Mois : juillet 2022

  • Le Maroc a-t-il encore sa place au sein de l’Union africaine?

    Maroc, Melilla, migration, migrants africains, Union Africaine,

    Une place au sein de l’Afrique

    Le Maroc a-t-il encore sa place au sein de l’Union africaine ? La question mérite sérieusement d’être posée au regard de la posture du régime du Makhzen au sein de l’organisation panafricaine et de son attitude envers les États et les peuples africains.

    Les appels pour l’exclusion du Maroc de l’UA se multiplient. L’irrespect le plus total que les feudataires du Makhzen, en mission commandée, affichent pour l’organisation panafricaine, ses structures, mais aussi son acte constitutif, sont de bonnes raisons pour s’interroger sur les raisons qui ont poussé le Makhzen à acter l’accession du Maroc à l’UA en 2017. Une adhésion qui devait imposer au Maroc de se conformer à l’Acte constitutif et donc de reconnaître l’indépendance du Sahara occidental de fait. Or, depuis, le régime marocain a non seulement multiplié les manœuvres pour se soustraire à ses responsabilités, mais a intensifié le lobbying pour alimenter les divisions au sein de l’UA, en sus d’essayer d’y introduire le cancer sioniste.

    Le récent drame migratoire de Melilla a confirmé les velléités makhzéniennes de s’inscrire dans un agenda qui contredit tous les principes africains et va à l’encontre des intérêts du continent. Le fait que le Makhzen se serve de cette ignominie, de ce massacre innommable, de justificatif pour s’imposer en tant que partenaire privilégié de l’Otan et de l’Union européenne en particulier, ne fait que susciter des interrogations sur l’appartenance du régime marocain à l’Afrique et à ses structures. Des structures au sein desquelles il sévit en toute impunité.

    C’est justement cette question qui est posée aujourd’hui par la société civile et les intellectuels africains. Hier, l’analyste namibien Vitalio Angula a estimé dans une tribune que « le Maroc devrait être sanctionné par l’UA pour son traitement des migrants du Tchad, du Niger, du Soudan et du Sud Soudan.

    Il devrait aussi être exclu de l’Union africaine pour avoir constamment montré son mépris pour le reste de l’Afrique ». C’est une position qui reflète bien la situation dans laquelle le Makhzen a mis le Maroc, lequel devait pourtant naturellement évoluer au sein d’une Afrique unie.

    La Sentinelle, 13/07/2022

    #Maroc #Melilla #Migration #Migrants_africains #Union_Africaine

  • Le Maroc ravagé par les feux de fôret

    Le Maroc ravagé par les feux de fôret

    Maroc, feux, incendies, forêt, sécheresse,

    Des centaines de pompiers et de soldats marocains ont lutté jeudi pour éteindre au moins quatre brasiers déchirant des forêts dans le nord du royaume, selon des responsables.

    Plusieurs villages ont dû être évacués devant les flammes alors que des avions bombardiers d’eau militaires larguaient des charges pour tenter d’éteindre le brasier, a constaté un journaliste de l’AFP.

    Les villageois, choqués par la rapidité avec laquelle les flammes se propageaient, ont fui leurs maisons.

    Certains, là où ils le pouvaient, ont emmené devant eux leur bétail et leurs chevaux, dont dépend leur subsistance.

    Un village de la région de Ksar El Kebir, en Afrique du Nord, a été détruit par les flammes.

    Des incendies attisés par des vents violents se sont déclarés dans les régions septentrionales de Larache, Ouezzane, Tétouan et Taza, a indiqué le responsable du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers.

    « Les efforts se poursuivent dans l’espoir de maîtriser ces incendies dans les prochaines heures », a déclaré M. Assali, cité par l’agence de presse officielle MAP.

    Au moins 1 000 hectares de forêt ont été brûlés depuis mercredi soir à Larache et à Ouezzane, selon les premières informations.

    Des centaines d’agents de la protection civile ainsi que des soldats et des policiers participent aux efforts visant à empêcher les incendies de causer davantage de dégâts.

    Le Maroc, qui souffre d’une sécheresse intense, a été frappé ces derniers jours par une hausse des températures avoisinant les 45 degrés Celsius (113 degrés Fahrenheit).

    De l’autre côté du détroit de Gibraltar, des feux de forêt font également rage dans le sud de l’Europe, du Portugal et de l’Espagne à la France et à la Grèce.

    Selon les scientifiques, les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les sécheresses, qui rendent les incendies de forêt plus probables, sont liés au changement climatique.

    Ils devraient devenir encore plus fréquents, plus longs et plus intenses à l’avenir.

    The New arab, 14/07/2022

    #Maroc #Forêt #Incendies #Feux #Sécheresse

  • Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

    Drame de Melilla : Le Maroc pris à la gorge

    Maroc, Espagne, Melilla, migration, migrants africains,

    C’est le vrai visage d’un État barbare et sanguinaire que le monde a découvert, le 24 juin dernier, à Melilla.

    Mohamed AMROUNI

    L’usage excessif de la force à Melilla qui a conduit à la mort de 37 migrants d’origine africaine continue de susciter des réactions à l’échelle internationale. Rankhumise Sello Patrick, le chargé d’affaires auprès de l’ambassade d’Afrique du Sud à Alger a déclaré, hier, que «le gouvernement sud-africain insiste sur la nécessité d’ouvrir une enquête sur les actes de brutalités commises au Maroc». Cela avant de rappeler «l’obligation de tous les pays de respecter le droit international, de traiter tous les migrants avec dignité». Il intervenait en marge du forum du quotidien El Moudjahid. La demande du diplomate n’est pas la seule. Elle s’ajoute aux appels des membres du Parlement européen, de l’Union africaine et d’un comité spécial des Nations unies à exiger une enquête rapide afin de faire la lumière sur cette tragédie. Les médias montent au créneau pour dénoncer ce «crime contre l’humanité».

    La politique migratoire du Maroc et la violence avec laquelle il traite les citoyens africains, sur son sol, est digne des «régimes les plus violents que l’humanité ait connus auparavant», a indiqué un article publié sur le média en ligne Le Panafrikanist. L’article en question est intitulé: «Les mauvais traitements infligés aux migrants par le Maroc sont une politique délibérée de crimes systématiques contre l’humanité».

    Son auteur revient sur «les vidéos atroces relayées par les citoyens et les médias présents sur le terrain», lors du «terrible massacre» du 24 juin dernier. Des pertes en vies humaines par dizaines et des blessés sauvagement traités pour avoir tenté d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla depuis la ville de Nador. «Plein d’images d’une violence extrême, de traitements inhumains et de terribles scènes de détention, les vidéos ont choqué tout le monde, sauf peut-être les autorités marocaines et leurs alliés», a relevé le média.

    L’Espagne ne manque pas, en effet, une occasion de souligner que «le Maroc est son partenaire stratégique dans la politique migratoire et pousse l’Union européenne (UE) à soutenir le Maroc dans le renforcement et l’équipement de ses forces de police pour ‘’contrôler » et arrêter la migration africaine vers l’Europe», ajoute la même source, soulignant que «le Maroc a reçu quelque 343 millions d’euros depuis 2014 de l’UE, Le Panafrikanist a rappelé «une analyse de Reporters sans frontières, datant de 2021 et dans laquelle cette ONG a fait savoir que la poursuite de la coopération, en matière de migration, pourrait faire grimper ce chiffre jusqu’à «3,5 milliards d’euros pour la période entre 2020 et 2027».

    «Et pour cela», poursuit le média, «le Maroc déploie des mesures atroces contre les migrants pour montrer à ses alliés européens à quel point il prend la question au sérieux».

    L’Expression, 14/07/2022

    #Maroc #Espagne #Melilla #Migration #Migrants_africains

  • Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Les pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel

    Maghreb, Sahel, OTAN, Europe, Algérie, Mali, Niger, Maroc, Libye, Mauritanie,

    Avec sept frontières terrestres africaines et deux autres frontières maritimes européennes, avec l’Espagne et l’Italie, l’Algérie surveille un très large espace géographique de l’ordre d’un continent. Et pour la première fois depuis 1962, les périls sont pratiquement présents de tous les côtés. De quel côté que le regard se pose, il y observe périls et jeux de Monopoly : la Tunisie, fragilisée par des soucis politiques, n’alimente pas encore le réconfort ; la Mauritanie, qui tente de faire de la realpolitik, fait en sorte de suivre, principalement, ses intérêts économiques ; le Mali est soumis à une pression euro-française intense pour en chasser les Russes, une pression qui n’exclut aucun moyen pour désarticuler Bamako, qui résiste avec succès, jusque-là; le Niger, maillon faible des pays du champ, fait une fois de la résistance, mais deux fois le porte-voix de la France ; la Libye est le pays qui donne le plus d’inquiétude pour le moment, car soumis aux groupes paramilitaires, très puissants aussi bien dans le Cyrénaïque, la Tripolitaine que le Fezzan, peut basculer dans la violence à tout moment, avec possibilité de l’ « exporter », également. Du côté marocain, les choses ont le mérite d’être claires pour inciter à un redoublement d’attention.

    Malheureusement, l’Europe et l’Otan ont joué, jouent, et joueront encore sur les points de dissension qui existent dans cet espace. Si la guerre doit changer de camp, c’est certainement sur cet espace qu’ils la planteront en essayant de trouver le maillon faible. Et c’est pour cette raison, comme pour d’autres, également, il faut faire attention aux pièges euro-atlantistes dans l’espace Maghreb-Sahel.

    Les ballons-sondes lancés épisodiquement pour tâter le pouls des Africains n’échappent à personne, comme ce fut le cas récemment pour le Mali, qui, selon l’Espagne (qui, subrepticement, se trouve en train de jouer le rôle de l’ « éclaireur » pour l’Otan dans la région maghrébo-sahélienne), peut motiver une intervention otanienne.

    L’antécédent libyen ne doit pas être perdu de vue. L’entêtement franco-atlantiste à déboulonner la Libye par ses fondements avait été un acte assez brutal qui a durablement châtié le Maghreb et le Sahel pour très longtemps.

    L’Express, 14/07/2022

    #Algérie #Sahel #Mali #Mauritanie #Russie #Niger #Maroc #Maghreb #OTAN #Espagne

  • Convoi algérien attaqué au Mali : Le Maroc pointé du doigt

    Convoi algérien attaqué au Mali : Le Maroc pointé du doigt

    Algérie, Maroc, Mali, Gao, camionneurs algériens,

    Des Indices de la responsabilité du Maroc dans l’attaque du convoi algérien au Mali

    Algerie: Des sources algériennes n’ont pas caché la responsabilité du Maroc dans l’attaque armée contre le convoi algérien dans le nord du Mali.

    Selon un responsable algérien bien informé, il n’est pas exclu que l’opération ait été orchestrée et liée à une organisation particulière qui avait précédemment attaqué des convois commerciaux algériens se dirigeant vers le Mali et la Mauritanie.

    La source a déclaré que : « Parmi ce qui peut être étudié et examiné, il y a la question de savoir si le ciblage du convoi commercial dans le nord du Mali était un acte terroriste isolé, ou était lié au ciblage antérieur de convois commerciaux dans la région désertique près de la frontière avec la Mauritanie, d’autant plus que les groupes armés du nord du Mali sont interconnectés, avec de multiples intérêts, destinations et réseaux qui se chevauchent.

    La source a expliqué que les autorités sécuritaires et militaires algériennes étudient des rapports de terrain sur l’attaque terroriste qui a visé le convoi algérien dans le nord du Mali près de la frontière algérienne, menée par un groupe de quatre individus à moto, qui a causé la blessure de trois conducteurs, dont l’un est dans un état grave, « pour extraire les circonstances environnantes ». Mali, et empêcher l’intensité d’une présence algérienne dans la région.

    Le responsable algérien a souligné sur le site qatari, « Il n’est pas exclu que ces attaques fassent partie d’une tentative d’attirer l’Algérie dans une confrontation ouverte dans la région du Sahel, qui connaît une situation sécuritaire instable ».

    Algérie Focus, 14 juillet 2022

    #Algérie #Maroc #Mali #Camionneurs_algériens #Gao

  • C’est sa 2e visite en 3 mois : Mario Draghi à Alger

    C’est sa 2e visite en 3 mois : Mario Draghi à Alger

    Algérie, Italie, Mario Draghi, Gaz,

    Le Premier ministre italien, Mario Draghi, effectuera la semaine prochaine une visite en Algérie, pour discuter du renforcement des liens entre les deux pays, actuellement dominés par la coopération énergétique.

    La visite de Draghi en Algérie, premier fournisseur de gaz de l’Italie, pour la deuxième fois cette année, intervient dans un contexte de crise énergétique aigue en Europe, marqué par les craintes d’un arrêt total du flux des approvisionnements en gaz russe en perspective de l’hiver prochain.

    Mais, contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne qui dépendent exclusivement du gaz en provenance de Russie, l’Italie semble mieux lotie face à cette crise grâce notamment à plusieurs facteurs. A commencer par la réduction de la dépendance du gaz russe à 25%, contre environ 40% au début de l’année. Aussi, au début de la guerre en Ukraine, le gouvernement a pris une décision stratégique pour rechercher rapidement des approvisionnements alternatifs, a rappelé dans ce sens le Premier ministre Mario Draghi aux journalistes mardi soir.

    Afin de diversifier progressivement les approvisionnements hors de la Russie, le gouvernement italien, avec la société contrôlée par l’État, Eni, a conclu des accords avec des pays africains et nord-africains, notamment l’Algérie, pour augmenter les importations de gaz. Ainsi, un contrat a été signé lors de la visite de Draghi en Algérie pour la livraison de 9 millions de m3 supplémentaires de gaz via le gazoduc Transmed, Enrico-Mattei.

    Les craintes d’un hiver rigoureux

    Qu’à cela ne tienne, les autorités italiennes travaillent à présent pour s’assurer que le pays puisse survivre l’hiver prochain sans rationner le gaz aux familles et aux entreprises, même si la Russie arrête complètement les approvisionnements. «Si, au milieu de l’hiver, la Russie coupe brusquement l’approvisionnement de l’Italie, le rationnement ne pourra pas être évité», a déclaré Simona Benedettini, conseillère indépendante en énergie basée à Rome.

    Cependant, si toute l’Europe craint qu’un blocage total des flux de gaz en provenance de Moscou puisse la contraindre au rationnement, la question se posera avec moins d’acuité pour l’Italie, gros client de l’Algérie. Selon le ministre de la Transition écologique Roberto Cingolani, les stocks italiens sont actuellement à 55% et devraient atteindre 90% d’ici la fin de l’année. «Nous sommes presque hors de danger», a-t-il déclaré, vendredi 24 juin, dans un entretien avec le quotidien La Stampa.

    De nouvelles perspectives de coopération

    Hormis l’approvisionnement en gaz, la production d’électricité à base de gaz et d’autres ressources d’énergies renouvelables ouvre de nouvelles perspectives de coopération algéro- italienne, comme annoncé en avril 2022 lors de la précédente visite de Draghi qui a fait état d’un projet d’exportation de l’électricité vers l’Italie et de projet de construction d’un câble électrique sous-marin devant relier Annaba à la Sicile. A cela s’ajoutent le renforcement du développement des énergies renouvelables, les technologies innovantes à faible émission de carbone et les projets de transmissions électriques entre l’Algérie et l’Italie.

    L’Algérie aujourd’hui, 14 jui 2022

    #Algérie #Italie #Mario_Draghi

  • Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ce que la guerre en Ukraine nous révèle

    Ukraine, Russie, URSS, OTAN, Etats-Unis, Occident, Union Européenne,

    par Djamel Labidi

    Cette guerre en Ukraine révèle décidément bien des choses. On découvre que les principaux pays européens occidentaux, la France, l’Angleterre, l’Allemagne n’ont pas réellement d’armées, une armée capable d’affronter une» vraie guerre», une «guerre de haute intensité» comme on dit maintenant.

    Trois à quatre jours de munitions en réserve

    Et surprise des surprises, ce sont les pays de l’Est de l’Europe, les ex «pays socialistes», Pologne, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie etc.. qui ont le plus d’armements, chars, canons, avions, hérités de l’Union soviétique. Et ce sont eux qui les fournissent à l’Ukraine. L’Ukraine a toujours été l’enfant chéri de l’URSS: celle-ci lui avait confié une grande partie de sa puissance militaire: missiles, charges nucléaires, marine de guerre, aviation et blindés. Au lendemain de son indépendance, l’Ukraine était ainsi la troisième puissance nucléaire mondiale, avant qu’elle ne renonce à l’arme nucléaire. En 2022, l’Ukraine restait encore bien armée . Elle était classée 22eme puissance militaire mondiale.

    On pensait, au début du conflit, que la France hésitait à fournir en quantité et à un niveau significatif des armes à l’Ukraine pour ne pas paraitre cobelligérante. En réalité elle n’en avait pas. A-t-elle voulu cacher son dénuement ? En mars 2022, le président de la commission de défense et des affaires étrangères du sénat français, Mr Christian Cambon révèle sur la radio française internationale ( RFI) que la France n’a en réserves que «3 à 4 jours de munitions en cas de conflit de longue durée». On découvre aussi que ses forces conventionnelles sont limitées: en tout et pour tout, 200 chars, 110 canons , les fameux «Caesar», 217 avions de combat ( fr.m. wikipedia.org). Ceci est à rapprocher des 318 aéronefs dont 247 avions de combat, des 2596 chars et des 2000 canons que l’Ukraine pouvait aligner au 25 février au début du conflit ( fr.m.wikipedia.org, 2021 ).

    Bref on découvre que la France est une puissance militaire par sa force de dissuasion nucléaire, mais qu’elle n’a pas réellement d’armée conventionnelle, capable d’affronter la situation d’une guerre de «haute intensité». En fait, elle n’avait que les moyens de sa politique militaire de ces dernières décennies: l’organisation d’ expéditions contre des États africains vulnérables. Elles n’ont eu d’autres résultats que de raviver chez les Africains le souvenir des colonnes coloniales

    De guerre lasse, la France, pressée par l’Ukraine, finira par livrer ce qu’elle a, soit 18 canons Caesar, soit près d’un cinquième de toutes ses capacités d’artillerie. Et il faudra, remarque un général en retraite français sur un plateau de télévision, plusieurs années à la France pour renouveler ce stock de canons

    En réalité, le problème est général pour les pays occidentaux. Leurs stocks sont limités. L’Angleterre malgré ses rodomontades, a des stocks d’armes qui ont vite fondu. C’est même le cas des États-Unis, pour notamment les armes antichars, qui se trouve confrontés à un problème de renouvellement des armes fournis à l’Ukraine et donc de production de ces armes, et donc de relance de son industrie de guerre dans certains secteurs.

    Comment se fait-il que l’Ukraine, qui possédait au départ du conflit, plus d’armements que les principaux pays européens occidentaux, n’ait cessé de leur demander des armes. Une des raisons est probablement que l’Ukraine a vite épuisé, son héritage d’armement «soviétique». Par ces appels au secours incessants, les dirigeants ukrainiens n’ont-ils pas voulu masquer, aux yeux de leur opinion, leur gestion désastreuse de la guerre et la destruction si rapide d’un arsenal pourtant relativement impressionnant.

    Mais il y a surtout, à ces besoins d’armes permanents, une raison profonde, une cause structurelle. Il est difficile à un pays ne disposant pas d’une industrie de guerre de mener longtemps une guerre de haute intensité contre un pays qui lui a une puissante industrie de guerre, c’est-à-dire une grande puissance comme l’est la Russie. La Russie a une puissante industrie de guerre qui lui permet de façon ininterrompue de produire, d’entretenir et de remplacer ses armements, tandis que l’Ukraine est exposée à des demandes d’armement intenses, sans fin et longues à satisfaire. Les Ukrainiens auront beau demander aux USA «la parité avec la Russie en termes de puissance de feu», là est la grande différence. Une telle exigence montre en plus leur absence totale de réalisme et leurs illusions ou alors c’est une manière de se dégager de leur responsabilité envers leur population face à leurs échecs et leur incapacité à trouver une voie de paix en dehors d’une guerre sans perspective.

    Ces ukrainiennes de Paris

    Sur les plateaux de télévision français, les franco-ukrainiennes de Paris se succèdent. À l’intensité de leur accent , on peut deviner les «anciennes» et les «nouvelles» arrivées. Chaque plateau veut avoir la sienne Elles relient scrupuleusement sur les plateaux les analyses, les informations, les thèmes de propagande du pouvoir et de l’armée ukrainiens. Elles y croient dur comme fer. Elles sont en service commandé. Leur éloignement de la cruauté de la guerre, la vision abstraite ou romantique qu’elles en ont, favorisent une ferveur nationaliste et un jusqu’auboutisme guerrier qui sont d’autant plus exploités par la propagande qu’elles introduisent sur les plateaux une touche émotionnelle.

    La nostalgie aidant, ces immigrées ukrainiennes ou ex immigrées présentent une vision subliminale de leur pays d’origine: «le plus grand pays d’Europe, un pays déjà développé, un peuple slave mais lui profondément européen, occidental, moderne au contraire du russe arriéré, brutal et soumis».

    Mais la réalité est tout autre. L’Ukraine est le deuxième pays le plus pauvre d’Europe avec un PIB par habitant d’environ 3600 euros en 2021. En 30 ans d’indépendance elle a peu avancé contrairement à la Russie dont le PIB/ha lui est aujourd’hui trois fois supérieur. Du fait de la pauvreté, l’émigration a été intense. On peut même penser que l’énorme et étonnant exode du pays, dès la nouvelle de l’entrée de l’armée russe en Ukraine, a été saisi par beaucoup comme une opportunité d’émigration d’autant plus attractive qu’elle était entourée d’une grande qualité d’accueil des réfugiés dans les pays occidentaux.

    C’est dans un tel contexte, celui de la pauvreté et d’une émigration intense, que s’est développé le phénomène de la corruption en Ukraine. Le président Zelensky a dû sa popularité, d’abord en tant qu’acteur puis en tant que président, au fait qu’il s’est saisi du thème central de la lutte contre la corruption. Il a cependant lui-même été éclaboussé par celle-ci lorsque les Pandora Papers ont révélé que lui et son entourage proche étaient les bénéficiaires d’un réseau de sociétés offshore, dont certaines possédaient des propriétés coûteuses à Londres.

    Dans ce climat régnant en Ukraine, guerre, pauvreté, corruption, la tenue toute récente de Conférence de Lugano sur «la reconstruction de l’Ukraine» apparait comme surréaliste. Elle laisse le monde songeur. Où a-t-on vu reconstruire un pays avant la fin d’une guerre ? Ne craint-on pas que ces sommes fabuleuses déversées, à flots ininterrompus et apparemment sans contrôle, sur l’Ukraine par les pays occidentaux, et notamment les États Unis, se perdent dans le dédale des réseaux multiples de la corruption de ce pays.

    On aurait ainsi l’explication d’une telle aberration que cette conférence de Lugano: l’influence d’intérêts obscurs, ceux des profiteurs de guerre. On comprend alors que les forces de la corruption en Ukraine, en liaison avec des forces étrangères, pourraient avoir intérêt à ce que la guerre dure. Si le peuple ukrainien, occupé et sidéré par la guerre ne parvient pas à se dresser contre la corruption, celle-ci deviendra le principal obstacle à la paix.

    Le quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #Russie #URSS #OTAN #Occident #Etats_Unis

  • Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Crise ukrainienne : la guerre du gaz

    Ukraine, Russie, Gaz, OTAN, Occident, Union Européenne, UE, Etats-Unis,

    par Abdelhak Benelhadj

    « Winter is coming » Game of Thrones.

    Déclarée depuis longtemps, la guerre du gaz prend une nouvelle tournure : en plus d’un siècle les acteurs et l’enjeu sont les mêmes, mais les règles et le contexte ont changé.

    Le marché des hydrocarbures brasse des sommes considérables, opposent des acteurs pugnaces prêts à prendre tous les risques et affectent une multitude de domaines. C’est pourquoi l’approche est difficile et toujours très complexe. C’est encore plus vrai quand la paix du monde est en jeu.

    « L’Allemagne en plein choc gazier! », titre lundi en Une Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne. « Nous sommes confrontés à une situation inédite, tout est possible », reconnaît au cours du week-end le vice-chancelier allemand, Robert Habeck, sur la radio publique. « Il est possible que le gaz coule à nouveau, même en quantité supérieure à avant. Il est possible que plus rien ne vienne et nous devons nous préparer comme toujours au pire ».

    Les Américains ont tout fait pour annuler la mise en service de Nord-Stream 2. Nord-Stream 1 suit le même tracé sur 1 200 km à travers la mer Baltique. La société russe qui l’administre a décidé 10 jours de travaux de maintenance qui courent jusqu’au 21 juillet. Il n’y aura plus de gaz exporté vers l’Europe jusqu’à cette date. Y en aura-t-il après ? C’est toute la question.

    L’Allemagne étant la porte d’entrée principale du gaz russe, c’est toute l’Europe qui est en ébullition. 48.4% du gaz qui y est consommé vient de Russie.

    La dépendance au gaz russe en Europe. (AFP, L. 07/03/2022)

    Tous les pays européens ne subissent pas la contrainte énergétique de manière identique. Mais la valeur et l’importance des hydrocarbures ne sont plus à démontrer pour tous.

    « Les choses sérieuse n’ont pas encore commencé »

    Ce n’est pas très compliqué : pas de gaz et pas de pétrole, c’est pas de transports, pas de chauffage, pas d’industries en activité. Si on ajoute que ces produits ne sont pas seulement de l’énergie et sont aussi des matières premières à la base de nombreuses branches d’activité (chimie, pharmacie, cosmétologie, mécanique, BTP…)1, il n’est pas abusif d’inférer qu’en leur absence, on peut anticiper l’arrêt de l’économie des pays importateurs.

    D’autre part, l’arrêt de l’économie allemande a des conséquences sur tous ses autres voisins dont l’économie dépend directement. Il s’agit des ex-pays de la zone mark, mais aussi des ex-PECO qui hébergent de très nombreuses unités industrielles allemandes. A ceux-là, on peut ajouter les autres pays de l’Euroland dont la signature est couverte et garantie par celle de Berlin. Personne n’ignore son poids dans la valeur de l’euro et celle des titres de créance des pays qui en ont fait leur monnaie.

    On comprend la panique qui a saisi les dirigeants des pays européens importateurs d’hydrocarbures russes via l’Allemagne et ceux qui lui sont fortement liés.2

    Est-ce ainsi qu’ils ont interprété le mot de V. Poutine ? : « Chacun doit savoir que nous n’avons pas encore commencé les choses sérieuses » (V. 08 juillet 2022, dans un discours aux parlementaires russes).

    « Il faut se mettre dans le scénario du pire (…) À tout moment, la Russie peut interrompre totalement ses livraison de gaz » s’alarme Agnès Pannier-Runacher la ministre française de la Transition énergétique (Le Figaro, D. 10 juillet 2022). « L’hypothèse d’une rupture de livraison [de gaz] de la Russie pour l’Europe est crédible. Il faut donc s’y préparer. » « On n’imagine pas demander aux Français, à commencer par les français modestes, de payer leur gaz 45% plus cher ou leur électricité un tiers plus cher… » Elisabeth Borne, première ministre, S. 09 juillet 2022.

    e n’est pas dans quelques mois que la catastrophe va arriver. La catastrophe est déjà là. Elle est masquée par un « bouclier tarifaire » qui ne saurait durer.

    Ces craintes ne sont ni lointaines ni théoriques. Il y a quelques semaines, la Russie avait réduit presque de moitié ses exportations de gaz à cause d’ennuis techniques sur Nord-Stream 1 liés à la fourniture de pièces détachées de Siemens.

    Gazprom ne déchire pas son contrat, mais s’il le faisait, qui l’en blâmerait ? Après tout, les sanctions qui lui sont infligées par ses « clients » ne sont-elles pas une déclaration de guerre qui l’affranchirait de toute obligation ? N’est-ce pas eux qui menaçaient d’interrompre leurs achats pour réduire les revenus de la Russie ?

    Est-il concevable d’attendre d’un pays qu’il collabore à son détriment avec ses ennemis en continuant à leur vendre un bien essentiel jusqu’à ce qu’ils soient en état de s’en passer pour le priver de revenus ?

    Le piège

    La Russie semble avoir une carte maîtresse en main, mais c’est un piège habilement tendu.

    Il est peu probable que Moscou interrompe ses fournitures de gaz à l’Europe.

    1.- Parce que, même en conflit avec lui, il n’est jamais correct de rompre un contrat signé avec un client ;

    2.- Parce qu’elles génèrent des revenus que la Russie et son économie ne peuvent dédaigner ;

    3.- Parce qu’il ne faut jamais insulter l’avenir. L’Allemagne a résisté comme elle a pu à toutes les sanctions et pressions pour rompre ses liens avec la Russie. Il y a là une volonté pérenne et ferme que les Russes seraient avisés à ne pas s’aliéner quelles que soient les confusions que connaît la gouvernance allemande sous pressions extérieures.

    Voilà pourquoi Moscou commettrait une erreur à cesser de s’acquitter de ses obligations commerciales contractuelles sans discernement ni mesure.

    De plus, elle se mettrait à dos tous les pays européens et surtout leurs opinions publiques alors que le plus efficace serait d’oeuvrer à les diviser en modulant ses représailles.

    La dramatisation de l’hypothèse d’une telle rupture sert en l’occurrence à faciliter l’adoption de mesures économiquement et socialement impopulaires pour tenter de résoudre des problèmes qui n’ont rien à voir avec la crise ukrainienne.

    Profitant de la situation, les patronats français et italiens somment leurs gouvernements pour qu’ils osent…

    « Il est évident qu’on n’aura plus de gaz russe d’ici la fin de l’année, soit par (notre) choix, soit par choix des Russes », a affirmé le chef du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, lors d’une conférence de presse à Paris avec son homologue italien dans le cadre du 4e Forum économique franco-italien. « Il faudra encaisser une hausse » des prix de l’énergie pour les consommateurs, a-t-il fait valoir, exhortant le gouvernement français à « annoncer des mesures impopulaires » au plus vite.

    Selon le patron du Medef, le président Emmanuel Macron doit « dire la vérité à nos concitoyens » et « faire le choix du producteur avant de faire celui du consommateur ». (AFP, mardi 12 juillet 2022)

    Son homologue italien, Carlo Bonomi, a lui aussi exhorté les dirigeants politiques à « opérer des choix difficiles ». Un langage que les bons peuples européens subissent depuis une quarantaine d’années.

    N’est-ce pas E. Macron qui parlait il y a peu d’« économie de guerre » ?

    La Russie cause de tous les maux

    Quelles accusations les médias atlantistes européennes portent-elles contre la Russie ?

    Des arguments essentiellement à caractère moral : attaque d’un pays voisin, mort de civils, destructions urbaines, vols de céréales, des pays pauvres réduits à la faim…

    Le Secrétaire d’Etat américain orchestre une campagne mondiale accusant la Russie d’être à l’origine des troubles à Sri Lanka alors que ces troubles graves datent de bien avant la crise ouverte en Ukraine et porte sur une administration calamiteuse des affaires de ce pays.

    L’accroissement des coûts des produits importés a été la goutte qui a fait déborder un vase qui menaçait le régime en place depuis longtemps. Cela se reproduira sans doute ailleurs. Et, à nouveau, la Russie en sera déclarée responsable.

    M. Blinken ne s’en prive pas et ses services ne cessent d’accuser la Russie de tous les maux de la planète, du réchauffement climatique, de la variole du singe, de la pandémie du Covid ou des raz de marée dans le Pacifique… Le summum a été atteint en imputant à la Russie la pénurie de moutarde en France alors que le premier producteur mondial de cette graine est le Canada…

    Tous ces réquisitoires créent une ambiance mais ne sont pas décisives.

    Ils font le spectacle, attendrissent de manière éphémère mais ne constituent pas un fait politique sensible de nature à induire des dommages immédiats dont pourraient souffrir les populations ouest-européennes et provoquer une réaction. On ne manifeste plus massivement dans les rues des capitales européennes en soutien à l’Ukraine. Il est entendu que l’enjeu est bien l’opinion publique, mais malgré un matraquage massif en règle, l’opinion demeure versatile, loin de s’aligner derrière ses dirigeants et derrière la cause qu’ils lui désignent.

    On crédite abusivement l’information et la communication, dans la guerre, de toute une série d’atouts conférant une supériorité tactique ou stratégique à ceux qui savent en user.

    En vérité, sans efficacité des opérations militaires sur le terrain, le seul in fine qui vaille, la com’ c’est du bruit, un bavardage stérile qui peut se retourner contre les bavards.

    Jamais chef d’Etat n’a occupé l’espace médiatique autant que le fait le président ukrainien, entouré de compétences nombreuses et d’une assistance internationale qui a considérablement amplifié ses interventions.

    En tout état de cause, la question n’est pas de savoir si la Russie va « couper le gaz » mais dans quelle mesure serait-ce dans son intérêt de faire ?

    Les vagues de sanctions déferlent sur la Russie depuis 2014

    Ce sont les occidentaux qui ont décidé sept vagues de sanctions avec pour objectif déclaré d’isoler la Russie et la priver de revenus, de marchés et de clients, notamment en excluant les banques russes et biélorusses du système Swift. L’Union européenne a de plus interdit toutes les transactions avec la Banque centrale de la Fédération de Russie et gelé ses avoirs, la privant d’accès aux actifs qu’elle a stockés dans les banques centrales et les institutions privées de l’UE.

    Dès le 28 février, les avions russes ne peuvent plus survoler l’espace européen et une partie très importante de la planète sous contrôle atlantique. Par exemple, le 06 juin, il a été impossible au ministre russe des Affaires Etrangères de se rendre en Serbie où il était attendu.

    Le jeudi 7 avril, l’UE décrète un embargo sur le charbon russe3 à partir du mois d’août et la fermeture des ports européens à tous les navires russes. Au reste, aucune assurance ni réassurance (toutes occidentales) ne peuvent plus couvrir ces bateaux.4

    Remarques

    1.- Il est certes vrai que jamais dans l’histoire une cascade de sanctions aussi sévères en un temps aussi court n’a été décidée contre un pays.

    2.- Il n’est pas moins vrai qu’aucune campagne de ce genre n’a été couronnée de succès et n’a réussi à soumettre le pays qui en a fait l’objet : Cuba, l’Iran, la Corée du nord, la Syrie, le Venezuela…5 Le moins sagace des observateurs l’a remarqué.

    3.- A examiner avec attention les sanctions votées contre la Russie depuis le 24 février dernier, on constate que si elles étaient bien étudiées à leur début, la succession des vagues est de plus en plus opportuniste, prises au coup par coup, un peu comme si elles étaient décidées au fur et à mesure de l’observation de leur inefficacité.

    Et pour cause. Loin d’obtenir les faits attendus, elles aboutissent très précisément à l’inverse

    4.- Les Européens se sont mis tous seuls dans une nasse et n’ont pas su, comme en 1981, résister à Washington qui n’a qu’un seul objectif, casser les liens entre l’Europe et la Russie, entre l’Europe et l’Eurasie. Car ce sont bien les Européens qui, le 30 mai dernier, ont décidé de boycotter l’achat de pétrole russe et provoqué ainsi (avec l’aide des spéculateurs sur les marchés à terme) une hausse des prix que chaque européen constate à chaque fois qu’il se présente à une station d’essence. « Les dirigeants des 27 pays de l’UE avaient trouvé un accord qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année afin de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Cet accord permet de mettre en place un sixième paquet de sanctions contre la Russie, lequel prévoit un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités et l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift. » (La Tribune, mardi 31 mai 2022)

    La Hongrie a été exemptée et continue d’être alimentée par un pipeline en pétrole russe. L’accord des 27 a été obtenu à ce prix.

    Le boycott du gaz russe, réclamé par l’Ukraine et le lobby orchestré par Washington, aurait été décidé si l’Allemagne, première consommatrice de gaz russe, ne s’y était pas opposée.

    Et voilà maintenant que le gaz, initialement une arme entre les mains occidentales, devient une arme russe retournée contre ceux qui ont ouvert les hostilités.

    L’art de se tirer une balle dans le pied

    Quelques exemples.

    L’interdiction de survol par les avions civils russes des pays de l’UE a entraîné une mesure réciproque.

    Conséquence : tous les avions des compagnies européennes devant joindre le Japon ou la Corée sont contraintes à un détour qui allonge le voyage de 2 heures et coûte 200 euros par minute de vol. Au total, le coût supplémentaire se monte à 48 000 euros pour un aller-retour.

    N’étant pas soumises aux mêmes obligations, les compagnies chinoises font de substantielles économies et épargnent 2 heures de vol à leurs clients. Sans que la Russie ait besoin de réduire ses exportations ou de faire mine de les réduire, la crise est déjà là. Autrement dit, les conséquences d’une rupture des approvisionnements sont visibles sans que la Russie ait besoin de le faire. Les spéculateurs le font à sa place.

    La décision ne procède pas de l’état mais de la dynamique économique. Pas de ce qui est mais de ce qui devient. L’anticipation est le principal ressort de la décision et de la valeur, en l’occurrence de la cote.

    La première manifestation de cette coupure virtuelle est l’inflation.

    Question : Quelle est, dans l’inflation que connaît l’Europe (et le reste du monde), la part qui revient à la guerre en Ukraine, à la spéculation et aux sanctions (qui interdit l’achat de pétrole et de gaz russes). La guerre n’interdit pas l’acheminement des hydrocarbures russes vers les pays consommateurs que cela soit par oléoducs, par gazoducs, par pétroliers ou par méthaniers.

    La question pétrolière a été partiellement réglée fin mai. Mais le pétrole russe continue de couler à flots. Il est acheminé, via l’Iran, en Inde où il est raffiné et revient en Europe sous un autre label et un autre emballage.6

    Avant la crise ukrainienne, seul 1% des exportations russes de pétrole étaient destiné à l’Inde. En mai 2022, elles représentaient 18%. (https://www.bbc.com, mardi 28 juin 2022)

    Idem pour la Chine. Selon les données de l’Administration générale des douanes, les importations de pétrole russe – y compris les fournitures provenant de l’oléoduc Sibérie orientale-Océan Pacifique – ont atteint 8,42 millions de tonnes en avril. Cela représente une augmentation de 55% par rapport à 2021, atteignant des niveaux record en mai.

    D’évidence, ce sont les sanctions cherchant à réduire les recettes russes pour déstabiliser l’économie et le régime politique à Moscou, amplifiées par la spéculation sur les marchés occidentaux, qui sont à l’origine de la brutale augmentation des prix de l’énergie et, par effet systémique, de celle de tous les autres biens fabriqués.

    Il en est de même de tous les autres produits dont la Russie est le principal exportateur. Cela va des céréales et des engrais (premier exportateur mondial), aux métaux et matières minérales stratégiques (le titane (13% de part de marché, le platine 10,5%, l’aluminium 5,4%, Cobalt 4,4%…).

    Graphique montrant l’évolution mensuelle de l’inflation dans la zone euro depuis le début des estimations d’Eurostat en 1997 (AFP, mardi 28 juin 2022)

    1.- Double peine pour l’Europe. Du fait même de la dépendance de leurs importations énergétiques, les pays européens souffrent d’une inflation à deux étages : à l’augmentation des prix nominaux des hydrocarbures s’ajoute la dépréciation de l’euro par rapport au dollar monnaie dans laquelle ces importations sont libellées, ce qui renchérit ainsi doublement le coût de leurs importations.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    2.- Double problème pour la BCE. L’inflation liée à la crise ukrainienne s’ajoute à celle liée à la fin (relative) de la pandémie qui a déstabilisé le commerce mondial, perturbé les chaînes d’approvisionnement et raréfié certains produits essentiels, les semi-conducteurs par exemple qui participent à la fabrication de très nombreux produits industriels.

    Unilatéralement, sans se préoccuper des conséquences sur ses « alliés », la FED augmente ses taux et par ricochet le dollar. La BCE contrainte à un dilemme : elle augmente à son tour ses taux pour limiter la perte de change à l’égard du dollar et favoriser l’économie européenne, mais toute hausse des taux va étouffer une relance économique que l’Europe s’appliquait favoriser. Et elle ne résoudra aucun problème d’inflation dès lors qu’elle est d’origine étrangère. Et toute croissance du pouvoir d’achat favorise la consommation de produits importés, ce qui creuse les déficits extérieurs.

    Excellente nouvelle pour les producteurs en euros qui vendent en dollars (comme Airbus) mais une catastrophe pour les consommateurs de pétrole qui vendent en euros, comme Air France. L’augmentation des taux va par ailleurs accroître la tension sur les spread entre des pays en Europe dont les comptes publics sont en état très différents, et fragiliser un équilibre déjà très instable.

    Le gouvernement français ne peut continuer à financer sur fonds publics, c’est-à-dire par la dette (qui a atteint des « niveaux d’alerte »), un semblant de solidarité qui cache un gouffre antérieur à la crise ukrainienne et même antérieur à la crise pandémique, dans un contexte d’accroissement des inégalités que sa politique économique a largement contribué à favoriser. C’est la limite d’un vain « quoi qu’il coûte » en vigueur bien avant la lettre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’accord trouvé en juillet 2021 entre les membres de l’Euroland avait été si difficile à trouver.

    Les divergences entre Européens éprouvent leurs limites. Si dans l’ex-zone mark, les discordes sont feutrées et policées, cela ne réduit en rien la violence ni l’âpreté des débats.

    L’Allemagne joue à l’interface modératrice entre les « pays frugaux » et ceux du « Club Med ». Avec une précision : sa modération tient surtout au poids de ses intérêts en Europe auxquels l’explosion de l’Euroland porterait un préjudice irréparable.

    Les crises se cumulent et se renforcent : en France et en Grande Bretagne par exemple la crise géopolitique a dégénéré en crise politique qui introduit de l’incertitude et donc renchérit le coût du crédit. La gouvernance politique aussi (qui en doute ?) est cotée à l’argus.

    Un peu d’histoire

    Le gaz est pour la deuxième fois au coeur de la géopolitique mettant aux prises la Russie, l’Europe et les Etats-Unis.

    Au début des années 1980, pour des raisons identiques, Washington a pesé sur l’Europe pour la détourner du gaz russe. Pour cela il lui avait interdit de fournir à la Russie les turbines nécessaires à l’acheminement du gaz sibérien vers l’Europe de l’Ouest. Les Européens étaient passés outre en 1980. Aujourd’hui, ils se couchent avec panache et subissent.

    Le contexte n’est évidemment plus le même.

    Par ailleurs, il n’est pas moins abusif, quoi qu’on pense de la Russie, de ses dirigeants et de l’opération militaire qu’ils ont entreprise en Ukraine, de constater que les Européens, pour une large part, sont responsables des problèmes auxquels ils sont confrontés.

    Les décisions prises sanctionnant la Russie sont pour le moins irréfléchies et mal préparées. Pourquoi en est-il ainsi ? Pas parce que les Européens sont incompétents, mais parce que les décisions ont été prises et conduites non à Bruxelles mais unilatéralement (comme il se doit dans les Empires) à Washington où seuls les intérêts de l’Oncle Sam et de ses transnationales comptent.

    Les Etats-Unis n’ont aucun problème d’énergie. Ils en produisent et en exporteront bien davantage. Les Européens passeraient ainsi d’une « dépendance » (qui alimente le moulin propagandiste occidental) à l’égard de Moscou à une dépendance historique et bien réelle à l’égard de Washington. Avec le sacrifice de la protection de l’environnement en pertes et profits (Qui a pensé à en converser avec L. Fabius et F. Hollande, les parrains de la Cop21 ?)

    Moscou dit « merci » à Washington

    1.- Depuis le début de cette crise, la Russie ne souffre pas d’une chute des quantités vendues, bien au contraire, car elle est compensée par une hausse des prix unitaires.

    Prix du gaz en euros par MWh.

    Années 2010 : 5-15€

    2021 : 30€

    Avant le 24 février 2022 : 70-80€

    15 juin 2022: 130€

    17 juin 2022 : 150€

    11 juillet 2022 : 170€

    Cela impacte le prix de l’électricité vendue actuellement entre 200 et 400€ le MWh sur les marchés européens.7 Ces événements vont continuer d’exercer une très forte pression sur les prix. Si les consommateurs sont relativement préservés (autour de 70€ le KWh), ce sera au prix de l’endettement collectif qui, par ricochets, va engendrer d’autres problèmes.

    2.- – Lors de son séjour en Pologne, le 26 mars, Joe Biden s’est permis un jeu de mots sur la devise russe. «Le rouble (ruble, en anglais) est pratiquement, immédiatement réduit à l’état de ruine (rubble, avec deux «b», en anglais).

    Après s’être effectivement effondré fin février/début mars, le rouble vaut bien plus aujourd’hui qu’il ne valait avant le 24 février ainsi qu’on peut le constater sur le graphique ci-dessous. La maestria de la très discrète présidente de la Banque Centrale russe a été universellement saluée, y compris par ses adversaires.

    Il tombe sous le sens, que « l’opération spéciale », sous toutes ses facettes, a été étudiée, préparée minutieusement avant le 24 février. Et cependant, bien d’autres aspects ont échappé aux architectes moscovites… La surprise est le moteur de l’histoire, répétait à satiété Max Gallo et ses émules qui confondent tactique et stratégie.

    LCI, S. 09 juillet 2022

    3.- Loin de réduire les recettes extérieures de la Russie, les sanctions les ont substantiellement accrues. Elles n’ont jamais été aussi florissantes.8

    2021 = 221 Mds€

    2022 = 267 Mds€ (estimations soit une hausse de 20,8%) (Source : Bloomberg)9

    Ironie : ce sont ses clients occidentaux qui financent la guerre russe en Ukraine.

    4.- – La popularité de son président est enviable : plus de 75% selon des enquêtes indépendantes. Les contestations (réprimées) demeurent très marginales. A l’Ouest, fourvoyé dans des explications emberlificotées, on a renoncé à le nier.

    5.- Sur le terrain, les armées russes grignotent kilomètre carré par kilomètre carré, lentement mais sûrement. Face au « rouleau compresseur », le moral des troupes décline, les désertions se multiplient (https://www.independent.co.uk, BFMTV, J. 09/06/2022 à 14:13).

    6.- Les pressions américaines sur l’Indonésie pour ne pas admettre le ministre russe des Affaires étrangères à Bali la semaine dernière et refuser d’inviter le président V. Poutine à la réunion du G20 en novembre, ont fait chou blanc : un vrai camouflet pour Washington. La Russie est chez elle parmi les BRICS et une bonne partie du reste du monde.

    7.- La même tentative pour faire exploser l’OPEP+, afin de compenser la chute des achats de pétrole russe, a lamentablement échoué. Cet échec explique en partie la flambée des cours et ses conséquences. Plusieurs fois reporté, le prochain voyage de J. Biden en Arabie Saoudite parviendra-t-il à réparer les confusions de la politique proche-orientale des Etats-Unis ?

    Il faut observer que la Russie n’a pas d’autre choix. Sous pression américaine, les Européens ont adopté une stratégie qui ne lui laisse aucune marge de manoeuvre.

    Toutes les décisions occidentales -répétons-le- concourent au même objectif à terme : réduire et interrompre les achats de gaz à la Russie. Cette dernière prend son destin en main et anticiperait une rupture au moment où les circonstances sont à son avantage avant qu’elle ne le deviennent à son détriment, mettant ainsi ses « ennemis » face aux conséquences de leurs décisions.

    Fin mars, avec le retrait des troupes russes des environs de Kiev, en Ukraine, aux Etats-Unis et en Europe, on s’est félicité de la « résistance et de la bravoure du peuple ukrainien contre ses envahisseurs » qui auraient été sous-estimées par leurs agresseurs. Inversement, de nombreux observateurs se demandaient si « l’armée russe n’avait pas été surestimée »10

    Emporté dans une course folle vers des sanctions de plus en plus sévères, de plus en plus dures, Washington a entraîné l’Europe dans une équipée qui menace de tourner au fiasco.

    Ces sanctions ont-elles efficaces ? Certainement. Mais ce sont les économies européennes qui en ont font les frais. On peut ne pas aimer V. Poutine, mais personne ne peut le nier.

    Naturellement, si l’on se fie aux commentateurs totalement alignés sur Kiev, Washington et Londres, il faudra être patient. La Russie accuse déjà et accusera encore plus au début de l’automne prochain, disent-ils, les impacts des « sanctions sans précédent » que J. Biden annonçaient fin mars. Et Kiev commencera alors à reprendre les territoires qu’il aura perdus…

    Peut être…

    Divisions occidentales

    1.- L’Allemagne en procès.

    Le procès lui est fait tous les jours. Ses voisins, notamment français, se réjouissent en silence du premier déficit commercial allemand enregistré en mai, le premier depuis le début des années 1990.

    Fin mai 2011. L’Allemagne officialise la fermeture de ses centrales. Fin 2022, l’Allemagne sera complètement sortie du nucléaire. Et malgré la crise ukrainienne, elle déclare ne pas vouloir prolonger les centrales actuelles.

    2011, c’est l’année de l’inauguration de Nord-Stream.

    L’Allemagne ne s’est jamais dotée de capacités d’accueil du GNL ce qui transforme l’achat du gaz de schiste américain en hypothèse de travail.

    La construction de Nord-Stream 2 avait été décidée pour contourner des pays sous contrôle américain : la Pologne et l’Ukraine. Russes et Allemands, sans outrager l’histoire et les nations et en revenir au pacte Ribbentrop-Molotov (août 1939) qui avait ,quoi qu’on dise, un autre objet, la Pologne a toujours constitué un obstacle pour les deux pays.

    Malheur aux plats pays !

    Aujourd’hui, elle est un cheval de Troie utilisée par Washington (d’abord pour oeuvrer à la chute de l’URSS ensuite) pour peser sur les décisions dans l’Union Européenne, avec l’aide des autres ex-PECO.

    Les derniers propos de Lech Walesa le confirment sans ambiguïté.

    La prétendue dépendance à l’égard du gaz et donc de Moscou est une histoire à dormir debout, un argument polémique. Chacun savait à quoi s’en tenir.

    Il est un fait que Allemands et Russes collaborent de manière optimale dans l’intérêt des deux pays. Le couple de chanceliers qui se sont succédés (A. Merkel et G. Schröder) ont peaufiné une coopération parfaitement complémentaire et mutuellement avantageuse, à laquelle se sont rattachées les « Routes de la soie » (Belt and Road Initiative, BRI) chinoises.

    Exemple de BASF : « C’est une dépendance historique puisque BASF a fondé avec Gazprom une filiale en Allemagne et que c’est une filiale qui a été ‘win-win’, c’est-à-dire qu’elle avait acheté du gaz russe par cher justement pour la chimie, puisque la chimie a besoin de beaucoup de gaz, et de l’autre côté, elle aidait Gazprom dans des technologies complexes. Et les Allemands ont une technologie basée sur des produits BASF pour essayer d’extraire ce gaz » (RFI, D. 03 juillet 2022)

    A. Merkel persiste et signe : « Je ne me fais aucun reproche. Je ne m’excuserai pas » (Les Echos, le mercredi 08 juin 2022). L’erreur serait de croire qu’il n’y avait que la chancelière pour prendre les décisions. On n’est pas en Allemagne sous le régime de la Vème République, avec un président omnipotent qui, sur son nuage jupitérien, fait la pluie et le beau. Derrière Mme Merkel, il y a des résolutions issues d’une multitude de décideurs (industries, banques, länder, syndicats…), de concertations étroites et sérieuses, scrupuleuses appliquées.

    Derrière la chancellerie, il y a l’Allemagne dans la diversité et la complexité de ses rapports de forces. En sorte que s’attaquer rétrospectivement à A. Merkel pour se venger et en diminuant le mérite et le succès de sa longue présence à la tête de l’exécutif allemand, est non seulement injuste, pitoyable mais aussi contreproductif.

    Les Etats-Unis et les autres atlantistes européens n’ont pas eu tort d’interpréter dans cette émancipation, le danger d’un déséquilibre, d’une fragilisation du lien atlantique avec un centre de gravité continental qui menaçait de basculer vers l’Eurasie, vieux projet de V. Poutine, et une marginalisation des Etats-Unis.

    Washington attendait Pékin dans le Pacifique. Mais les Chinois déplacent leurs pions en Afrique, en Amérique Latine et entrent en Europe via Moscou et Berlin ainsi que par les ports méditerranéens italiens et grecs.

    On ne peut comprendre la crise ukrainienne sans ces rappels géostratégiques.

    2.- Il n’y a qu’une morale : celle des intérêts des acteurs

    L’ironie a voulu que, ce dimanche 10 juillet, ce soit le Canada qui consente à une exemption aux sanctions infligées à la Russie pour que Siemens fournisse à Gazprom les turbines russes nécessaires à la maintenance du gazoduc Nord Stream 1 et aussi -fait-on dire à Berlin- pour enlever aux Russes le prétexte de cesser de fournir le gaz à l’Allemagne.

    Bien que V. Poutine possède un art consommé du contre-pied, cette hypothèse est peu probable.

    Le président Volodymyr Zelensky a violemment accusé le Canada de saper les sanctions contre la Russie et convoque l’ambassadeur canadien pour le tancer. Il n’a pas tort.

    La colère du président ukrainien surprend. Mais pour la comprendre il faudrait considérer un autre aspect de la question, à raison plus préoccupant pour lui.

    La levée ponctuelle de la sanction indique à ses yeux que lorsque les intérêts occidentaux sont en jeu, ceux de l’Ukraine deviennent secondaires.

    Mieux : cette décision canadienne confirme que la défense de l’Ukraine n’est qu’une facette mineures d’un conflit plus vaste opposant Russes, Chinois et Américains.

    Comme pour confirmer ses craintes, le gouvernement allemand (ministre des finances) a décidé de bloquer la fourniture d’une aide à l’Ukraine de 9 Mds€ que l’UE avait votée.

    Un arbitre, le temps

    Chaque camp a fait ses calculs et lancé ses dés. Rien ne va plus !

    Qui va céder en premier ?

    Fin mars, on attendait à l’Ouest que le peuple russe chasse ses autocrates ou qu’une révolution de palais en débarrasse le Kremlin et négocie une reddition en bon ordre.

    En juillet, la peur a changé de camp. Les gouvernements européens s’inquiètent de la montée du mécontentement. Malgré une mise en scène médiatique constamment et résolument monocolore (au point que les téléspectateurs les plus « compréhensifs » expriment leur incompréhension…), les sondages, discrètement mis sous le boisseau, annoncent et confirment une pression populaire sur des gouvernements qui tentent de l’endiguer.11

    En Allemagne on ne cesse de s’interroger : comment le SPD et les Verts en sont-ils arrivés à troquer le gaz (énergie relativement peu polluante, fiable, et pas chère) contre le charbon et le gaz de schiste américain dont on connaît les coûts très élevés sur l’économie et l’environnement…12 L’atlantisme des Verts aurait-il pris le dessus sur leurs convictions ?

    La même question est posée à la France, à l’Italie, à la Grèce, à la Bulgarie… où la réouverture de centrales à charbon est programmée.

    Comment faire avaler cela à leurs opinions publiques, en plein réchauffement climatique ?

    Malgré la multiplication des fournitures d’armes de plus en plus sophistiquées et la présence de « forces spéciales » occidentales aux côtés de l’armée ukrainienne (secret de Polichinelle) ainsi encadrée et informée, le front ukrainien n’annonce aucune victoire imminente.

    Certains, y compris aux Etats-Unis, songent déjà à une stratégie de rechange : concessions territoriales, adoucissement des sanctions… avec ce mot terrible de « négociations » qu’habituellement seuls les vainqueurs osent lâcher en position de force et que les vaincus n’envisagent qu’en état de reddition et qu’en reconnaissance de défaite.

    Le problème est qu’une victoire russe et un triomphe poutinien sont actuellement inconcevables car ils signifient bien plus qu’une défaite de l’Ukraine. Les Etats-Unis se sont beaucoup trop engagés pour envisager un retour aux conditions initiales.

    Plus qu’une humiliation, ce serait un désastre aux conséquences géostratégiques incalculables et donc inenvisageables.

    L’opération « Ukraine » avait pour objet de consolider l’axe atlantique. Or, si l’opération échoue, il en sortira fragilisé, à la portée d’une Chine qui, discrète, tapie dans l’ombre, observe, compute le coup suivant et le parti qu’elle pourrait en tirer.

    Le gaz et le pétrole ont une espérance de vie de quelques décennies.

    Mais la Chine, elle, a tout son temps…

    Le bric-à-brac que forme le Tiers-monde est dans les gradins occupé à compter les coups. Perplexes, interrogatifs, les peuples qui forment ce versant disparate de l’univers ne savent que penser de ce conflit et surtout de ce qu’il adviendra d’eux, quels que soient les vainqueurs, si vainqueurs il y avait un jour.

    Mais s’ils ne sont pas définitivement et résolument aux côtés de Moscou, rien ne les y contraints, ils savent avec certitude qu’ils ne sont pas aux côtés de Washington et des restes des anciens Empires coloniaux.

    Les Africains observent la sollicitude de l’accueil diligent et aimable qui est fait aux millions d’Ukrainiens qui fuient la guerre.

    Ils le comparent au sort qui est fait à leurs ressortissants, aux discours, aux représentations… et aux Murs qui s’érigent un peu partout autour de l’Occident.13

    Comment peut-on célébrer et conforter une civilisation à portée universelle avec une mentalité de rentiers barricadés ?

    La crise en cours facilite le calcul économique dans les pays du sud producteurs d’hydrocarbures. Les décideurs seraient tentés par l’éphémère administration habituelle des conflits structurels : un saupoudrage social pour éviter les hirak (ou le chaos Sri Lankais en cours) et le champ ouvert aux « oligarques » indigènes pour continuer à parasiter le bien public, justifié par le discours illusoire sur la « liberté individuelle créative de richesses à venir ».

    Notes

    1- Certains évoquent à tort la baisse de la consommation en été. Les transports et l’activité de cessent pas en été. De plus, si on ne chauffe pas, il y a un recours de plus en plus important à la climatisation, d’autant plus que le réchauffement climatique provoque des canicules de plus en plus fréquentes et extrêmes.

    2- Lorsque les dirigeants ukrainiens manifestent leur désappointement à l’égard des dirigeants allemands, notamment en matière de politique énergétique, ils devraient savoir et mesurer l’étendue de leurs responsabilités.

    3- Le charbon russe représente 45% des importations de charbon de l’UE.

    4- Une liste exhaustive de toutes les sanctions prises contre la Russie depuis 2014 peut être consultée sur les sites :

    -https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/sanctions/restrictive-measures-against-russia-over-ukraine/sanctions-against-russia-explained/

    – https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctions contre la Russie.

    5- On trouvera une liste complète de ces pays sur le site https://www.tresor.economie.gouv.fr/services-aux-entreprises/sanctions-economiques

    6- Fortune India (https://actucrypto.info, mercredi 06 juillet 2022).

    7- Philippe Chalmin, spécialiste des marchés des matières premières (LCI, L. 11 juillet 2022, 12h15)

    8- La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole et le premier exportateur de gaz.

    9- Une étude publiée par Bloomberg Economics (1er avril 2022, 10:55) estime les bénéfices extérieurs russes en contrepartie des exportation des seules hydrocarbures pourraient se monter à environ 321 Mds$.

    10- Marianne, V. 04/03/2022. Mardi 08 février 2022 la Tribune titrait « La Russie, une puissance pauvre ». Des experts sagaces argumentaient que son économie souffrait de « grande faiblesse structurelle » et que son PIB égalait à peine celui du Texas.

    11- Un sondage aux Etats-Unis montre l’érosion du soutien à l’Ukraine. A la question « Pensez-vous que les Etats-Unis ne soutiennent pas assez l’Ukraine ? » le taux était positif à 42% en mars. Il n’est plus que de 31% en mai. (Pew Research Center, LCI, D. 10 juillet 2022, 20h24).

    12- Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas de hausse tendancielle, ni de baisse tendancielle des émissions de gaz à effet de serre en Allemagne. Il y a une stagnation depuis la fin des années 2000 (après plusieurs années de baisse régulière) et des fluctuations chaque année vers le haut ou vers le bas de l’ordre de 1 à 4 %. L’Allemagne a même été meilleure élève que la France sur l’année 2017 puisqu’elle a enregistré une très légère baisse, alors que la France a vu ses émissions augmenter de plus de 3% ! (https://www.greenpeace.fr, site consulté le mercredi 13 juillet 2022)

    13- Amnesty International, dans son dernier rapport, condamne la Lituanie, sous très étroit contrôle de Washington, pour « racisme institutionnel ». https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2022/06/lithuania-pushbacks-illegal-detention-deception-and-abuses-against-refugees-and-migrants/ (27 juin 2022).

    Le Quotidien d’Oran, 14 juillet 2022

    #Ukraine #OTAN #Russie #Etats_Unis #Union_Européenne #UE #Gaz

  • El diario que escribió Maruán de la tragedia de Melilla

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    Este sudanés relata en siete folios escritos a bolígrafo su experiencia donde vio la muerte a pocos metros

    Maruán Yacub saca del bolsillo siete folios escritos en árabe por una cara, doblados en acordeón. Es su « diario ». En él, este sudanés relata su experiencia en la tragedia de Melilla, donde vio la muerte a pocos metros. Lo hace en seis capítulos: desde « El comienzo », hasta « La masacre ».

    Escrito a bolígrafo, a veces negro a veces azul, nos lo enseña en un café del barrio pobre de Rabat donde malvive este joven de 29 años, uno de los veteranos en el intento de salto más mortal ocurrido en la valla que separa Marruecos de la ciudad española, con al menos 23 emigrantes fallecidos.

    Maruán quiere publicar su diario. Es su manera de contribuir a dar a conocer lo que viven las personas migrantes que, como él, recorren miles de kilómetros huyendo de la guerra y la pobreza en busca del sueño europeo.

    Éste de siete páginas es solo de los cinco días desde que salió de Rabat hasta la tragedia de Melilla, una pequeña parte del camino. « Os puedo escribir tres más sobre Egipto, Libia y Argelia », se ofrece.

    Licenciado en Filosofía en Jartum, Maruán huyó de su país en julio de 2019 tras recibir una bala en una manifestación de protesta contra el expresidente Omar Hasán Ahmad al Bashir. Le rozó el hombro y, de la impresión, se desmayó. « Fue el día más largo de mi vida », dice enseñando la pequeña cicatriz.

    Desde allí, con lo poco que tenía y el dinero que le prestan amigos que trabajan en el extranjero, llegó a Egipto, donde vivió hasta hace cinco meses cerca de El Cairo. Entonces decidió ir a Marruecos para cruzar a España.

    « El comienzo del viaje »

    El primer capítulo de su diario narra su salida de Rabat, donde vive -antes en la calle y ahora en una pequeña habitación compartida con unos compatriotas-, y su viaje hasta Seluán, una localidad industrial de la provincia de Nador.

    « Salí de Rabat con tres personas el 19 de junio. Pensaba que íbamos a ser los únicos negros en el tren, pero había otros 150 viajando a Nador », escribe.

    « La bajada del tren »

    El segundo explica su llegada a Nador, la localidad marroquí fronteriza con Melilla en cuyos bosques y montañas se esconden los emigrantes esperando a pasar a la ciudad española.

    « Bajaron todos del tren y se pusieron a correr. No se a dónde corrían. Nos dividimos entonces en pequeños grupos para que no nos detuvieran. Después de mirar el móvil, descubrí que estábamos corriendo en sentido equivocado. Les avisé que teníamos que volver a la estación para irnos hacia la montaña ».

    « Perdidos en la montaña »

    Maruán describe entonces tres montañas de Nador, bautizadas por los emigrantes con diferentes nombres, y cómo las recorrió en busca de otros subsaharianos para juntarse con ellos e intentar cruzar a Melilla.

    « Buscamos en tres montañas: la montaña quemada, la montaña ‘Morocco’ y la montaña Kosovo. La montaña quemada mira hacia Nador, Bini Enzar (donde está el paso fronterizo) y Melilla. El monte ‘Morocco’ se asoma sobre Nador y desde allí el paisaje es espectacular. La montaña Kosovo es donde suelen vivir los africanos ». Por esta última empezó su búsqueda.

    « Fuimos juntándonos con los que nos íbamos encontrando. Ya éramos once personas. Un señor que sacaba agua de un pozo nos dijo que la policía había intervenido el día anterior contra los emigrantes. Nos sorprendieron sus palabras, pensábamos que arriba nos encontraríamos con el grupo. Aún así, subimos y al llegar al pico no había nadie. Eran las diez de la noche (del día 20). Dormimos y luego nos fuimos al ‘Morocco’, donde nos encontramos con dos personas más, ya éramos trece. Perdí mi mochila ».

    « Desgaste »
    Llama al cuarto capítulo « desgaste », en un intento de transmitir lo difícil que fue encontrar a los demás en las montañas. En él narra su camino del ‘Morocco’ hasta la tercera montaña: « Fuimos a la montaña quemada. Escuché pasos de tres personas perdidas más, buscaban también al grupo principal. Eran chadianos. Eran las siete de la tarde (del día 22) y encontramos a otro grupo perdido desde hacía cinco días.

    « La caravana »

    El día anterior al cruce masivo, el jueves 23, Maruán encontró al grupo en la montaña quemada: « Me sorprendió mucho la cantidad de personas que había. Algunos estaban sentados, otros de pie, comiendo, fumando y riéndose. Estaban seguros de que el viernes llegarían a Melilla », escribe.

    « Escuché que había habido enfrentamientos con las fuerzas de seguridad. Hice mis cálculos y llegué a la conclusión de que el porcentaje de éxito de entrar a Melilla era del 1 %. Uno se levantó y entendí que era el momento de la partida de la caravana ».

    « La masacre »

    « Al amanecer, nos movimos del pico de la montaña hacia Melilla. Había mucha gente. Me recordaba a las caravanas de Omdurmán durante la revolución », escribe Maruán en referencia a las manifestaciones contra el expresidente en esa ciudad pegada a Jartum.

    « Fuimos a Beni Enzar y las fuerzas de seguridad estaban esperándonos. Pudimos llegar hasta el paso y entrar. Abrieron las puertas, pero yo pensaba que tanta gente no podía pasar », dice en referencia al recinto donde se acumularon los emigrantes y algunos murieron aplastados.

    En su diario, Maruán califica a los cuerpos acumulados como « escombros ». « Yo estaba dentro con los escombros de personas », escribe. « Algunos murieron por asfixia, otros no hubieran muerto si hubieran traído ambulancias en lugar de darles golpes salvajes ».

    « En medio de los escombros, vi a personas muriéndose », sigue relatando Maruán en los últimos folios.

    Cuando le preguntamos por ese momento, sentado en el café, explica que él consiguió salir de entre los cuerpos y mantener el tronco fuera, sin pisar suelo, y entonces vio a una persona a un metro y medio de él girada al grupo pidiendo que volvieran atrás.

    « Yo repetí sus palabras a la gente de detrás, pero todavía presionaban más hacia adelante. Entonces le cambió la cara, le salió sangre por la nariz y sus ojos se volvieron blancos », relata entre cigarrillo y cigarrillo.

    A él, aficionado a las series, lo que pasó en la tragedia de Melilla le recuerda al episodio « La batalla de los bastardos » de « Juego de tronos ».

    Y continúa describiendo de palabra cómo un zapato que se había puesto en la cabeza, atado con un pañuelo, le protegió. « Un policía me daba golpes como cuando quieres romper una madera. Cuando vio que le había dado al zapato, me golpeó en el otro lado ».

    Luego le metieron en un autobús, desde donde, sobre el mediodía, vio a una persona morir. « En el autobús pensaba: ¿dónde están las asociaciones humanitarias? ¿dónde están los periodistas? », se queja al recordarlo.

    El autobús partió sobre las tres o cuatro de la tarde (la incursión ocurrió a las ocho de la mañana) y le llevó hasta Chichaoua, a 900 kilómetros de Nador.

    La llegada a esa ciudad antes de volver a Rabat, adonde viajó gracias al dinero que le dieron mendigando, es el último párrafo de su diario.

    « Nos dejaron en las calles de la ciudad, en el frío, y dormíamos al raso. Algunos tenían los huesos rotos y no podían andar. Otros no podían ni sentarse, pero todavía veía en ellos la esperanza de poder rozar el otro lado ».

    A pesar de lo vivido, Maruán tampoco se plantea volver atrás: « De todas las vías para llegar a España, optaré por la más fácil. Salgo de aquí para buscar la libertad ».

    El Faro de Ceuta, 10 jul 2022

    #Marruecos #España #Melilla #Immigración

  • Maroc : la campagne contre les LGBTIQ+ devient virale

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    Une campagne contre les LGBTIQ+ devient virale sur les réseaux sociaux au Maroc et dans d’autres pays d’Afrique du Nord.

    De nombreux utilisateurs affichent un drapeau bleu et rose, qui fait référence au sexe masculin et féminin. Ils utilisent également le hashtag #Fetrah , qui peut être traduit par « instinct ».

    Plus de 13 000 tweets ont été publiés au Maroc en utilisant #Fetrah, ce qui en fait l’un des hashtags les plus utilisés dans le pays ces derniers jours.

    La campagne #Fetrah a été lancée il y a trois semaines par des jeunes d’Egypte et a depuis été reprise par des jeunes d’autres pays africains.

    « Il n’y a que deux sexes. C’est notre réalité », a déclaré un utilisateur de Twitter, en publiant le hashtag et la photo bleu-rose.

    Fetrah est aussi le nom de l’organisation qui a lancé la campagne. L’organisation veut combattre les « idées mauvaises » qui « contrairent à l’instinct humain ».

    Selon l’activiste marocaine Mariyem Gamar, Fetrah propage la haine contre la communauté LGBTIQ+ et la campagne renforce les rôles et les stéréotypes de genre. Le mouvement « essaye de nous remettre dans une boîte dont nous essayons tous de sortir », a-t-elle déclaré à Morocco World News .

    Facebook a fermé la page officielle de Fetrah la semaine dernière. En réponse, le mouvement a lancé une nouvelle page, qui disait: « Étant donné l’habitude de l’Occident de restreindre les libertés lorsque l’opinion est en conflit avec ses caprices, ils ont supprimé la page – mais ils ne pourront pas mettre l’idée de côté. »

    de Kantteken, 13 juillet 2022

    #Maroc #LGBTQ #Homosexualité