La diplomatie du gaz donne à l’Algérie un poids dans les négociations – Espagne, Sahara Occidental, Maroc,
Le rythme s’est remarquablement accéléré sur l’axe Alger-Rome, ces derniers jours et ces dernières semaines, d’une manière qui attire l’attention des suiveurs. Le gouvernement italien a annoncé, dans un communiqué mardi soir, la visite du Premier ministre italien, Mario Draghi, en Algérie prévue pour lundi prochain.
La visite du Premier ministre italien en Algérie intervient dans une situation internationale frénétique dans la course à l’énergie, et cette crise, qui reste une conséquence directe de la guerre russo-ukrainienne, a entraîné une profonde polarisation au sein de l’Union européenne, qui s’est manifestée par l’échec de certains pays à imposer une proposition notamment « d’achat en bloc » de gaz par Bruxelles, alors qu’un achat volontaire était privilégié.
M. Draghi a eu un entretien téléphonique avec le président Abdelmadjid Tebboune vendredi dernier, et la crise énergétique mondiale était au centre de celui-ci, notamment « l’accord et la stratégie énergétique italo-algérienne », ainsi que diverses réunions institutionnelles bilatérales et multilatérales, y compris le prochain sommet gouvernemental bilatéral en Algérie, selon un communiqué publié par le Palais du gouvernement à Rome « Palacio Chigi ».
Au cours de cet appel, la partie italienne a demandé à l’Algérie d’augmenter les livraisons de gaz d’environ neuf milliards de mètres cubes par an, à ajouter aux 21 milliards que Rome a reçus de l’Algérie au cours de l’année écoulée, portant le total à trente milliards de mètres cubes par an à l’ancien prix, selon l’ambassadeur algérien à Rome, Abdelkarim Touahrieh, dans un message traversant la Méditerranée en direction de Madrid.
Ce qui se passe entre Rome et l’Algérie ces jours-ci est ce qu’on appelle la « diplomatie du gaz », et dans le cadre de cette stratégie, l’Algérie est devenue une cible principale du gouvernement italien.
La visite prévue de Draghi en Algérie intervient deux jours après la visite du président et directeur général d’Eni, Claudio Descalzi, et quelques jours après la visite d’une importante délégation algérienne à Rome, dirigée par le secrétaire général du ministère des affaires étrangères, Chakib Rachid Kaid.
Depuis la capitale italienne, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères a déclaré que l’Algérie a l’intention de « revoir les accords avec l’Espagne dans tous les domaines », et qu’elle est en train de revoir les prix du gaz exporté vers ce pays sans autres partenaires, en réponse au changement soudain de la position espagnole sur la question du Sahara occidental, qui a déclenché la vive colère de l’Algérie.
À l’issue de la réunion qui a rassemblé les délégations des deux pays à Rome, le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, a expliqué que « l’Italie souhaite un accord stratégique à 360 degrés avec l’Algérie, pour intensifier le dialogue politique, renforcer la coopération économique et énergétique et œuvrer ensemble à la stabilité du bassin méditerranéen ».
La réunion, à laquelle ont participé soixante experts de divers ministères et de différents organismes des deux pays, a abouti à la signature d’un document complet qui définit les principaux domaines dans lesquels les deux pays mettront en œuvre des projets communs.
Le rapprochement algéro-italien ne semble pas isolé face à la course à la crise énergétique mondiale. Avant l’arrivée de Draghi en Algérie, une délégation italienne s’est rendue dans la capitale allemande, Berlin, pour discuter des moyens de surmonter cette crise, ainsi que pour signer un accord de solidarité bilatéral qui pourrait inclure le partage du gaz, ainsi que pour lancer la recherche de sources supplémentaires d’approvisionnement en gaz, une réunion à laquelle ont participé le ministre italien des affaires étrangères, Luigi Di Maio, et son homologue allemande, Annalina Barbock.
Après que Rome soit devenue un partenaire exceptionnel de l’Algérie dans le domaine du gaz, des indices laissent présager la naissance de l’axe Alger-Rome-Berlin, qui cherche une alternative au gaz russe, ce qui ouvre la voie à l’Italie pour exporter des cargaisons de gaz en excès vers l’Allemagne, c’est l’axe qui a commencé à prendre forme et ce en réponse à l’alliance non déclarée entre l’Espagne et la France, à l’origine de la tension actuelle entre l’Algérie et Madrid.
Mohamed Meslem
Echourouk online, 06/04/2022
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