Sanchez n’a pas obtenu de reconnaissance sur Ceuta et Melilla – Espagne, Maroc, Sahara Occidental, Algérie,
En soutenant le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, le président du gouvernement espagnol aura finalement fait une grande concession diplomatique pour rien. Il n’a récolté en retour ni reconnaissance de la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla, ni l’engagement à arrêter le flux des migrants, une arme dont se sert le royaume chérifien pour affaiblir son voisin du nord.
Désavoué par la Chambre des députés espagnols et mis en difficulté y compris dans son propre parti, Pedro Sanchez est allé, durant le week-end écoulé, chercher du soutien auprès du roi M6 qui l’a invité à un iftar pour sceller la réconciliation entre les deux pays qui devrait clore la crise diplomatique déclenchée par le Maroc, en décembre 2020. Ce dernier, à force d’utiliser la carte de l’émigration clandestine comme moyen de pression, a fini par contraindre l’Espagne à reconnaitre le plan d’autonomie sur le Sahara occidental conçu par le Maroc en 2007.
Le revirement dénoncé par la classe politique
Cependant, cette décision a été dénoncée par la classe politique espagnole, et qui ne fait pas consensus au sein même du parti du chef du gouvernement, qui a pesé sur le vote du parlement d’une motion qui, tout en rejetant catégoriquement le revirement de Sanchez, exhorte l’exécutif à «ratifier son soutien aux résolutions de l’ONU» qui reconnaissent, toutes, le droit à l’autodétermination des Sahraouis.
Échec au parlement
L’initiative a recueilli le soutien de toutes les forces parlementaires, à l’exception du PSOE, qui a été laissé seul dans son vote contre, indique le journal El Mundo, ajoutant que tous les alliés du gouvernement et même le partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale, ont décidé de tourner le dos au président et le premier parti d’opposition, le PP, les a rejoints. Pour leur part, les nationalistes basques ont proposé que le Congrès exprime ouvertement son «désaccord» avec le changement de position du gouvernement, le qualifiant de «radical et unilatéral». Certes, il s’agit d’un désaveu par le parlement, mais cette motion non contraignante n’est pas de nature à mettre en difficulté la stabilité du gouvernement de Pedro Sanchez, notent des observateurs mais, estiment que cela pourrait raviver encore plus les tensions qui existent au sein de la coalition du gouvernement qui est composée du parti socialiste d’extrême gauche Podemos, dont les ministres ont manifesté leur désaccord avec cette décision.
Podemos veut accorder la nationalité espagnole aux Sahraouis
Le parti Podemos d’extrême gauche, a présenté un projet de loi pour accorder la nationalité espagnole et ainsi permettre la naturalisation aux Sahraouis et à ceux nés au Sahara Occidental sous la souveraineté de l’Espagne. Comme expliqué dans une déclaration du groupe Podemos au Congrès, cette initiative prévoit que les Sahraouis nés avant le 26 février 1976, ainsi que leurs descendants directs, puissent obtenir la nationalité espagnole, comme le font déjà d’autres groupes historiquement liés à l’Espagne, comme le cas des Juifs séfarades. Aussi, la période réduite de résidence légale en Espagne de deux ans leur sera appliquée, comme cela est déjà envisagé pour le reste des personnes originaires de pays ou de communautés ayant un lien historique ou culturel particulier avec l’Espagne.
Au demeurant, le gouvernement espagnol qui a fait une grande concession diplomatique n’aura, in fine, pas engrangé beaucoup de dividendes du reniement de sa position historique vis-à-vis de son ancienne colonie, le Sahara occidental, comme le prouve le communiqué commun rendu public à la suite à l’iftar.
Les deux parties ont convenu de mettre en place des groupes de travail pour résoudre les contentieux entre les deux pays, notamment la question de l’immigration clandestine, que le Maroc était accusé l’an passé d’utiliser comme arme pour faire pression sur les autorités espagnoles. Mais, point de reconnaissance de la part du Maroc de la souveraineté de l’Espagne sur les enclaves de Ceuta et Melilla. Il y a eu juste l’accord du Maroc pour l’ouverture d’un poste de douanes commerciales à Ceuta pour l’exportation de marchandises à partir de cette ville et l’ouverture du poste existant à Melilla et qui est fermé depuis 2018.
Sanchez se met à dos ses alliés
Finalement, Sanchez a bien tenté de clore une crise avec le Maroc, mais il en a ouvert plusieurs. Avec ses alliés de gauche qui jugent cette décision comme une «trahison» et avec ses partenaires étrangers aussi, notamment l’Algérie, qui, en sus d’avoir rappelé son ambassadeur a Madrid, le 19 mars dernier, a pris d’autres mesures de rétorsion notamment celle qui a consisté à suspendre le rapatriement des immigrés arrivés clandestinement en Espagne, à signifier une fin de recevoir à la compagnie aérienne Iberia d’augmenter les fréquences de ses dessertes vers les aéroports algériens, et de parier sur l’Italie pour approfondir ses relations énergétiques et à augmenter le prix du gaz vendu à l’Espagne.
A. R.
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