Algérie, réservation, tarifs, voyages – Pourquoi le billet d’avion est-il si cher chez Air Algérie ?
La question du coût élevé des billets d’avion est récemment devenue une préoccupation nationale. Tout le monde s’accorde à dire que les prix des billets pratiqués par les compagnies aériennes opérant en Algérie sont les plus chers au monde. Et c’est souvent la compagnie publique Air Algérie qui est pointée du doigt pour son quasi-monopole dans le ciel algérien.
Une situation qui perdure depuis des années et s’est intensifiée depuis la crise sanitaire au grand dam des clients d’Air Algérie, notamment de la diaspora algérienne établie à l’étranger. La hausse vertigineuse des tarifs pratiqués par Air Algérie par rapport à d’autres compagnies aériennes, notamment dans les pays voisins, comme le Maroc et la Tunisie, a souvent été dénoncée par les utilisateurs.
Des politiques dénoncent les prix pratiqués par Air Algérie
Même certains politiques sont montés au créneau pour dénoncer les prix pratiqués par Air Algérie. « Notre communauté à l’étranger vit une véritable tragédie. Les prix des billets d’Air Algérie sont les plus chers du monde », affirme à ce propos le chef du parti islamiste Mouvement de la Société pour la paix, Abderrezak Makri. « Regardez les prix des compagnies low-cost dans d’autres pays d’Afrique du Nord avec 15 euros voire 10 ou 9 euros, le voyageur d’un pays voisin prend l’avion et rentre chez lui ajoute Makri dans une vidéo publiée le 25 octobre sur sa page Facebook .
Ces tarifs exorbitants pratiqués par Air Algérie ont également fait réagir les pouvoirs publics. Le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane a annoncé le 9 novembre l’ouverture d’une enquête concernant le coût élevé des billets d’avion sur la ligne Alger-Paris. S’exprimant au deuxième jour des travaux de la Conférence des chefs de missions diplomatiques et consulaires algériennes, le Chef de l’exécutif a reconnu que les tarifs pratiqués par Air Algérie sont « excessivement chers ».
Voici comment est calculé le prix d’un billet d’avion
Comme pour toute prestation, le prix d’un billet d’avion est fixé en fonction de plusieurs paramètres . Selon skyscanner.fr, il existe un prix de base, « immuable », auquel s’ajouteront ensuite les taxes d’aéroport . Ce prix de base prend en compte « les coûts inévitables » pour une compagnie aérienne, à savoir « le coût du personnel, l’achat et l’entretien des avions, le carburant », mais aussi « le prix du repas et des boissons servis ».
Mais c’est surtout sur la partie variable que tout se joue concernant le calcul du prix d’un billet. Ce sont les nombreuses taxes qui peuvent varier à tout moment et qui affectent également le prix du billet d’avion . Selon une étude de Skyscanner, la ventilation du prix d’un billet d’avion s’effectue selon cinq taxes :
Taxes QW et QX : Il s’agit des redevances des passagers pour l’utilisation de l’aéroport.
Taxe YQ : il s’agit de la surcharge carburant avion qui dépend du prix du pétrole.
Taxe FR : c’est la taxe de l’aviation civile qui sera perçue par l’Etat.
Taxe XT : c’est la taxe pour assurer la sécurité, le contrôle des passagers, des bagages
Taxe IZ : c’est la taxe de solidarité sur les billets qui est versée notamment au Fonds mondial de lutte contre les pandémies
Pourquoi les prix des billets d’avion sont-ils différents pour une même destination ?
C’est la première question qui vient à l’esprit d’un voyageur lorsqu’il décide de prendre l’avion. Avant d’acheter son billet, le client fait le tour des agences et recherche sur internet le prix le plus bas entre les différentes compagnies. Et c’est à partir de là que le client se demande : Pourquoi un billet pour un vol Paris-Alger à bord d’Air Algérie acheté en janvier par exemple est-il différent de celui acheté six mois plus tard ?
La réponse est simple : d’abord la date. Un billet d’avion pour la même compagnie et la même destination dépendra de la saison. Si vous partez en juillet ou en août, le prix du billet d’avion sera plus cher . C’est également le cas pendant les vacances scolaires et tout au long de l’année. Il y a aussi le choix du jour de départ : le billet est souvent moins cher pour un vol en semaine que le week-end pour la simple raison que toutes les compagnies aériennes essaient d’inciter les voyageurs à prendre l’avion à des heures différentes pour rentabiliser leurs trajets en évitant de décoller avec des places libres. Il y a aussi la question de l’offre et de la demande. Aucune entreprise n’a besoin d’offrir des prix bas à un moment où la demande est forte .
Qu’en est-il des tarifs pratiqués par Air Algérie ?
Même si dans l’absolu toutes les compagnies aériennes sont soumises aux mêmes règles de marché concernant le prix des billets, il n’en demeure pas moins que souvent certaines compagnies sont pointées du doigt pour des prix jugés excessifs par leurs clients, et ce toute l’année. C’est notamment le cas d’Air Algérie. Depuis la réouverture partielle des frontières en mars dernier, pour les vols de rapatriement, suivie en juin de l’autorisation des vols commerciaux, Air Algérie n’a cessé de faire l’objet de critiques sur les prix pratiqués sur ses billets.
Face à la colère grandissante des clients, les responsables d’Air Algérie ont tenté d’expliquer les raisons de cette hausse des prix. Tout en rappelant les différentes charges et taxes entrant dans la fixation des prix, comme nous l’avons expliqué plus haut, les responsables d’Air Algérie ont principalement mis en exergue la situation actuelle du secteur aéronautique impacté par le Covid-19.
Le premier est le nombre de vols très réduit par rapport à la période d’avant la crise sanitaire. « Il faut savoir que le nombre de vols actuellement opérés a un fort impact sur les prix . Alors que nous effectuons 22 vols quotidiens avec Paris, nous sommes contraints d’opérer aujourd’hui 23 vols par semaine. Ça change tout », explique à ce propos un responsable d’Air Algérie cité par Visa-Algérie.
Une explication certes logique, mais qui ne convient pas à la majorité des voyageurs, d’autant que les prix des billets sont toujours restés excessifs même si l’on est sorti de la période estivale, où la demande était souvent supérieure à l’offre. . « Si je comprends qu’un billet s’affiche à plus de 500 euros aller simple entre Paris et Alger, entre juillet et septembre, ce n’est tout de même pas logique que ce soit le même prix qui soit en cours durant le mois de novembre », s’insurge un voyageur.
« Nos tarifs sont les moins chers par rapport à ceux proposés par nos concurrents », se défend Air Algérie.
Face aux critiques qui l’ont ciblé durant l’été dernier sur le prix de ses billets, Air Algérie a décidé de réagir par un communiqué officiel. Selon la direction d’Air Algérie, les prix des billets d’avion qu’elle applique sont « les moins chers par rapport aux prix proposés par (ses) concurrents », sur les mêmes destinations qu’elle dessert. Selon les données fournies par la compagnie algérienne, le 31 août à l’agence officielle APS, Air Algérie aurait proposé les tarifs les moins chers durant le mois d’août par rapport aux compagnies européennes pour les vols reliant l’Algérie. vers d’autres capitales du monde.
Ainsi, pour la destination France, Air Algérie propose, selon ses données, le billet Alger-Paris à 45 240 dinars, pour un aller simple alors que le prix du même billet chez Air France est vendu à 60 107 dinars , tandis qu’ASL Airlines (France) le propose à 70 500 dinars. En France, le même billet (aller simple) de Paris à Alger est vendu à 471 euros par Air Algérie, 763 euros par Air France et 480 euros par ASL Airlines.
Pourquoi Air Algérie ne propose plus de billets à tarif réduit ?
Voici une question qui revient avec insistance ces derniers jours chez de nombreux clients d’Air Algérie. Après la période des grandes affluences estivales, de nombreux voyageurs espèrent enfin voir Air Algérie, à défaut de baisser ses tarifs, au moins recourir à des promotions sur certaines de ses lignes durant cette période hivernale , comme ce qui se fait dans les pays voisins. En effet, la compagnie tunisienne Tunisair a des vols réguliers à partir de 529 dinars tunisiens (161 euros), et ce durant la période du 5 novembre au 27 mars 2022.
Le monopole du secteur aérien profiterait à Air Algérie
Du côté d’Air Algérie, aucune promotion n’est annoncée alors que durant les années précédentes ces offres sont proposées régulièrement, surtout en hiver. Si pour de nombreux observateurs la raison est liée aux conditions financières difficiles dans lesquelles se trouve Air Algérie, suite aux conséquences de la crise sanitaire, d’autres en revanche estiment qu’Air Algérie est « protégée » par le fait qu’elle détient le monopole. transport aérien.
Une situation qu’elle partage avec la compagnie Air France, concernant les vols entre la France et l’Algérie. Un quasi-monopole entre Air Algérie et Air France , reléguant ainsi les trois autres compagnies low-cost ; à savoir Ryanair, Transavia et Vueling, à un rôle de figurants. Cela signifie qu’Air Algérie et Air France continuent de pratiquer la même politique tarifaire que celle de la période estivale , estiment de nombreux observateurs.
Seule l’ouverture du marché offrirait une vraie politique de prix
C’est pour toutes ces raisons que l’ouverture du marché algérien du transport aérien à d’autres compagnies nationales serait la solution, estiment les spécialistes. Une question qui est maintes fois soulevée et qui semble enfin avoir l’aval des pouvoirs publics. Ces derniers se disent d’accord pour ouvrir le secteur aérien aux investisseurs privés , comme le disait récemment le ministre des Transports.
Ouvrir le marché à d’autres entreprises serait le seul moyen de permettre une véritable concurrence et ainsi pousser les différentes entreprises concurrentes à baisser les prix. C’est d’ailleurs dans cette perspective que les Algériens attendent avec impatience l’arrivée tant annoncée de la nouvelle compagnie low-cost Fly WestAF . Annoncée en grande pompe l’été dernier, cette société privée, fondée par l’algéro-américain Chakib Ziani Cherif, se veut déjà un véritable concurrent des autres sociétés opérant en Algérie, en termes de tarifs.
En effet dans un tweet publié le 3 novembre, le patron de Fly WestAF écrivait : « Une compagnie low cost n’est pas un NAME !! C’est un PRIX !! « . Un message à travers lequel le PDG de cette société a compris que le prix des billets est un enjeu de concurrence important, pour les milliers d’Algériens qui voyagent notamment entre l’Algérie et les pays européens.
Pipa News, 26/11/2021
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