Au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ronen Bergman, qui publie « Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël », revient sur l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, auquel les services secrets israéliens auraient participé.
Près de 1.000 pages et de multiples révélations
Ronen Bergman, journaliste au New York Times et investigateur israélien, publie aux éditions Grasset Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, un livre événement qui revient sur les nombreuses exécutions réalisées par le Mossad, l’agence de renseignements de l’État hébreu. Dans « C’est arrivé demain », le journaliste raconte sur Europe 1 comment les services secrets israéliens ont aidé le gouvernement marocain à éliminer Mehdi Ben Barka, l’un des principaux opposants au Roi Hassan II dans les années 1950.
« Dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit »
« Ce n’est pas simplement que le Mossad a œuvré, c’est beaucoup plus que cela », explique Ronen Bergman. « Le service de renseignements du Maroc a rendu service énorme aux Israéliens en donnant au Mossad la capacité d’écouter les conversations les plus secrètes des dirigeants arabes », affirme le journaliste du New-York Times. « Mais ils voulaient quelque chose en échange, car dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit. »
Si des Français étaient déjà impliqués dans l’élimination de l’anticolonialiste Mehdi Ben Barka, le Maroc demande aussi au Mossad de l’aider, raconte Ronen Bergman. Le 29 octobre 1965, le leader panafricain se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, mais les services secrets israéliens l’ont traqué afin que les Marocains l’enlèvent. L’opposant socialiste au roi Hassan II est alors torturé et tué par les services secrets marocains. « Le Mossad aide les assassins à se débarrasser du corps et à l’enterrer sous ce qui est aujourd’hui le musée Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne », poursuit Ronen Bergman.
« L’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien »
Interrogé par Patrick Cohen sur les conséquences des éliminations commanditées par le Mossad, Ronen Bergman se veut nuancé. « Ça change l’histoire, parfois du bon, parfois du mauvais côté », affirme-il. « Mais après huit ans de recherches, je peux affirmer que l’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien », explique Ronen Bergman, prenant en exemple les éliminations qui ont suivi les attentats de Munich.
Europe1, 09/02/2020
#Maroc #Israël #Mossad #MehdiBenBarka
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