Mois : juillet 2022

  • Maroc: Controverse après la mort d’une trentaine de migrants

    Maroc, Espagne, Melilla, migrants africains, migration, droits de l’homme,

    Qui est responsable du drame de Melilla du 24 juin dernier ? Ce jour-là, environ 2000 migrants ont tenté d’entrer par la force dans l’enclave espagnole au Maroc ; une tentative qui a fait une trentaine de morts.

    Les images des autorités marocaines montrent ces migrants, majoritairement issus d’Afrique subsaharienne, tentant de grimper par dizaines sur le grillage séparant le Maroc du territoire espagnol de Melilla, jusqu’à ce qu’ils s’effondre sous leur poids. Au même moment, les forces espagnoles tiraient en leur direction des gaz lacrymogènes.

    Cette tentative de passage en force a fait 23 morts parmi les migrants, selon les autorités marocaines, « au moins 37 », selon des ONG.

    Rabat affirme que les victimes ont péri dans des bousculades, et en chutant de cette grille métallique ; une version contredite par des images rapidement apparues après le drame, avec des corps jonchant le sol dans des mares de sang, et des policiers marocains faisant un usage brutal de la force.

    Sujet sensible entre Madrid et Rabat

    La justice marocaine a engagé des poursuites contre 65 migrants en situation irrégulière, en majorité des Soudanais, qui ont pris part à cette tentative de traversée.

    Le sujet est très sensible entre le Maroc et l’Espagne, car Madrid compte sur son voisin maghrébin pour contenir cette pression migratoire.

    Sur ce drame, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a pointé la responsabilité de Rabat, avant de nuancer son propos en disant « reconnaitre les efforts du Maroc » pour gérer les migrants.

    Le Maroc, gendarme migratoire de l’UE ?

    Les associations qui représentent les communautés subsahariennes dénoncent cette situation, estimant que le Maroc joue le rôle de gendarme de l’UE. Ils étaient devant le parlement à Rabat vendredi.

    « Nous avons émis des recommandations aux autorités marocaines, qui sont chargées de mettre en place une enquête indépendante pour identifier les responsables de ce massacre, mais surtout pour l’identification de toutes les dépouilles, afin de rendre leurs corps à leurs proches ou de les enterrer dans des conditions humaines » a déclaré Mamadou Diallo, coordinateur du Collectif des communautés subsahariennes au Maroc.

    « Nous demandons l’arrêt de la politique migratoire financée par l’Union européenne » a-t-il ajouté.

    À Madrid, plusieurs centaines de personnes ont repris les slogans du mouvement « Black Lives Matter » et scandé « Aucun être humain n’est illégal ! », « Les antiracistes sont là ! » ou encore « Union européenne, responsable criminelle ! » et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Les frontières tuent ».

    Ce nouveau drame migratoire aux portes de l’UE survient après que Madrid et Rabat ont normalisé à la mi-mars leurs relations à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental.

    Pour Madrid, cette normalisation a pour but principal de s’assurer de la « coopération » de Rabat dans le contrôle de l’immigration illégale.

    Le bilan humain de ce drame est le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et Ceuta et Melilla, les seules frontières de l’UE sur le continent africain, et il a provoqué l’indignation internationale, avec notamment des propos d’une sévérité rare de la part de l’ONU, ainsi que l’ouverture de deux enquêtes en Espagne et une mission d’information au Maroc.

    Euronews, 03/07/2022

    #Maroc #Melilla #Espagne #Migrantsafricains

  • Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

    Maroc. Dans l’intimité des trois(3) rois

    Maroc, Mohammed V, Hassan II, Mohammed VI, roi du Maroc,

    Malgré leur tropisme moderniste, l’intimité des trois rois du Maroc indépendant a toujours été régie par d’obscures habitudes et des codes de bienséance archaïques, en grande partie méconnus.

    TelQuel lève le voile, en dressant des profils psychologiques croisés de Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI.

    Pourquoi parler des trois rois alors que la monarchie marocaine est millénaire ? Pourquoi s’arrêter à Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI, alors que l’intimité makhzénienne et les codes dont elle use se veulent immémoriaux ? Posez la question à Mohammed VI… C’est lui-même qui, à son avènement, a voulu ressusciter la mémoire de son grand-père tout en maintenant vivace celle de son père. à sa demande, Bank Al-Maghrib a alors imprimé des billets estampillés “trois rois”, avec trois portraits judicieusement juxtaposés par ordre chronologique. L’humour populaire marocain, grinçant comme on le connaît, a immédiatement rebaptisé ce tableau historique : “bbat l’malik, l’malik, ould l’malik” (le père du roi, le roi, le fils du roi).

    La figure centrale était bien sûr celle de Hassan II, “roi-soleil” qui a frappé l’imagination de ses sujets au point d’incarner, à leurs yeux, l’expression ultime de la royauté – toute autre, y compris celles de ses père et fils, ne pouvant être perçues que comme des ersatz. Et pourtant… Chacun à sa manière, Mohammed V, Hassan II, comme l’actuel monarque, ont marqué une nette évolution dans la manière de vivre et de faire vivre, intimement, le pouvoir suprême.

    Choisir d’évoquer l’intimité de nos trois derniers rois, c’est ainsi évaluer la perméabilité de la monarchie marocaine aux assauts de la modernité.

    C’est découvrir des souverains humains (y compris dans leurs excès), en prise – sinon aux prises – avec leur temps (y compris pour le nier en ressuscitant des coutumes hors d’âge), assaillis de dilemmes (politiques comme personnels), et qui évoluent en même temps que change un royaume, parfois plus vite, souvent plus lentement. Sonder l’intimité des trois rois, c’est entrouvrir les portes du sérail, pour éclairer les fêlures et les expériences marquantes d’une vie de monarque. C’est, en définitive, raconter l’histoire intime du Maroc.

    Derrière les murs

    La vie privée des rois se cache derrière les hautes murailles de leurs palais, véritables forteresses inaccessibles au commun des mortels. Elle est cachée aux regards, mais parfois mise en scène médiatiquement, notamment lors des interviews-photos accordées de temps à autre à certains magazines étrangers. Quelques rares indiscrets ont cependant révélé au grand public des bribes de cette intimité jalousement préservée. Comme Hicham Mandari (il se disait le fils caché de Hassan II) qui a défrayé la chronique à la fin des années 90, en volant des chèques et des bijoux à un monarque mourant, puis en menaçant de s’épancher dans la presse internationale sur les frasques de la famille royale – il s’est même payé une pleine page du New York Times pour faire chanter Hassan II.

    Cela n’a pas choqué grand monde qu’il finisse en 2004, abattu d’une balle dans la nuque dans un parking de Marbella, en Espagne. La vague de procès qui, ces dernières années, a touché d’anciens serviteurs du Palais, a de la même manière contribué à jeter un éclairage nouveau sur la vie intérieure des palais royaux. Dans la foulée de ce grand remue-ménage, on apprenait que Mohammed VI avait mandaté son homme d’affaires Mounir Majidi pour faire un audit général des palais en vue de réformer leur fonctionnement. Un temps, le bruit a même couru que Mohammed VI n’était pas contre l’ouverture au public de certaines de ses résidences. Une belle idée, mais qui n’a hélas pas fait long feu…

    Les petites vengeances de Hassan II

    Très “vingt-et-unième siècle”, cette médiatisation des problèmes d’intendance aura en tout cas été l’occasion d’un grand déballage, qui tranche étonnamment avec la loi du silence en vigueur sous Hassan II. Non pas que le règne précédent ait été pauvre en vols, détournements, histoires scabreuses et autres inconvenances, mais tout se réglait alors en famille, dans le secret des palais. De plus, les 3bid el 3afia (littéralement, “esclaves du feu” – corps aujourd’hui dissout) étaient là pour punir les indélicats.

    Au menu des sanctions : “Cachot, punitions corporelles, châtiments devant témoins et bien d’autres joyeusetés”, énumère un familier des palais. Mais le défunt roi-soleil savait aussi savourer des vengeances plus amusantes (pour lui, en tout cas). Un membre éloigné de la famille royale rapporte à cet égard une anecdote savoureuse : “Hassan II avait un proche collaborateur dont la fille, d’une grande beauté, lui plaisait beaucoup.

    Mais celle-ci était réticente aux avances du roi et avait menacé son père de se suicider s’il la livrait au monarque. Devant cet inébranlable refus, Hassan II n’eut d’autre choix que de renoncer à elle. Mais quelques mois plus tard, le roi prit son collaborateur en aparté et lui dit en substance : ‘Tu as aussi un fils en âge de se marier. Je me charge de tout. J’ai trouvé la perle rare qui lui conviendra’. Le jour des noces, l’heureux marié découvrit sa promise : un laideron réputé pour sa vertu”. Et notre source de commenter : “Voilà une vengeance typique de Hassan II… sibylline”.

    Le sultan confiné

    Si les monarques protègent toujours jalousement leur intimité, Mohammed V fait exception à la règle. Sa légende dorée a fait de lui un roi accessible et simple, soumis de force aux exigences du Protectorat. Dans Mohammed V, Hassan II, tels que je les ai connus (Tarik éditions, 2003), son médecin personnel, le Docteur Henri Dubois-Roquebert, se remémore le contexte de sa première entrevue avec celui qui n’était alors que le sultan Mohammed Ben Youssef : “En 1937, la personnalité intime du sultan était complètement ignorée du grand public (…) Les relations qu’il entretenait avec le monde extérieur ne pouvaient exister que par l’intermédiaire d’un fonctionnaire (français) qui portait le titre de ‘conseiller du gouvernement chérifien’.

    Les demandes d’audience n’étaient reçues qu’à condition d’être transmises par ce conseiller, qui assistait souvent aux entrevues”. Ben Youssef est ainsi, aux débuts de son règne, un sultan esseulé, coupé de la réalité marocaine par le Protectorat. Conséquence directe, le souverain cherche à mieux comprendre son peuple. D’où sans doute, d’après plusieurs de ses proches, sa propension à s’évader de son palais pour quelques heures d’anonymat. Le mythe est ainsi vivace d’un roi, habillé très simplement, qui circule anonymement en voiture, les yeux grands ouverts sur son peuple. Plus fidèlement, Dubois-Roquebert écrit : “Souvent, alors qu’il conduisait sa voiture, il lui arrivait de répondre à l’appel d’un auto-stoppeur, de le faire monter à ses côtés et d’entamer avec le voyageur auquel il avait soin de ne pas révéler son identité, une conversation dont il faisait son profit”.

    La simplicité d’un prince

    Près d’un demi-siècle plus tard, c’est cette image du souverain “en phase avec son peuple” qu’a voulu cultiver Mohammed VI. Bien avant son avènement, il avait déjà la réputation d’un homme simple, qui veillerait à alléger le protocole une fois intronisé. Prince héritier, il lui arrivait souvent d’aller danser au Jefferson ou à l’Amnesia, comme la jeunesse dorée r’batie, ou de fréquenter le resto à la mode de l’époque, le Crep’uscule. Et tout cela sans jamais déranger la clientèle habituelle, parfois même en régalant quelques connaissances… qui prenaient soin de garder la facture, en guise d’autographe !

    Sidi Mohammed était donc un prince simple – pas forcément accessible, mais simple. Devenu roi, il affiche clairement ses intentions : il n’habitera pas au palais du quartier Touarga, où il se contentera d’établir son bureau, mais dans sa résidence princière des Sablons, à Salé. Le nouveau souverain entend ainsi marquer la frontière entre sa vie privée et ses fonctions publiques.

    De fait, sous Mohammed VI, la vie du palais n’est plus ce qu’elle était : “Il n’y a tout simplement plus de palais, on est passé de 3000 à quelque 300 employés. D’ailleurs, tout le cérémonial qui préexistait avait été totalement inventé par Hassan II, très inspiré par l’exemple de Louis XIV”, commente un proche de la famille royale. Mohammed VI, soucieux de sa liberté de mouvement, a certes réduit les dépenses protocolaires, mais a-t-il pour autant des goûts simples ? Outre son goût, qu’il confesse lui-même, pour la “musique commerciale”, on connaît son penchant pour le jet-ski, un sport pas spécialement accessible.

    Surtout, on glose encore, à aujourd’hui, sur le montant de ses dépenses de vacances. A cet égard, les goûts de luxe de Mohammed VI le rapprochent plus de son père que de son grand-père. “Hassan II était un grand collectionneur. Il affectionnait particulièrement les montres de luxe et était très tatillon. Il choisissait toujours la même marque de costumes, des Smalto taillés sur mesure, et très cintrés”, se souvient un familier de la cour.

    Un roi pingre ?

    Si Hassan II avait un goût prononcé pour le clinquant, il savait engranger plus d’argent qu’il n’en dépensait. Un appétit financier sans doute hérité de Mohammed V. Dans Les trois rois (Fayard, 2004), le journaliste Ignace Dalle rapporte le témoignage d’un commis de l’Etat qui a recueilli les confidences d’anciens serviteurs de Mohammed V : “Il (Mohammed V) se faisait inviter par des bourgeois pour qu’ils lui fassent des cadeaux. Mais à peine arrivé, il téléphonait aussitôt à plusieurs de ses proches pour qu’ils le rejoignent, et il fallait aussi leur faire des cadeaux. On en était arrivé à un point tel que la plupart des familles bourgeoises essayaient d’éviter à tout prix ce type d’invitations…” Cet amour immodéré de l’argent avait aussi des ressorts beaucoup plus politiques. Mohammed V avait conscience de ce que pouvait lui permettre sa fortune, et il n’a eu de cesse de la protéger.

    Un de ses médecins, le docteur François Cléret, rapporte comment Mohammed V a, en 1960, une époque où le maintien de la monarchie était tout sauf garanti, mis sa fortune à l’abri, essentiellement en Italie. Pour le docteur, le succès de l’opération aurait notablement transformé l’humeur du roi qui se serait montré dès lors plus sûr de lui et beaucoup plus décontracté, alors que quelques semaines auparavant, il parlait encore d’abdication, usé par les coups de boutoir des nationalistes et des gauchistes. L’enrichissement de la famille royale a ainsi commencé dès Mohammed V. Hassan II, par la suite, ne fera qu’amplifier un mouvement déjà amorcé. Mais il donnera à sa fortune une visibilité nationale, en construisant palais sur palais, en initiant de grands travaux aux factures pas toujours vérifiables, et en accroissant immodérément son domaine foncier.

    Un enfant sur le trône

    Mohammed V a donc facilité la tâche à sa descendance. Plus que la mettre financièrement à l’abri, il a permis la résurrection de sa dynastie. Pourtant, rien ne le prédestinait à jouer un tel rôle. Les observateurs des années 1920 parlent unanimement d’un prince effacé, oublié de son père, le sultan Moulay Youssef, et perdu au milieu de ses multiples belles-mères. Il a 17 ans lorsqu’il monte sur le trône, à l’étonnement de tous. Sidi Mohammed Ben Youssef revient de loin. Il est le troisième fils d’une fratrie de quatre. Son aîné Moulay Driss est atteint d’une affection nerveuse. Son deuxième frère, Moulay Hassan, passe pour un agitateur enclin au jeu. Le benjamin, Moulay Abdeslam, a le désavantage de l’âge.

    Quand la santé de Moulay Youssef commence à se détériorer, c’est donc sur Sidi Mohammed que se porte le choix du Résident général Théodore Steeg.

    Le jeune homme, qui vient de se marier, s’est entiché de son épouse et semble très loin de toute préoccupation politique : aux yeux des Français, le candidat idéal pour le poste de sultan. C’est pourtant interné au palais de Meknès et séparé de sa femme que Sidi Mohammed apprend la mort de son père. Le jeune prince, en complète disgrâce, était notamment accusé d’un vol de tapis par un gardien de palais, un certain Ababou. Mais les manœuvres de l’ambitieux grand chambellan n’ont pas payé. Et c’est presque un enfant qui monte sur le trône, que les autorités françaises croient pouvoir manier à leur guise.

    En fait, le nouveau sultan a reçu une éducation traditionnelle, peu compatible avec les exigences d’un rapport de forces constant avec la France. Le sultan, qui maîtrise mal la langue de Molière, aime à fréquenter son petit personnel français, au contact duquel il enrichit ses connaissances et s’ouvre à d’autres horizons. C’est par exemple à leur contact qu’il apprend la pétanque, loisir qu’il pratiquera jusqu’à la fin de sa vie.

    Les regrets de Mohammed V

    “Le sultan était très désireux d’apprendre et d’approfondir ses connaissances, d’autant que l’accession, très tôt, aux hautes charges royales, l’avait empêché d’aller jusqu’au terme de ses études”, écrit Abdelhadi Boutaleb dans Un demi-siècle dans les arcanes de la politique (Editions Az-Zaman, 2002). Et l’ancien précepteur de Hassan II d’ajouter : “C’est en raison notamment de cet arrêt prématuré qu’il a décidé de mettre en place, à l’intention de ses deux enfants, un établissement scolaire à deux niveaux. Par cette initiative, il cherchait, me semble-t-il, à assurer à ses enfants ce qu’il ne pouvait s’offrir lui-même, à savoir une formation solide, du plus haut niveau”.

    Mohammed V était donc conscient des limites de son savoir, conscient aussi qu’il devait donner à ses enfants une éducation sans faille, en adéquation avec un Maroc en mouvement. C’est au début des années 1940 qu’il décide de créer le Collège royal. Celui-ci compte au départ deux classes, une pour chacun des deux fils du sultan, Moulay Hassan et Moulay Abdallah. Les princes sont entourés d’une dizaine de camarades triés sur le volet, choisis dans toutes les régions du Maroc parmi les élèves les plus méritants. L’enseignement du Collège royal se veut à la fois ancré dans la tradition et résolument moderne. Les élèves, logés en internat, se lèvent aux aurores et doivent se soumettre à une discipline de fer. Leurs enseignants sont souvent de grands noms, appelés à jouer un rôle important dans la vie du royaume : Mehdi Ben Barka, Abdelhadi Boutaleb, Mohamed El Fassi, entre autres.

    Quand Hassan II recevait des coups

    Hassan II perpétuera pour ses enfants le système du Collège royal. Il montrera la même propension que son père à suivre de très près l’éducation de ses fils, des princes éduqués à la dure. Nombre d’observateurs se rappellent les querelles violentes qui ont opposé Hassan II au futur Mohammed VI. Principal sujet de dispute : les sorties du prince et ses virées en boîte de nuit qui déplaisaient au plus haut point à Hassan II. Le défunt monarque aurait ainsi cherché à reproduire le modèle d’éducation qu’il avait lui-même reçu.

    Dans Mémoires d’un roi (Plon, 1994), il se souvient : “Jusqu’à l’âge de dix, douze ans, j’ai reçu des coups de bâton et j’étais heureux que ce soit mon père qui me les donne plutôt qu’un autre.
    Vous savez, aujourd’hui encore, dans les écoles coraniques, le fqih possède toujours un bâton. On l’applique de préférence sur les poignets. J’ai fait preuve de la même sévérité parentale envers mes propres enfants et, grâce à Dieu, je n’ai pas eu avec eux de problèmes d’éducation”.

    Dans Le défi (Albin Michel, 1976), Hassan II se fait aussi l’écho d’une des remontrances de son père qui, s’inquiétant de le voir s’adonner à trop de frivolités, le remet sur le droit chemin: “Nous allâmes ensemble dans la pièce où je vivais au Collège impérial. En un clin d »œil je vis disparaître fusils de chasse, raquettes de tennis, attirail de pêcheur et de cavalier, livres et magazines illustrés de sport, poste radio, pick-up et disque ‘up to date’, comme on disait alors”.

    La revanche d’un fils

    Mais Hassan II a rapidement pris l’ascendant sur son père, de son vivant. Les deux ans d’exil du sultan sont du pain bénit pour le jeune prince. Vu l’isolement de Mohammed Ben Youssef en Corse, puis à Madagascar, Moulay Hassan devient le collaborateur principal de son père. Les taquineries du sultan, à valeur de tests, n’ont plus prise sur lui. Ignace Dalle rapporte par exemple le côté manipulateur de Mohammed V, décrit par l’un de ses bouffons. Celui-ci raconte que le souverain lui demandait de temps à autre de provoquer ses fils, Moulay Abdallah et Moulay Hassan, et de les dresser l’un contre l’autre. “Hassan II détestait ces pratiques, ce qui l’a conduit à se débarrasser, à la mort de son père, de ce curieux entourage”, écrit Dalle.

    Mais l’exil à Madagascar est justement l’occasion pour le fils aîné du sultan d’asseoir son statut en se rendant indispensable aux yeux de son père, tout en s’attirant la bienveillance de son frère. “A Antsirabé, le prince Moulay Hassan était le principal collaborateur du souverain. Il lui servait à la fois de conseiller, de chef de cabinet et de secrétaire particulier”, se souvient Dubois-Roquebert. Et de continuer : “L’exil avait eu comme conséquence de rapprocher le prince Moulay Hassan de son frère le prince Moulay Abdallah. Celui-ci avait séduit sans calcul et avec une grande simplicité tous ceux qui l’entouraient par ses qualités de bon sens, de cœur et d’esprit”.

    Une timidité royale
    Si Hassan II a rapidement pris sa revanche sur son père, affaibli par l’exil, Mohammed VI a dû attendre plus longtemps pour enfin parvenir à s’émanciper. En fait, ce n’est qu’avec la maladie de Hassan II, au début des années 1990, que Sidi Mohammed est de plus en plus associé aux affaires du royaume. Jusqu’alors, le prince héritier avait donné l’image d’un jeune homme effacé et timide. Le journaliste Ignacio Cembrero se souvient de l’interview accordée par Hassan II à plusieurs médias espagnols, juste avant sa visite d’Etat à Madrid en 1989 : “A la fin de l’entretien, le roi a tenu à nous présenter ses fils. C’est là que j’ai vu le futur roi pour la première fois (en 2005, il reverra Mohammed VI à l’occasion d’une interview accordée à El Pais, ndlr).

    Il était très discret et n’a quasiment pas parlé. Son frère, Moulay Rachid, a été beaucoup plus volubile”. Dix ans plus tard, à la mort de Hassan II, des observateurs témoignent de l’attitude du nouveau souverain : “Alors que Moulay Hicham s’affairait ici et là, donnait des ordres, et était le véritable maître de cérémonie, Mohammed VI était discret, visiblement ému, mais aussi très digne. Il faisait les cent pas, seul dans un salon, on voyait sa grande silhouette arpenter la pièce en silence”. Déjà, le nouveau roi imprimait sa marque : se recueillir avant de gérer la crise, être homme avant d’être roi.

    Le chef de famille

    A son arrivée sur le trône, Mohammed VI était déjà considéré comme une énigme. Sa réputation de simplicité le précédait, mais ses apparitions publiques avaient été trop rares pour être marquantes ou révélatrices. Dalle traduit bien le sentiment général et l’impression que dégage le nouveau roi : “Le contraste entre l’homme public et l’homme privé surprend. Le premier, timide, raide, lit péniblement ses discours, n’accorde que très peu d’interviews (…) De l’avis unanime, l’homme privé est beaucoup plus détendu et sympathique, même s’il est susceptible et colérique. Il aime rire, a conservé en partie le sens de l’humour et l’esprit de fête qui étaient les siens quand son père vivait encore et le laissait tranquille”.

    L’homme privé est aussi un père qui veille à l’éducation de ses enfants et n’a pas peur d’instaurer des règles nouvelles. “Mohammed VI insiste pour que son fils, le prince héritier Moulay Hassan, fasse la bise à tout le monde quand il est mis en présence d’invités”, note par exemple un membre de la famille royale qui poursuit : “Moulay Hassan doit être couché à 20h30 et il n’y a aucune exception”. Mohammed VI témoignerait aussi un souci constant de donner une bonne image de son épouse, Lalla Salma. “C’est lui qui choisit ses tenues officielles”, confie notre source.
    Ainsi, si Mohammed V et Hassan II ont été des patriarches, au sens féodal du terme, régnant aussi bien sur un harem que sur une famille, avec Mohammed VI, la donne a changé.

    Celui-ci s’apparente davantage à un chef de famille au sens classique du terme. C’est d’ailleurs le rôle qu’il joue avec les enfants de son cousin Moulay Hicham (à aujourd’hui, persona non grata au palais), qui seraient régulièrement vus auprès du roi pendant leurs vacances marocaines.

    On a parfois glosé sur les colères légendaires de Mohammed VI, mais on a peu dit qu’elles étaient généralement de courte durée. Emporté, oui, mais pas rancunier. Fouad Filali, ex-mari de Lalla Meriem (sœur de Mohammed VI) et ex-PDG de l’ONA, est par exemple revenu en grâce, malgré son éviction plutôt musclée, au tout début du règne de Mohammed VI.

    S’il y a cependant un secret que peu de gens ont réussi à pénétrer, c’est la relation du roi avec sa mère Lalla Latifa, plusieurs années exilée en France après le décès de Hassan II, aujourd’hui installée à Marrakech. “C’est un point sur lequel peu de courtisans osent interroger le roi et qui reste un grand mystère”, avoue un membre de la famille royale. Après tout, chacun a droit à son jardin secret !

    Source

    #Maroc #MohammedV #HassanII #MohammedVI #RoiduMaroc

  • En Tunisie, la dérive du président Kaïs Saïed continue

    En Tunisie, la dérive du président Kaïs Saïed continue

    Tunisie, Kaïs Saïed, Constitution,

    Le président conduit son pays sur un terrain dangereux en s’obstinant à soumettre une nouvelle constitution qui n’a pas fait l’objet d’une consultation au référendum du 25 juillet.

    L’horizon s’assombrit en Tunisie. Le président Kais Saied poursuit imperturbablement sa dérive autocratique, malgré de multiples avertissements y compris de ses amis. Élu en 2019 à la faveur d’un vote anti-establishment – une de ces  » insurrections électorales  » que l’on voit aussi ailleurs dans le monde démocratique – M. Saied persiste à imposer une nouvelle structure institutionnelle, pleine d’abstractions.

    Il a fixé au 25 juillet la date d’un référendum sur une Constitution entièrement remaniée, marquée par une caricature de présidentialisme, à l’opposé de l’inspiration parlementaire du régime issu de la révolution de 2011 qui a vu la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali. Parallèlement à ce changement substantiel du paradigme démocratique en Tunisie, les méthodes autocratiques et brutales affichées par M. Saïed ont plongé le pays dans des turbulences dans une région déjà fragilisée par la crise du Covid-19 et l’impact de la guerre en Ukraine.

    Avocat et ancien professeur de droit constitutionnel, le chef de l’Etat n’a jamais caché sa volonté de supprimer la démocratie représentative et le rôle des partis politiques qui, selon lui, réquisitionnent le suffrage populaire. Pour ce faire, il a imaginé un modèle – « construire la démocratie par le bas » – qui ancre la légitimité du pouvoir au niveau local, tout en vidant l’Assemblée nationale de sa substance au profit d’une présidence omnipotente, rappelant la figure du raïs familière dans la région.

    Un texte « dangereux

    Le 25 juillet 2021, il exécute la première phase de son plan, auquel il s’accroche d’autant plus farouchement qu’il y voit une mission quasi prophétique. Profitant du blocage des institutions parlementaires résultant de la Constitution de 2014, il prend les pleins pouvoirs et impose un régime. Le peuple a applaudi cette démarche, impatient d’échapper aux dérives d’un système parlementaire dévoyé. Un an après, il entend désormais passer à la deuxième phase de son plan en organisant le 25 juillet, date anniversaire de son coup de force, un référendum lourd de dangers.

    Son projet de nouvelle Loi fondamentale n’a fait l’objet d’aucune consultation sérieuse. S’il a confié à une commission consultative, présidée par le constitutionnaliste Sadok Belaid, la tâche de rédiger un avant-projet, il n’y a prêté aucune attention. Il s’en est tenu à ce qu’il avait lui-même produit. Furieux de cette duplicité, M. Belaid a qualifié le texte du président de dangereux dans une interview au Monde. Il évoque les risques de dictature et de reconstitution du pouvoir du clergé, estimant que M. Saied insiste pour rattacher la Tunisie à l’Oumma islamique (la communauté des croyants). Il a également mis en garde contre une régionalisation confuse qui menace de « fracturer l’unité nationale. »

    Après cette dénonciation, le président tunisien va-t-il persévérer dans sa croisade personnelle ? Si oui, la Tunisie a beaucoup à craindre dans les semaines à venir. L’opposition, écrasée après le coup d’État de juillet 2021, va se réveiller. Et, alors que le pays est au bord de la faillite, le risque d’une colère généralisée ajoute à la tension. Une tempête se prépare.

    Le Monde, 04/07/2022

    #Tunisie #KaïsSaïed #Constitution

  • Bloqué à Marseille, un passager de Tunisair témoigne

    Bloqué à Marseille, un passager de Tunisair témoigne

    Tunisie, Tunisair, flotte tunisienne, retards de maintenance, pénurie de pièces de rechange,

    Les passagers de la compagnie aérienne Tunisair sont actuellement bloqués dans des aéroports étrangers, notamment en France. Malgré toutes les mesures annoncées par la compagnie aérienne tunisienne, la situation semble loin d’être maîtrisée.
    Ce dimanche 3 juillet, Tunisair a dévoilé la liste des vols annulés et reportés. Certains vols sont reprogrammés, notamment depuis les aéroports français, qui comptent le plus grand nombre de passagers tunisiens bloqués.

    Vols annulés vers la Tunisie : les explications de Tunisair
    Pour expliquer cette situation, Tunisair parle de retards de maintenance de certains de ses avions dus à la pénurie de pièces de rechange, mais aussi des perturbations subies par plusieurs aéroports en Europe.

    S’exprimant ce dimanche sur Radio Mosaïque FM, le PDG de Tunisair a assuré que les perturbations seraient surmontées dès demain, lundi 4 juillet, suite à la réception de certaines pièces nécessaires à la réparation d’un avion. Cet avion sera prêt à décoller demain, a-t-il précisé.

    Face à la gravité de la situation, le président de la République tunisienne a réagi au blocage des passagers tunisiens à l’étranger. Selon ce qu’a rapporté dimanche le site Webdo, Kaïs Saïed a qualifié la situation des Tunisiens bloqués à l’étranger d’ »inacceptable », appelant à ce que « des solutions immédiates soient trouvées ».

    Aéroport de Marseille : le témoignage d’un passager de Tunisair

    En attendant, la situation vire au chaos. Malgré tous les efforts déployés par Tunisir en collaboration avec le ministère des Transports, notamment la mise en place d’une cellule de crise pour le suivi continu de la situation des passagers bloqués à l’étranger, la situation reste loin d’être réglée. Les passagers tunisiens se retrouvent, à ce jour, bloqués dans les aéroports étrangers.

    Dans un témoignage livré ce dimanche matin à la radio Mosaïque FM, une passagère bloquée à l’aéroport de Marseille a raconté son calvaire. « Je suis passager sur un vol hier soir sur Tunisair, et nous sommes toujours bloqués à l’aéroport de Marseille (le témoignage a été fait vers 10 heures ce dimanche matin, ndlr ».

    Selon elle, les passagers de ce vol, dont des enfants, ont été abandonnés à l’aéroport de Marseille sans aucune explication de Tunisair. Par ailleurs, elle affirme que plusieurs autres passagers sur d’autres vols vers la Tunisie connaissent le même sort.

    Bien que Tunisair ait annoncé le report de trois vols de Marseille à Tunis les 3 et 4 juillet, la passagère affirme que son vol « n’est pas dans le système ». « C’est un vol fantôme, qui n’est cité nulle part », renchérit ce passager tunisien au micro de Mosaïque FM.

    The Maghreb Times, 03/07/2022

    #Tunisie #Tunisair

  • Le Maroc va recevoir des hélicoptères Ah-64 Apache

    Le Maroc va recevoir des hélicoptères Ah-64 Apache

    Maroc, armée, armes, hélicoptères Ah-64 Apache,

    Un premier lot de 24 hélicoptères « AH-64 Apache » que le Maroc avait commandé au constructeur américain Boeing sera bientôt livré.

    Selon une source bien informée, le Maroc recevra le premier lot de ces avions l’année prochaine, rapporte Hespress. Initialement prévue en 2022, la livraison du premier lot a été repoussée à 2023, l’avion étant en cours de finalisation. Des modifications techniques doivent également être ajoutées à cette commande. Le constructeur américain Boeing devra livrer les 24 appareils au Maroc d’ici 2025. En prévision de la réception du premier lot, le royaume a entrepris la réhabilitation de l’aéroport militaire de Khouribga.

    Un contrat pour l’achat de 24 hélicoptères AH-64 Apache a été conclu entre l’avionneur américain Boeing et les Forces armées royales (FAR) en juin 2020. L’hélicoptère AH-64 Apache est un modèle équipé des derniers systèmes de communication, navigation, des capteurs et des armes, qui est actuellement déployé en Irak et en Afghanistan sur des hélicoptères de l’armée américaine et sur des avions de la marine et de l’armée de l’air américaines. Le coût d’un AH-64 Apache est estimé à plus de 14,5 millions de dollars.

    The Maghreb Times, 03/07/2022

  • Tebboune ordonne l’ouverture de nouvelles lignes aériennes

    Tebboune ordonne l’ouverture de nouvelles lignes aériennes

    Algérie, lignes aériennes, vols, destinations, Europe, Afrique,

    Le président algérien a ordonné lors de la réunion du conseil des ministres le renforcement des flottes aériennes et maritimes nationale. Dans cette optique, il a également appelé a précéder a l’ouverture de nouvelles lignes vers les pays africains et européens.

    La décision a été prise lors du Conseil des ministres consacrée à l’examen et au débat de projets de lois relatifs à plusieurs secteurs, selon un communiqué de la Présidence algérienne.

    Cette réunion a été consacrée à l’examen et au débat de projets de lois relatifs à la liberté syndicale et à l’exercice du droit syndical, au statut général de la fonction publique, et à la protection, au contrôle et à la traçabilité du commerce international et local, outre un exposé sur les projets de développement des mines de baryte », lit-on dans le communiqué.

    #Algérie #Lignesaériennes #Vols #Destinations

  • Vidéo: L’armée algérienne exhibe les terrifiants missiles S300

    Vidéo: L’armée algérienne exhibe les terrifiants missiles S300

    Algérie, armée, missiles S300, puissance de feu,

    Algerie: Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, montrant des camions militaires appartenant à l’armée algérienne, transportant le système de missile S300.

    Selon la vidéo qui circule, les missiles participeront au défilé militaire organisé par l’Armée nationale populaire, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie .

    Le clip vidéo montre que les missiles étaient transportés pour participer au défilé sur la route nationale n°11, adjacente à la mosquée d’Alger.

    La télévision publique a rapporté que le président de la République, commandant suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, Abdelmadjid Tebboune, supervisera cet examen.

    Le défilé sera organisé au niveau de la Route Nationale 11, adjacente à la place Djemaa El-Djazair, à Alger, et sera retransmis en direct sur toutes les chaînes de télévision nationales.

    La télévision publique a pointé du doigt les systèmes et équipements d’armes modernes et avancés, que l’armée s’apprête à présenter lors du «grand» défilé militaire à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance.

    La Direction générale de la Sûreté nationale a annoncé l’élaboration d’un plan de circulation à Alger, en prévision des célébrations du soixantième anniversaire de l’indépendance.

    Le plan comprend la fermeture et la déviation de la circulation devant les véhicules et les vélos sur un certain nombre d’axes, du premier vendredi de juillet au six du même mois.

    [youtube https://www.youtube.com/watch?v=n1kbACluOgM&w=560&h=315]

    Ce plan a pour objectif de faciliter la circulation des véhicules militaires, des colonnes, des véhicules blindés, des camions transportant des véhicules blindés et du matériel de l’armée, ainsi que des différentes forces participant au défilé militaire.

    Ceci est lié à la fermeture de la route de contournement nord (Route Nationale n°11) dans les deux sens au niveau du point de rencontre des routes de contournement sud et nord (pont Cosidar-Dar El-Beida) vers l’usine de dessalement d’eau de mer (Hamma/Belouizdad ), à une distance de 16 km, ainsi que tous les ports y menant.

    Le plan prévoit de détourner l’itinéraire des arrivées vers Alger de l’autoroute Est vers la route de…

    Algérie Focus, 03/07/2022

    #Algérie #Armée #MissilesS300



  • 60e anniversaire: une parade militaire qui marquera les esprits

    60e anniversaire: une parade militaire qui marquera les esprits

    Algérie, 60e anniversaire de l’indépendance, parade militaire, défilé,

    Un défilé grandiose marquera les commémorations du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Les pouvoirs publics prévoient une célébration en grande pompe de ce 60e anniversaire, avec comme point d’orgue une imposante parade militaire dans la capitale, la première depuis 33 ans.

    En effet, les autorités du pays ont mis le paquet, cette fois-ci, pour marquer l’événement, et un quotidien national évoque un budget de plus de 580 milliards de centimes a été dégagé pour «la préparation et l’organisation du 60e anniversaire de l’indépendance.

    Des commémorations qui seront, ainsi, ponctuées par un défilé militaire qui se déroulera le 5 juillet au niveau de la RN 11 jouxtant Djamaâ El Djazaïr.

    Le défilé sera, d’ailleurs, retransmis en direct sur l’ensemble des chaînes de télévision algériennes.

    Un dispositif spécial de circulation routière a été mis en place dans la capitale en prévision de ces festivités marquant la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance. Il prévoit la fermeture de certains axes routiers et la déviation de la circulation automobile sur d’autres, du 1er au 6 juillet. La rocade nord (RN 11) sera, ainsi, fermée dans les deux sens entre le point de jonction des rocades sud et nord (Pont Cosider- Dar El-Beida) et la station de dessalement d’El-Hamma (Belouizdad), ainsi que de tous les accès menant à ce tronçon sur 16 km. De même, les stations d’essence qui s’y trouvent seront fermées, alors que la station de taxis de Caroubier est transférée vers Gué de Constantine, au moment où la gare routière (bus) connaîtra une réduction de ses programmes.

    D’autres mesures, comme le décalage des vols depuis et vers l’aéroport Houari Boumedienne durant la tranche horaire 10h-14h pour permettre les répétitions en prévision de la parade aérienne. Il en est de même pour le trafic maritime puisqu’une exhibition navale serait au programme.

    Une véritable démonstration des forces en présence

    Les éléments de l’armée nationale populaire (ANP) se préparent, depuis quelques jours déjà, à cet évènement. Le défilé se déroulera sur l’avenue de l’ALN, comme cela a été de tradition. Aux différents corps de l’armée se joindront chars, porte-missiles, cavalerie, forces spéciales et autres engins de guerre. Des images relayées par des riverains qui ont pu avoir un aperçu de ce que cela va être évoquent des missiles gigantesques, et des machines de guerre aux allures modernes…

    Sur le plan aérien, et outre les défilés et autres figures des avions de chasse, il serait question de sauts en parachute, entre autres. D’ailleurs, on apprend que le général de corps d’armée, Saïd Chanegriha, a supervisé, avant-hier, au niveau de la base aérienne d’Aïn-Ouessara (1re Région militaire) un impressionnant exercice de saut au parachute et des démonstrations à couper le souffle de l’aviation militaire. Des exercices en prévision de la démonstration aérienne prévue pour la parade militaire, qui devraient mettre en relief les capacités des forces militaire nationales en la matière, mais aussi le niveau de maitrise des pilotes algériens.

    Il s’agirait, aussi, de sauts tactiques exécutés par l’équipe nationale militaire féminine de parachutisme, un saut sportif mixte, un saut de précision, une démonstration de pliage de parachutes.

    On ne connaît pas encore le programme de l’ensemble de la parade, encore moins celui des forces navales, mais cela promet d’être impressionnant.

    On sait, toutefois, selon le programme divulgué par le ministre des moudjahidines, qu’un méga-spectacle épique «retracera l’histoire millénaire de l’Algérie» prévu lundi soir à l’opéra d’Alger.

    L’Algérie aunjourd’hui, 03/07/2022

    #Algérie #60anniversaire #Indépendance #DéfiléMilitaire #Parade

  • Montebourg en Algerie pour le 60e anniversaire de l’Indépendance

    Montebourg en Algerie pour le 60e anniversaire de l’Indépendance

    Algérie, Arnaud Montebourg, 60e anniversaire, indépendance, Association France-Algérie,

    Arnaud Montebourg dans un message à l’occasion du 60e anniversaire de l’Indépendance nationale
    «Bâtissons des projets communs!»
    Président de l’association France-Algérie, et ancien ministre français de l’Économie, il annonce sa venue à Alger pour célébrer le 60e anniversaire de l’Indépendance nationale.

    La paix des mémoires! À la veille de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance nationale, un «ami de l’Algérie», écrit une lettre émouvante où il appelle à ouvrir une nouvelle page dans les relations entre l’Algérie et la France. Il s’agit de Arnaud Montebourg, président de l’association France-Algérie, et ancien ministre français de l’Économie. Celui qui ne rate pas une occasion pour rappeler que «son grand-père s’appelait Khermiche Ould Cadi», veut que ces commémorations soient le début d’un nouvel avenir entre les deux rives de la Méditerranée. Ainsi, il rappelle le contexte actuel en mettant en avant le fait que «la relation entre la France et l’Algérie n’a cessé d’être présente dans le débat qui a précédé notre élection présidentielle (française, ndlr)». Il souligne aussi le fait que certains ont manifesté ouvertement leurs nostalgies du passé colonial. «En Algérie également, ce passé alimente beaucoup de commentaires comme par exemple à l’occasion de la célébration du 8 mai 1945, qui signifie Libération en France mais massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de l’autre côté de la Méditerranée», poursuit-il avant de rappeler que derrière ces débats le futur n’a jamais été pris en considération. «De part et d’autre, il y avait un grand absent: l’avenir!», rétorque Arnaud Montebourg. Un mal pour lequel Montebourg voit comme seul «remède» la construction d’une nouvelle relation bâtie sur des projets communs. «C’est en nous projetant vers l’avenir, en bâtissant des projets communs que nous condamnerons le mieux l’erreur historique de la colonisation», assure- t-il.

    «L’avenir se construit avec les peuples»

    Celui qui porte profondément en lui la double identité, algéro- française, rappelle que l’Association France-Algérie qu’il préside, a été fondée en 1963, au lendemain de l’indépendance, avec une idée simple: «Les malheurs et les horreurs de la guerre d’Algérie». «Ce qui nous nous confiait un devoir, celui de la réconciliation et de la coopération entre deux peuples libres», ajoute- t-il. Or, pour lui, «ranimer les plaies, les souffrances et les deuils ne ferait que nourrir les rancoeurs, de part et d’autre, sans pouvoir les dépasser». C’est dans ce sens qu’il estime qu’il est temps de construire de nouveaux ponts entre Paris et Alger. Une page qui doit être ouverte par les deux peuples. «L’histoire relève des historiens. L’avenir se construit avec les peuples», soutient-il, non sans rappeler les grands liens qui unissent Algériens et Français. «Et nous avons tant en partage!», s’exclame-t-il. «Tant de nos compatriotes ont leurs racines en Algérie, formant un pont vivant entre les deux rives. L’usage d’une même langue crée des liens incomparables», assure-t-il. Ancien ministre de l’Économie, celui qui s’était battu pour le «made in France», met en exergue le fait que cette nouvelle relation peut se traduire à travers de vraies relations économiques «gagnant- gagnant». «Dans la tourmente économique de la mondialisation, nos intérêts sont si semblables: ni la France ni l’Algérie ne veulent être emportées par des courants qu’ils ne maîtrisent pas, par une globalisation sans règle qui les mine, par des défis climatiques qu’ils veulent relever», précise- t-il. «Les ressources énergétiques de l’Algérie sont décisives, de l’autre rive, la France peut soutenir l’investissement industriel, technologique, numérique, agricole que les Algériens veulent développer», réplique- t-il.

    «Nos entreprises voudraient travailler ensemble, nos universités ont déjà développé un réseau de coopération solide; dans le domaine du cinéma, de l’édition, de nouveaux talents émergent, faisant découvrir au public français la société algérienne d’aujourd’hui, les débats qui la traversent», estime- t-il.

    «Devenir les meilleures amies du monde»

    Pour lui donc, bâtir un avenir commun suppose de se parler ouvertement. « Ceux qui ont fondé l’association France-Algérie et les innombrables amoureux de l’Algérie en France ont toujours soutenu la liberté du peuple algérien. Ils conservent donc un point de vue indépendant des États et des gouvernements», rappelle- t-il avant d’insister sur le fait que la France n’est pas l’ennemi traditionnel et éternel de l’Algérie! «Ces deux-là peuvent devenir au contraire les meilleures amies du monde», dit-t-il en mettant en avant le fait que les Français d’aujourd’hui, dans leur immense majorité, souhaitent avoir de bonnes relations avec l’Algérie. «Faut-il rappeler que 90,8% des Français ont approuvé par référendum en 1962, l’indépendance de l’Algérie et la coopération avec la France?», argumente t-il. Arnaud Montebourg conclut en demandant de cesser d’être prisonniers d’un passé dramatique dont nous ne fûmes pas les acteurs.

    «Prenons au contraire le risque de nous engager dans des projets d’avenir, c’est en construisant l’avenir que nous serons à la hauteur des devoirs qu’inspirent ceux qui se sont battus pour la liberté», a-t-il conclu.

    L’expression, 02/07/2022

    #Algérie #ArnaudMontebourg #AssociationFranceAlgérie

  • Drame de Melilla : Le Maroc essaie d’effacer les preuves

    Drame de Melilla : Le Maroc essaie d’effacer les preuves

    Maroc, Melilla, Migrants africains, drame, migration,

    Le président (maire) de Melilla, Eduardo de Castro, a indiqué que le Maroc essayait d’effacer les preuves de la tragédie ayant conduit à la mort d’au moins 23 migrants d’origine africaine, brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole depuis la ville de Nador.

    «Le Maroc essaie déjà de cacher ce qui s’est passé. Il essaie d’effacer les preuves, car de cette façon, aucune accusation ne pourra être retenue», a affirmé Eduardo de Castro lors d’un entretien accordé au site espagnol «La Voz De Galicia», pointant du doigt «l’absence d’autopsies et les enterrements précipités».

    Le 24 juin au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d’entrer dans l’enclave espagnole.

    De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants. Le parquet général espagnol a annoncé, mardi dernier, l’ouverture d’une enquête «pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé».

    Questionné sur l’utilité de cette enquête, Eduardo de Castro reconnu qu’ «il est difficile qu’elle aboutisse», relevant qu’il «doute fort que le Maroc coopérera», car «le Maroc n’est pas une démocratie, le Maroc est une autocratie».

    Evoquant les déclarations du Premier ministre espagnol selon lesquelles l’incident de Melilla aurait été «bien traité» par la gendarmerie marocaine, il a indiqué que, «Sanchez est esclave de ses mots». «Je pense qu’il a fait l’éloge des agents marocains parce qu’ils n’avaient jamais coopéré de cette façon», a-t-il souligné, tout en disant avoir ressenti «beaucoup d’anxiété» en visionnant les images de la tragédie de Melilla qu’il a qualifié de «véritable drame humain».

    #Maroc #Melilla #MigrantsAfricains #Espagne