Algérie, chômage, emploi – Algérie. Un dossier prioritaire
La promotion de l’emploi et la lutte contre le chômage des jeunes constituent deux axes prioritaires de la politique de développement national. Dans ce contexte, le Conseil des ministres, tenu hier, sous la présidence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a confirmé, une fois de plus, l’intérêt qu’accorde l’Etat à ce dossier stratégique, tant il s’agit d’œuvrer pour le maintien et la préservation de la cohésion sociale et, l’élimination des disparités régionales. L’ambitieux plan d’action du Gouvernement consacre l’engagement des pouvoirs publics pour la consolidation des dispositifs de soutien à l’emploi des jeunes et la dynamisation du marché du travail, à travers la relance économique et le soutien de l’investissement productif, place cette préoccupation au cœur de la démarche globale pour la croissance socioéconomique du pays. Le président de la République, qui intégra la question de l’emploi parmi ses «54 engagements » de campagne, a rappelé, en mai dernier, -—à l’occasion de la célébration de la fête des travailleurs—, que l’Etat s’oriente «progressivement vers l’absorption d’un nombre important de nos jeunes chômeurs par la mise en place de mécanismes de soutien aux entreprises économiques».
Le but étant «de réduire le taux de chômage, à travers des approches en adéquation avec les exigences de l’économie de la connaissance, notamment à travers les startups et les PME», précisait le chef de l’Etat. L’orientation présidentielle, transposée dans le plan d’action du Gouvernement, fait la part belle à l’approche économique de l’emploi, plutôt que l’approche sociale, à travers l’encouragement des jeunes à se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat, en créant des opportunités d’investissement. Pour contribuer à atténuer le fléau du chômage, qui touche, en grande partie, les primo-demandeurs d’emplois, priorité est accordée à la valorisation de leur savoir-faire et de leurs capacités d’innovation.
En fait, l’intégration socioprofessionnelle des jeunes qui se pose avec acuité aujourd’hui, ne peut être confinée dans des approches globales et de dispositifs centralisés. La démarche des pouvoirs publics pour l’accompagnement des jeunes en quête de perspective sur le marché du travail vise, à cet effet, à stimuler l’esprit d’initiative en incitant les jeunes générations à s’investir dans l’auto-emploi à travers la création de start-up et, l’investissement dans des segments porteurs tels que les services de l’économie numérique. Aussi, le secteur économique est particulièrement sollicité pour contribuer à l’effort de l’Etat en matière de réduction du chômage.
Doté d’un fort potentiel, l’industrie, à travers ses différentes filières, les activités minières, entre autres, bénéficiant d’un intérêt particulier dans la vision de développement du gouvernement à l’horizon 2024, est considéré comme l’un des principaux moteurs de croissance susceptibles de contribuer au soutien de la politique nationale visant la promotion de l’emploi, et in fine, la résorption du phénomène du chômage des jeunes.
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Emploi des jeunes : Les organismes ne chôment pas
Sauver les emplois et en créer d’autres est en tête des défis majeurs que les pouvoirs publics doivent relever impérativement en vue de la consécration de la stratégie de relance pour la phase post-Covid-19.
Parmi les points à l’ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres, l’examen du dossier de l’emploi des jeunes qui tombe, pour ainsi dire, à point nommé pour apporter des réponses et des solutions et innover en termes de mécanismes afin de répondre aux exigences qu’impose le marché du travail et de l’emploi.
En la matière, le principal enjeu réside dans l’adaptation de l’offre à une demande de plus en plus pressante. De l’avis unanime des experts, des organismes concernés et des organisations professionnelles, la question de l’emploi se décline sous forme d’une problématique qui menace l’équilibre social, d’où la nécessité de son traitement en urgence.
«Des milliers de jeunes arrivent annuellement sur le marché du travail sans possibilité d’insertion professionnelle, ce qui impacte déjà d’une manière très visible l’équilibre de la société à laquelle il faudra trouver dans l’immédiat des sources de revenus réguliers», note l’économiste Brahim Guendouzi.
Au-delà du travail proprement dit, l’enjeu de l’emploi est donc étroitement lié au principe de la stabilité des citoyens. Depuis le début de l’année, plus de 1,4 million de demandes d’emploi ont été reçues par l’Agence nationale de l’emploi (Anem), a révélé récemment son DG, Abdelkader Djaber, alors que l’organisme n’a reçu que 285.000 offres au cours de la même période.
Habib Si Ali, expert consultant en ressources humaines, préconise des solutions urgentes en matière de redynamisation du marché de l’emploi. Il évoque, en premier lieu, «la réactivation dans l’immédiat des dispositifs existants, l’Angem et l’Ansej notamment, qui, par manque de ressources, sont gelés depuis deux ans». En second lieu, il cite la mise en application du dispositif Cnac pour le soutien aux entreprises en difficultés financières.
«La Cnac n’a pas seulement pour vocation d’octroyer des allocations chômage. Dans le statut de cet organisme, il est aussi question de subventions dédiées aux entreprises en difficultés, c’est justement ce dispositif qu’il y a lieu d’appliquer dans le but de conserver les emplois dans les secteurs très fortement impactés par la pandémie, tels le BTPH, le Transport, le Tourisme et les services». Redynamiser le marché de l’emploi requiert nécessairement le recours à des mesures d’encouragement des entreprises, en tête desquelles figure l’allègement des charges fiscales et parafiscales devant permettre de mettre en place des plans de recrutement. «Résoudre de façon efficace la crise de l’emploi en Algérie ne pourrait se faire en dehors de la création d’une cellule de veille au sein de laquelle seront représentés l’ensemble des intervenants concernés», ajoute-t-il.
Cette cellule aura pour principale mission l’élaboration d’une feuille de route homogène qui offre une meilleure visibilité, autant en termes de statistiques concernant les contingents de demandeurs d’emploi qui augmentent chaque année qu’en matière de voies et moyens pouvant garantir la relance de l’investissement public pour la consécration de l’objectif «plein emploi». «Les opérateurs privés doivent aussi s’impliquer énergiquement, et l’État, de son côté, les rassurer davantage par des mécanismes permettant l’émergence d’un climat des plus favorables à l’investissement créateur d’emploi, générateur de la fiscalité pour l’Etat et, d’une manière globale, moteur de la croissance économique.
Karim Aoudia
El Moudjahid, 22/11/2021
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