Algérie-Tunisie: Convergences tous azimuts – Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed,
Visite de Tebboune en Tunisie. Convergences tous azimuts
Fin de la visite d’État en Tunisie. L’axe Alger-Tunis en sort encore davantage renforcé. Les Présidents algérien et tunisien ont affiché une convergence de vues sur les dossiers d’intérêts communs. L’occasion pour Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed de réaffirmer leur rejet de toute ingérence en Libye. La visite qualifiée d’« historique » a été sanctionnée par la déclaration de Carthage qui jette les bases d’une « nouvelle approche de coopération ».
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – En choisissant la Tunisie pour ce déplacement officiel, le chef de l’État donnait un signal fort sur l’intérêt du renforcement des relations bilatérales et leur caractère stratégique. Message reçu, côté tunisien. Kaïs Saïed qualifiait jeudi la visite de son homologue algérien d’« historique à plus d’un titre » et affirmant que les deux pays ne pouvaient «faire face aux défis séparément», annonçant le début d’une « nouvelle étape dans l’histoire ».
Les deux chefs d’État ont affiché une convergence de vues sur les dossiers qui intéressent la région.
Au cours d’une conférence de presse animée au second jour de la visite, Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed ont rappelé leur vision en ce qui concerne la crise libyenne. Sans ambiguïté aucune, Tebboune a fait savoir que « nous convenons avec les Tunisiens que la solution à la crise libyenne doit émaner des Libyens eux-mêmes », exprimant son vœu de voir « la Libye se débarrasser des mercenaires et des forces étrangères et rétablir la concorde entre les belligérants».
Confirmation de son homologue tunisien qui assure que « le règlement de la crise en Libye doit émaner des Libyens eux-mêmes. L’Algérie et la Tunisie coordonnent et ont une position commune et stable concernant la situation dans ce pays », déplorant toutefois l’internationalisation de la crise libyenne et affirmant qu’« il est triste de voir que des réunions se tiennent en l’absence de la partie libyenne. L’ingérence étrangère ne fait qu’aggraver la situation ».
Au sujet du sommet qu’Alger s’apprête à abriter, le président de la République a exprimé son souhait de voir cette réunion contribuer à la réalisation de « la concorde et du rapprochement entre ces pays », soulignant être « optimiste » d’autant qu’« il n’existe pas de graves différends entre les pays arabes, excepté le rejet d’une politique interne d’un pays donné par un autre pays, une attitude que l’Algérie qualifie d’ingérence dans les affaires internes des pays. Aucun pays n’a le droit de s’ingérer dans les affaires internes d’un autre pays».
En appelant les États arabes à en faire un principe, Abdelmadjid Tebboune en a profité pour faire quelques mises au point en déplorant « le fait que certains pays arabes se soient réjouis de la division d’autres pays arabes. C’est inconcevable!» Le prochain sommet, dit-il, «tentera d’unifier les vues quant aux questions internationales, en dehors du monde arabe».
Sur la participation de la Syrie à ce rendez-vous, Tebboune dira qu’« il est grand temps que la Syrie reprenne son siège au sein de la Ligue arabe. Le peuple syrien n’y est pour rien, tout comme le peuple palestinien. La Syrie s’est effondrée à cause des ingérences étrangères et l’État de Palestine n’arrive toujours pas à se relever pour les mêmes causes ».
Son homologue tunisien a affiché un soutien total à la vison de l’Algérie, assurant que « nous voulons un sommet unificateur et inclusif. L’Algérie ne cautionnera jamais la division arabe ».
Pour acter cette convergence, la visite d’État a été sanctionnée par la déclaration de Carthage. Elle se veut la base d’une « nouvelle approche de coopération, à même d’asseoir de nouvelles bases de partenariat bilatéral » et le reflet de « la volonté commune de les hisser au plus haut niveau dans tous les domaines mais également d’ouvrir des perspectives plus larges ».
Pour ce faire, les deux Présidents ont convenu de la nécessité d’adopter « une approche différente des cadres classiques de coopération, en vue d’asseoir de nouvelles bases de coopération entre les deux pays, pour davantage de complémentarité stratégique et de développement solidaire et intégré ». Il s’agit de tirer les enseignements des « précédentes expériences » et « d’adopter une vision ambitieuse pour l’instauration d’un nouvel espace régional unificateur, complémentaire et intégré, fondé sur les valeurs, les idéaux et les principes communs».
Un espace régional qui « offrira des réponses coordonnées et efficientes aux défis sécuritaires, économiques et sanitaires, ainsi qu’aux développements actuels et futurs à l’échelle régionale et internationale ».
Un premier pas a été franchi à travers la signature de pas moins de 27 accords qui couvrent les domaines de la justice, des entreprises publiques, l’intérieur, la coopération décentralisée, la communication et les médias, les PME, l’environnement, le commerce extérieur, l’énergie, la formation professionnelle, la pêche, l’emploi, la femme, les enfants et les personnes âgées, la jeunesse et le sport, l’éducation et la santé.
Nawal Imès
Le Soir d’Algérie, 18/12/2021
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