Mois : juillet 2022

  • Sahel : Instabilité accrue et tensions politiques

    Sahel, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Guinée, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire,

    Dr Silvia D’Amato , Dr Edoardo Baldaro

    Le paysage sécuritaire a pris une nouvelle tournure à travers le Sahel. Au cours des six premiers mois de 2022, dans une zone déjà ravagée par de nombreux conflits armés interconnectés et des insurrections djihadistes, les chiffres montrent une augmentation spectaculaire des attaques violentes. L’épicentre de cette crise est la région tri-frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Il déborde désormais vers le golfe de Guinée, notamment au Togo, au Bénin et en Côte d’Ivoire. Les populations civiles en particulier paient le prix de la violence croissante, les personnes déplacées internes atteignant des millions dans le Sahel occidental.

    Cependant, les évolutions politiques actuelles semblent susciter les plus vives inquiétudes parmi les observateurs et les décideurs. En particulier, la « vague » de coups d’État militaires, qui a traversé le Sahel ces deux dernières années, remet en cause les stratégies sécuritaires et l’ensemble du système d’intervention déployé dans la zone au cours des dix dernières années. Comme l’illustre le cas du Mali, même si les doléances sociales , les défaillances institutionnelles et les gabegies politiques ont toujours été des facteurs centraux expliquant le déclenchement et l’aggravation des conflits violents au Sahel, les initiatives sécuritaires et antiterroristes entreprises dans la région ont généralement privilégié un « approche technique », militaire et « rapide » de la gestion de la crise. De ce fait, la politique reprend aujourd’hui une nouvelle place en exposant les principales limites des approches précédentes et en posant de nouveaux défis à la stabilisation de la région. Nous soutenons qu’une discussion sérieuse est maintenant nécessaire pour mieux identifier et traiter les tensions politiques qui ont des implications claires sur la façon dont le contre-terrorisme opère au Sahel.

    En effet, après une décennie d’efforts sécuritaires, et dans une moindre mesure de renforcement institutionnel et d’investissements économiques, les récents enjeux politiques et diplomatiques remettent désormais en question les initiatives militaires, et plus particulièrement antiterroristes, au Sahel. La coopération militaire et sécuritaire entre les pays sahéliens et avec les partenaires européens a été une priorité durant cette période, à tel point que le Sahel a été considéré comme un parfait « laboratoire d’expérimentation » pour les initiatives de sécurité européennes et internationales qui ont généré ce qu’on a appelé une  » patchwork de contre-terrorisme ».

    Pourtant, ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une reconfiguration politique incertaine à de multiples niveaux de gouvernance concernant la politique nationale, régionale et internationale. Cela est particulièrement évident au Mali, qui, jusqu’à récemment, servait de plaque tournante des initiatives internationales de lutte contre le terrorisme au Sahel. Entre août 2020 et mai 2021, le pays a connu deux coups d’État consécutifs dirigés par un groupe de responsables de l’armée, capables d’exploiter le mécontentement populaire croissant vis-à-vis d’un régime civil soutenu par la communauté internationale, mais finalement faible et corrompu. La focalisation étroite sur le contre-terrorisme et la lutte contre les trafics illicites poursuivie par les partenaires internationaux du Mali a indirectement participé au renforcement du système de gouvernance clientéliste et prédateur construit par lerégime précédent . Cela s’est produit principalement à travers deux mécanismes, à savoir le soutien matériel et symbolique quasi inconditionnel garanti au gouvernement malien, et l’attention consacrée au renforcement des forces de sécurité locales , dont les abus et l’absence de responsabilité ont été parmi les principaux éléments conduisant à la délégitimation. du régime. Cela a contribué à l’effondrement du régime civil dans le pays et à la montée au pouvoir d’un gouvernement «populiste» qui intercepte et exploite la méfiance diffuse de la population vis-à-vis de la communauté internationale.

    Politique et contre-terrorisme au Sahel : six points de tension

    Dans l’ensemble, nous identifions spécifiquement six points de tension politique dans la lutte contre le terrorisme à travers le Sahel qui, selon nous, entravent de manière critique les efforts de lutte contre le terrorisme en cours dans la région.

    D’abord, la querelle bilatérale entre l’actuel gouvernement malien et la France. La détérioration des relations diplomatiques et politiques entre les deux anciens partenaires a finalement abouti à ce qui semble être une rupture définitive dans leur collaboration militaire. Cela se produit à un moment où les sentiments anti-français – et potentiellement anti-européens – sont à leur apogée dans la région, avec des rassemblements et des protestations contre la présence française dans presque tous les pays du Sahel. Alors que des hauts gradés de l’appareil militaire français ont toujours souligné l’efficacité de la collaboration en dépit des troubles politiques, les autorités maliennes ont désormais décidé de mettre fin àle Traité de coopération de défense entre la France et le Mali, ainsi que la convention sur le statut des forces régissant les forces françaises et européennes partenaires impliquées dans la Task Force Takuba . Dans la pratique, cela signifie que la querelle bilatérale est devenue une querelle multilatérale puisque les forces françaises et européennes ne peuvent plus opérer dans le pays – une tendance qui affecte désormais également l’opération de maintien de la paix de l’ONU MINUSMA – et un retrait complet est prévu d’ici la fin de l’été. Cela signifie également que les acteurs français et européens impliqués dans la région ont perdu le principal partenaire dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont également perdu le pays représentant le symbole d’un interventionnisme multiforme construit à travers une gouvernance contre-insurrectionnelleoù les défis (c’est-à-dire l’insurrection et le terrorisme, le développement, l’instabilité politique et la migration) ont poussé et permis l’engagement de divers gouvernements avec des priorités et des intérêts différents.

    C’est le lien avec la deuxième tension politique qui concerne spécifiquement la coopération entre Européens. La France a été assez efficace dans le passé en engageant différents acteurs pour partager le fardeau économique et politique de l’intervention. Pourtant, certains pays européens, comme l’Estonie et la Suède, se sont maintenant retirés, tandis que d’autres, comme le Danemark et l’Allemagne, ont reçu des demandes explicites des autorités maliennes de ne pas opérer dans le pays, ou de le faire avec de sérieuses limitations opérationnelles . Le 11 avril 2022, le vice-président de la Commission européenne, Josep Borrel, a officialisé la décision d’arrêter tous les programmes d’entraînement militaire de l’UEdans le pays. Une décision aussi importante, qui a également été influencée par la présence russe accrue au Mali à travers le groupe Wagner, peut être lue comme une tentative de montrer aux autorités maliennes les risques de perdre le soutien des autorités européennes très engagées dans le pays, mais aussi comme une preuve manifeste de l’hésitation à l’égard d’un futur déploiement militaire et sécuritaire. Les pays européens semblent réticents à s’engager pleinement dans des plans de lutte contre le terrorisme à long terme à l’étranger, en particulier dans les pays politiquement instables. Cela peut être lié à l’appréhension de reproduire ce qui s’est passé en Afghanistan et à la crainte de retraits choquants comme celui dont le monde a été témoin à la fin de l’été 2021.

    Le troisième point de tension concerne les forces armées des États de la région. En effet, les événements récents ont confirmé les tendances historiques concernant les forces de sécurité sahéliennes. D’une part, les coups d’État organisés par des responsables militaires au Mali, au Burkina Faso et au Tchad nous rappellent que les relations civilo-militaires restent un enjeu politique central dans la région. D’autre part, se pose la question de la faiblesse historique de ces militaires, notabilité au Burkina Faso , ouvrant la question des milices civiles. En outre, différents récits et rapports officiels ont témoigné d’exactions, d’inconduites et de violences commises par des responsables militaires contre des civils au Mali, ainsi qu’au Burkina Faso et au Tchad voisins. Un exemple est l’appel récent de l’ONU à lancer une enquête sur les événements deMoura Mali, de mars 2022. Selon l’ONU, au cours d’une opération militaire de grande envergure de cinq jours , les forces armées maliennes, avec le soutien des forces étrangères, ont tué 203 personnes et arrêté une cinquantaine de combattants présumés de groupes armés, mais ont également commis des viols, arrestations arbitraires, pillages et vols. Cet exemple de violence à l’encontre de la population, associé à une absence presque totalepour les actions de ces forces, est non seulement un grave problème en termes de respect des droits de l’homme, de gouvernabilité politique et de stabilisation de ces pays, mais c’est aussi un défi concret à des fins de lutte contre le terrorisme. En effet, la littérature sur la contre-insurrectionnous a dit à maintes reprises que ce type de violence aveugle est plus susceptible d’augmenter le soutien, la capacité de recrutement et la force globale des organisations terroristes, plutôt que de les combattre efficacement.

    Cela concerne la quatrième tension politique qui, selon nous, devrait être sérieusement prise en compte dans ce contexte : la politique au sein des organisations terroristes. Les deux principales coalitions « djihadistes » opérant dans les pays sahéliens, la Jama’a Nasrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), une filiale d’Al-Qaïda basée au Mali qui opère également au Burkina Faso et au Niger, et l’État islamique au le Grand Sahara (ISGS) sont désormais essentiellement en concurrence pour le contrôle de différentes zones, en particulier la région tri-frontalière entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Conscient du manque de soutien aérien des forces françaises et internationales, l’ISGS a notamment considérablement accru sa pression depuis mars 2022, lançant une série d’attaques meurtrières le long de la frontière sud .Fait intéressant, le JNIM semble plutôt prudent, attendant d’une manière ou d’une autre d’évaluer leur décision par rapport aux réactions à cette nouvelle activité de l’ISGS, en particulier de la part de la population locale. Directement liée à ce regain d’activisme des acteurs jihadistes, la violence contre les civils atteint un nouveau pic dans la zone, avec des massacres meurtriers enregistrés au Mali, au Niger et au Burkina Faso au cours des derniers mois.

    Dans l’ensemble, la concurrence accrue entre les groupes, ainsi que le regain d’intérêt transnational de ces organisations est probablement encore plus dangereux aujourd’hui en raison de ce que nous considérons comme la cinquième tension politique critique : les frictions diplomatiques et politiques actuelles entre les pays sahéliens. Pas même dix ans après sa création, le G5 Sahel – organisation intergouvernementale régionale entre pays sahéliens – a connu sa première crise grave . Le 15 mai, le Mali a quitté l’organisation en raison du refus des autres membres – Tchad, Niger, Mauritanie et Burkina Faso – de permettre aux autorités maliennes de transition de diriger la présidence tournante. Ces tensions entre les pays de la région, déjà manifestes après l’approbation des sanctions économiquessur le Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour exposer la décision de retarder les élections démocratiques, ont des implications opérationnelles claires. Plus précisément, la concurrence diplomatique et politique en cours entre le Mali et le Niger affecte la réponse antiterroriste à la frontière. Les forces nigériennes, avec le soutien de l’ armée française , ainsi que des drones turcs , sont en effet les seules à répondre activement aux activités terroristes transfrontalières, jusqu’ici sans succès majeur.

    Ces tensions régionales, ainsi que les critiques ouvertes et la rupture avec les pays européens mentionnées ci-dessus, ont ouvert de nouvelles opportunités pour les concurrents internationaux, ce qui est, pour nous, le sixième point de tension de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Comme nous l’avons brièvement évoqué, les acteurs turcs et russes sont aujourd’hui très actifs en Afrique de l’Ouest et au Sahel, à la fois en termes de soutien militaire et d’ assistance sécuritaire plus large.. Cette présence, notamment pour ce qui concerne la Compagnie Wagner, a exacerbé et accéléré le processus de détachement entre le Mali et les acteurs européens illustré aux points un et deux ci-dessus. Elle a, de facto, également confirmé une recomposition générale du contrôle politique et des équilibres internationaux dans la zone. Les acteurs européens, et plus largement occidentaux, pourraient bientôt ne plus être les fournisseurs de sécurité externes exclusifs ni nécessairement les plus importants de la région. La coopération tant militaire que politique est désormais susceptible d’être discutée et renégociée par les pays sahéliens qui disposent d’une possibilité plus concrète de diversifier leurs sources de soutien à leurs nécessités politiques et sécuritaires.

    Conclusion

    Tout bien considéré, il est difficile de prédire comment ces points de tension vont évoluer. Cependant, comme le montrent les six points, le choc de positions et d’intérêts politiques de plus en plus divergents à travers le Sahel joue un rôle important dans la manière dont le contre-terrorisme est négocié et mis en œuvre. Les problèmes politiques et les tensions à l’intérieur des pays et entre les pays exacerbent les problèmes de sécurité en minant la légitimité des structures politiques existantes. Elles permettent également de nouveaux espaces d’action tant pour les organisations armées que pour les concurrents internationaux, autant de facteurs qui engendrent des souffrances physiques et psychologiques croissantes pour les populations locales. Dans l’ensemble, au cours des deux dernières décennies, le Sahel a illustré certaines des principales tendances politiques caractérisant l’évolution de la lutte contre le terrorisme dans des zones très instables et sujettes aux conflits. La nouvelle concurrence internationale entourant le Sahel, ou la reconfiguration soudaine d’architectures de sécurité et d’accords bilatéraux vieux de plusieurs décennies, pourrait offrir des indications sur la manière dont les systèmes de gouvernance de la sécurité à plusieurs niveaux pourraient évoluer dans d’autres parties du globe. Loin d’être une question technique fondée sur l’efficience et l’efficacité, le Sahel rappelle que le contre-terrorisme est un champ d’action sensible et essentiellement politique. Oublier cette leçon ne peut que favoriser une crise qui entre maintenant dans une nouvelle phase inquiétante et difficile à prévoir. Loin d’être une question technique fondée sur l’efficience et l’efficacité, le Sahel rappelle que le contre-terrorisme est un champ d’action sensible et essentiellement politique. Oublier cette leçon ne peut que favoriser une crise qui entre maintenant dans une nouvelle phase inquiétante et difficile à prévoir. Loin d’être une question technique fondée sur l’efficience et l’efficacité, le Sahel rappelle que le contre-terrorisme est un champ d’action sensible et essentiellement politique. Oublier cette leçon ne peut que favoriser une crise qui entre maintenant dans une nouvelle phase inquiétante et difficile à prévoir.

    Le Dr Silvia D’Amato est professeure adjointe à l’Institut de la sécurité et des affaires mondiales (ISGA) de l’Université de Leiden et fait partie des groupes de recherche Terrorisme et violence politique et Guerre, paix et justice. Avant l’ISGA, Silvia a été boursière Max Weber à l’Institut universitaire européen et professeure auxiliaire pour le programme EUPS de l’Université James Madison à Florence.

    Le Dr Edoardo Baldaro , est chercheur postdoctoral FNRS à l’Institut REPI de l’Université Libre de Bruxelles et à la Fondation Gerda Henkel. Il est également chercheur associé à la Sant’Anna School of Advanced Studies (Pise, Italie). De 2017 à 2020, il a été postdoctorant en politique et relations internationales à l’Université de Naples « L’Orientale ».

    International Centre for Counter-Terrorism, 7 juil. 2022

    #Sahel #Tchad #Mali #Niger #BurkinaFaso #Terrorisme

  • La tragedia de Melilla es responsabilidad de la UE

    España, Marruecos, Melilla, immigración, immigrantes africanos, Unión Europea, UE,


    La muerte de 23 inmigrantes en el enclave español de Melilla debería poner de manifiesto los fallos de la política de control de inmigrantes de la UE.

    Numerosos medios de comunicación compartieron trágicas imágenes de la represión antimigrante en la zona fronteriza de Melilla, uno de los dos enclaves españoles en el norte de África, donde al menos 23 migrantes subsaharianos murieron el 24 de junio intentando cruzar la valla entre Marruecos y Melilla.

    A pesar de las sangrientas imágenes televisadas de esta tragedia, el suceso en sí no fue una excepción, ni mucho menos. Se informa regularmente de relatos similares en la frontera entre Polonia y Bielorrusia, en las costas del Mediterráneo o en el Canal de la Mancha.

    De hecho, lo ocurrido en Melilla no es más que una recapitulación de una historia que el resto del mundo conoce demasiado bien.

    Hace tiempo, Europa se jactaba de ser un faro de la ilustración. Incluso ocultaba sus designios imperialistas bajo el pretexto de « difundir la civilización ». Hoy en día, sin embargo, no queda mucho de ese barniz.

    Sin embargo, el sueño europeo está muy vivo en las mentes de los emigrantes indigentes, ya que miles se embarcan en peligrosos viajes para sobrevivir a la pobreza extrema. En todo el sur del mundo, donde el colonialismo occidental sólo dejó desesperación y miseria, las gallinas están volviendo a casa para desovar.

    Mientras tanto, Europa, al igual que el imperio romano milenios antes, está ocupada construyendo muros a través de sus fronteras. Uno de los primeros muros que se levantaron hace dos décadas fue el de Ceuta y Melilla, uno de los vestigios del colonialismo español en el norte de África.

    Hoy en día, hay 1.000 km de muros en las fronteras de la Unión Europea. Cada año se construye uno nuevo. No hace falta decir que, a pesar de la construcción de estos muros en Melilla, la afluencia de inmigrantes va en aumento. El uso de muros, la vigilancia tecnológica y la violencia letal de las fuerzas españolas y marroquíes no han resuelto el problema de los migrantes.

    La misma conclusión puede observarse en otras periferias europeas. Este fracaso no se puede esconder bajo la alfombra, ni siquiera cuando la UE gusta de recurrir a tácticas de gestión de la percepción, como hizo en su tratamiento muy selectivo de los refugiados ucranianos.

    La política de la migración

    Del episodio de Melilla se pueden extraer dos lecciones. En primer lugar, los inmigrantes y la migración se encuentran entre las cuestiones más importantes de la política internacional. Teniendo en cuenta la inestabilidad política en diferentes lugares, la desigualdad global y la crisis climática, no es difícil prever que la afluencia de migrantes seguirá aumentando. A medida que este problema crece, tiene mayor incidencia en las relaciones internacionales. Los vaivenes de las relaciones España-Marruecos y la tragedia humana ocurrida en Melilla muestran claramente esta correlación.

    En mayo de 2021, más de 8.000 migrantes cruzaron a Ceuta y Melilla en cuestión de días. Unos meses antes, las tensiones entre España y Marruecos estaban a punto de alcanzar su punto álgido. La capacidad de miles de migrantes para cruzar el lado español de la frontera en muy poco tiempo se asoció a la negligencia intencionada de las fuerzas marroquíes en la frontera. La parte española también acusó a Marruecos de chantajear a los migrantes para que cruzaran la frontera.

    Un episodio similar se produjo en la frontera entre Bielorrusia y Polonia en 2021, cuando los migrantes se reunieron y fueron acusados por la policía fronteriza, que llevó a cabo retenciones ilegales contrarias al derecho internacional y al propio código de derechos humanos de la UE. Entonces, los países de la UE acusaron al presidente bielorruso Lukashenko de chantaje. Por otro lado, Lukashenko no dudó en insinuar que la causa de la crisis eran las políticas de los Estados de la UE.

    El enfoque de mano dura de la policía fronteriza marroquí contrastó con la actitud indiferente que mostró hace un año. En aquel momento, el flujo de inmigrantes provocó una crisis política en España. Tras este incidente en Melilla y Ceuta, España cambió su política de neutralidad en la cuestión del Sáhara Occidental a favor de Marruecos.

    Por lo tanto, el celo demostrado por las fuerzas marroquíes fue puramente transaccional. Ahora tienen más razones para vigilar las fronteras con firmeza. Este capítulo, y muchos otros, muestran que el papel de los inmigrantes en las relaciones internacionales aumentará en los próximos años. Lamentablemente, esto significa que también habrá más violencia contra los migrantes.

    La política de externalización de la UE

    El segundo aspecto es que la tragedia de Melilla se hace eco del fracaso de la labor de la UE de « externalizar » su política de control de los migrantes a actores externos para mantener sus manos limpias.

    Esta estrategia se reflejó en la brutalidad de la policía marroquí en Melilla, no en la española, mientras que no involucró directamente al gobierno español. Del mismo modo, los guardacostas libios, financiados por la UE, cazan a los migrantes en el Mediterráneo.

    Mientras tanto, la violencia perpetrada por países fronterizos como Grecia, Hungría y Polonia se encubre como errores individuales a nivel local. En cierto modo, la UE también externaliza el problema a sus países fronterizos, aunque el coste humano sea terrible.

    Una investigación conjunta de influyentes medios de comunicación como Le Monde y The Guardian reveló el alcance de los abusos. Según el informe, Grecia esclaviza a algunos inmigrantes ilegales y los utiliza a la fuerza para atrapar a otros inmigrantes, y los devuelve tras someterlos a abusos y torturas.

    Los métodos seguidos por la UE y sus Estados miembros son sencillamente abyectos y ponen de manifiesto la hipocresía de Bruselas. Resulta irónico comparar el enfoque de la UE en este contexto con sus principios declarados de integridad, Estado de Derecho y garantías procesales.

    En general, este problema se ha institucionalizado de diferentes maneras a lo largo de los años. Los países occidentales ven el problema de los inmigrantes a través del prisma de la violencia y la represión. En la situación actual, las organizaciones no gubernamentales y de derechos humanos están casi ausentes del discurso occidental sobre los migrantes.

    Dado que la discriminación y la violencia contra los migrantes aumentan cada día, todas las organizaciones de derechos humanos, los líderes de opinión y las personas amantes de la libertad de todo el mundo deben utilizar su influencia y su poder para oponerse al trato inhumano que la UE da a los migrantes.

    AUTOR
    Omer Sevim
    Omer Sevim es investigador adjunto en el Centro de Investigación de TRT World. Tras licenciarse en el Departamento de Sociología de la Universidad de Boğaziçi, realizó un máster en Teoría Crítica y Estudios Culturales en la Universidad de Nottingham. Sus áreas de interés son el análisis del discurso mediático, el neoliberalismo, la inmigración y los estudios europeos.

    TRT World, 07 jul 2022

    #España #Marruecos #Melilla #Immigración #Immigrantes_africanos #Union_Europea #UE

  • Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

    Paris s’assure le gaz algérien via l’Espagne, mais plus cher

    France, Espagne, Algérie, gaz, Sonatrach, Medgaz, Naturgy, Transmed, Maroc,

    AU MILIEU DE LA CRISE ENTRE MADRID ET L’ALGÉRIE
    Sonatrach renouvelle son contrat avec Engie pour trois ans, mais révisera les prix à la hausse. L’Algérie renforce ses relations avec l’Italie et la France alors qu’elle réduit ses approvisionnements en Espagne
    Par Marcos Lema – Ignacio Cembrero

    La France continuera à recevoir du gaz algérien via l’Espagne pendant les trois prochaines années. La société publique d’énergie du pays maghrébin, Sonatrach, a annoncé jeudi dans un communiqué qu’elle renouvellera le contrat avec la société privée française Engie pour la fourniture de l’hydrocarbure par le Medgaz, le gazoduc qui traverse la Méditerranée jusqu’à Almeria. Mais le déménagement ne sera pas gratuit. Dans la note, Sonatrach indique que les deux parties ont convenu de « tenir compte des conditions du marché pour revoir le prix contractuel du gaz ». C’est un euphémisme : en pleine crise de l’énergie, qui a poussé les contrats à terme de référence européens au-dessus de 170 euros, cela signifie une hausse des prix. Et personne ne peut dire qu’Alger n’a pas déjà prévenu. Elle l’a fait d’abord avec l’Espagne, après que le revirement sur le Sahara ait détérioré les relations bilatérales entre les deux pays, et ces dernières semaines, elle a étendu l’avertissement au reste de ses clients européens.

    Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a révélé dimanche que la compagnie pétrolière nationale « a activé une clause de révision du prix du gaz avec des partenaires », ajoutant que les discussions « sont à un stade avancé ». La renégociation à la hausse avec Engie, qui a un accord avec l’État algérien depuis 2011, est un dangereux précédent pour l’espagnol Naturgy, qui fait face à la révision de son propre contrat pour la même période : 2022-2024. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent : c’est aussi une question de géopolitique. Comme elle l’a fait avec l’Italie, en s’engageant à doubler ses exportations par le gazoduc Transmed, l’Algérie renforce aujourd’hui sa relation énergétique avec l’ancienne métropole, précisément six décennies après l’indépendance. Cette démarche peut être interprétée comme une manière de diversifier sa clientèle afin de se couvrir en cas de fermeture éventuelle du robinet vers l’Espagne, qui était jusqu’à présent son principal acheteur. Au cours des derniers mois, l’approvisionnement de l’Espagne a pratiquement diminué de moitié pour atteindre environ 25 % des importations nationales.

    L’Espagne acquiert de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France, qui fonctionnent à la limite de leur capacité. Toutefois, la nouvelle a également un côté positif pour l’Espagne. Madrid a obtenu le passage du gaz algérien sur son territoire pour trois années supplémentaires, avec les revenus que cela implique, et a obtenu de nouveaux arguments pour défendre l’amélioration des interconnexions avec la France. Actuellement, il n’y a que deux passages à travers les Pyrénées, qui fonctionnent à la limite de leur capacité depuis le début de l’invasion ukrainienne. Ce chiffre pourrait être doublé si la connexion catalane, connue sous le nom de Midcat, pour laquelle le gouvernement cherche un financement européen, est finalement achevée.

    Le Maroc rouvre ses centrales électriques

    Alors que l’Algérie fournit du gaz à la France via l’Espagne, l’Espagne pompe pour la première fois du gaz au Maroc via le détroit de Gibraltar. Le gazoduc Maghreb-Europe, qui était fermé depuis novembre en raison de désaccords entre Alger et Rabat, a été rouvert la semaine dernière pour approvisionner la monarchie alaouite. Cette faveur, qui s’inscrit dans le processus de rétablissement des relations avec Madrid, a provoqué la colère de la république du Maghreb, qui a même menacé de couper les vivres si son hydrocarbure finissait par approvisionner son grand ennemi. Or, ce n’est pas le cas.

    Les doutes sur l’origine du gaz ont été dissipés dimanche par le directeur général de Sonatrach. Dans une déclaration faite lors de la présentation des résultats du premier semestre, Hakkar a indiqué qu’il n’y avait eu « aucun changement dans la destination du gaz algérien exporté à ce jour ». Mais il a prévenu : « Si cela se produit, Sonatrach est parfaitement en droit de prendre les mesures nécessaires.

    Le gaz provient des États-Unis, d’où il arrive en Espagne sous forme liquide via des méthaniers. Une fois en Espagne, sa traçabilité est vérifiée et il est regazéifié, avant d’être introduit dans le pipeline vers le Maroc. Grâce à l’aide de Madrid, Rabat a pu mettre fin à l’urgence énergétique qu’elle connaît depuis qu’Alger a décidé de couper le Maghreb-Europe : les centrales à cycle combiné de Tahaddert et d’Ain Béni Mathar ont rouvert cette semaine, après plusieurs mois de coupures du réseau dues à une pénurie de gaz pour la production d’électricité. Pendant ce temps, la République présidée par Abdelmajid Tebboune continue de profiter de la crise : les revenus des hydrocarbures ont augmenté de 70 % au cours des cinq premiers mois de 2022, grâce à des exportations de plus de 20 milliards d’euros.

    El Confidencial, 07/07/2022

    #Espagne #France #Algérie #Maroc #Medgaz #Sonatrach #Gazoduc

  • Le discours alarmant de Benkirane sur la santé du roi du Maroc

    Le discours alarmant de Benkirane sur la santé du roi du Maroc

    Maroc, Mohammed VI, Abdelilah Benkirane, santé du roi,

    Dans une vidéo devenue virale, le leader du PJD parle avec un ton grave sur les rumeurs autour de la santé du roi du Maroc. D’après lui, « la nouvelle selon laquelle le roi Mohammed VI a été déclaré positif au covid 19 sans symptomes, a laissé place à de nombreuses rumeurs sur la santé de Sa Majesté le roi. Des rumeurs dont les sources sont inconnues ».

    En effet, dans la rue marocaine on ne parle plus que du décès du souverain marocain depuis la publication du palais sur sa nouvelle contamination.

    « Tout d’abord, nous sommes une nation avec des coutumes, des traditions et des références. Nous devons bâtir nos convictions sur les communications officielles. Cette étape, en particulier, requiert une unanimité sur ce qui nous unit. La religion a toujours été notre ciment social et le lien avec Sa Majesté. Je parle en tant que Nation Marocaine », indique Benkirane.

    Il n’a pas hésité à qualifier l’étape actuelle de critique. Par conséquent, il conseille d’éviter les discours des « hypocrites » et les « perturbateurs ». « Cela est très important, souligne-t-il, notamment dans les circonstances actuelles » insistant sur le fait que le Maroc est « une nation organisée avec son histoire, sa religion ses us et traditions et sa Constitution ». « Cette réalité n’a aucun sens si à chaque instant nous nous laissons emporter par les événements, notamment dans la conjoncture que le monde traverse actuellement. Nous sommes unis par notre religion et notre roi et nous devons continuer ainsi, renforcer notre unité et cohésion aujourd’hui plus que jamais. Le moment est difficile et requiert la cohésion et le calme afin de traverser cette conjoncture ».

    #Maroc #MohammedVI #Benkirane

  • Maroc. Exportations alimentaires: une baisse de 2,325 MM$

    Maroc. Exportations alimentaires: une baisse de 2,325 MM$

    Maroc, exportations alimentaires, économie, produits de la mer, produits agricoles,

    Exportations alimentaires: la mauvaise gestion du Makhzen cause un important manque à gagner

    RABAT – Les exportations alimentaires au Maroc enregistrent un important manque à gagner qui se chiffre à 2,325 milliards de dollars, causé principalement par la mauvaise gestion du secteur des exportations par les autorités du Makhzen.

    Sur un potentiel estimé à 7,638 milliards de dollars, les exportateurs marocains de produits de la mer et agricoles réalisent seulement 5,313 milliards de dollars, révèle-t-on lors d’une rencontre organisée récemment à Agadir, à l’extrême Sud du royaume, par la société de Conseil AssurTrade et le groupe Allianz Trade, spécialisé dans les solutions d’assurance.

    Les conférenciers, cités par la presse locale, ont précisé que les exportations alimentaires du Maroc ne dépassent pas 5,313 milliards de dollars, alors que le potentiel de cette filière est estimé à 7,638 milliards de dollars.

    Selon les observateurs, le Makhzen peine toujours à trouver des solutions concrètes et à mettre en place des facilitations au profit des exportateurs locaux.

    La mauvaise gestion des exportations par les autorités du Makhzen a conduit le pays vers une dépendance vis-à-vis de l’Europe, où les conditions d’exportation sont hautement exigeantes, explique-t-on.

    En plus de cet énorme manque à gagner, cette situation participe également au sabotage des producteurs locaux, dont nombreux, parmi eux, se trouvent dans une situation de difficulté de payement ou complètement en faillite.

    #Maroc #Economie #Exportations_alimentaires

  • Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

    Gaz: L’Europe se ravitaille en Afrique « à la sauvette »

    Europe, UE, gaz, Afrique, Ukraine, Russie, Bulgarie, Pologne,

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays européens qui essayent de faire bloc contre la Russie, s’appuyant sur les États Unis et l’Otan, cherchent séparément à se prémunir contre les « dégâts collatéraux » d’une guerre qui tend à s’internationaliser et qui risque de les pénaliser gravement. On a vu comment un pays comme la Bulgarie, maillon faible d’une Europe désunie, a chuté.

    Cette première lézarde dans la Maison Europe est intervenue après que le géant russe de l’énergie Gazprom ait décidé de stopper ses livraisons de gaz à la Pologne et a la Bulgarie, deux pays membres de l’UE et de l’Otan. Dans ce sillage, un véritable coup de tonnerre a résonné dans l’Union européenne et le gouvernement bulgare chute sans avoir eu le temps de faire ses preuves. Composé d’une coalition hétéroclite de partis anti-corruption, le gouvernement de Kiril Petkov a été renversé après la défection de l’un de ses membres, mais en réalité pour l’inflation et les mauvais résultats économiques, dont la nécessité de chercher du gaz ailleurs qu’en Russie aura été certainement le point culminant.

    Mais, il y a pire que la chute de la Bulgarie seule ; la chute du gouvernement bulgare est tombé en préfigurant pourrait que seraient emportées avec lui les chances de voir levé le veto bulgare sur l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union européenne. L’effet domino de la pièce bulgare est en réalité annonciatrice d’autres chutes politiques.

    Les pays les plus puissants d’Europe, l’Allemagne, la France, l’Italie, etc. l’ont immédiatement compris et se sont dirigés vers l’Afrique pour trouver de nouvelles sources énergétiques ou de nouveaux sites d’approvisionnement, comme au beau vieux temps des Romains et de la Césarée africaine. Mais ils le font avec une discrétion qui en dit long sur la fragmentation actuelle de l’Europe. L’Allemagne prospecte chez les Maliens, l’Italie en Algérie (pour le gaz surtout) et la France préserve ses alliances nord-africaines intactes et les retardataires observent ce ballet diplomatique avec circonspection.

    Et dans ce « sauve-qui-peut » général, c’est, de toute évidence, chacun pour soi et dieu pour tous. Chaque pays tente de trouver les sources et de préserver le garde-manger de sa population. Et plus la guerre en Ukraine va perdurer, plus l’Europe sera fragilisée par ce conflit de sous-traitance. Les Etats Unis tentent, par le biais d’une guerre qui s’opère sur un espace géographique européen, d’affaiblir la Russie, mais ne fait qu’accentuer la fragilité de l’Europe, désormais jetée, tête la première, pieds et mains liés, dans le fond du trou ukrainien.

    Entre temps, le Trésor public de la Russie affiche des profits faramineux, tirés principalement de la hausse des prix du gaz et des nouveaux marchés asiatiques qu’elle s’est ouverts ; pendant ce temps, la Chine profite d’une situation confuse pour acheter toutes les matières premières disponibles sur le marché mondiale, et sera demain, le fournisseur à toutes les autres nations, Etats Unis y compris.

    Le résultat des courses, qu’elle qu’en soit l’issue, sera principalement au préjudice des pays européens. La guerre se déroule à un niveau de stratégie militaire tactique, l’Ukraine a été uniquement le terrain de jeu, ou si l’on veut, le théâtre des opérations. Aux uns et aux autres de considérer de quoi demain sera fait…

    L’Express, 07 jui 2022

    #UE #Gaz #Ukraine #Russie #Afrique

  • Crise sociale au Maroc: Mohammed VI absent

    Crise sociale au Maroc: Mohammed VI absent

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    Aziz Chahir

    Malgré la cherté de la vie qui saigne les Marocains, le gouvernement de Sa Majesté prêche obstinément la résilience socioéconomique et la stabilité d’un régime autoritaire menacé par les protestations

    Alors que la propagande officielle s’évertue en vain à dissimuler la léthargie de l’exécutif, le Maroc sombre dans une crise socioéconomique sans précédent : renchérissement du coût de la vie, accentuation de la sécheresse – la pire de l’histoire du pays depuis au moins 1981 –, explosion de la facture énergétique et des prix des biens à l’import, notamment des produits alimentaires (orge et blé principalement).

    À ces marqueurs, s’ajoutent d’autres indicateurs socioéconomiques inquiétants : le déficit des échanges de marchandises, la dégradation du déficit commercial, l’augmentation du taux de chômage – notamment celui des diplômés, qui est passé de 18,5 % à 19,6 % –, l’augmentation de la dette publique (près de 80 % du PIB), la baisse des réserves de change, ne couvrant que six mois d’importations de biens et services, ainsi que la diminution des investissements directs étrangers – seulement 10 milliards de dirhams (environ 1 milliard d’euros) –, en recul de 7 % comparé à l’année précédente, et la baisse du taux de croissance (1,1 % selon le FMI contre 3 % prévu précédemment).

    Lire aussi : La succession de Mohammed VI au centre de l’attention médiatique

    Il faut voir dans ce constat l’œuvre d’un pouvoir démissionnaire qui continue d’amasser les richesses et de mener un train de vie luxueux pendant qu’une grande partie des Marocains voit son pouvoir d’achat s’effondrer jour après jour.

    Face à cette crise, le chef de l’État ne daigne même pas se manifester et encore moins agir pour atténuer la cherté de la vie. Il est quand même extraordinaire que le monarque continue d’assister en spectateur à la flambée des prix des hydrocarbures qui profite aux professionnels de la distribution, à commencer par le chef du gouvernement, le magnat Aziz Akhannouch, lequel est en même temps le patron de la compagnie pétrolière Afriquia !

    À l’heure actuelle, encouragés par Mohammed VI, premier acteur économique du pays, les affairistes dominent la sphère politique, surtout depuis l’éviction par les urnes des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD).

    Des entrepreneurs politiques gèrent la chose publique, au grand dam des forces démocratiques opposées au régime, réduites au silence par les sécuritaires qui craignent la montée des protestations.

    La généralisation de la couverture sociale, un « cache-misère »

    Alors que dans les pays démocratiques, le chef de l’État intervient en période de crise pour rassurer les citoyens et tenter d’apaiser le marasme économique et social qui se sclérose, dans le royaume chérifien, le monarque alaouite, disparu des radars depuis déjà un bon bout de temps, semble avoir abandonné la vie politique à tel point que l’on commence sérieusement à se poser la question de savoir qui gouverne réellement le pays à l’heure actuelle ?

    À l’exception de quelques très rares inaugurations à la sauvette de projets publics, comme en avril lors du lancement d’une opération de solidarité nationale pour le Ramadan, le roi Mohammed VI communique très peu, surtout en phase de crise. En revanche, il est le premier à réagir pour féliciter une équipe de football pour avoir remporté un match ou un athlète pour avoir décroché une médaille ! La qualification de l’équipe nationale à la Coupe du monde de football est-elle plus importante que l’amélioration du pouvoir d’achat des Marocains défavorisés ?

    Lire aussi : Média italien : Qui est vraiment Mohammed VI?

    Selon un rapport de l’ONG Oxfam datant d’avril 2019 , le Maroc est le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord. Et la pandémie a accentué les écarts de richesses, l’injustice fiscale, les inégalités de genre et celles relatives à l’accès à l’éducation, à la santé ou au travail.

    Certains pourraient argumenter que les « chantiers royaux » sont là pour endiguer la crise sociale, à commencer par le projet de généralisation de la couverture sociale, notamment médicale. À ceux-là, on pourrait répliquer que ce projet « cache-misère » ne peut avoir l’impact escompté, en raison du manque patent d’infrastructures hospitalières et de personnel médical suffisant et qualifié.

    Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le budget du secteur de la santé au Maroc ne dépasse pas 6 % du budget général de l’État, alors qu’il est de 12 % en Algérie, aligné sur les recommandations de l’OMS (15 %).

    À ceux qui se gargarisent de la volonté royale providentielle de généraliser la couverture médicale, on serait tenté de demander pourquoi le souverain a-t-il attendu un peu plus de deux décennies pour lancer un tel « projet social » et, surtout, pour quelles raisons choisit-il de partir se soigner à l’étranger s’il a vraiment confiance dans le système de santé marocain ?

    Immobilisme sidérant de l’exécutif

    Dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitiques et économiques mondiales, l’exécutif affiche un immobilisme sidérant face à la montée de la crise sociale.

    En l’absence d’un plan de sortie de crise, les autorités tentent vigoureusement d’étouffer les contestations, comme ce fut le cas avec l’interdiction, fin mai, d’une marche nationale de protestation. Celle-ci avait été initiée par le Front de l’action sociale (FAS) afin de dénoncer « la cherté de la vie, la répression des libertés et la normalisation avec Israël ».

    Inutile de rappeler à cet égard la régression sans précédent des droits de l’homme au Maroc, comme l’a si bien rappelé l’Association marocaine des droits humains (AHDH) dans son rapport de 2021.

    Dans une économie rentière à l’agonie, le régime continue de compter sur la manne des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), les recettes fiscales nettes et l’endettement public.

    En l’absence d’une stratégie d’action, l’actuel gouvernement espère amortir la crise grâce notamment à un rebond éventuel des recettes de voyages et du tourisme, sachant que l’activité est encore loin des niveaux enregistrés à la même période en 2021 (- 22 %).

    Le pouvoir ne dispose d’aucune vision à même de contenir la crise socioéconomique qui s’abat sur le pays.

    On peut même s’interroger sur l’utilité du fameux rapport rendu par la commission spéciale désignée par le roi pour réfléchir au « nouveau modèle de développement ». Comment expliquer qu’aucun plan d’action n’ait été dévoilé par l’actuel gouvernement pour asseoir les axes de ce modèle sur les plans social, économique, culturel et environnemental, à part un énième projet de réforme du système éducatif national (2022-2026) annoncé précipitamment par Chakib Benmoussa, patron de cette commission et ministre de l’Éducation !

    C’est dire tout le cynisme d’un régime qui continue de prôner un développement imaginaire, dont les Marocains n’en sentent pas les conséquences, et de vanter des épopées diplomatiques chimériques, alors que le conflit au Sahara occidental est toujours à l’ordre du jour dans l’enceinte de l’ONU et que l’administration Biden s’est contentée, pour le moment, d’ouvrir un consulat américain, à Dakhla, à vocation essentiellement économique.

    Pendant ce temps, la réalité est que la crise sociale semble s’installer durablement dans un pays où un Marocain sur deux est concerné par la pauvreté, selon le très officiel Observatoire national du développement humain (ONDH) dans son rapport de 2021, et que de nombreux sujets de Sa Majesté continuent de manger dans les poubelles publiques sans que cela inquiète outre mesure ceux qui nous gouvernent !

    Les mêmes éléments de rhétorique, selon lesquels une pseudo résilience mettrait le régime à l’abri de l’implosion sociale, retentit dans les rangs d’une majorité gouvernementale à la traîne, qui prêche une libéralisation économique, reléguant au second plan la transparence de la vie publique et la lutte contre l’enrichissement illégal des politiques.

    Sinon, comment expliquer la décision rapide de l’exécutif de retirer le projet de loi relatif à la déclaration du patrimoine des parlementaires, en prétextant notamment vouloir « assurer l’amélioration » de la mouture de ce projet, qui tend à l’origine vers une moralisation de la vie publique, à travers la lutte contre la corruption qui prive l’économie marocaine d’une manne financière importante ?

    En avril, le ministre de la Justice et patron du Parti authenticité et modernité (PAM, centre gauche, parti inféodé au palais), Abdellatif Ouahbi, a même menacé de priver les associations de protection des deniers publics du droit de porter plainte contre les élus, une « prérogative » qui devrait revenir, selon lui, au ministre de l’Intérieur.

    Dans un pays gangréné par une corruption endémique, selon le rapport de Transparency International de 2022, l’exécutif semble vouloir offrir une couverture aux élus véreux et aux pilleurs des deniers publics.

    Rappelons le dossier autour d’Afriquia : Aziz Akhannouch a démenti publiquement avoir détourné 17 milliards de dirhams (environ 1,6 milliard d’euros), en tant que marge de bénéfice de sa compagnie pétrolière, à la suite d’une enquête parlementaire sur la libéralisation du marché des hydrocarbures en 2017.

    Le rapport présenté par Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire PJD au Parlement, avait conclu à l’implication directe de la société Afriquia dans des opérations occultes ayant généré de scandaleux profits. Ce rapport avait ensuite abouti à des sanctions consensuelles qui n’ont pas été appliquées à l’encontre des distributeurs des hydrocarbures.

    Il est à souligner à cet égard que le royaume est classé à la deuxième place en Afrique du Nord en matière de fraude fiscale.

    En 2016, pour rappel, le scandale des Panama Papers avait révélé au grand jour l’implication du roi Mohammed VI dans des affaires d’évasion fiscale. Selon le rapport de Transparency International, publié en 2020, la perte subie par le Maroc à cause de la fraude fiscale est estimée à 20 % du budget annuel alloué à la santé publique dans le pays.

    Pendant ce temps-là, alors que les plus nantis ont déjà commencé à choisir entre les offres de vacances de luxe à l’étranger, les populations démunies se trouvent livrées à elles-mêmes, asphyxiées par la cherté des prix à quelques jours de la célébration de l’Aïd al-adha, déjà marquée par la flambée du prix du mouton.

    Le gouvernement des entrepreneurs politiques s’en lave les mains et décline toute responsabilité dans la crise actuelle, pendant que le roi, lui, semble être aux abonnés absents face à une crise sociale et politique à terme.

    Depuis que le Palais a annoncé, le 16 juin, que Mohammed VI était malade du covid, le débat sur la santé du roi, récurrent depuis plusieurs années, a resurgi et rappelé combien la communication officielle opaque sur le sujet alimentaient les rumeurs sur les ramifications souterraines du pouvoir au Maroc, lequel dépend de l’hégémonie providentielle d’un seul homme.

    Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

    Aziz Chahir is an associate researcher at the Jacques-Berque Center in Rabat, and the secretary general of the Moroccan Center for Refugee Studies (CMER). He is the author of Who governs Morocco: a sociological study on political leadership (L’Harmattan, 2015). Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

    Middle East Eye, 29 juin 2022

    Lire aussi : Maroc : Alerte sur la santé de Mohammed VI



  • Marocleaks: Préparation de l’échéance d’avril 2014

    Marocleaks: Préparation de l’échéance d’avril 2014

    Maroc, Sahara Occidental, Front Polisario, ONU, Conseil de Sécurité, Echéance d’avril, MINURSO, Christopher Ross,

    L’examen par le Conseil de Sécurité de la question du Sahara en avril prochain se situe dans un contexte particulièrement difficile marqué par une attente de nos partenaires de mesures concrètes en matière des Droits de l’Homme.
    Pour la préparation de cette échéance, quelques actions sont soumise à l’appréciation de Monsieur le Ministre.

    Trois mois seulement nous séparent de l’examen par Le Conseil de sécurité de la question du Sahara marocain. Cet examen interviendra dans un contexte différent de celui de la dernière année et devrait nous inciter à agir, relativement tôt, pour préparer cette échéance dans, les meilleures conditions possibles.

    A. LE CONTEXTE: IL EST CARACETRISE PAR LES DETERMINANTS SUIVANTS:

    -Les engagements pris avec Washington : dans le communiqué commun, qui a sanctionné la visite de Sa Majesté le Roi aux Etats Unis, le Maroc a pris des engagements concrets concernant particulièrement la dimension des Droits de l’Homme au Sahara marocain ;

    -La tension très aiguë et sans précédent observée dans les relations maroccoalgériennes et les mesures et initiatives de provocation prises par les responsables de ce pays ;

    -L’absence de tout progrès dans le processus de négociation ;

    -la nouvelle configuration du Conseil de sécurité est dominée par les défenseurs des droits de l’Homme ;

    -La sortie du Maroc du Conseil de sécurité, après l’accomplissement de son mandat de deux ans ;

    -Les tentatives d’intrusion de la Présidente de la Commission africaine, dans le processus de règlement onusien.

    B. LES ATTENTES DES PARTENAIRES ET DU CONSEIL DE SECURITE:

    Ces attentes sont liées au progrès dans l’exécution du mandat de M Ross, à la poursuite par le Maroc de ses efforts en matière de promotion et de protection des Droits de l’Homme et à l’amélioration des relations maroco- algériennes.

    1. L’avancement du processus de négociation:
    Le changement d’approche pour la conduite des négociations par l’Envoyé personnel du Secrétaire Général et son acceptation par les parties est le seul élément nouveau enregistré durant cette année. Il est de nature à favoriser des discussions ciblées, tout en évitant les questions du statut final et du procédé d’acceptation par la population du Sahara de la solution politique dégagée.

    Bien sûr, ce n’est pas la première fois que cette approche est préconisée. MM. Peter Van Walsum et James Baker l’ont expérimentée sans résultat tangible, mais nous sommes obligés de suivre M. Ross, étant donné l’accueil favorable réservé par les membres du Conseil à la méthode des navettes qu’il a proposée, pour pouvoir identifier des points de convergence entre les parties.

    L’inauguration par M. Ross de cette nouvelle approche, durant sa prochaine visite de la région, à la fin de janvier, et ses résultats composeront l’essentiel du rapport de mars prochain et il est, dés lors, important d’éviter que la problématique des droits de l’Homme constitue l’élément dominant de ce rapport, dont le contenu influe sur les dispositions de la résolution du Conseil de Sécurité.

    2. La problématique des Droits de l’Homme :
    En l’absence de tout progrès dans le processus de négociations, nos adversaires continuent malheureusement de focaliser l’attention du Conseil sur la situation des Droits de l’Homme dans la région du Sahara. L’élaboration par les Etats Unis, l’année dernière, d’un premier projet élargissant le mandat de la MINURSO à la supervision des Droits de l’Homme, bien que retiré au dernier moment, à détruit un tabou et fait naître un espoir dans le camp de nos adversaires.

    Il est, par conséquent, très prévisible que ces derniers s’y prennent en avance et intensifient leur campagne, de concert avec l’Union Africaine, pour pousser à l’élargissement du mandat de la MINURSO au domaine des Droits de l’Homme.

    3 L’amélioration des relations entre le Maroc et l’Algérie:

    Bien qu’elle représente un voeu profond des peuples maghrébins, une revendication internationale persistante et une exigence objective, dictée par la communauté des défis auxquels est confrontée la région, l’amélioration des relations entre le Maroc et l’Algérie demeure un objectif fuyant et difficile à concrétiser, en l’absence d’un changement dans la classe politique et la structure de l’Etat en Algérie.

    De ce fait et malgré l’acceptation par le Maroc des différentes approches préconisées par l’Algérie pour dynamiser ces relations (laisser de côté la question du Sahara, mettre à plat tous les dossiers en suspens sans exception ….) et nos tentatives répétées d’avancer sur des dossiers non conflictuels avec notre voisin, l’engagement de l’Algérie est resté de façade et de circonstance, reflétant une volonté de blocage total.

    Toutefois, les premières retombées du printemps arabe et la montée de la menace terroriste dans la région sahelo- saharienne, qui a touché la Mauritanie et l’Algérie, ont fait naître une prise de conscience, de la part de l’Europe et les États-Unis, de l’importance de la coopération maroco- algérienne pour leur propre sécurité et celle de leurs zones d’influence. Cette prise de conscience les a incités à plaider en faveur de cette coopération. Elle a, également, a été derrière l’inclusion de la dimension maroco -algérienne dans le mandat de M. Ross et les tentatives de ce dernier de réanimer ces relations.

    Or, tant que le Maroc s’accommodait d’une participation protocolaire de l’Algérie aux réunions informelles, les dirigeants de ce pays ont fait l’effort de prendre part à des discussions marginales et à autoriser quelques Ministres techniques à visiter le Maroc. Cependant, à partir du moment où le Maroc a décidé de responsabiliser l’Algérie et de lui demander formellement, par l’intermédiaire de M Ross, son implication dans les négociations, la réponse algérienne ne s’est pas faite attendre.

    En effet, on assiste depuis le changement de gouvernement et l’arrivée de M. Laamara à la tête de la diplomatie algérienne, à une radicalisation de la position de ce pays et à la multiplication d’initiatives pour rendre toute normalisation des relations entres nos deux pays difficile, voire impossible à réaliser dans le futur immédiat. La coïncidence, cette année, du débat d’avril avec les élections présidentielles en Algérie n’augure pas d’un quelconque assouplissement de l’attitude de ce pays, bien au contraire.

    C. L’ATTITUDE DES AUTRES PARTIES :
    L’Algérie : depuis une année les dirigeants de ce pays ont tout fait pour annihiler les effets des petits pas que M. Ross a fait faire aux relations bilatérales avec le Maroc. Tout prétexte était bon pour entraver la moindre évolution. Les derniers mois de 2013, se sont distingués par une surenchère sans précédent avec, pour la première fois, la demande d’élargissement du mandat de la MINURSO faite officiellement par l’Algérie au nom de son Président, le 29 octobre dernier à Abuja, sans compter les actions de mobilisation de la société civile algérienne par l’intermédiaire de la CNASPS et l’envoi d’une délégation de l’Assemblée Nationale aux débats sur la question du Sahara à la quatrième Commission des Nations Unies ou encore les déclarations répétées du porte parole du Ministère des affaires étrangères algérien accusant le Maroc de tous les maux de son pays.

    Le polisario : au fur et à mesure que nous approchons d’avril, le polisario et ses relais s’activeront sur la seule question des Droits de l’Homme. Dans leur esprit, l’initiative malencontreuse des américains de l’année dernière -même si elle a été retirée- a joué en leur faveur et ils feront tout pour la ressusciter. La sensibilité de la part des membres du Conseil de Sécurité à la thématique des Droits de l’Homme, se fera plus explicite maintenant que le Maroc est en dehors du Conseil. Mais si nous présentons des mesures crédibles et convaincantes à nos partenaires, nous pouvons avorter les velléités de nos adversaires et écarter l’idée d’élargissement du mandat de la MINURSO.

    D. QUELQUES PROPOSITIONS D’ACTIONS

    1. Conforter M. Ross dans ses bons offices sans faire de concessions :

    La prochaine visite de l’Envoyé personnel et ses résultats constitueront l’essentiel du rapport du Secrétaire général de mars prochain. Pour éviter que le rapport soit chargé par des développements sur les droits de l’homme, nous avons intérêt à « donner du blé à moudre » à M. Ross et à lui démontrer notre bonne volonté à mettre en oeuvre sa nouvelle approche, tout en mettant les points sur les « i » et en clarifiant ce qui doit l’être, particulièrement sur la notion de compromis ainsi que, la centrante et l’actualité de notre proposition d’autonomie.

    2. Mise en oeuvre des promesses faites aux Etas Unis :

    L’acceptation par Washington d’un communiqué commun avec un langage succinct et générique sur les droits de l’homme au Sahara s’est faite avec la promesse que notre pays entreprendra souverainement des actions concrètes, substantielles et dans des délais déterminés, mais en tout cas bien avant l’échéance d’avril prochain. Il y a, par conséquent, une attente non seulement de Washington mais aussi de Londres et, bien sûr, de notre seul appui la France. Nous
    sommes appelés à adopter les mesures convenues et a les mettre en oeuvre, à en informer les trois Capitales, avant d’entamer le processus de concertation sur le projet de résolution.

    La diligence qui sera apportée à l’adoption de ces mesures et leur portée, seront déterminants pour convaincre « le Groupe des Amis » de l’inopportunité de la visite de la Haut Commissaire au Sahara. Elles seront aussi cruciales pour convaincre les Américains de rédiger un projet de résolution en termes d’encouragements à nos mesures nationales et de ne pas donner suite aux demandes d’élargissement du mandat de la MINURSO ou de visite de La Haut Commissaire. Enfin la réussite de cette démarche concertée nous permettra d’endiguer les manoeuvres éventuelles du Nigeria au sein du Conseil et celles de l’Algérie et de l’Afrique du sud pour injecter l’idée du mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO.

    3. Le recensement :

    En même temps que nous mènerons des efforts sur le volet des Droits de l’Homme, il est indispensable d’engager un effort soutenu, concomitant et tout azimut autour de la question du recensement auprès, non seulement du HCR et du Secrétaire général des Nations Unies, mais aussi auprès de l’Union Européenne, du Groupe des amis du Secrétaire Général et des ONG internationales influentes, pour réclamer l’accomplissement de cette opération. L’objectif étant de gêner l’Algérie et le polisario sur leur propre terrain et de renforcer le langage de la prochaine
    résolution du Conseil.

    Si jusqu’à présent, cette thématique a été confinée au HCR et traitée selon une approche sélective et progressive, le temps est venu d’en faire un leitmotiv de notre discours dans toutes les instances et en toute circonstance, d’autant plus que c’est l’unique aspect du différend qui met l’Algérie en difficulté.

    L’action diplomatique sur cette thématique devrait, également, engager des partis politiques, des élus et des Organisations Non Gouvernementales des provinces du Sud et cibler le Secrétariat de l’ONU, le Groupe des Amis et les grandes ONG Internationales.

    4. Interaction avec les membres du Conseil de Sécurité :
    II serait hautement recommandé d’effectuer des visites auprès des membres du Conseil de Sécurité afin de les familiariser avec notre dossier, les tenir au courant des derniers développements et leur faire appréhender ses enjeux.

    a. Les nouveaux Membres :
    • Le Nigeria : II y a quatre ans, ce pays a été un adversaire actif au sein du Conseil et s’est mobilisé sur la thématique des Droits de l’Homme, en présentant même des amendements aux résolutions sur le Sahara. Tout porte à croire qu’il continuera dans cette logique, en servant de principal relais de l’Union Africaine au sein du Conseil.

    Nous devons maintenir un contact régulier avec ce pays et utiliser toutes les influences possibles pour le neutraliser et réduire sa capacité de nuisance, d’autant plus qu’il assumera la présidence du Conseil pendant le mois d’Avril prochain.

    • La Jordanie : ce pays arabe, qui a pris la place de l’Arabie Saoudite au sein du Conseil, a une proximité marquée avec les pays occidentaux, notamment des Etats Unis. Son statut de pays voisin lié à Israël par un accord de paix et associé à la solution du conflit israélo- palestinien ne lui permettra pas de prendre les mêmes risques qu’aurait pris l’Arabie Saoudite pour défendre nos intérêts sur la question du Sahara. En outre, les positions très pro-occidentales du Prince Zeid, l’Ambassadeur Représentant permanent de Jordanie, l’inciteront, tout au plus, à afficher une neutralité positive pour ne pas mécontenter l’Algérie. Ceci dit, des instructions des Hautes autorités jordaniennes et une pression amicale ponctuelle de l’Arabie Saoudite pourraient changer la donne et nous assurer un minimum d’appui de la part de ce pays.

    • Le Chili : l’arrivée de la socialiste Mme Bachelet à la magistrature suprême dans ce pays, risque d’être exploitée par nos adversaires à leur avantage, si nous ne prenions pas les devants. La position de ce pays a toujours été marquée par beaucoup d’hésitation. Il est, par conséquent, souhaitable de programmer une visite, au plus tôt, pour contenir ce risque.

    • Le Tchad : Ce pays a été absent sur la scène des Nations Unies et a préféré s’investir dans l’action de l’Union Africaine à travers laquelle il s’est trouvé engagé dans plusieurs forces africaines de stabilisation ou dans des opérations hybrides ONU- UA. Il serait indiqué de nous assurer au moins la neutralité de ce pays africain pour empêcher toute coalition favorable à l’Union Africaine au sein du Conseil.

    b. Les autres Membres du Conseil:

    Le fait que les autres pays membres du Conseil de Sécurité soient, pour la plupart familiers avec notre position et nos attentes, ne nous dispense pas de la nécessité de les démarcher, au niveau approprié.

    La France : la posture de ce pays, pendant longtemps notre principal appui au sein du Conseil, est devenue la cible des critiques de la part de l’Algérie et du polisario, surtout sur l’aspect des Droits de l’Homme. Il importe de rappeler, à cet égard, les nuances apportées par Paris à sa position durant les débats de l’année dernière (non utilisation du veto, respect des Droits de l’Homme, non appui à l’autonomie dans le discours français et le rappel du Quai d’Orsay de « l’attachement de la France au droit de manifester » au lendemain de l’adoption de la résolution 2099). Nous sommes, donc, appelés à nous concerter davantage avec ce pays à différents niveaux, à partager avec lui, en priorité, nos intentions et notre stratégie et à le mettre dans la confidence, en vue de nous assurer de son appui agissant au Conseil, seul à même de nous prémunir contre les états d’âmes des américains et la complicité britannique.

    Le Royaume Uni : une attention particulière devrait être prêtée à ce pays, fervent promoteur de l’idée de visite de la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme et partenaire privilégié de Washington au Conseil de Sécurité

    La Russie : Le refus par ce pays de toute imposition aux parties à un différend, nous a permis de contenir l’initiative américaine d’avril dernier. La prochaine visite de M. Lavrov prévue au Maroc sera l’occasion de l’informer de nos actions et initiatives relatives à la question du Sahara marocain et à solliciter l’appui de son pays à notre approche.

    Le Rwanda : ce pays a multiplié les appels au Maroc pour un renforcement des relations. Il y a une perspective de retrait de reconnaissance en vue. Une invitation de la Ministre des Affaires Etrangères pour visiter notre pays serait bien accueillie, pour concrétiser les engagements pris au plus haut niveau et confirmer la position très positive adoptée par Kigali lors des débats de 2013 au Conseil. Si nous parvenons à faire adopter par le Tchad une position engagée et positive à notre égard, ce pays pourra constituer avec Rwanda un binôme qui nous fera éviter toute aliénation de la position de ces deux pays à l’Union Africaine.

    • Une mention spéciale doit, enfin, être faite des pays ayant des traditions de défense des Droits de l’Homme et qui peuvent, de ce fait, être perméables à la propagande de nos adversaires, sans pour autant nous être forcément hostiles. Il s’agit principalement de l’Argentine et du Chili- en raison de leur passé- de l’Australie, du Luxembourg de la Lituanie et de la Corée. Eux aussi doivent être informés des nouvelles mesures prises par le Maroc en matière des Droits de l’Homme.
    L’élaboration et la remise à nos interlocuteurs d’un « livre blanc » sur les efforts entrepris par le Maroc en matière des Droits de l’Homme est à considérer pour prouver notre engagement comme support pour notre campagne et l’illustration de notre engagement.

    5. La visite à New York de MM. Baraka, El Haiba et El Yazami :
    En appui aux visites dans les capitales et aux démarches à Rabat et en vue de partager avec les autres membres du Conseil l’état d’avancement de la nouvelle dynamique de développement humain dans les provinces du sud et les mesures qui seront mises en oeuvre dans le domaine des droits de l’Homme, il est souhaitable que MM. Nezar Baraka , Président du CESE , M Mahjoub El Haiba , Délégué Intergouvernemental au Droits de l’Homme et M. Driss El Yazami, Président du CNDH se déplacent à New York pour des présentations et des entretiens avec les membres du Conseil de sécurité et des responsables du secrétariat chargés du dossier du Sahara . Une telle visite devrait se dérouler suffisamment à I’ avance (de préférence en février) pour que leurs inputs soient intégrés dans le projet de rapport du secrétaire général.

    6. La visite de Mme Pillay :
    Nous devons continuer à rejeter l’idée d’une visite couplée de la Haut Commissaire à Rabat et au Sahara car une telle visite nous ferait rentrer dans un engrenage dangereux. En effet, une telle visite donnerait lieu à un briefing autant au Conseil de sécurité qu’au Conseil des Droits de l’Homme à la demande de n’importe quel membre des deux organes. Et une fois le premier briefing donné, il sera suivi d’autres et deviendra ainsi institutionnalisé, avec le risque de voir la question du Sahara rentrer dans une dynamique périlleuse qui changera le prisme de cette question.

    7. La résistance aux machinations du polisario :
    Durant les cinq dernières années, nous avons été obligés de gérer, pendant l’examen de la résolution, des situations qui ont affaibli notre capacité de négociation (l’arrestation du groupe des 6 indépendantistes à leur retour d’une visite médiatisée à Alger et Tindouf, le cas d’Aminatou Haidar, le démantèlement du camp Gdim Izik , le jugement par le tribunal militaire ….).

    Nous devons nous efforcer, durant les quatre mois à venir, d’éviter toute situation pouvant être mise à profit par nos adversaires pour décrédibiliser les mesures annoncées à Washington ou compliquer la négociation de la résolution.

    Bien sûr, cette démarche prudente et anticipative n’est pas synonyme de laxisme dans notre réaction aux provocations du polisario et, plus encore maintenant, de l’Algérie.

    8. Empêcher une décision de l’Union Africaine en janvier :
    II a été démontré durant l’année écoulée que la Présidente de la Commission
    africaine s’entête à mettre en oeuvre son propre agenda et celui de son pays, en cherchant à interférer dans le processus de négociation de la question du Sahara. Elle a saisi, à cet effet, le Secrétaire général et les membres du Conseil de Sécurité, particulièrement les permanents parmi eux.

    Le prochain sommet africain, de fin janvier et début février, constitue une date charnière et une épreuve de force dans notre combat contre les desseins de Mme Zuma. Nous sommes condamnés à réussir ce défi qui nous est lancé par la Présidente de la Commission africaine.

    En effet, si nous parvenons à mobiliser une minorité de blocage constituée de 15 à 20 pays convaincus, engagés et résistants aux pressions l’Algérie, qui resteront actifs et solidaires tout au long des réunions préparatoires du Sommet, nous aurons mis en échec les desseins de Mme Zuma, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud et en même temps avorté les sollicitations de l’Union Africaine pour se trouver un rôle dans le règlement du dossier du Sahara. L’issue de ce duel au sein de l’Union Africaine aura indubitablement une résonance au Conseil de sécurité, au Secrétariat des Nations Unies et, bien sûr, en Afrique.

    9. Une interaction avec les intervenants dans la rédaction du rapport (SG , DPKO, DPA, HCDH) :

    Pour bien préparer l’échéance d’avril, une quadruple interaction est hautement indiquée avec :

    • Le Secrétaire général des Nations Unies : une rencontre de M. Le Ministre avec M. Ban Ki-Moon, avant avril, serait la bienvenue, surtout si elle se tient à New York. Elle sera une occasion pour une première prise de contact, pour une valorisation de notre partenariat avec les Nations Unies (Mali, Sahel, RDC, RCA, Côte d’Ivoire …), et pour des mises au point sur l’évolution du processus de négociation et son devenir.

    • Le responsable du Département des Opérations de Maintien de la Paix : je compte tenir des réunions de travail avec M Ladssous pour discuter du contenu du rapport sur le Sahara marocain et tenter de l’amener à un rééquilibrage dans la structure du rapport du SG.

    • Le responsable du Département des Affaires Politique : ce Département a aussi son mot à dire dans l’orientation du rapport du SG. Je compte me réunir avec M Feltman et son équipe sur l’orientation dudit rapport. Je voudrais réitérer ma demande d’une contribution substantielle du Maroc au Budget de ce Département. Elle est de nature à favoriser un début de changement de l’attiude hostile de son responsable M. Feltman, un grand ami de M. Ross, vis-à-vis de notre dossier.

    • La Haut Commissaire aux Droits de l’Homme : il importe de prévenir, dans la contribution de la Haut Commissaire, Mme Pillay, au rapport du SG d’avril prochain, une recommandation qui irait dans le sens d’un élargissement du mandat de la MINURSO, comme cela a été fait durant les trois dernières années et de la dissuader de visiter les provinces du Sud, afin d’écarter toute instrumentalisation de la part de nos adversaires.

    10. Une réunion des Ambassadeurs de Sa Majesté auprès des membres du Conseil de Sécurité:
    Afin de mobiliser le soutien nécessaire à notre stratégie, la tenue d’une réunion avec les Ambassadeurs de Sa Majesté accrédités auprès des 15 membres du Conseil paraît opportune. Elle sera l’occasion de les tenir informés des derniers développements et de la stratégie adoptée, d’unifier le message qui sera transmis à leurs interlocuteurs et de convenir d’une feuille de route comportant les actions à mener pour la période nous séparant de la date d’avril.

    Cette réunion, qui se tiendrait sous l’autorité de Monsieur le Ministre, verrait la participation des Présidents du CNDH du CESE, du Délégué Intergouvernemental pour les Droits de l’Homme et des représentants des Départements et Services partenaires dans la gestion du dossier du Sahara.

    Conclusion : Pour bien préparer l’échéance d’avril et travailler dans la confiance réciproque avec les américains qui sont les rédacteurs de la résolution, le facteur temps est d’une importance cruciale. Or le temps qui nous sépare d’avril est très court, au regard des actions que nous sommes appelés à entreprendre.

    -New York le 6 janvier 2014-

    #Maroc #Sahara_Occidental #Front_Polisario #ONU #Conseil_de_Sécurité

  • Complots du Maroc au sein des processus bi-régionaux

    Complots du Maroc au sein des processus bi-régionaux

    Maroc, Sahara Occidental, Afrique, Union Africaine, processus bi-régionaux, ASACOF, Afrique-UE, NEPAD

    Royaume du Maroc
    Ministère des Affaires Etrangères
    et de la Coopération
    Le Secrétaire Général

    Réflexion sur l’attitude à suivre face aux manœuvres des adversaires de notre intégrité territoriale au sein des processus bi-régionaux
    06/10/2010

    Le Maroc participe activement aux divers dialogues bi-régionaux impliquant l’Afrique. Sa participation et son dynamisme au sein de ces dialogues revêtent une grande importance pour la défense de ses intérêts et de ceux des pays africains auprès des autres régions du monde. Ils revêtent une importance toute particulière pour l’exercice du rôle qui lui revient et maintenir sa visibilité au niveau continental, surtout que son absence des organes de l’Union Africaine le contraint à utiliser d’autres canaux de dialogue, de coopération et d’influence.

    Cependant, l’Algérie tente de perturber la participation du Maroc à ces processus bi-régionaux par plusieurs moyens notamment par ses tentatives d’imposer la pseudo « rasd » à l’occasion de réunions organises dans le cadre desdits processus, violant ainsi le format du Caire qui prévaut dans tous les partenariats impliquant l’Afrique.

    Ces manœuvres sont opérées essentiellement au siège de l’Union Africaine où il est difficile d’engager une bataille dont le risque de la perdre semble probable en raison de l’hostilité du terrain du combat. Des exemples d’intrusion des mercenaires et du retrait de la délégation marocaine ont été enregistrés à l’occasion des réunions de l’atelier sur le financement de la stratégie conjointe Afrique-UE, du comité de pilotage du 3ème Sommet Afrique-UE et des Hauts fonctionnaires de l’ASACOF (Afrique-Amérique du Sud) tenues respectivement les 5-7 octobre 2009, le 16 juillet 2010 et le 7 septembre 2010.

    Ces manœuvres sont facilitées par l’implication de la Commission de l’Union Africaine qui, sous pression algérienne et de certains de ses hauts fonctionnaires, notamment le Commissaire chargé de la paix et la sécurité (l’algérien Laamamra) se croit dans l’obligation d’adresser des invitations aux mercenaires pour participer audits processus.

    De telles manœuvres sont également opérées dans des pays hostiles à notre cause nationale lorsqu’ils abritent des rencontres bi-régionaux. La réunion des hauts fonctionnaires du NAASP (Afrique-Asie) tenue à Durban (Afrique du Sud) en décembre 2006 et la réunion du Groupe d’experts du commerce de l’ASACOF tenue en 2008 à Caracas (Venezuela) en sont des illustrations.

    Récemment, la multiplication de ces manœuvres nous donne des raisons de croire que nous sommes en face d’une nouvelle tactique d’Alger qui tend à inverser la situation actuelle qui est en notre faveur et perturber la participation de notre pays en imposant la participation des mercenaires.

    Face à cette nouvelle offensive, notre pays devra poursuivre la sensibilisation des pays africains et des pays partenaires en maintenant la pression afin de contrecarrer ces manœuvres et ne pas donner l’impression à l’Algérie que sa nouvelle tactique commence à donner des fruits.

    De telles sensibilisations sont très utiles pour que les délégations marocaines puissent, le cas échéant, affronter dans de meilleures conditions et avec rigueur, d’éventuelles situations d’intrusion des mercenaires.

    Bien que le Maroc devra faire preuve d’une certaine cohérence dans la stratégie à suivre et l’attitude à adopter face à ces manœuvres, il n’en demeure pas moins que les spécificités de chaque partenariat est à prendre en considération :

    Les dialogues Afrique-Chine (FOCAC), Turquie-Afrique, Corée-Afrique et Afrique-Japon (TICAD) ne comprennent qu’un seul pays en partenariat avec l’Afrique. La Commission de l’Union Africaine (CUA) n’a pas réussi, à ce jour, à imposer la formule dite « de Banjul » décidée en juillet 2006 par le Sommet de l’UA au sujet des partenariats avec un seul Pays et qui restreint la participation africaine aux seuls présidents de l’UA et des CERs. Par ailleurs, l’UA a déposé sa candidature pour devenir membre à part entière du FOCAC alors qu’au niveau de la TICAD, elle s’est contentée de demander l’exercice par la CUA du rôle de suivi de ce processus.

    Par contre, la CUA a réussi à imposer, dans le partenariat de l’Afrique avec l’Inde, la « formule de Banjul » qui limite la représentation africaine au dialogue avec ce pays aux présidences de l’UA, des CERs et du secrétariat exécutif du NEPAD, ce qui a exclu, pour le moment, le Maroc et privilégie l’Algérie.

    Le Dialogue France-Afrique, qui est un processus de concertation historique ne comporte aucun risque de dérapage pour notre pays.

    Le Partenariat Afrique-UE comprend, aux côtés des pays africains, les 27 pays européens, la commission et le conseil qui semblent comprendre les préoccupations marocaines et pourraient user de leur influence pour rétablir les situations de dérapage. D’ailleurs, suite à l’intrusion des mercenaires, le 16 juillet 2010 au siège de l’UA à Addis-Abeba, à la 2ème réunion du Comité de pilotage, la CE a établi des « règles strictes » pour garantir, à l’avenir, le respect du format du Caire.

    Le Partenariat arabo-africaine comporte moins de risques quant à l’intrusion des mercenaires du fait qu’aussi bien la Ligue Arabe que les Etats arabes ne s’aventureraient pas dans une situation qui bloquerait le fonctionnement du Partenariat déjà paralysé depuis plusieurs années.

    Le partenariat de l’Afrique avec l’Asie (NAASP) se caractérise par une neutralité marquée des pays asiatiques et un appui de la majorité des pays arabes à la position marocaine, en plus du précèdent favorable à notre pays qui fut marqué par une forte offensive marocaine réussie contre les tentatives d’intrusion des mercenaires à la réunion des Hauts fonctionnaires du NAASP (Durban, décembre 2006).

    L’ASACOF (Afrique-Amérique du Sud) parait le plus risqué du fait qu’il comprend parmi les membres de sa partie sud-américaine six pays sur douze qui reconnaissent la fantomatique « rasd » dont le Venezuela, pays activement hostile à notre cause nationale.

    Face à ces manœuvres et compte tenu de ce qui précède, les délégations marocaines sont appelées à suivre la démarche suivante:

    En dehors du siège de l’Union Africaine : Il est recommandé d’exiger le retrait de la « rasd » et mener une bataille minutieusement préparée à l’avance et soutenue par des campagnes de sensibilisation. Cette démarche est d’autant plus indiquée qu’il ne faut pas donner l’impression à l’Algérie que ses manœuvres aboutissent aux résultats escomptés.

    Au siège de l’Union Africaine : Si la délégation marocaine est obligée de se retirer, par souci de préserver son honneur et sa dignité, une déclaration solennelle devra être prononcée, avant que le Président n’ouvre la séance, pour expliquer nos arguments, marquer la sortie de notre délégation et ne pas se contenter d’un retrait discret. De telles déclarations s’avèrent très utiles pour poursuivre la campagne de sensibilisation et revenir au front lorsque la réunion se tiendra en dehors du siège de l’UA.

    Par ailleurs et pour renforcer le positionnement et la visibilité de notre pays, il est recommandé de montrer avec beaucoup de dynamisme l’intérêt que porte le Maroc à ces processus bi-régionaux en contribuant activement à leurs activités et en abritant des rencontres organisées dans leur cadre. Investir davantage dans ce sens ne pourra que contribuer au raffermissement de notre crédibilité et notre positionnement au niveau de ces processus.

    S’agissant de l’attitude à adopter à l’égard de l’Union Africaine et sa Commission (CUA), il y lieu de souligner ce qui suit :

    Les délégations et les représentants de notre pays ne devront exprimer aucune hostilité à l’égard de l’Union Africaine et de la CUA. Il n’est pas recommandé d’entrer en confrontation avec cette institution qui représente la fierté des africains, y compris de nos amis les plus proches. D’autant plus que cette institution entretient des relations de coopération de plus en plus denses avec l’ensemble des grandes puissances et des puissances émergeantes ainsi qu’avec une grande majorité des organisations internationales et régionales, en premier lieu l’Organisation des Nations Unies.

    Le Maroc n’a pas de problèmes avec l’institution en tant que telle. Il a des problèmes avec une partie de la composante gouvernementale de l’Union Africaine. D’abord l’intégration de la pseudo « rasd » parmi les membres de l’UA sans aucune légitimité internationale et ensuite l’acharnement de certains pays membres de cette Organisation conte les intérêts suprêmes du Maroc.

    A cet effet, des ouvertures de « coopération discrète» avec la CUA (diffusion de l’information, échanges de Notes verbales, de notes et de rapports, etc.) s’opèrent nécessairement à l’occasion de la participation de notre pays aux processus bi-régionaux, de l’exercice de sa capacité de chef de file et de coprésident et/ou à l’occasion de la tenue au Maroc d’une rencontre bi-régionale impliquant l’Afrique.

    Dans le cadre de cette « coopération discrète » établie avec la CUA, le Maroc devra, plutôt, maintenir la pression sur cette institution pour la persuader à ne pas inviter la pseudo « rasd ». Une telle attitude vaut mieux qu’une confrontation dont le résultat est connu à l’avance.

    Lors des négociations de textes dans le cadre des partenariats bi-régionaux, les délégations marocaines s’abstiendront de s’opposer à l’inclusion de l’UA et de la CUA lorsqu’il s’agit de leur rôle de secrétariat, d’impulsion ou de coordination qui entrent dans leurs prérogatives en tant qu’instituions et interlocuteurs incontournables des institutions similaires des autres régions partenaires.

    Les délégations marocaines s’opposeront, par contre, à l’insertion, dans des textes conjoints, de langages qui tendent exercer une certaine prééminence de l’UA et de sa Commission, à dévier le processus de son format initial, tels que les « Ministres de l’UA et de l’UE ont décidé » ; Sommet ou Forum « UA-UE » ; « UA-Asie » ; « UA-CHINE »; etc. ou qui vise à faire bénéficier du dialogue ou de la coopération, par un langage indirect, une entité non membre des processus bi-régionaux, tels que les « ….Etats membres de l’UA…..».

    Malgré tous les efforts, certaines situations continueront d’embarrasser notre pays notamment lorsqu’il s’agit de la coopération des organes gouvernementaux de l’UA avec leurs vis-à-vis des autres régions partenaires, tels que les relations du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, de l’ECOSSOCC et du Parlement panafricain avec les institutions européens où la possibilité de la participation de la pseudo « rasd » n’est pas à écarter.

    D’autre part, le Maroc pourrait être également embarrassé par des programmes de soutien aux organes opérationnels de l’UA. Le financement par l’UE, par exemple, de l’architecture de paix et de sécurité de l’UA (APSA) dont la « Standby force » en est une importante composante, inquiète notre pays puisque la Brigade de l’Afrique du Nord qui comprend des « forces de la rasd » bénéficient de ce financement européen. A cet égard, ne pouvant pas s’opposer au financement de l’APSA par des fonds de l’UE, le Maroc a exprimé son mécontentement face au financement indirect, par des fonds européens, de la brigade de l’Afrique du Nord qui comprend parmi ses contingents «les forces de la rasd ».

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    #Maroc #SaharaOccidental #RASD #Afrique #Union_Africaine #Afrique_UE #ASACOF #Afrique_Amérique_du_Sud

  • Maroc : La bombe de Jalloud, le bras droit de Kadhafi

    Maroc : La bombe de Jalloud, le bras droit de Kadhafi

    Maroc, Libye, Kadhafi, Abdessalam Jalloud, Mémoires, Sahara Occidental, Hassan II,

    Abdessalam Jalloud, ancien bras droit de feu leader libyen Moamar Kadhafi vient de jeter un véritable pavé dans la marre du Makhzen marocain. Dans ses mémoires sous le titre « Les mémoires d’Abdessalam Ahmed Jalloud : L’épopée », il affirme s’être rendu chez le roi du Marocpour demander un soutien à l’indépendance du Sahara Occidental. Selon lui, la réponse de Hassan II a été : “Je vis dans un champ de mines dans mon pays et j’ai assez de problèmes. Je ne suis pas concerné par le Sahara Occidental et il n’est pas pas marocain pour que je le défende”.

    Dans une déclaration faite à la chaîne France2, Jalloud affirme s’être rendu ensuite auprès du Général Franco pour demander la décolonisation de sa colonie sahraouie. « Le Sahara Occidental n’est pas une veste qu’on peut mettre et enlever quand on veut. Laissez-moi le temps de préparer l’opinion publique espagnole », a déclaré le dictateur espagnol.

    Jalloud a participé aux côtés de Kadhafi dans le coup d’Etat qui a renversé la monachie en Libye. Il est devenu immédiatement le bras droit du zaïm libyen. Parmi les postes qu’il a occupé : ministère de l’intérieur, des finances, membre du secrétariat du Congrès Général du Peuple et a joué de nombreux rôles dans les affaires arabes à l’instar de la guerre civile libanaise.

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    Selon ses mémoires, il s’est rendu en Chine où il a rencontré le président Chu En Laï pour acheter la technologie de la bombe atomique. Grâce à lui, l’Iran a obtenu les missiles Skoud pour bombarder Baghdad.

    #Maroc #Libye #Kadhafi #Abdessalam_Jalloud #Mémoires #SaharaOccidental #HassanII