Algérie: Un Observatoire contre la « harga » recommandé – Migration clandestine, harragas,
Les experts algériens qui travaillent sur la question de la migration clandestine ont tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation continue, ces dernières années, du nombre de migrants clandestins qui arrivent en Algérie en provenance de certains pays africains. Ils étaient réunis mercredi et jeudi à l’Ecole nationale d’administration (ENA), pour participer à une journée d’étude organisée par l’Institut national des études stratégiques globales (INESG) sur le thème de « la migration clandestine en Algérie: problématique et enjeux ».
Le phénomène migratoire a tendance, depuis quelques années, à évoluer à l’intérieur de l’Afrique avec un flux important en direction de l’Afrique du Nord, particulièrement vers l’Algérie, à partir des pays du Sahel et subsahariens. Les causes de ce phénomène sont diverses mais tournent toutes autour de la pauvreté due à l’absence de développement aggravée par des conditions naturelles très difficiles mais aussi par les conflits armés interminables, exacerbés par les ingérences extérieures motivées par des visées néocoloniales.
L’Algérie, après avoir été un pays de transit, est devenue aussi une destination pour les migrants clandestins. Le flux croissant de migrants vers l’Algérie a des répercussions négatives sur l’ordre et la sécurité publics. Un des ateliers de la journée d’étude organisée par l’INESG a concerné les « activités opérationnelles pour la maîtrise et la gestion du flux des migrants vers l’Algérie ». Les participants à la journée d’études ont recommandé la création « d’un observatoire national de lutte contre la migration clandestine » à caractère « scientifique et technique » composé d’experts dans le domaine. Cet observatoire arrêtera « la stratégie nationale de lutte contre les réseaux criminels spécialisés dans le trafic des migrants et la traite des êtres humains », a précisé l’expert en matière de migration et questions sécuritaires, Hassan Kacimi.
Le nombre de migrants vers l’Algérie a doublé
Selon le chef de service de la Police judiciaire relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (GN), le lieutenant-colonel Sayeh Boussif, l’Algérie a recensé plus de 10.000 immigrants clandestins de nationalités africaines arrêtés en 2021, le double du nombre pour 2020 (Covid-19), après, a-t-il expliqué, l’allègement des mesures de précaution prises en raison de la pandémie du Coronavirus, Il a rappelé que ce phénomène connaît une hausse continue depuis 2016.
Durant la période allant de 2018 à 2020 les services de la Gendarmerie nationale ont démantelé 445 réseaux de trafic d’immigrants de différentes nationalités, composés de 1285 criminels. Il y a une relation entre l’immigration clandestine des Africains et le crime organisé et les organisations terroristes, notamment en termes de financement, a souligné le lieutenant-colonel. « Chaque réseau de trafic d’immigrants africains possède un système de financement spécifique », a-t-il précisé.
De son côté, Mizat Mohamed Saïb, expert en sociologie au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD) a appelé à coordonner le travail entre les différentes autorités sécuritaires, appelant à « prendre en charge les enfants en détresse morale, particulièrement les adolescents africains qui sont exploités par des réseaux criminels dans la mendicité », ce qui nécessite leur rapatriement vers leurs pays d’origine. Les ex-pays colonisateurs ont, indéniablement, la responsabilité entière dans les problèmes qui poussent les habitants de certains pays africains à devenir la proie facile de réseaux mafieux de passeurs, imbriqués avec les réseaux du terrorisme et de la drogue, qui transportent les immigrants vers les régions du nord du continent, puis vers la rive sud de l’Europe, dont l’Espagne. Au lieu d’aider les pays pauvres à sortir de leur situation catastrophique, les pays riches agissent, au contraire, de telle façon à les enfoncer encore plus.
M’hamed Rebah
Le Courrier d’Algérie, 18/12/2021
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