies pour soutenir les femmes devenues icônes de la lutte contre l’oppression.
«Les femmes sahraouies des terres occupées se sont hissées au premier rang pour affronter les forces d’occupation. Elles ont résisté à toutes les formes d’abus», avait écrit le journaliste sahraoui Lahcen Boulsan.
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La militante raconte «cauchemar»
Dans son témoignage à l’APS, la militante infatigable des droits de l’Homme et farouche opposante à la politique du fait accompli suivie par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés, Sultana Sid Brahim Khaya, a fait part de quelques séquences de son vécu sombre fait de brutalité, de terreur, de torture et d’intimidations quotidiennes de la part des forces de sécurité marocaines, dans l’indifférence la plus totale de l’ONU et des ONG de défense des droits de l’Homme, maintes fois sollicitées, vainement, pour intervenir et mettre fin à sa souffrance et celle de son peuple.
Elle a raconté, dans ce contexte, que «les forces de sécurité marocaines ont eu recours, le long de son assignation à résidence surveillée, à toutes formes de violence et de terreur qui existent afin de la tétaniser, elle et sa famille, à l’image des descentes nocturnes et à l’aube à son domicile familial à Boujdour occupée», soulignant que «la pire violence qu’elle a endurée, est peut-être celle de son viol devant (sa) maman, gravement malade et âgée de 85 ans». Les larmes aux yeux, Sultana Khaya a indiqué que la dernière descente des forces de sécurité marocaines à son domicile «a été simplement cauchemardesque». «Après avoir pris d’assaut notre maison, en se faufilant à travers une maison voisine, la police d’occupation, cagoulée, a pillé tous nos biens, défoncé des portes et abîmé tous les aliments avant de me battre moi et mes soeurs et de nous violer devant les yeux de ma mère gravement malade», a-t-elle raconté, notant que ce n’est pas la première fois qu’elles subissent un tel sort.
Sultana Khaya a indiqué qu’outre la torture et les violences physiques et psychologiques qu’elle a subies, elle a fait l’objet «de plusieurs tentatives de liquidation physique de la part des voyous de la police marocaine à travers parfois l’étranglement ou l’injection d’un liquide inconnu ou en la ciblant par une substance dangereuse».
«On m’a également transmis le Covid-19 et empêchée de me soigner, sans parler des objets immondes et nauséabonds qu’ils jetaient dans la maison», faisant observer que «ces pratiques étaient conçues dans le but d’apeurer la famille».
El Moudjahid, 18/11/2021
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