Milan: Chats cryptés et haschich provenant du Maroc – Luca Lucci, cocaïne, portables cryptés,
Luca Lucci, arrêté le leader ultra de Milan : chats cryptés et rivières de drogue en provenance du Maroc. « Ils ne l’attraperont jamais »
Luca Lucci, chef de la Curva sud rossonera, est de retour en prison. En 2018, la poignée de main avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini, qui a suscité la controverse. Il est accusé d’être à la tête d’un groupe qui importait du haschisch, de la marijuana et de la cocaïne grâce à des téléphones cryptés.
« Il ne sera jamais attrapé ». « Il » était « le grand pilier », « celui qui est au sommet », l’intouchable qui dirigeait tout dans l’ombre. Un chef qui a toujours fait très attention à ne pas se salir les mains avec le réseau de drogue qu’il coordonnait depuis son bureau : » Il est les jambes croisées sur un bureau et « notre » téléphone… ils ne l’attraperont jamais parce qu’il n’a jamais rien dans les mains, zéro, il fait tout avec le téléphone « . « Il », c’est Luca Lucci, 40 ans, leader incontesté de la Curva Sud de Milan, arrêté vendredi dans le cadre d’une enquête pour trafic de drogue et immortalisé il y a trois ans devant cinq mille ultras lors d’une poignée de main avec Matteo Salvini, fervent supporter de Milan, alors vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, lors de la fête du 50e anniversaire des supporters organisés des Rossoneri à l’Arena Civica. Notre » téléphone était censé être une garantie que des charges de plusieurs dizaines de kilos pouvaient être manipulées proprement. Du matériel sophistiqué, pour de vrais narcos : des téléphones portables cryptés avec le logiciel Encrochat – jamais violé auparavant – et des cartes sim néerlandaises sur lesquelles ils discutaient librement de leur trafic, organisaient les échanges et accompagnaient le tout de photos de briques et de liasses de billets, le tout rigoureusement emballé sous vide.
L’opération des hommes de l’escouade mobile, dirigée par Marco Calì et par l’adjoint Alessandro Carmeli, et coordonnée par le procureur Leonardo Lesti et par l’adjointe Laura Pedio, outre Lucci, a conduit à l’emprisonnement de deux autres personnes, tandis que quatre sont assignées à résidence et une est soumise à l’obligation de se présenter à la police judiciaire. Parmi eux, il y a deux autres représentants du monde des ultras, même si les fans des Rossoneri ne sont pas concernés. L’enquête découle de l’enquête suite à la tentative de meurtre d’Enzo Anghinelli, un courtier en drogue blessé lors d’une fusillade à Milan en 2019, ami de plusieurs membres de la Curva Sud, à partir de Toro.
De ce guet-apens naît une double enquête, dont la première partie aboutit à la saisie de 4,5 kg de haschisch, qui à son tour conduira les enquêteurs à Lucci – qui a déjà une série d’antécédents allant du port illégal d’armes, à des blessures très graves, au trafic de drogue et qui est toujours soumis au daspo et à une surveillance spéciale – qui « semble avoir une direction incontestée » de l’organisation démantelée hier, comme l’écrit le gip Fabrizio Filice dans l’ordre de garde. Un groupe qui, grâce aux téléphones portables cryptés fournis et gérés par Lucci, transportait chaque mois des lots de haschisch et d' »herbe » du Maroc, via l’Espagne, et tentait de s’étendre au marché de la cocaïne, avec un chargement de dix kilos qui aurait dû arriver du Brésil.
Le chat « belvaitalia ».
L’aide aux enquêteurs en avril 2020 est venue de l’Europe, lorsque la justice française et néerlandaise a saisi les serveurs du système Encrochat. Et grâce à un mandat européen, ils peuvent accéder aux messages cryptés échangés au fil des mois par les personnes arrêtées. Des chats dans lesquels personne ne cachait le trafic du groupe. « Nous avons besoin d’herbe », écrit, par exemple, le 22 avril, Lucci, surnommé « belvaitalia », pour relancer l’activité bloquée par le lock-out. « J’ai besoin de tout, d’herbe et de fumée. Si vous l’apportez, nous l’organiserons », est encore un message du 4 mai. L’augmentation des coûts due à la pandémie (« Deux m’ont dit que c’était trop cher ») complique les plans. Mais le flux de fumée mis en évidence par les chats est continu. Vingt kilos de haschisch arrivent le 12 mai. L’échange se fait à Parabiago. Mais « le lundi, il y a autre chose qui arrive », rassure Lucci. Ils travaillent déjà sur la prochaine cargaison cachée parmi les pommes de terre et les oignons sur les camions pour l’Ortomercato. « Fumée, pour l’instant 80 (kilos, ndlr), tu me dis, si tu veux j’arrête avec les commandes », dit-il au fournisseur le lendemain. Au final, ils seront 90, à 3,300 euros le kilo, revendus à 3,500. « Ils ont importé et vendu de grandes quantités, ils étaient à un niveau moyen-haut », expliquent les enquêteurs.
Cocaïne du Brésil
Cependant, lorsqu’ils ont essayé de mettre un pied dans le commerce de la cocaïne, ou du « c » comme ils l’appelaient dans leurs messages, quelque chose a mal tourné. Ils suivent pas à pas le voyage depuis le Brésil de leurs dix kilos, qui font partie d’une cargaison plus importante de 349 kg, mais il est interrompu par la malchance : un sac de sport contenant la drogue se brise, la poudre finit dans le moteur et arrête le navire, qui est alors saisi par la marine brésilienne. « Ici, nous devons aller à Lourdes, pas à Rome », est la réaction inconsolable de l’un d’entre eux. « Fra, là où nous allons, tout va pu….e ». Un accident qui a coûté 72 500 euros à Lucci et à un associé. Mais l’objectif de gravir les échelons demeure pour Lucci : « Cependant, être courtier est ce qu’il y a de mieux.
Corriere della sera, 18/12/2021
#Italie #Milan #Maroc #Trafic #narcotrafic #cocaïne #Haschich #Cannabis