Mois : juillet 2022

  • La Tunisie a voté

    Tunisie, Référendum, Constitution, Kaïs Kaïes,

    Les Tunisiens avaient, hier, rendez-vous avec les urnes pour décider d’adopter ou pas la nouvelle Constitution que leur propose le Président Kais Saied. Malgré un travail de sape bien mené par la presse française qui n’a pas hésité à jeter le doute sur la démarche du chef de l’Etat tunisien, il semble que ce dernier bénéficie d’une popularité susceptible de l’aider sérieusement à faire adopter la nouvelle loi fondamentale du pays. Celle-ci suppose un retour à un régime présidentiel après l’échec patent de l’expérience parlementaire, sortie d’un processus constituant qui aura duré pas moins de trois ans. La République post-Benali a mis le Parlement au devant de la scène politique, lui octroyant beaucoup de pouvoirs. Qu’ont donc fait les députés des prérogatives étendues du pouvoir législatives ? Pas grand chose de bien.

    La République naissante a laissé tous les privilèges octroyées par le régime de Benali aux serviteurs du système. Elle a fermé les yeux sur la corruption qui a pris des proportions immenses et impliqué une bonne partie du personnel politique. Le résultat de près de dix ans de gouvernance aura été une pléthore de Premiers ministres et de ministres inutiles, un parlement déphasé des réalités du peuple et une société désabusée.

    Il fallait donc que cela change. Le Président Saied fait table rase du système né de la « révolution du Jasmin » et trace une nouvelle voie plus autoritaire, mais aussi moins chaotique que celle qui a permis au terrorisme et au radicalisme religieux de trouver une place dans une société réputée ouverte sur le monde. Sur les plusieurs options mises en place par les spécialistes, celle qui s’est concrétisée était la moins intéressante. Et pour cause, l’on a vu un Etat mal organisé face à une organisation terroriste bénéficiant de réseaux de soutien recruté parmi les salafistes radicaux. Ceux-ci ont gonflé les rangs de Daesh en Irak et en Syrie et fomenté de terribles attentats en Tunisie, avec l’objectif de faire imploser le pays, en le frappant dans le cœur de son économie, son industrie touristique.

    Cette stratégie claire comme l’eau de roche n’a pas été efficacement combattue par la Tunisie parlementaire qui assistait impuissante à la descente en enfer.

    Aujourd’hui encore, le pays baigne dans la crise. Le FMI menace et le front social gronde. Face à cette épreuve que l’on sait très difficile pour toute la société, Il faut faire montre de solidarité avec les Tunisiens et les Tunisiennes qui craignant le pire pour leur pays, espèrent sans doute voir un changement de régime provoquer le déclic salvateur. Durant les années noires du terrorisme et du programme d’ajustement structurel du FMI en Algérie, nos voisins ont été exemplaires dans leur solidarité. Personne ne leur souhaite de vivre ce que nous avons vécu, mais quoi qu’il arrive, nous avons le devoir de solidarité envers nos voisins. Et ce quelque soit le résultat du référendum.

    Par Nabil G.

    Ouest Tribune, 26/07/2022

    #Tunisie #Référendum #Constitution #Kaïs_Saïed

  • Abdelkader et la France

    Algérie, France, colonisation, Emir Abdelkader,

    Par Dr A. Mellah

    La conquête de l’Algérie par l’armée Française en 1830 et la résistance acharnée qui s’en est suivie de 1832 à 1847, a projeté sur la scène publique algérienne un chef militaire algérien hors norme. Proclamé émir à l’âge de 24 ans, ce jeune homme voué aux études et la dévotion n’a jamais pensé un jour diriger une lutte armée, c’est à son corps défendant qu’on l’a chargé de mener cette lutte rude et implacable. De prime abord, on a du mal à croire qu’un fils de Zaouïa, élevé dans la pure tradition mystique, puisse être à la hauteur d’une tâche aussi lourde. Mais une fois sur le terrain, Abdelkader se révéla être un dirigeant militaire hors pair. En un laps de temps très court, il réalisa un travail phénoménal. C’est à partir d’une foule de gens pauvres et désœuvrés qu’il constitua une armée de volontaires inconstants et volatiles mais capables de faire subir de lourdes pertes aux troupes ennemies. Son franc-parler et son charisme réveilla très vite le sentiment de la nation algérienne libre, et dans une ambiance souveraine qui rappelle le recouvrement de la personnalité algérienne, il jeta les fondements de l’Etat algérien moderne. C’est avec ce travail éminemment réfléchi qu’Abdelkader fit une entorse à l’histoire coloniale -du moins pour un temps- en empêchant les troupes françaises de s’installer librement sur le sol d’Algérie et de décider de son destin politique. Sa stratégie combattive déstabilisa l’ennemi, elle laissa plus d’un général français sur sa soif. Tous les chefs militaires qui l’ont combattu reconnaissent en lui cette qualité imparable qui leur a donné le tournis. Pendant quinze longues années, Abdelkader demeura le chef militaire implacable, ouvert sur les initiatives de paix, mais intransigeant sur les principes et la parole donnée. Invaincu sur le terrain des opérations, Abdelkader resta ce chef militaire insaisissable. Dans l’incapacité de le réduire par les armes, les français ont alors eu recours à la ruse et aux fausses promesses qui ont vite fait de gagner sa confiance et augmenter sa foi en la France. C’est cette foi honnête en la France et ces idéaux de paix et de fraternité qui a conduit certains historiens de la colonisation à traiter Abdelkader de renégat : «Satisfait et tricolore tout proche du reniement» (1)

    Ces historiens peu soucieux de l’objectivité scientifique, ont fait montre d’une vision très courte ; soutenir des thèses aussi plates et décousues, c’est préjuger sur une personnalité dont on connait très mal les contours. Etre accommodant et affable ne signifie nullement reniement au vu du traitement humiliant réservé à Abdelkader après la soi-disant «reddition», toute autre personne de sa stature, aurait non seulement pris en aversion les français, mais les aurait honnis pour la vie.

    Procédé lâche et humiliant

    Les faits attestant de cette humiliation sont présents à l’esprit. Ils se focalisent sur l’épisode le plus triste de notre histoire où l’émir, auréolé d’honneur et de prestige, fut honteusement déchu et réduit au rang de prisonnier. Aucune explication ne fut donnée à cette incarcération brutale que l’intrigue et la manigance. On imagine le degré de déshonneur subi par l’émir devant sa famille et ses compagnons d’armes, tous unanimes à placer leur confiance en lui. Autre conséquence de la perfidie française, quand la parole d’honneur d’un grand homme comme Abdelkader fut délibérément piétinée par des calculs politiciens bas, sans le moindre égard pour sa personne et son rang, les répercussions morales de cette déconvenue furent certainement très pénibles pour une âme aussi scrupuleuse que celle d’Abdelkader.

    Autre intrigue et autre déshonneur, quand le gouvernement provisoire de la république de 1848 demanda à Abdelkader la rédaction d’un serment dans lequel il déclarerait ne jamais retourner en Algérie. Cette initiative, quoique contraignante, fut reçue avec beaucoup de tact et de répondant. Mais quand le document fut élaboré et signé de sa main, il reçut en guise de réponse une suite lâche et évasive : «La république ne se considérait liée par aucune obligation envers Abdelkader, et qu’elle le prenait comme le précédent gouvernement l’avait laissé en prisonnier».

    D’emblée, on peut considérer cette dérobade comme une énième trahison de la part de la France. Exiger d’une grande personnalité comme Abdelkader un serment écrit, puis se dérober et ne pas honorer ses engagements est un acte qui ne peut-être expliqué que par la lâcheté et la fourberie. Ainsi, sans qu’elle soit préparée à ces intrigues, la personnalité d’Abdelkader subissait les contrecoups d’hommes politiques malhonnêtes et perfides.

    L’émir peut-il être fidèle à un pays qui l’a traité avec tant de mépris et de dénégation ? Si on ajoutait à cela un environnement social et culturel très différent, des conditions de détention insupportables, on a du mal à imaginer les souffrances morales que cet illustre captif a enduré. Mais en dépit de toutes ces contraintes, Abdelkader demeura affable et parfaitement accommodant. Ecoutons le général Daumas le décrire à monseigneur Dupuch : «Vous allez voir l’illustre prisonnier du château de Pau, lui dit-il, Oh ! Vous ne regretterez certainement pas votre voyage. Vous avez connu Abdelkader au temps de sa prospérité, au moment où toute l’Algérie pour ainsi dire, reconnaissait son autorité. Eh bien, vous le trouverez encore plus grand et plus extraordinaire dans l’adversité que dans la prospérité. Comme toujours, il domine de sa grandeur les perspectives de sa position. Vous le trouverez affable, simple, affectionné, modeste, résigné et ne se plaignant jamais, excusant ses ennemis-mêmes ceux qui peuvent encore le faire souffrir- et ne permettant jamais qu’on dise du mal d’eux en sa présence. Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, aussi justifiées que pourraient être ses plaintes à leur sujet, tous ont trouvé son pardon.»(2)

    Noblesse d’esprit et charisme

    La personnalité d’Abdelkader est d’une dimension surhumaine, son héroïsme et sa bravoure, sa piété et son extrême dévotion incarnent la parfaite symbiose du héros et du saint. Pour un esprit empêtré dans les bas appétits de la vie terrestre, il lui est difficile de comprendre cette personnalité hors norme, c’est pour cela qu’il faut user de beaucoup de circonspection et de tact quand il s’agit de juger une personnalité de la stature d’Abdelkader. Son respect immodéré de la vie humaine, son incroyable détachement vis-à-vis des biens terrestres prêtent à de sérieux équivoques qu’ils ne manquent pas le cas échéant, de conduire à une réelle méprise sur sa personne.

    En effet, pour comprendre Abdelkader, il est impérieux de faire d’abord la différence entre la personnalité accommodante et la personnalité intransigeante. Si la première peut s’accommoder des situations qui peuvent intervenir, la seconde est en revanche inflexible sur les grands principes qui font la grandeur et la noblesse de l’être humain.

    Abdelkader est accommodant quand il s’agit de promouvoir les hautes valeurs humaines, comme le respect, le pardon, la bienveillance, la générosité et autres égards qui élèvent l’homme au degré suprême de l’humanité. Les sentiments d’amour et de fraternité ne sont-ils pas faits pour cimenter et restaurer les relations humaines ? De ce côté-là, Abdelkader est le modèle d’homme qui, sa vie durant, n’a cessé de multiplier conseils et gestes pour raffermir la noblesse des sentiments humains.

    Pour lui, l’homme en tant qu’entité ennoblie par l’esprit et l’intelligence morale représente le modèle suprême de valeur. La preuve en est que Dieu tout-puissant, dès la création d’Adam, a ordonné aux anges de lui faire acte de soumission en se prosternant devant lui. C’est la raison pour laquelle l’homme revêt une importance capitale, puisque Dieu l’a non seulement créé dans la plus parfaite posture, mais l’a aussi élu son vicaire sur terre. (3)

    En revanche, l’émir est intransigeant quand il s’agit de principes fondamentaux qui règlent la conduite à tenir. Sur ces principes l’émir est resté inflexible. Il s’agit d’impératif qui ne se discutent pas mais exigent application et rigueur. Tel est son engagement solennel devant le peuple qui l’a élu émir. Il s’est engagé à lutter sans merci contre l’ennemi, à combattre sans relâche les traitres et les renégats, à établir la justice et la sécurité pour tous, à garantir à chaque personne le respect de ses droits. Ces engagements furent respectés à un point tel qu’Abdelkader apparut comme l’homme providentiel. En effet, l’histoire, bien qu’elle soit parfois implacable avec ceux qui la bâtissent, montre que durant la courte période de son règne, Abdelkader a rempli avec talent son devoir de chef. Quant aux traités et conventions qu’il a faits avec l’ennemi, il a veillé strictement à leur application en respectant à la lettre les clauses et les conditions.

    En effet, respecter un traité ce n’est pas seulement respecter l’autre partie, mais surtout élever sa parole au rang de valeur sacrée. Le traité Desmichels aussi bien que celui de la Tafna, bien qu’ils fussent à l’origine une proposition française, furent, en dépit des graves problèmes qu’ils ont créés, respectés jusqu’à la dernière minute par Abdelkader.

    Sur un autre plan, l’affaire du massacre des soldats de Sidi Brahim en avril 1846 est un épisode dramatique qui interpelle notre mémoire et invite les historiens honnêtes à faire justice à Abdelkader en confrontant deux réalités distinctes. D’une part, les intrigues et les rumeurs perfides qui furent à l’origine du massacre et, d’autre part, le respect quasi-religieux que l’émir avait pour les prisonniers. Peut-on faire la part des choses entre des intentions basses conçues dans le seul but de nuire et l’élévation morale sincère et désintéressée ? Quand on sait que derrière le grand respect que vouait Abdelkader aux prisonniers, il y a toute une philosophie de l’amour, on comprend alors la difficulté de la tâche. Dans un monde violent et injuste, où les hommes les plus forts sont livrés aux appétits les plus bas, il est quasi-impossible de leur faire entendre raison. Leur parler de détachement et autre élévation d’esprit, c’est tomber dans le ridicule le plus grotesque.

    Autre attitude intransigeante d’Abdelkader, en 1860, lors des évènements tragiques de Damas, c’est au péril de sa vie qu’il a pris la défense des chrétiens. Pour les musulmans de l’époque, l’attitude d’Abdelkader parut incompréhensible : comment un chef musulman réputé avoir combattu pendant quinze années des chrétiens mécréants prend-il aujourd’hui leur défense contre la volonté de ses frères de religion ? Certes, cela peut sembler étrange, mais quand on sait que le Coran condamne fermement la gratuité du crime, on comprend vite l’héroïsme intransigeant d’Abdelkader. Le droit à la vie passe au-dessus de l’appartenance religieuse, pour rétablir ce droit il n’hésita pas à donner de sa personne pour d’abord, restaurer la valeur de l’homme menacée de dérive fanatique obscure et aveugle, ensuite, honorer le principe coranique qui invite à protéger les faibles et les innocents, quelles que soient leur origine, leur confession ou leur race.

    Devant la noblesse de cet esprit et les actes hautement significatifs pour la promotion des valeurs humaines entre les hommes, les autorités françaises sont restées muettes, indifférentes aux sollicitations de cet homme pourtant très sincère dans ses paroles et dans ses actes. Obnubilées par leur prétendue supériorité matérielle, offusquées par l’arrogance et le mépris séculaire envers le musulman, les dirigeants français considéraient comme nulle toute initiative venant de leur part, même celle émanant d’une personnalité de la stature d’Abdelkader ! Ce n’est pas que les français ne comprenaient pas ces gestes mais leur culture imbue de préjugés et d’à priori haineux les poussait à honnir le musulman considéré dans l’inconscient collectif français comme «fanatique et barbare».

    Une parole sans faille

    Tout le monde connait la droiture d’Abdelkader, le respect quasi-religieux qu’il avait pour la parole donnée, l’honneur et la considération pour les hommes de haut rang, sa sincérité, sa franchise, sa probité ont fait de lui une victime potentielle de la duperie. Car, en face de lui, tous les hommes, dirigeants ou subalternes, ont usé de malhonnêteté. Le caractère perfide de leur démarche n’a pas tardé à se révéler au grand jour. Prenons l’exemple de ce que les historiens colonialistes appellent avec fierté «reddition» alors qu’en réalité, Abdelkader n’a jamais eu l’intention de remettre les armes. Devant la traitrise manifeste de ses «amis» et à leur tête le sultan Abderrahmane, l’émir a préféré abdiquer, abdication ne veut nullement dire reddition. C’est le chef militaire de la province d’Oran, en l’occurrence le général Lamoricière qui est le premier à avoir remis les armes en envoyant son épée et son sceau à Abdelkader. Sur ce détail important, les historiens sont peu bavards, l’honneur français se doit d’être préservé, et ce n’est pas un détail aussi infime qui va l’entacher.

    En faisant le choix d’arrêter le combat, Abdelkader a non seulement honoré la France en lui sauvant l’honneur d’être le vainqueur, mais par cet acte chevaleresque, il lui a signifié clairement l’incapacité de ses armées à le soumettre par les armes, ou du moins à le neutraliser malgré les immenses moyens dont disposait ces armées.

    Autre détail très important, en lui accordant cet honneur, Abdelkader a lancé un autre message à la France dont le contenu subtile et fin n’a pas été entendu et encore moins compris : «Qu’en dépit des sentiments de haine et de mépris que les conditions de guerre ont créées entre nous, et par-delà les différences de race, de coutumes et de religion qui nous séparent, j’ai élevé le sentiment de fraternité humaine au-dessus de nos différences temporelles et appelé la France à s’impliquer entièrement dans la réalisation de cet idéal, afin que ce grand sentiment humain triomphe et s’accomplit dans l’universel».

    La réponse, tout le monde la connait, c’est l’emprisonnement. Ce n’est ni la dignité ni l’honneur chevaleresque et encore moins la considération qui ont prévalu vis-à-vis de ce grand homme, mais la fourberie et le mépris caractéristique des autorités françaises de l’époque. En d’autres termes, peut-on traiter un homme de la stature d’Abdelkader avec tant de mépris ? Quand on sait que malgré les coups bas, la perfidie et la manigance pour le réduire, Abdelkader s’est élevé au-dessus de ces pratiques et a placé sa confiance en la France, autrement dit aux valeurs universelles comme la paix, la fraternité, la justice dont la France se défend ostensiblement d’être le champion invétéré.

    Quant aux sentiments qu’Abdelkader éprouva à l’égard de la France, ils sont l’émanation de sa grande foi aux valeurs humaines. Abdelkader savait que les autorités françaises lui faisaient du tort, mais il refusait de répondre à l’offense par de l’offense, éludant par sa grandeur de tomber dans le piège sordide de l’imitation. Répondre à un adversaire qui plus est sournois et perfide, par une attitude similaire, c’est tomber très bas dans l’échelle des valeurs. Au contraire, il œuvrait à résorber le mal par la patience et le pardon. C’est fort de cette foi qu’Abdelkader s’est placé au-dessus des humeurs changeantes en veillant constamment à la promotion et la grandeur des nobles sentiments. En revanche, si la France a matériellement triomphé d’Abdelkader par le feu et le sabre, Abdelkader a quant à lui allègrement triomphé de cette nation par la ferveur, la hauteur d’esprit et le pardon. Dans ses rapports avec la France, Abdelkader a toujours manifesté une volonté d’ouverture, sur le plan individuel, ou sur le plan officiel, on sait que cette volonté s’est le plus souvent terminée par une amère déception, et quoique déçu, Abdelkader ne s’en est jamais pris à ceux qui l’ont trahi. Au contraire, il a toujours prêché l’amour et la modération et prié afin que les hommes, fascinés par leur puissance éphémère, prennent conscience de leur égarement et regardent le monde sous une autre dimension.

    Abdelkader voulait tant exprimer son avis aux français qui n’ont pas tenus compte de sa parole et l’ont emprisonné sans aucune explication. Il voulait leur dire leur erreur, leur obstination à ne reconnaitre que leur «vérité». Leur violation délibérée de la parole donnée, leur manquement au respect de l’autre, leur mépris inqualifiable, leur prétendue supériorité. Une suprême occasion lui fut donnée lorsque la société asiatique par l’entremise de son président, lui demanda une contribution écrite, il rédigea alors sa fameuse «Lettre aux Français» (4). La lettre est certes adressée aux français, mais elle vise plus particulièrement les responsables politiques et militaires, ceux avec qui l’émir a négocié et établi des traités et qui par conséquent n’ont jamais été respectés par ces derniers.

    Le français, un esprit prétentieux et fier

    A ces messieurs, il leur adressa la lettre dont le choix du titre n’est pas fortuit, «Dh’ikra el’aaqil wa tenbih el ghaffil», littéralement cela se traduit par : «Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent». Le rappel est significatif du message cinglant qu’Abdelkader voulut adresser aux dirigeants français. «L’intelligent», c’est ce français prétentieux et fier qui pense avoir atteint un niveau de culture qui le prémunit de l’erreur et le prédispose à connaitre la vérité. A cet «intelligent», Abdelkader lui rappelle ses erreurs en lui signifiant son ignorance : «Sachez que l’homme intelligent doit considérer la parole et non la personne qui l’a dite», écrit-il avec un ton impératif, puis il ajoute par l’affirmative : «L’intelligent connait les hommes par la vérité, non la vérité par les hommes». (5)

    Il est certain que la chose qui a le plus fait souffrir Abdelkader, n’est pas seulement le séjour en prison, mais le peu de crédit accordé à sa parole. Il ne manque pas de revenir sur la question en utilisant un ton et un langage qui montre combien cette question lui tenait à cœur. Alors, à ces dirigeants qui ont sous-estimé sa parole, il leur reproche leur étourderie en leur disant : «L’intelligent considère la parole non la personne qui la dite», cela sous-entend en fait que l’intelligent -ce qui n’est pas le cas des dirigeants français- analyse la parole en l’examinant dans sa forme puis dans son fond et surtout dans sa portée, et ce n’est qu’à partir de cette analyse qu’il comprendra la valeur de la personne selon l’échelle de sa grandeur ou de sa petitesse.

    Mais cet «intelligent» français est têtu, il ne tient compte que de son opinion, cette opinion truffée de préjugés et d’à priori fustige le musulman et le considère comme foncièrement abominable. Il est donc tout à fait clair que l’erreur n’est pas dans la parole d’Abdelkader mais dans les jugements à priori que les dirigeants français ont des musulmans, tous les musulmans sans exception, y compris Abdelkader, tous des fanatiques cruels et barbares.

    On tient à le répéter, dans la préface, Abdelkader adresse sa critique aux dirigeants français qui n’ont pas cru à sa parole. Une critique somme toute virulente où se profile l’amère déception de n’avoir pas été pris au sérieux. Abdelkader tente de cerner l’esprit de cet «intelligent» en visant son profil psychologique. Pour lui, la démarche de cet «intelligent» est semblable en tout à celle du vulgaire parce qu’il procède par ouï-dire. «Il accepte la parole de quelqu’un en qui il a une bonne opinion même si sa parole est fausse, il rejette par contre la parole d’une personne en qui il a une mauvaise opinion même si sa parole est vraie». Ce procédé, Abdelkader le qualifie comme «le pire de l’ignorance et du mal». (6)

    Dans ce passage, Abdelkader tente d’expliquer l’attitude des dirigeants français à son égard par ce qu’il appelle opinion. Mais ce qu’il ne peut admettre en revanche, c’est le fait que ces dirigeants qui prétendent être savants n’arrivent pas à se défaire de cette opinion. C’est pourquoi il dirige sa critique contre ces français qui se disent savants en leur disant : «Le savant est celui qui saisit facilement la différence entre sincérité et mensonge dans les paroles, entre la vérité et la fausseté dans les croyances, entre le bon et le mauvais dans les actions, celui-là n’est pas savant pour lequel la vérité est cachée sous la fausseté, la sincérité sous le mensonge et le bon sous le mauvais et qui s’asservissent à un autre, adopte sa croyance et ses paroles, c’est là le propre des ignorants» (7).

    Ce que vise Abdelkader par cette critique, c’est ce qu’on appelle suivisme et imitation aveugle. Il a du mal à croire que l’esprit français, qui plus est cartésien, imprégné qu’il est d’objectivité et d’analyse critique, se laisse emporter par l’opinion et le ouï-dire. Cette influence provient selon lui de l’héritage culturel que l’habitude et les coutumes ont fini par incruster dans les esprits. L’allusion est très nette à ce sujet quand il dit : «Imitant leur père, leur aïeul, leurs ancêtres dans ce qu’ils croyaient et trouvaient bon, renonçant à l’esprit d’examen, ils invitent les hommes à les suivre aveuglément, mais l’aveugle est-il fait pour guider les aveugles» ? (8)

    Une culture de la haine et du mépris

    Il est vrai que l’influence de la culture sur les hommes est capitale. L’exemple de la culture française est assez édifiant. On sait que sur le plan spirituel, la culture française se revendique de la culture gréco-romaine et du rite judéo-chrétien, elle a de ce fait joué un rôle de premier plan dans la sauvegarde de cette culture. Elle a lutté contre les invasions arabes et nourri le sentiment que les musulmans sont des barbares, ennemis jurés de la culture et de la liberté. Ce sentiment s’est accru avec l’avènement des idéaux de liberté et de progrès, il a été transmis aux générations futures par le travail de grands écrivains comme Montesquieu, Voltaire et, plus près de nous, Alexis de Tocqueville et autre Renan. La colonisation n’a fait que raffermir ce sentiment de haine et de mépris. Dans la foulée de cette littérature du mépris, il est peut-être utile de signaler l’exaltation de Victor Hugo qui déclarait à Bugeaud, la veille de son départ pour l’Algérie en février 1841 : «C’est la civilisation qui marche sur la barbarie, c’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit».

    Il y a donc une bonne raison pour l’émir de dire : «Imitant leur père, leur aïeul, leurs ancêtres», il vise justement cet héritage culturel qui couve dans l’inconscient collectif français et qui se réveille au contact du musulman avec un déchainement de haine et de mépris toujours plus grand.

    La réplique d’Abdelkader à l’égard de cette rancœur le mène à rappeler à ces français leur cruauté. Il ne manque pas de souligner le caractère ambivalent de leur discours qui d’une part, se dit civilisé et d’autre part agit à l’encontre de l’esprit civilisé. Les massacres collectifs perpétrés par le système de Barres si cher aux Bugeaud, Cavaignac, Pélissier et saint Arnaud, sont si présents dans la mémoire des algériens que l’on ressent un choc rien que d’y penser. Par euphémisme, l’émir évite d’en parler, mais en fait subtilement allusion. Il ne veut pas parler des idéaux de liberté, égalité, fraternité si fièrement scandés et outrageusement violentés par la sauvagerie des généraux d’Afrique. Car sitôt née, cette malheureuse devise fut brutalement enterrée dans les grottes du Dahra et les cruelles razzias du général Lamoricière. Que dire de plus si ce n’est l’orgueil frémissant qui peine à voiler ces horribles tueries par de douteux vocables de prospérité qui promettent beaucoup mais ne produisent rien de concret.

    Dans son discours, l’émir ne cesse d’accabler les autorités françaises en les mettant face à elles-mêmes. Vous vous vantez «d’être savants et civilisés», leur dit-il, mais un savant se doit d’être respectueux et affable même envers ses ennemis. Si vous entendez par «civilisé» le progrès matériel, vous vous trompez foncièrement, car le vrai civilisé se caractérise par l’affermissement du progrès moral, ce qui n’est guère le cas chez vous, les vocables de barbares, de fanatiques, de sanguinaires, dont vous affublez les musulmans sont le produit d’un esprit bas et foncièrement vulgaire.

    Ecoutons le discours de ce député qui déclare en 1846 devant l’assemblée nationale : «Vous avez affaire à des barbares qui ne font pas de prisonniers… Fanatiques et sanguinaires, ils procèdent par le meurtre et la mutilation».

    Après «l’intelligent», c’est au tour de l’indifférent qu’Abdelkader s’adresse, c’est ce français orgueilleux qui compte sur les seules facultés de la raison et se déclare libre et émancipé vis-à-vis de la religion. En d’autres termes, cet indifférent est le français laïc qui rejette les valeurs religieuses et les considère comme rétrogrades puisque génératrices de régression. C’est cette foi absolue en la raison qui fait croire à ces hommes leur supériorité et les fait sombrer dans le mépris et le rejet de l’autre. Le drame de ces hommes est qu’ils sont embués par leur prétention et leur suffisance qu’ils ne peuvent hélas s’apercevoir de leurs erreurs puisqu’ils persistent dans leur délire moral d’être les meilleurs et de ne croire qu’aux richesses matérielles les plus basses, alors que les valeurs religieuses qui l’invite à aimer les autres, à les soutenir, à leur venir en aide lui paraissent comme ridicules et grotesques.

    Il arrive très souvent que ce français orgueilleux se pare de religion et revendique son appartenance chrétienne en évoquant Jésus dans des calculs bas et emprunts d’opportunisme. Mais quand l’impératif religieux lui rappelle ses devoirs, ce même individu se dérobe et revendique son statut de civilisé oubliant par-là que Jésus, dans le sermon sur la montagne, a enseigné à ses fidèles les valeurs qui feront d’eux des hommes civilisés. «Aimez vos ennemis ! Leur dit-il, Bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent, afin que vous soyez enfant de votre père qui est dans les cieux… Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ?… Soyez donc parfaits, comme votre père qui est dans les cieux est parfait.»

    Dans ces allusions allégoriques, Abdelkader laisse entendre une véritable leçon de morale à l’adresse de ces français «civilisés» qui ont pratiqués les pires cruautés sur le peuple d’Algérie. Devant ces crimes odieux qui vont à l’encontre du bon sens et la raison, Abdelkader qui n’est pas à proprement parler chrétien, mais musulman, a agi contrairement à eux, et en conformité avec le sermon sur la montagne. Il a fait du bien à ceux qui le haïssaient, il a pardonné à ceux qui l’ont trahi et persécuté, il a prié pour ceux qui étaient dans le doute et l’égarement, il a donné à ceux qui l’ont privé, de ce côté-là, il a été le digne enfant du «père». Autrement dit, il a été parfait comme le père qui est dans les cieux est parfait.

    A. M.

    *Professeur de philosophie

    Documents :

    La vie d’Abdelkader, introduction de Michel Habart p.34

    La vie d’Abdelkader p.284

    C’est fort inspiré du verset coranique conférant à Adam sa prééminence sur les anges, qu’Abdelkader voue un respect religieux à l’homme en tant qu’entité pensante. Dans le verset 31 sourate 2, Dieu ordonne aux anges de se prosterner devant Adam, et c’est dans cette prosternation qu’apparait la valeur accordée à l’homme par son créateur.

    Lettre aux français est la traduction récente du livre d’Abdelkader faite par Michel Habart à son intitulé arabe ذكرى العاقل وتنبيه الغافل La première traduction de ce livre a été faite en 1852 par l’Orientaliste Gustave Dugat et intitulé « Rappel à l’intelligent avis à l’indifférent ».

    Le livre d’Abdelkader p.7 et 8

    Idem p.7-8-9

    Idem p.9

    Idem p.9-10

    Source : Le Chélif

    #Algérie #France #Colonisation #Abdelkader #Emir_Abdelkader

  • RDC: Manifestation anti-ONU à Goma

    RDC, Congo, Goma, ONU, MINUSCO,

    Au moins cinq morts lors d’une manifestation anti-ONU dans l’est du Congo, selon le gouvernement

    GOMA, 26 juillet (Reuters) – Au moins cinq personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées lors de manifestations anti-ONU mardi à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, a déclaré un porte-parole du gouvernement.

    Plus tôt, un témoin de Reuters a vu des casques bleus de l’ONU abattre deux manifestants.

    La violence a eu lieu le deuxième jour des manifestations contre la mission de maintien de la paix MONUSCO pour ne pas avoir protégé les civils dans une région marquée par des décennies de violence des milices.

    Des centaines de manifestants ont attaqué et pillé un entrepôt de la MONUSCO à Goma lundi, exigeant que la mission quitte le pays.

    Un témoin de Reuters a déclaré que des soldats de la paix avaient tiré mardi à balles réelles sur une foule en grande partie pacifique, tuant deux personnes et en blessant au moins deux autres.

    Les officiers de l’armée et de la police déployés sur les lieux n’ont pas tiré, a-t-il ajouté.

    Un porte-parole de la MONUSCO n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter.

    Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a déclaré que de plus amples informations seraient fournies plus tard dans la journée sur le bilan humain et logistique des manifestations.

    Les tensions sont vives dans l’est du Congo, où la résurgence des affrontements entre les troupes locales et le groupe rebelle M23 a déplacé des milliers de personnes. Les attaques de militants liés à l’État islamique se poursuivent également malgré un état d’urgence d’un an et des opérations conjointes menées contre eux par les armées congolaise et ougandaise.

    Reuters, 26/07/2022

    #RDC #Congo #ONU #MONUSCO

  • L’UE s’accorde sur les coupures de gaz pour cet hiver

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    L’Europe accepte des restrictions de gaz de compromis alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    -Les ministres de l’UE conviennent de réduire d’urgence la consommation de gaz
    -Les réductions volontaires deviendraient contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement
    -L’accord final exempte de nombreux pays, industries
    -L’UE se précipite pour économiser du gaz alors que la Russie réduit l’approvisionnement

    BRUXELLES, 26 juillet (Reuters) – Les pays de l’Union européenne ont approuvé mardi un plan d’urgence affaibli pour limiter leur demande de gaz, après avoir conclu des accords de compromis pour réduire les coupes pour certains pays, alors qu’ils se préparent à de nouvelles réductions de l’offre russe.

    L’Europe est confrontée à une pénurie accrue de gaz à partir de mercredi, lorsque le russe Gazprom (GAZP.MM) a annoncé qu’il réduirait les flux via le gazoduc Nord Stream 1 vers l’Allemagne à un cinquième de sa capacité.

    Alors qu’une douzaine de pays de l’UE sont déjà confrontés à une réduction des approvisionnements russes, Bruxelles exhorte les États membres à se préparer en économisant du gaz et en le stockant pour l’hiver, de peur que la Russie ne coupe complètement les flux en représailles aux sanctions occidentales concernant sa guerre avec l’Ukraine.

    Les ministres de l’énergie ont approuvé une proposition demandant à tous les pays de l’UE de réduire volontairement leur consommation de gaz de 15 % d’août à mars. Les réductions pourraient être rendues contraignantes en cas d’urgence de l’approvisionnement, mais les pays ont accepté d’exempter de nombreux pays et industries, après que certains gouvernements aient résisté à la proposition initiale de l’UE d’imposer une réduction contraignante de 15 % à chaque pays.

    Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a déclaré que l’accord montrerait au président russe Vladimir Poutine que l’Europe restait unie face aux dernières coupures de gaz de Moscou.

    « Vous ne nous diviserez pas », a déclaré Habeck.

    La Hongrie était le seul pays à s’être opposé à l’accord, ont déclaré deux responsables de l’UE.

    Le russe Gazprom a imputé sa dernière réduction à la nécessité d’arrêter le fonctionnement d’une turbine – une raison rejetée par le chef de l’énergie de l’UE, Kadri Simson, qui a qualifié cette décision de « motivée politiquement ».

    Reuters, 26/07/2022

    #UE #Gaz #Hiver #Russie

  • Años 1950: Marruecos refugio para los homosexuales de Occidente

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    Cómo Marruecos se convirtió en un refugio para los occidentales homosexuales en la década de 1950
    Por Richard Hamilton

    Un británico volvió a casa de Marrakech la semana pasada tras ser encarcelado por « actos homosexuales ». Sin embargo, hubo una época en la que Marruecos era conocido como un refugio para los homosexuales estadounidenses y británicos, que huían de las restricciones en sus propios países para aprovechar su ambiente relajado.

    Hay que pasear por una de las principales calles de Tánger, el bulevar Pasteur, girar a la izquierda antes del hotel Rembrandt y bajar hacia el mar. A continuación, siga unos pasos hacia una estrecha calle lateral que huele a orina y grita de peligro.

    Con vistas a un espacio vacío que parece un aparcamiento en desuso o las secuelas de una bomba nuclear, hay un hostal familiar llamado El Muniria, un bloque blanco con alféizares azules y un tejado almenado.

    Fue aquí, en la habitación 9, en los años 50, donde William Burroughs, drogado, escribió una de las novelas más impactantes del siglo XX, El almuerzo desnudo. El libro, prohibido por las leyes de obscenidad estadounidenses, es una mezcla de autobiografía, ciencia ficción y sátira, salpicada de descripciones de sexo gay.

    Cuando entro en el Muniria, el miembro más joven de la familia me dice que puedo echar un vistazo, pero que la habitación 9 está cerrada, ya que su tío « se ha ido con la llave ».

    Los pasillos están desolados, con algo de moho en las paredes. Un retrato en blanco y negro de Burroughs, con sombrero y gafas oscuras, mira fijamente por encima de una planta de caucho. El cuarto de baño es desolador, como el interior de un manicomio, con azulejos blancos por todas partes, tuberías amarillentas expuestas y un espejo suelto a punto de caer en el lavabo. Los aseos parecen el fin del mundo.

    Me aventuro a bajar las escaleras hasta las dependencias donde vive la familia. La casera me enseña el lugar. Nos paramos frente a la habitación 9, que sigue cerrada. Le pregunto si es posible ver el interior. Me responde que está un poco desordenada. Le digo que no me importa, así que vuelve con la llave y abre la puerta. Dentro hay una cama sin hacer, una vieja radio y armarios de madera oscura. Una sola bombilla desnuda cuelga del techo.

    Me cuenta que Burroughs había vivido en la habitación 9, mientras que sus compañeros escritores beat Allen Ginsberg y Jack Kerouac habían alquilado las habitaciones 4 y 5 en el piso de arriba. Muy ocasionalmente, dice, el novelista estadounidense Paul Bowles, autor de The Sheltering Sky, utilizaba el número 7 en la parte superior. Al igual que El almuerzo desnudo, El cielo protector fue otra novela innovadora que explora el lado oscuro de la psique humana en el desolado telón de fondo del Sahara.

    Pero, ¿por qué estos gigantes de la literatura estadounidense se sintieron tan atraídos por Tánger?

    « Creo que usted sabe la razón », responde Simon-Pierre Hamelin con una sonrisa, cuando le planteo esta pregunta, y no dice más. Dirige La Librairie des Colonnes, una librería del bulevar Pasteur, propiedad del antiguo novio de Yves Saint Laurent.

    Sus estanterías son otro recordatorio del enorme legado literario de Tánger, que incluye a Jean Genet, André Gide, Tennessee Williams, Truman Capote, Gore Vidal y Joe Orton, todos ellos homosexuales o bisexuales, así como muchos otros, desde Samuel Pepys a Mark Twain, que eran heterosexuales.

    Durante décadas, Tánger y otras ciudades marroquíes fueron imanes para los turistas homosexuales. Antes de la independencia en 1956, Tánger era una zona internacional administrada por varios países europeos, sin un estado de derecho muy rígido. En palabras del académico inglés Andrew Hussey, Tánger era « una utopía de placeres peligrosos y desconocidos ». Los estadounidenses que llegaron en los años 50 escapaban de una sociedad represiva en la que la homosexualidad estaba prohibida. En Marruecos, las actitudes eran mucho más relajadas y, siempre que fueran discretos, los occidentales podían satisfacer sus deseos, sin miedo al acoso, con una oferta ilimitada de jóvenes locales necesitados de dinero, y fumar una oferta igualmente ilimitada del cannabis local.

    La diferencia de riqueza entre extranjeros y marroquíes creó un floreciente mercado de la prostitución, pero las relaciones no se basaban únicamente en el intercambio de dinero. Paul Bowles mantuvo una larga amistad con el artista Ahmed Yacoubi, y su esposa Jane vivía en un apartamento del piso superior con una campesina salvaje llamada Cherifa.

    En sus primeros días en Tánger, Burroughs no era especialmente sensible a la cultura local. En una carta a Allen Ginsberg en 1954, ni siquiera es capaz de llevar la cuenta de sus conquistas:

    « Me acuesto con un árabe vestido de europeo. Varios días después… me encuentro con un árabe vestido de nativo, y nos reparamos en un baño turco. Ahora estoy casi (pero no del todo) seguro de que es el mismo árabe. En cualquier caso, no he vuelto a ver al número 1… Es como si hubiera estado en la cama con 3 árabes desde que llegué, pero me pregunto si no se trata del mismo personaje con diferentes ropas, y cada vez mejor portado, más barato, más respetuoso… Realmente no lo sé con seguridad ».

    En su autobiografía de 1972, Second Son, David Herbert, aristócrata inglés y residente durante mucho tiempo en Tánger, se lamentaba de la reputación de « Tánger marica » de la ciudad. « Hay un aspecto de la vida de Tánger que muchos de los que vivimos aquí encontramos desagradable y ocasionalmente embarazoso ». Añadió que su « antigua reputación de ciudad del pecado » atrae a los europeos que parecen imaginar que « todo marroquí que ven está en venta ». Su falta de discriminación provoca grandes ofensas y si alguien recibe un golpe en la cabeza suele ser por su propia culpa ».

    En su diario, el dramaturgo inglés Joe Orton registró una conversación en el Café de París en 1967. Orton estaba sentado en una mesa con amigos junto a un « turista estadounidense bastante estirado y su esposa desaprobadora ». Para avivar aún más su desaprobación, el dramaturgo comenzó a hablar de un encuentro sexual. Cuando uno de los comensales le recordó a Orton que los turistas podían oír cada palabra, éste replicó: « no tienen derecho a ocupar las sillas reservadas a los pervertidos sexuales decentes ».

    Para algunos heterosexuales, el predominio de los gays tenía sus ventajas. El septuagenario escritor de viajes estadounidense John Hopkins dice: « Yo era el único escritor heterosexual en Tánger en aquella época. En cuanto a las mujeres, ¡tenía el campo para mí solo! ».

    Aunque algunos piensan que los escritores se rebelaban contra una América desalmada y suburbana como la de McCarthy, Hopkins dice que era más sencillo. « Buscaban chicos y drogas. Eso es lo que les atraía. Los marroquíes eran encantadores, atractivos, inteligentes y tolerantes. Tenían que aguantar mucho de nosotros ».

    Entonces, ¿por qué Marruecos, un país ostensiblemente islámico y devoto, permitió que la homosexualidad prosperara? El autor Barnaby Rogerson dice que es una sociedad llena de paradojas.

    « Es… un lugar en el que las cuatro piedras angulares de la cultura: bereber-africana, mediterránea, árabe o islámica, comparten una creencia absoluta en la abundante sexualidad de todos los hombres y mujeres, que están cargados de una especie de volcán personal de ‘fitna’, que amenaza a la familia, a la sociedad y al Estado con un caos derivado de la sexualidad en cualquier momento », dice. La palabra fitna, sugiere, « significa algo así como ‘encanto, seducción, encantamiento, tentación, disensión, malestar, disturbios, rebelión’ o todo ello al mismo tiempo ».

    Pero, a pesar de un cierto temor a este caos de la sexualidad, también se entiende que forma parte de la naturaleza humana y que, en última instancia, hay que vivir y dejar vivir. « Marruecos », dice Rogerson, « siempre ha sido una nación donde la tolerancia se practica pero no se predica ».

    Servicio Mundial de la BBC, 12 de octubre de 2014

    #Marruecos #Homosexuales #Años_1950





  • L’UE a fourni au Maroc des puissants logiciels d’espionnage

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    L’Union européenne a discrètement fourni au Maroc de puissants systèmes de piratage des téléphones

    Pour renforcer le contrôle des migrants, l’Union européenne a fourni à la police marocaine des logiciels d’extraction de données des téléphones. Faute de contrôle, ces technologies pourraient servir à accentuer la surveillance des journalistes et défenseurs des droits humains au Maroc.

    Délits d’opinions, harcèlements, intimidations policières. Au Maroc, la répression contre celles et ceux qui contestent le régime s’est durement intensifiée. Abdellatif Hamamouchi, 28 ans, en a fait les frais. Un soir de juillet 2018, le journaliste et militant de l’Association marocaine des droits humains a été victime d’une violente agression par des hommes qui appartenaient, selon lui, à la police politique du régime. Ils l’ont « battu et jeté par terre » avant de lui prendre son téléphone portable. « Grâce à lui, ils ont pu avoir accès à mes e-mails, ma liste de contacts, mes échanges avec mes sources », se souvient-il.

    Comme lui, une dizaine de journalistes et militants marocains dont nous avons recueilli le témoignage expliquent s’être vu confisquer leurs téléphones à la suite d’une arrestation arbitraire. Selon eux, cette pratique obéirait à un unique objectif : renforcer le fichage des opposants présumés en collectant un maximum d’informations personnelles. Un contrôle qui, depuis 2019, pourrait être facilité par le soutien technologique et financier de l’Union européenne.

    Disclose, en partenariat avec l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, révèle que l’UE a livré au Royaume du Maroc des puissants systèmes de surveillance numérique. Des logiciels conçus par deux sociétés spécialisées dans le piratage des téléphones et l’aspiration de données, MSAB et Oxygen forensics, avant d’être livrés aux autorités marocaines par Intertech Lebanon, une société franco-libanaise, sous la supervision du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD). Objectif de ce transfert de technologies financé sur le budget du « programme de gestion des frontières pour la région Maghreb » de l’UE : lutter contre l’immigration irrégulière et le trafic d’êtres humains aux portes de l’UE.

    Selon des documents obtenus par Disclose et Der Spiegel auprès des institutions européennes, la société MSAB, d’origine suédoise, a fourni à la police marocaine un logiciel baptisé XRY capable de déverrouiller tous types de smartphones pour en extraire les données d’appels, de contacts, de localisation, mais aussi les messages envoyés et reçus par SMS, WhatsApp et Signal. Quant à Oxygen forensics, domiciliée pour sa part aux Etats-Unis, elle a livré un système d’extraction et d’analyse de données baptisé « Detective ». Sa spécificité ? Contourner les verrouillages d’écran des appareils mobiles afin d’aspirer les informations stockées dans le cloud (Google, Microsoft ou Apple) ou les applications sécurisées de n’importe quel téléphone ou ordinateur. La différence notable avec le logiciel Pegasus, les deux logiciels nécessitent d’accéder physiquement au mobile à hacker, et ne permet pas de surveillance à distance.

    LA POLICE MAROCAINE FORMÉE AU PIRATAGE NUMÉRIQUE

    A l’achat des logiciels et des ordinateurs qui vont avec, l’Union européenne a également financé des sessions de formations dispensées aux forces de police marocaine par les collaborateurs d’Intertech et les salariés de MSAB et Oxygen Forensics. Mais ce n’est pas tout. Selon des documents internes obtenus par l’ONG Privacy International, l’Europe a aussi envoyé ses propres experts issus du Collège européen de police, le CEPOL, pour une formation de quatre jours à Rabat entre le 10 et le 14 juin 2019. Au programme : sensibilisation à « la collecte d’information à partir d’Internet » ; « renforcement des capacités d’investigation numérique », introduction au « social hacking », une pratique qui consiste à soutirer des informations à quelqu’un via les réseaux sociaux.

    CONTRÔLE INEXISTANT
    Reste à savoir si ces outils de surveillance sont réellement, et exclusivement, utilisés à des fins de lutte contre l’immigration illégale. Or, d’après notre enquête, aucun contrôle n’a jamais été effectué. Que ce soit de la part des fabricants ou des fonctionnaires européens. Dit autrement, le Maroc pourrait décider d’utiliser ses nouvelles acquisitions à des fins de répression interne sans que l’Union européenne n’en sache rien. Un risque d’autant plus sérieux, selon des chercheurs en sécurité numérique joints par Disclose, que les logiciels XRY et Detective ne laissent pas de traces dans les appareils piratés. A la grande différence d’une autre technologie bien connue des services marocains : le logiciel israélien Pegasus, qui permet de pirater un appareil à distance. Le système Pegasus a été massivement employé par le Maroc dans le but d’espionner des journalistes, des militants des droits humains et des responsables politiques étrangers de premier plan, comme l’a révélé le consortium de journalistes Forbidden Stories, en 2021.

    Avec les solutions XRY et Detective, « dès que vous avez un accès physique à un téléphone, vous avez accès à tout », souligne Edin Omanovic, membre de l’ONG Privacy international. Un élément qu’il estime « inquiétant », poursuit-il, « dans un contexte où les autorités ciblent les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes ».

    Afin de garantir que le matériel ne sera pas détourné de son objet officiel, la Commission européenne affirme qu’un document d’engagement a été signé par les autorités marocaines – il ne nous a pas été transmis. D’après un porte-parole sollicité par Disclose, ledit document stipulerait que ces technologies ne serviront que pour lutter « contre le trafic d’êtres humains. » Rien d’autre ? « L’UE fait confiance à Rabat pour respecter son engagement, c’est de sa responsabilité », élude le porte-parole.

    « PROBLÈMES DÉMOCRATIQUES »
    En réalité, ce transfert de technologies devrait faire l’objet d’une attention particulièrement accrue. Pour cause : les systèmes fournis par l’UE sont classés dans la catégorie des biens à double usage (BDU), c’est-à-dire des biens qui peuvent être utilisés dans un contexte militaire et civil. Ce type d’exportation est même encadré par une position commune de l’UE, datée de 2008. Celle-ci stipule que le transfert des biens à double usage est interdit dès lors qu’il « existe un risque manifeste » que le matériel livré puisse être utilisé à des fins de « répression interne ». Un risque largement établi dans le cas marocain, comme l’a démontré l’affaire Pegasus.

    Contactés, MSAB et Oxygen Forensics ont refusé de nous répondre. Même chose du côté des régulateurs suédois et américains sur les exportations de biens à double usage. Aucune réponse non plus des autorités marocaines. Alexandre Taleb, le PDG d’Intertech, la société responsable du déploiement des technologies, a été plus loquace. « Mes clients savent ce qu’ils achètent, je n’ai pas à les juger. Ils ont plus de 400 millions d’habitants qui peuvent s’en charger, déclare-t-il. Si le Maroc a des problèmes démocratiques, c’est une chose, mais nos outils ne sont pas la cause de ces problèmes ». Pour ce marché, Intertech a empoché près de 400 000 euros.

    Au parlement européen, ces exportations sont loin de faire l’unanimité. « Sous prétexte de sécuriser nos frontières, nous ne pouvons pas nous contenter des promesses d’un régime autoritaire, déplore ainsi l’eurodéputée Markéta Gregorová (groupe des Verts). C’est une négligence délibérée et moralement inacceptable de la part de l’Europe ». Une négligence qui passe d’autant plus mal que la société MSAB a été accusée d’avoir équipé la police birmane en 2019, à un moment où des exactions contre des civils étaient connues et documentées.

    Zach Campbell et Lorenzo D’Agostino

    Source : Disclose, 24/07/2022

    #Maroc #Union_Européenne #UE #Migration #Logiciels_espions #Hacking

  • Le Pentagone envisage de priver le Maroc de l’African Lion

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    Le Pentagone envisage de retirer le Maroc comme hôte du plus grand exercice militaire en Afrique

    Par Bryant Harris

    WASHINGTON – Le ministère de la Défense envisage d’autres sites pour le plus grand exercice militaire en Afrique, alors que le Sénat fait pression pour que le Maroc cesse d’être l’hôte annuel de ces exercices.

    Le sénateur James Inhofe, R-Okla, le membre le plus haut placé de la commission des services armés, a mené la charge contre le fait que le Maroc accueille l’exercice African Lion pour repousser son contrôle du Sahara occidental contesté.

    « Pendant plus de cinq décennies, le peuple sahraoui a été soumis à des promesses non tenues et à des attaques vicieuses de la part du gouvernement marocain », a déclaré M. Inhofe la semaine dernière lors d’une audience de confirmation pour les candidats à la direction du Commandement Afrique et du Commandement des opérations spéciales.

    « J’ai poussé [le ministère de la Défense] à chercher d’autres lieux pour l’exercice militaire annuel African Lion qui se déroulait auparavant au Maroc », a ajouté M. Inhofe. « Je suis heureux que [le secrétaire à la Défense Lloyd Austin] soit d’accord avec moi sur cette question ».

    Le bureau de Inhofe a déclaré à Defense News qu’il avait obtenu l’engagement de Austin, lors d’une réunion privée, d’examiner d’autres lieux pour l’exercice annuel, que les États-Unis et 10 pays partenaires mènent conjointement au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et au Ghana.

    Le rapport accompagnant la version du Sénat de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2023 demande également à Austin de « développer un plan de rotation des arrangements d’accueil et des lieux » de tous les exercices multilatéraux, y compris African Lion, dans le cadre de l’AFRICOM et de soumettre un rapport d’ici décembre.

    Le lieutenant-général Michael Langley et le lieutenant-général Bryan Fenton, nommés respectivement à la tête de l’AFRICOM et du SOCOM, ont déclaré à Inhofe, lors de leur audition de confirmation, qu’ils étaient d’accord pour trouver d’autres lieux pour les exercices African Lion.

    « Je vais assurer le suivi de cette question sérieuse », a déclaré Langley. « Je sais que le ministère de la Défense s’est penché sur la question. Je pense qu’il est temps de voir si le Maroc fait des progrès. »

    Inhofe a longtemps critiqué le contrôle du Maroc sur le Sahara occidental, qui oppose Rabat au Front Polisario soutenu par l’Algérie – un mouvement indépendantiste sahraoui.

    Il a qualifié de « choquant et profondément décevant » le fait que l’ancien président Donald Trump ait bouleversé des décennies de politique américaine en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental au moment même où le Maroc signait les accords d’Abraham normalisant les liens avec Israël. Le président Joe Biden a laissé la politique de Trump intacte.

    L’ancien premier ministre marocain Saadeddine Othmani a tweeté l’année dernière que l’exercice du Lion d’Afrique, qui a lieu depuis près de deux décennies, « marque la consécration de la reconnaissance américaine du Sahara marocain. » Othamni a tweeté à l’époque qu’une partie des exercices de 2021 se déroulerait au Sahara occidental, mais a supprimé le tweet après qu’AFRICOM ait démenti que l’exercice se tienne dans le territoire contesté.

    Après cela, le Sénat a ajouté une disposition au NDAA 2022 interdisant aux forces américaines de participer à des exercices multilatéraux accueillis au Maroc, sauf si le secrétaire à la défense certifie que le pays est « engagé dans la recherche d’une solution politique mutuellement acceptable au Sahara occidental. »

    Austin n’a pas fait cette certification pour les exercices de cette année, qui ont eu lieu le mois dernier, et a plutôt soumis une dérogation de sécurité nationale autorisée par la NDAA 2022 pour permettre aux exercices d’avoir lieu.

    « L’U.S. Africa Command continue d’explorer des alternatives pour diversifier davantage les lieux d’exercices multilatéraux et continue de consulter étroitement le ministère de la Défense et le département d’État pour assurer la pleine conformité avec les exigences futures, comme indiqué par la NDAA », a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense à Defense News dans un communiqué.

    Ni la version du Sénat ni celle de la Chambre des représentants de la NDAA 2023 ne contiennent le langage interdisant au Maroc d’accueillir des exercices dirigés par les États-Unis que le Congrès a ajouté au projet de loi de l’année dernière. Cependant, le rapport du Sénat accompagnant le projet de loi de cette année autorise 10 millions de dollars pour l’AFRICOM afin d’ »évaluer les lieux alternatifs et les arrangements d’accueil pour les exercices multilatéraux avec les partenaires africains. »

    « La commission estime en outre que la diversification des hôtes et des lieux de ces exercices peut aider le [ministère de la Défense] à élargir les partenariats en Afrique, à accroître les capacités des partenaires africains et à favoriser l’accès et l’influence des États-Unis sur le continent », indique le rapport.

    Parmi les autres exercices dirigés par l’AFRICOM, citons le Cutlass Express de la Marine près de la Corne de l’Afrique, l’Obangame Express sur la côte ouest de l’Afrique et le Phoenix Express en Méditerranée.

    Avec le départ à la retraite d’Inhofe à la fin de l’année, les Sahraouis vont perdre l’un de leurs plus puissants défenseurs au Capitole. Mais le statut du Maroc en tant qu’hôte clé de l’exercice African Lion pourrait rester en péril.

    Le Sénateur Mike Rounds, R-S.D., siège également au Comité des Services Armés et a indiqué lors de l’audition de confirmation de la semaine dernière qu’il a l’intention de continuer à pousser le Maroc sur sa politique du Sahara Occidental. Il a exprimé sa crainte que le conflit qui couvait depuis longtemps avec le Front Polisario puisse à nouveau dégénérer en guerre ouverte.

    « Cela pourrait être un baril de poudre », a déclaré Rounds. « Avec d’autres intérêts extérieurs qui amorcent la pompe, si nous ne parvenons pas à résoudre cette question, cela pourrait être un autre de ces points chauds qui ne disparaissent pas et un peu d’attention maintenant pourrait faire un long chemin. »

    DefenseNews, 25/07/2022

    #Maroc #African_Lion #James_Inhofe #Sahara_Occidental

  • Guerre et instabilité au Sahel : la famine pointe à l’horizon

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    Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, Rotimy Djossaya, le directeur du Plan international pour la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, invite les gouvernements à mettre en œuvre des actions urgentes pour éviter une crise alimentaire de grande ampleur au sahel.

    Le texte note d’emblée que, dans le Sahel central, les prévisions les plus pessimistes sur l’insécurité alimentaire se concrétisent : « À ce jour, les programmes et le financement de la réponse humanitaire n’ont pas permis de relever les défis auxquels sont confrontées les populations vulnérables, en particulier les femmes et les filles ».

    À la suite d’une visite au Burkina Faso et au Niger, Rotimy Djossaya, a appelé tous les acteurs humanitaires à intensifier et coordonner de manière significative leurs efforts en réponse à la détérioration sans précédent de la crise alimentaire dans le Sahel central, les enfants et les filles étant particulièrement touchés. Cette crise alimentaire dramatique fait des ravages dans les zones affectées par les conflits, alors que la situation nutritionnelle déjà précaire des communautés s’aggrave et que l’accès aux moyens de subsistance et aux services sociaux de base est entravé.

    Pendant la période de soudure qui vient de commencer, 9,7 millions de personnes [1] seront en situation d’insécurité alimentaire au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et la situation se détériore rapidement.

    « Au Niger, la consommation alimentaire est déjà très dégradée dans presque toutes les régions, et les seuils d’urgence fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé pour la malnutrition aiguë globale et la malnutrition aiguë sévère ont déjà été dépassés » alerte Mohamed Bah, Représentant Résident au Niger, avant d’ajouter : « Désormais, la réponse à la crise alimentaire est devenue notre plus grande priorité ». Au Burkina Faso et au Mali, la tendance est aussi à l’aggravation, alors que le conflit armé continue de s’étendre. Les prévisions de production agricole font état d’une baisse de 12 % [2] de la production céréalière régionale par rapport à l’année dernière, le Niger (-36 %) enregistrant la plus forte baisse.

    Des facteurs aggravants

    Dans le Sahel central, les conflits prolongés sont le principal moteur d’une crise alimentaire majeure, à laquelle s’ajoutent des déplacements massifs toujours plus fréquents, les pénuries alimentaires mondiales et les chocs climatiques. Yaouba Kaigama, Représentant Résident au Burkina Faso, ajoute : « En plus des attaques contre les civils, les groupes armés non étatiques pillent et détruisent les récoltes, volent le bétail et extorquent de l’argent aux communautés, affamant des centaines de milliers de familles. Les marchés dans les zones touchées ne sont plus fonctionnels ou fonctionnent au ralenti. »

    L’agriculture, le commerce et la transhumance ont été considérablement affectés, compromettant les moyens de subsistance de millions de personnes et augmentant les conflits autour des ressources naturelles, aggravés par le changement climatique. En outre, un tiers de l’approvisionnement mondial en blé provenant d’Ukraine et de Russie, l’insécurité alimentaire dans le Sahel central va considérablement s’aggraver : la région est confrontée à la diminution des réserves mondiales de céréales et à la flambée des prix du carburant. Les prix des intrants agricoles, notamment des engrais, montent en flèche, ce qui a un impact sur la production agricole et les récoltes.

    Les filles, les adolescentes et les femmes sont les plus touchées

    Les filles et les femmes sont les premières victimes de la crise alimentaire. Les enfants non accompagnés et séparés peuvent avoir du mal à accéder à l’aide, et les filles et les femmes sont notamment exposées à un risque accru de violence sexuelle et sexiste lors des distributions de nourriture. Lors d’une crise alimentaire, les filles mangent souvent moins et en dernier. Non seulement elles ont moins accès à la nourriture, mais elles sont aussi souvent les plus touchées lorsque les familles ont recours à des stratégies d’adaptation négatives : les filles sont les plus susceptibles d’être retirées de l’école, certaines n’y retournant jamais, et sont les plus exposées au travail des enfants, aux mariages précoces et forcés et à l’exploitation sexuelle.

    Des financements insuffisants et des besoins humanitaires en augmentation

    L’intensification de la réponse pour répondre aux besoins urgents des populations est entravée par une grande insuffisance de financement, et l’ampleur des besoins dépasse les capacités de réponse. «2021 a vu une augmentation drastique des besoins humanitaires dans le Sahel central, atteignant 14,7 millions de personnes ayant besoin d’une assistance vitale début 2022[4]. Dans le même temps, seuls 41% des fonds requis par la communauté humanitaire pour répondre aux besoins urgents dans le Sahel central ont été satisfaits, et même seulement 38% pour le Mali », alerte Rotimy Djossaya. Au 27 juin, les plans de réponse humanitaire des trois pays n’étaient financés qu’à hauteur de 15%, selon OCHA. « La mobilisation de l’opinion publique internationale, des gouvernements et des donateurs est impérative. Au-delà de la crise en Ukraine, la crise du Sahel central requiert plus que jamais notre attention, notamment pour éviter une crise alimentaire dramatique », ajoute Rotimy Djossaya. Quant à Plan International, des efforts supplémentaires sont en cours pour mobiliser des ressources pour la réponse, non seulement dans la région mais aussi au niveau mondial.

    Le communiqué rappelle que « Tous les acteurs humanitaires doivent comprendre les conséquences spécifiques et graves de la crise alimentaire sur les filles et les femmes ».

    [1] Cadre Harmonisé mars 2022

    [2] Aperçu des besoins humanitaires juin 2022

    [3] Selon OCHA

    À propos de Plan International

    Fondée en 1937, Plan International est une organisation humanitaire de développement centrée sur l’enfant, sans affiliation religieuse ni politique, qui fait progresser les droits des enfants et l’égalité des filles. Elle s’efforce de créer un monde juste, en travaillant avec les enfants, les jeunes, les sympathisants et les partenaires. Plan soutient la progression sûre et réussie des enfants de la naissance à l’âge adulte.

    Le Chélif, 25/07/2022

    #Sahel #Mali #Burkina_Faso #Niger #Tchad #Famine #Crise_alimentaire

  • El Pentágono estudia privar a Marruecos del African Lion

    Estados Unidos, Marruecos, African Lion, Sahara Occidental,

    El Pentágono estudia retirar a Marruecos como sede del mayor ejercicio militar en África

    Por Bryant Harris

    WASHINGTON – El Departamento de Defensa está estudiando ubicaciones alternativas para el mayor ejercicio militar en África, en medio de la presión del Senado para que Marruecos deje de ser el anfitrión anual de los ejercicios.

    El senador James Inhofe, republicano de Oklahoma, miembro de mayor rango en la Comisión de Servicios Armados, ha liderado la carga contra el hecho de que Marruecos sea el anfitrión del ejercicio León Africano, con el fin de hacer frente a su control sobre el disputado Sahara Occidental.

    « Durante más de cinco décadas, el pueblo saharaui ha estado sometido a repetidas promesas incumplidas y ataques despiadados por parte del gobierno marroquí », dijo Inhofe la semana pasada en una audiencia de confirmación de los candidatos a dirigir el Mando de África y el Mando de Operaciones Especiales.

    « He presionado [al Departamento de Defensa] para que busque lugares alternativos para el ejercicio militar anual African Lion que se ha celebrado en Marruecos anteriormente », añadió Inhofe. « Me complace que [el secretario de Defensa, Lloyd Austin] esté de acuerdo conmigo en esta cuestión ».

    La oficina de Inhofe dijo a Defense News que consiguió el compromiso de Austin en una reunión privada para buscar ubicaciones alternativas para el ejercicio anual, que Estados Unidos y 10 países asociados realizan conjuntamente en Marruecos, Túnez, Senegal y Ghana.

    El informe que acompaña a la versión del Senado de la Ley de Autorización de la Defensa Nacional para el año fiscal 2023 también ordena a Austin que « desarrolle un plan para rotar los acuerdos de acogida y las ubicaciones » de todos los ejercicios multilaterales, incluido el León Africano, dentro del ámbito del AFRICOM, y que presente un informe antes de diciembre.

    El Teniente General Michael Langley y el Teniente General Bryan Fenton, los nominados para dirigir el AFRICOM y el SOCOM respectivamente, dijeron a Inhofe durante su audiencia de confirmación que estaban de acuerdo en encontrar lugares alternativos para los ejercicios African Lion.

    « Haré un seguimiento de esta grave cuestión », dijo Langley. « Sé que el Departamento de Defensa lo ha estado estudiando. Creo que es hora de ver si Marruecos está haciendo progresos ».

    Inhofe ha sido durante mucho tiempo crítico con el control de Marruecos sobre el Sahara Occidental, que enfrenta a Rabat con el Frente Polisario -un movimiento independentista saharaui- respaldado por Argelia.

    Calificó de « chocante y profundamente decepcionante » el hecho de que el ex presidente Donald Trump diera un vuelco a décadas de política estadounidense al reconocer la soberanía marroquí sobre el Sáhara Occidental al mismo tiempo que Marruecos firmaba los Acuerdos de Abraham que normalizaban los lazos con Israel. El presidente Joe Biden ha dejado intacta la política de Trump.

    El ex primer ministro marroquí Saadeddine Othmani tuiteó el año pasado que el ejercicio del León Africano, que se celebra desde hace casi dos décadas, « marca la consagración del reconocimiento estadounidense del Sáhara marroquí. » Othamni tuiteó entonces que parte de los ejercicios de 2021 se realizarían en el Sáhara Occidental, pero borró el tuit después de que el AFRICOM desmintiera que el ejercicio se realizaría en el territorio en disputa.

    Después de eso, el Senado añadió una disposición a la NDAA de 2022 que prohíbe a las fuerzas estadounidenses participar en ejercicios multilaterales organizados en Marruecos a menos que el secretario de Defensa certifique que el país está « comprometido con la búsqueda de una solución política mutuamente aceptable en el Sáhara Occidental. »

    Austin no hizo esa certificación para los ejercicios de este año, que tuvieron lugar el mes pasado, y en su lugar presentó una exención de seguridad nacional permitida por la NDAA de 2022 para permitir que los simulacros siguieran adelante.

    « El Comando de África de los Estados Unidos continúa explorando alternativas para diversificar aún más las ubicaciones de los ejercicios multilaterales y sigue consultando estrechamente con el Departamento de Defensa y el Departamento de Estado para garantizar el pleno cumplimiento de los requisitos futuros según lo dispuesto por la NDAA », dijo un portavoz del Departamento de Defensa a Defense News en un comunicado.

    Ni la versión del Senado ni la de la Cámara de Representantes de la NDAA de 2023 contienen el lenguaje que prohíbe a Marruecos acoger ejercicios dirigidos por Estados Unidos que el Congreso añadió al proyecto de ley del año pasado. Sin embargo, el informe del Senado que acompaña al proyecto de ley de este año autoriza 10 millones de dólares para que el AFRICOM « evalúe ubicaciones alternativas y acuerdos de acogida para ejercicios multilaterales con socios africanos. »

    « La comisión cree además que la diversificación de los anfitriones y las ubicaciones de estos ejercicios puede ayudar al [Departamento de Defensa] a ampliar las asociaciones en África, aumentar las capacidades de los socios africanos y fomentar el acceso y la influencia de Estados Unidos en el continente », afirma el informe.

    Otros ejercicios dirigidos por el AFRICOM son el Cutlass Express de la Armada cerca del Cuerno de África, el Obangame Express en la costa occidental africana y el Phoenix Express en el Mediterráneo.

    Con la retirada de Inhofe a finales de año, los saharauis perderán a uno de sus más poderosos defensores en el Capitolio. Pero el estatus de Marruecos como anfitrión clave en el ejercicio del León Africano puede seguir en peligro.

    El senador Mike Rounds, republicano por el Distrito de Columbia, también forma parte del Comité de Servicios Armados e indicó en la audiencia de confirmación de la semana pasada que tiene la intención de seguir presionando a Marruecos en su política sobre el Sahara Occidental. Expresó su preocupación por la posibilidad de que el prolongado conflicto con el Frente Polisario vuelva a desembocar en una guerra abierta.

    « Esto podría ser un barril de pólvora », dijo Rounds. « Con otros intereses externos cebando la bomba, si no conseguimos resolver esta cuestión, podría ser otro de estos puntos calientes que no desaparece y un poco de atención ahora mismo podría servir de mucho ».

    Defensenews, 25/07/2022

    #Marruecos #Estados_Unidos #EEUU #African_Lion #Sahara_Occidental

  • Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas

    European Union, gas, Russia, Algeria, Western Sahara, Morocco, Israel, Lebanon, Hezbollah, Egypt, Qatar,

    With Strings Attached: Implications of Europe’s Turn to Mediterranean Gas
    Samuel Bruning and Dr Tobias Borck

    In its efforts to wean itself off Russian energy supplies, Europe is increasingly looking to its southern neighbourhood. But this comes with its own set of geopolitical challenges.

    As heatwaves hit Europe, governments across the continent are already worrying about a cold winter and a deepening energy crisis. Since Russia launched its war of aggression against Ukraine five months ago, European countries have been scrambling to reduce their dependence on Russian oil and gas imports, not least to limit one of Moscow’s most important sources of revenue. Yet, they also fear that Russia could beat them to the punch and cut off energy flows to Europe before alternative sources have been secured. Russia has already stopped supplying gas to Poland, Bulgaria and Finland, and reduced deliveries to Germany, Italy and other European states.

    As Europe searches for alternatives to Russian gas, debates about fracking are re-emerging, and discussions about if and when Europe can import more liquified natural gas (LNG) from leading exporters such as the US and Qatar are drawing much attention. Additionally, European states are turning to old and new gas producers in the eastern and western Mediterranean, lured not least by the promise of short supply routes along which pipelines already exist or could feasibly be constructed.

    In the eastern Mediterranean, Israel is emerging as a major gas producer. In June, the EU, Israel and Egypt agreed to work on a partnership that could eventually see Israeli gas be transformed into LNG in already existing Egyptian gas liquification plants before being shipped to Europe. Meanwhile, further west, Algeria, a longstanding gas producer that already sends about a quarter of its gas to Spain, signed a deal with Italy in May to increase its supplies to Europe.

    Neither arrangement represents a quick fix. It will likely take years for the necessary infrastructure in Europe, Israel and Algeria to be built and for the latter two to sufficiently increase their production capacity to even begin to replace the volumes of gas Europe imports from Russia. Just as importantly, both deals tie Europe more closely to complex and potentially explosive geopolitical contexts. If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions; considering their strategic implications for European security is therefore vital.

    Israeli Gas, Hizbullah’s Drones and the Egyptian Economy

    The eastern Mediterranean has long been a highly contested space. Just over the past decade, the overlapping rivalries and shifting alignments among the region’s states – Cyprus, Egypt, Greece, Israel, Lebanon, Syria and Turkey – have shaped (and been shaped) by the conflicts in Libya and Syria, and between Israel and the Palestinians, to name but a few. At various times, these conflicts have repeatedly drawn in extra-regional powers, including European states, Russia, the US and even Iran, Saudi Arabia and the United Arab Emirates (UAE).

    With the gas deal with Israel and Egypt, the EU has increased its own stake in this complex environment beyond the obligations it already had to its member states of Cyprus and Greece. Two aspects are particularly important to consider.

    If European countries should have learned anything from Russia’s war in Ukraine, it is surely that energy agreements are more than mere commercial transactions

    Firstly, with the agreement, the EU wades into the longstanding maritime border dispute between Israel and Lebanon. The offshore Karish Field, from which the gas destined for Europe is supposed to come, is adjacent to the area that both countries claim to be part of their own exclusive economic zone. The US government has appointed a Special Envoy, Amos Hochstein, to mediate in the dispute, but negotiations have been progressing slowly – if at all – in recent months.

    Buckling under an unprecedented economic crisis and a dysfunctional political system, the Lebanese state’s capacity to effectively engage on these matters is somewhat limited at the moment. But Hizbullah, which suffered a setback in the Lebanese parliamentary elections in May, appears to see the border dispute and the international spotlight on gas exploration in the eastern Mediterranean as a useful opportunity to bolster its anti-Israeli credentials. On 2 July, Israeli authorities said that they had shot down three Hizbullah drones approaching a gas rig at Karish.

    Hizbullah later said the drones had been unarmed and were part of a reconnaissance mission, but the incident certainly illustrated the volatility of the situation in the area. This does not have to deter Europe from seeking to expand energy trade with Israel or other eastern Mediterranean producers, but the obvious political risks must be taken into account in Brussels and should inform thinking about future security arrangements in the region.

    Secondly, the EU–Israel–Egypt gas agreement comes at a time when policymakers across Europe are increasingly concerned about Egypt’s economic stability. Hit hard by the impact of Russia’s invasion of Ukraine, particularly with regard to food security, the Egyptian government is struggling to contain a potentially burgeoning economic crisis. While macro-economic growth figures have remained relatively strong, inflation and soaring food and energy prices are causing increasing strain. Scarred by the experience of the political instability that gripped the Middle East and North Africa in the aftermath of the 2010/11 Arab Uprisings, and in particular the migration crisis triggered and facilitated by the violent conflicts in Syria and Lebanon, renewed instability in Egypt represents a nightmare scenario for many European governments.

    The gas agreement should bring some economic benefits for Egypt, but not necessarily in a way that will help to address poverty and Egypt’s other related socio-economic challenges. The EU will therefore have to ensure that the energy deal is part of a more comprehensive engagement with Cairo that seeks to increase the resilience of the Egyptian economy through reform.

    Algerian Gas, Morocco and the Western Sahara

    In the western Mediterranean, meanwhile, Algeria has long been an important gas supplier for Europe. Spain has imported Algerian gas via the Maghreb-Europe pipeline, which runs through Morocco, since 1996, and via the undersea Medgaz pipeline since 2011. However, relations between Madrid and Algiers, including the energy trade between the two countries, have persistently been affected by the conflict between Algeria and Morocco over the Western Sahara, which Morocco claims as its territory, while Algeria supports the Polisario Front that seeks Sahrawi independence. Over the past two years, tensions have steadily grown.

    New partnerships with Mediterranean energy producers must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are

    In 2021, Algeria decided to end exports via the Maghreb-Europe pipeline and therefore cut off supplies to Morocco, planning instead to expand the capacity of the Medgaz pipeline. Subsequently, in March 2021, Algiers was angered by Spain’s reversal of its position on the Western Sahara. Having previously been mostly neutral on the territory’s status, insisting that it was a matter for the UN to resolve, Madrid endorsed Rabat’s plan to retain sovereignty over the Western Sahara while granting it autonomy to run its domestic affairs. The move was to a significant extent motivated by Spain’s need to deepen cooperation with Morocco to contain migration, particularly to the Spanish enclaves of Ceuta and Melita.

    As things stand, Algeria has said that it will continue to supply Spain with gas via the Medgaz pipeline. But its Ambassador to Madrid, whom Algiers withdrew in March, has not returned. Moreover, the Algerian government has repeatedly warned Spain not to re-export gas it receives from Algeria to Morocco, which has struggled to make up for shortages caused by the termination of flows via the Maghreb-Europe pipeline.

    The new deal concluded in May between Italy’s energy giant ENI and Algeria’s national oil company Sonatrach has to be considered within this context. Even if Italy may find it easier to avoid becoming embroiled in the Algeria–Morocco dispute, the tensions in the Algeria–Spain relationship demonstrate that energy trade in the western Mediterranean cannot be divorced from the geopolitical realities in North Africa.

    Searching for a European Position

    In the search for non-Russian energy supplies, Europe is rightly looking to its southern neighbourhood. Algeria, Israel and Egypt – and perhaps, in time, other (re)emerging Mediterranean energy producers and transit countries such as Libya and Turkey – can all play an important role in increasing the continent’s energy security. However, these new energy partnerships must be recognised for the imperfect and geopolitically complex undertakings that they are. More than mere commercial transactions, they tie Europe more closely into local conflict dynamics – be it between Israel, Lebanon and Hizbullah, or between Algeria and Morocco. They should therefore be embedded in a clear-eyed and strategic European approach to the EU’s southern neighbourhood.

    In May, the EU published its new Gulf strategy, which offers at least a conceptual framework for how European governments intend to balance expanding energy relations with the Gulf monarchies with other interests, ranging from economic engagement to human rights concerns. The document is far from perfect, and it remains far from certain if and when many of its ambitious intentions will be implemented. But if the EU wants to become a more serious geopolitical actor and increase its resilience to political shocks such as Russia’s invasion of Ukraine, developing similar strategies for the eastern and/or western Mediterranean is necessary.

    The Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, 25 July 2022

    #European_Union #Gas #Russia #Algeria #Morocco #Western_Sahara #Israel #Egypt #Qatar #Lebanon #Hezbollah