Mois : juillet 2022

  • Maroc : Le roi mort, vive la République

    Maroc, Mohammed VI, Fête du Trône, maladie du roi, santé du roi, monarchie marocaine,

    Souffrant et absent depuis quelque temps, le sort du roi Mohamed VI semble être scellé et avec lui celui du régime monarchique qu’il risque d’emporter avec lui.

    Mohamed VI risquerait d’être le dernier roi du Maroc. D’ailleurs et si l’idée de sa succession ne fait plus l’unanimité au sein d’une large frange de la population marocaine et d’une bonne partie de la classe politique, il est désormais plus question d’une période de transition qui serait auréolée par une constituante qui assurera la transition vers une république. Certes, les manifestants ne réclament pas encore ouvertement un changement de régime et l’abolition de la couronne, mais la question d’une monarchie ne fait plus débat. L’idée d’un passage démocratique vers une république est timidement cultivée en dépit du fait qu’elle remonte à très loin, du temps même de Mohammed ben Abdelkrim Al-Khattabi devenu président de la République du Rif de 1921 à 1926. Et ce même Rif est resté rebelle et réfractaire au régime du Makhzen.

    En 2017 déjà, les autorités marocaines ont dû interdire l’organisation de manifestations dans les rues d’Al-Hoceima à l’occasion du premier anniversaire du mouvement de contestation « Hirak » dans la région du Rif. Depuis la région n’a de cesse de protester contre le palais royal. Une contestation qui s’est élargie ces derniers mois notamment pour exiger plus de liberté, une vie meilleure et faire déguerpir le gouvernement d’Akhanouche comme ils l’ont fait avec celui d’El Othmani en marque de défi au palais royal. Le Maroc vit désormais une instabilité récurrente. La normalisation avec l’entité sioniste et l’ouverture du royaume à Israël a finit par excéder les populations dont l’ancrage musulman les a incité à s’élever contre cette liaison incestueuse. Tous les ingrédients d’une fin de la monarchie semblent présents pour répondre aux aspirations du peuple marocain.

    Et cette idée fait débat au sein du royaume chérifien qui semble vivre ses derniers moments. L’après Mohamed VI commence à se dessiner particulièrement depuis la maladie du monarque qui a eu à subir deux opérations sur le cœur et le fragilisent au point de ne plus pouvoir faire face au moindre soucis de santé. Sa récente contamination au covid-19 contracté lors de son voyage à Paris a nécessité son hospitalisation et son retrait de la scène politique.

    Des sources affirment que l’entourage immédiat du roi, sa famille notamment a du se rendre en extrême urgence à Paris où se trouve le monarque qui aurait même succombé à sa maladie. Vraie ou fausse information, les réseaux sociaux s’enflamment en tout les cas déjà au point que les internautes entament un débat démocratique aux tendances républicaines en guise d’oraison funèbre. L’idée d’une République commence à faire son chemin. Une première dans les annales de l’histoire du Maroc, depuis El Emir Khettabi.

    Les Marocains semblent quant à eux adhérer à ce projet et n’hésitent plus à balayer d’un revers de main toute idée d’une succession et de s’offrir au jeune et colérique prince héritier dont on doute de ses capacités à régner sereinement sur le Maroc. L’option d’une constituante tient la route et l’idée d’une phase de transition pour préparer l’avènement de la 1re République du Maroc fait son chemin.

    Azzedine Belferag

    La Sentinelle, 25/07/2022

    #Maroc #Mohammed_VI #Maladie_du_roi #Santé_du_roi #Monarchie_marocaine



  • Référendum en Tunisie: L’épreuve de vérité pour Saïed

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    Par Mahmoud Benmostefa

    Journée test pour le président tunisien Kaïs Saïed. En effet, le référendum sur la nouvelle constitution est perçu comme un véritable plébiscite pour sa personne et surtout son mode de gouvernance. Ils sont 9 millions 296 000 électeurs à se rendre aux bureaux de vote pour répondre par oui ou par non au texte proposé par le chef de l’Etat tunisien.

    Un texte qui, néanmoins, ne fait pas l’unanimité. La classe politique tunisienne crie au hold-up démocratique et accuse le président Saïed de velléités autoritaires. D’ailleurs, les manifestants ont battu le pavé samedi pour dénoncer un retour à ce que certains qualifient de modèle beylical de gouvernance.

    En effet, composé de 142 articles, le projet en question accorde de larges prérogatives au président de la République, contrairement à la Constitution de 2014 qui prévoyait un régime semi- parlementaire. Selon le draft de la Constitution, le régime de la Tunisie est un régime républicain et le président de la République désigne le Chef du gouvernement et ses membres, sur proposition de ce dernier. De même, le président de la République met fin au mandat du gouvernement ou à un de ses membres, soit directement ou encore sur proposition du Chef du gouvernement. Le président n’est pas, non plus, responsable des actes accomplis dans le cadre de son mandat, selon le projet.

    Né du processus du 25 juillet 2021 qui a vu le chef de l’Etat geler l’activité du Parlement et proposer un nouveau cadre constitutionnel et institutionnel pour le pays, le référendum d’aujourd’hui polarise la scène politique tunisienne. Sous la conduite de l’opposant et président de l’Instance politique du parti «L’Espoir», Ahmed Néjib Chebbi, le «Front du Salut national» regroupe cinq partis dont trois étaient représentés au parlement dissous par Kaïs Saïed et qui totalisent 99 députés sur 217.

    Il s’agit d’Ennahdha (53 députés), de «Qalb Tounes» (28 députés) et de la «Coalition de la Dignité» (18 députés) en plus du Mouvement de «La Tunisie la volonté» et du parti «L’Espoir». La «Campagne des Citoyens contre le coup d’Etat» et plusieurs autres parlementaires indépendants se sont joints à ce Front de refus.

    Le Front du Salut national a appelé à boycotter le référendum, considérant que le projet de la Constitution proposé constitue «une régression qui menace de faire retourner le pays au pouvoir individuel absolu».

    A son tour, la «Campagne nationale pour faire avorter le référendum» a appelé à boycotter le référendum.

    Cette «Campagne», qui compte en son sein cinq partis politiques, qui sont le Parti républicain, le Courant démocrate (22 députés), le FDTL (social-démocrate), le Parti des Travailleurs et du Pôle (gauche).

    Issam Chebbi, Secrétaire général du Parti Républicain, a appelé «les Tunisiens à nouveau à boycotter le référendum, et à ne pas y participer de quelque façon qu’elle soit, dans la mesure où toute participation va conférer une légitimité au processus».

    Du côté des partisans du changement de la Constitution, le «Mouvement du Peuple» (Nassérien, 15 députés) qui a appelé à participer au référendum et à voter par «Oui».

    Le Secrétaire général du Mouvement, Zouheir Maghzaoui, a indiqué que sa formation votera en faveur du projet de la nouvelle Constitution. Ce dernier a, dans des déclarations faites aux médias, salué la mention de la question de l’identité et celle des libertés individuelle et publiques dans le projet de la nouvelle Constitution, qu’il considère comme «meilleur» que la Loi fondamentale de 2014.

    En plus de cette formation politique au poids moyen, figure le parti du «Courant populaire» (Nassérien, sans députés) qui a appelé aussi à voter favorablement au référendum. Dans le même ordre d’idées, le parti de «l’Alliance pour la Tunisie», a, dans un communiqué, exhorté les Tunisiens à «continuer à soutenir le processus de restauration, à travers le soutien du référendum et le vote par Oui».

    Le référendum voulu par le président Saïd intervient cependant dans un contexte économique des plus difficiles. En vingt ans, le taux de chômage est passé de 13 % à 16 %. À partir des années 2000, la croissance est molle, à 2 % et ne permet plus au pays de faire face aux défis d’un développement équilibré au niveau régional, ni de créer suffisamment d’emplois, notamment pour les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. A cela s’ajoute une inflation atteignant près de 8 % aujourd’hui.

    Entre les manifestants anti-référendum et la volonté du président de faire aboutir son projet, les Tunisiens ne savent plus à quel saint se vouer. La répression de la manifestation de samedi, avenue Bourguiba est un avant-gout de ce que sera peut-être la Tunisie de demain. Un régime présidentiel fort, que beaucoup qualifient déjà de régime autoritaire.

    Le Jeune Indépendant, 24 juil. 2022

    #Tunisie #Kaïs_Saïed #Référendum #Constitution

  • Tunisie: Référendum aujourd’hui pour une nouvelle constitution

    Tunisie, Référendum, Constitution, Kaïs Saïed,

    Les Tunisiens sont appelés aujourd’hui aux urnes pour voter lors d’un référendum sur le projet de la nouvelle Constitution, pour retourner à un processus démocratique « normal » et atteindre la stabilité politique, économique et sociale.

    La campagne électorale qui a été lancée le 3 juillet dernier a pris fin samedi, jour du début de vote pour les Tunisiens résidant à l’étranger dont le scrutin se poursuivra jusqu’à lundi. Au total, 348.876 expatriés tunisiens sont inscrits sur les listes électorales sur près de 9,3 millions, dans un pays de 12 millions d’habitants. Selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), les résultats du référendum seront annoncés mardi, pour être ensuite soumis aux recours, et les résultats définitifs seront annoncés au plus tard le 27 août prochain. Le président tunisien, Kaïs Saïed, avait insisté lors d’un Conseil des ministres sur le rôle clé du peuple pour passer d’une Constitution qui aurait conduit l’Etat à « l’implosion », à une Constitution traduisant la volonté des Tunisiens.

    Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique qu’il traverse depuis plusieurs mois, dévoilée en décembre, le président tunisien avait annoncé un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet, avant des législatives le 17 décembre. Plusieurs partis et associations de la société civile ont soutenu la démarche du président Kaïs Saïed et appelé à voter « Oui » pour faire sortir le pays de l’impasse. Le président du parti « Alliance pour la Tunisie », Sarhane Nasri, a appelé ainsi à voter en faveur du projet de la nouvelle Constitution, pour mettre fin à l’état d’exception, retourner à un processus démocratique « normal » et atteindre la stabilité politique, économique et sociale.

    Pour Sarhane Nasri, « jeter les bases de la prochaine phase nécessite, avant tout, un Parlement qui représente le peuple tunisien, qui sera chargé d’élaborer les amendements nécessaires de la Constitution. Quant à la Centrale syndicale (UGTT), elle a laissé le libre choix à ses adhérents de voter pour ou contre.

    Pour rappel, en mars dernier, Kaïs Saïed avait annoncé la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (Parlement), affirmant que le pays était « ciblé par une tentative désespérée de coup d’Etat ». « Ma responsabilité est de protéger l’Etat, ses institutions et son peuple », avait dit M. Saïed, en évoquant une réunion « illégale » de l’Assemblée des représentants du peuple, dont les activités sont déjà suspendues depuis juillet dernier.

    #Tunisie #Référendum #Constitution

  • Crise ukrainienne: Fiasco américain au Proche-Orient

    Ukraine, Russie, OTAN, Occident, Proche Orient,

    par Abdelhak Benelhadj

    La Russie est sous embargo depuis très longtemps, au moins depuis 2014. Les sanctions sévères qui lui ont été infligées après le 24 février sont dans la continuité d’une longue série dont la crise ukrainienne n’a fait qu’accélérer le rythme et l’intensité.

    « Quoi qu’il en coûte »

    Il y a de la cohérence en cela dans la politique américaine. L’objectif est clair et tout aussi cohérent : casser l’axe eurasiatique en formation, consolider le lien atlantique, changer le régime au Kremlin et s’occuper de la Chine ensuite avec un message universel limpide : le monde ne connaît et ne connaîtra qu’une seule hyperpuissance. Washington et ses « alliés » font le nécessaire pour qu’il ne vienne à quiconque l’idée de la situer en Asie ou ailleurs que sur les rives de l’Atlantique. En attendant, l’Amérique du nord et l’Union Européenne courent contre la montre en une chorégraphie tortueuse pas toujours facile à suivre. La situation d’urgence et cette dramatisation sont pour une large part factices. Que Gazprom suspende ou non fournisse son gaz cela ne change rien au projet de rupture décidée par les pays occidentaux. Il serait définitivement établi que « V. Poutine n’est pas fiable et qu’il décidera de rompre la vente de son gaz ». Avec cette précision qu’ils veulent, aux yeux de leurs opinions publiques, le faire endosser par la Russie.

    Il en est des hydrocarbures comme il en est d’ailleurs des céréales sur lesquels nous reviendrons dans un prochain papier. Ils hurlent à la famine dont la cause principale serait là aussi la Russie alors qu’elle dérive directement du boycott occidental décidé et confirmé.

    Le boycott du pétrole et du gaz ainsi que tous les produits exportés russes fait flamber les cours et provoque une inflation de moins en moins maîtrisable. Les Banques Centrales monétaristes croient pouvoir la juguler en augmentant leurs taux d’intérêt et, ce faisant, étouffent toute croissance économique au moment où la fin de la pandémie exigeait une relance.

    Pourtant, il s’agit clairement d’un choc de l’offre délibérément organisé qui ne peut en aucun cas être résoudre le problème : aucune augmentation de taux ne ferait venir plus gaz ou de pétrole en Europe ou en Amérique.

    L’industrie européenne serait pour moitié à l’arrêt. Et partout on clame que la suspension des fournitures russes aggraverait la situation dans des proportions qui dépasseraient les crises des années 1970.

    Aucun bouclier tarifaire (en France) ne serait suffisant pour faire face au choc et à la panique qui commence à s’ensuivre. Il suffirait de suivre les travaux de l’Assemblée Nationale française.

    La semaine dernière, nous avions examiné ce scénario et avions proposé que la rupture par les Russes de leurs livraisons de gaz était peu probable et serait contraire à leurs intérêts.(1)

    « Gazprom a rempli, continue de remplir et remplira pleinement ses obligations, si quelqu’un en a besoin », a affirmé le chef du Kremlin, lors d’une conférence de presse après des pourparlers à Téhéran. « Il ne fait aucun doute que nos partenaires rejettent ou essayent de rejeter toutes leurs propres erreurs sur la Russie et Gazprom », a-t-il ajouté. Rien n’y fait.

    La Russie reste l’ennemi et tout lien avec lui devra être rompu, « quoi qu’il coûte ».

    Au reste, Gazprom signale que Nord-Stream 2 est toujours disponible prêt à servir… Mais pour cela, il est nécessaire que les Européens s’affranchissent de la tutelle américaine. Et cela, ce n’est pas pour l’instant d’actualité…

    Deux solutions possibles s’offrent alors à ces pays dépendants et fortement consommateurs d’énergie :

    1.- Réduire leur consommation. Cela permet de concilier deux objectifs longtemps opposés : réduire les importations et la dépendance à l’égard de la Russie tout en se conformant enfin aux recommandations écologistes de lutte contre le réchauffement climatique et le gaspillage des ressources non renouvelables.

    On peut y ajouter l’investissement dans les énergies alternatives renouvelables (solaire, éolien, usines marémotrices, hydrogène…) et l’économie circulaire. Mais il s’agit là de solutions à moyen-long terme.

    2.- Le recours aux réserves stratégiques dans lesquelles les pays occidentaux, les Etats-Unis notamment, ont abondamment puisé. Mais cela semble loin de suffire.

    3.- Envisager l’importation de ces ressources de pays tiers, pour l’essentiel du Proche-Orient. Les hypothèses vénézuélienne ou iranienne ont peu à peu été abandonnées.

    Il y a bien évidemment une quatrième solution que les exécutifs renoncent pour le moment à considérer officiellement : revoir la politique des sanctions contre la Russie et renégocier le sort de l’Ukraine…

    Pour que cette option soit considérée avec sérieux, il faut d’abord (même sans illusions) maintenir médiatiquement la pression militaire et examiner la faisabilité d’une solution proche-orientale, envisagée d’ailleurs dès le mois de mars. C’est à cette alternative qu’est consacré ce qui suit.

    Mais avant cela il faut se demander pourquoi le Proche-Orient est-il happé par le conflit ukrainien ?

    Pourquoi le Proche-Orient ?

    Cette région traîne ses problèmes depuis la « Question d’Orient », toujours d’actualité du reste. La Turquie d’Erdogan a remplacé l’Empire Ottoman de la « Sublime Porte ».

    Ici, on est au coeur d’une multitude de conflits et d’enjeux :

    – C’est là où mers et continents se rencontrent

    – C’est là qu’ont fleuri les premières civilisations urbaines depuis la fin du paléolithique. Et là où il y a civilisations, il y a conflits d’intérêts. Et là où il y a conflit d’intérêt, il y a histoire qui commençait à s’écrire il y a plus de 5 000 ans.

    – La région est riche de ses ressources énergétiques qui ont fait son malheur.

    – L’intrusion d’Israël depuis la fin de la dernière guerre a accru l’insécurité régionale Comment et pourquoi le conflit ukrainien déborde-t-il sur cette région ?

    1.- Les rives de la mer Noire sont devenues un enjeu de première importance depuis que la Turquie a appliqué la Convention de Montreux (1936) qui a donné à la Russie un incontestable avantage stratégique. Le blocage du port d’Odessa asphyxie l’économie ukrainienne et ses exportations de céréales. Les négociations ont repris à Istanbul entre les Russes et leurs voisins.

    2.- Les sanctions portant sur le commerce extérieur russe pour lui interdire de vendre ses produits ou d’en acheter ont été une erreur capitale.

    Les Etats-Unis savaient pourtant que les capacités de production des membres de l’OPEP étaient technologiquement limitées. Ils savaient aussi que si le Qatar restait proche de Washington, Riyad et Abou Dabi se montraient très réticents à les suivre.

    Branle-bas de combat

    La mise en scène et le spectacle sont saisissants.

    Les Occidentaux semblent prendre conscience, dans la précipitation, de leurs inconséquences et s’appliqueraient à les aggraver.

    J. Biden se rend en Arabie Saoudite, M. Draghi (Premier ministre en sursis) le 18 juillet à Alger bientôt suivi par E. Macron, le jour même, la présidente de la Commission européenne se rend en Azerbaïdjan… pour tenter de doubler l’importation de gaz vers l’Europe, avec l’idée de créer une sorte de cartel des consommateurs pour faire pièce à l’OPEP+ et tenter de peser sur les prix.2

    Disons-le tout de suite : c’est un fiasco sur toute la ligne. Mais on pourra compter sur les services de presse de ces dirigeants pour en décrire le succès. Les échecs ont commencé avant ces pérégrinations au plus haut niveau.

    08-09 juillet. G20 des ministres des AE à Bali (Indonésie)

    Les Etats-Unis, soutenus par une partie de leurs alliés occidentaux, avaient appelé à ce que la Russie soit exclue des forums internationaux. Mais l’Indonésie, qui veut maintenir une position de neutralité en tant que pays hôte du G20, avait confirmé son invitation au ministre des Affaires étrangères russe tout en invitant aussi son homologue ukrainien pour faire bonne mesure. Pour marquer son grand intérêt, Sergueï Lavrov s’est absenté lors des interventions du ministre des AE ukrainien Dmytro Kuleba qui s’est adressé à distance vendredi 08 juillet aux chefs de la diplomatie du G20. Il s’est aussi retiré lors des interventions des représentants des principaux pays occidentaux.

    Mario Draghi a été imprudent à annoncer par avance l’absence du président russe, V. Poutine au G20 des chefs d’Etats en novembre prochain en Indonésie. Il a été démenti par Jakarta.

    16 juillet. G20 des ministres des finances et gouverneurs des Banques Centrales.

    Echec à nouveau. La réunion à Bali s’est achevée sans communiqué commun.

    La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait accusé vendredi la guerre menée par la Russie d’avoir « envoyé une onde de choc à travers l’économie mondiale », et plusieurs ministres occidentaux ont accusé les responsables économiques russes de complicité dans les atrocités commises en Ukraine. Ces allégations n’eurent aucune suite. Le bloc des membres non occidentaux du G20 n’ont rien cédé.

    Sur 14 paragraphes, deux n’ont pas pu obtenir l’unanimité des membres, car ils concernent « les implications de la guerre et comment y répondre », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale d’Indonésie Perry Warjiyo. (AFP, S. 16 juillet 2022)

    16 juillet. Arrivée de J. Biden en Arabie Saoudite.

    Le président américain avait entamé mercredi 13 juillet sa tournée dans la région par une visite en Israël et dans les Territoires palestiniens avant de se rendre en Arabie saoudite pour assister à un sommet réunissant à Jeddah (ouest) les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Egypte, la Jordanie et l’Irak.

    Nous reviendrons plus loin sur l’objet du détour en Israël. Et commençons par les déconvenues américaines.

    1.- MBS n’a pas attendu son prestigieux homologue au pied de Air Force One, sur le tarmac de l’aéroport mais sur le perron de son palais. Ni embrassades ni poignée de mains.

    En copains, Biden et MBS ont préféré un check des phalanges.

    C’était « pire qu’une poignée de main », a déploré le PDG du Washington Post, Fred Ryan, dans un communiqué. « Cela produisait une impression d’intimité et d’aisance qui donne à MBS la réhabilitation inconditionnelle qu’il voulait tant ». (AFP, D. 17/07/2022)

    MBS n’avait pas oublié qu’en mars 2021, Joe Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un « État paria ».

    J. Biden, face à la presse, a déclaré vendredi avoir prévenu le prince héritier d’Arabie saoudite d’une « réponse » de sa part en cas de nouvelle attaque contre des dissidents, en référence à l’assassinat « scandaleux » du journaliste Jamal Khashoggi. « J’ai juste fait comprendre que si une telle chose se reproduit, ils auront cette réponse et bien plus encore », a-t-il déclaré devant des journalistes à Jeddah, disant avoir évoqué cette affaire avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé par Washington d’avoir commandité cet assassinat. (AFP, V. 15 juillet 2022).

    Mme Khashoggi sait ce qu’il en est des « réponses » de Washington quand leurs intérêts sont en jeu. Sa forfanterie à menacer l’Arabie Saoudite et ses dirigeants, comme les tambours, sonne creux.

    Si les Etats-Unis était attachés aux principes moraux au point de guerroyer pour les défendre où qu’ils soient menacés, cela se saurait. Ils commenceraient par les respecter chez eux et s’abstiendraient de les violer ailleurs.

    J. Biden perd pied aussi bien sur le plan de la défense de ses intérêts que sur le plan des valeurs.

    2.- L’Arabie saoudite et les Etats-Unis annoncent avoir conclu 18 accords de coopération dans des domaines très variés (espace, finance, énergie, santé), selon un communiqué de la monarchie du Golfe. Mais cela ne change rien à l’essentiel.

    Parce que l’essentiel, la hausse de la production pétrolière, n’a pas été clairement évoqué. Or, c’est pour cette raison que le président américain s’est déplacé en Arabie Saoudite. Encore faut-il que le royaume disposât des capacités nécessaires pour augmenter sa production de manière significative. Ces dernières années l’investissement dans ce domaine n’a pas été suffisant pour qu’aujourd’hui le marché puisse fournir ce qui est demandé.

    Comme en fin mars, les Etats-Unis peinent à ruiner les liens d’intérêt qui unissent les membres de l’OPEP+ que la Russie co-préside. La demande d’augmentation de la production de l’organisation recevra une réponse polie qui se monte à quelques barils/j. Très loin des besoins occidentaux jusque-là couverts par le pétrole russe.

    Depuis plusieurs années, le royaume importe du mazout russe, ce qui lui permet de réduire ses besoins en raffinage de pétrole brut pour ses produits et de baisser la quantité de pétrole qu’il doit utiliser pour produire de l’électricité. Cette stratégie permet à l’Arabie saoudite de garder ainsi plus de stocks de brut destiné à l’exportation mieux rémunérés sur les marchés internationaux et de répondre à la forte demande actuelle, liée à la période estivale.

    L’Arabie saoudite, aurait ainsi plus que doublé ses importations de mazout de Russie via les ports russes et estoniens entre avril et juin (647.000 tonnes, soit 48.000 barils par jour) contre 320.000 tonnes sur la même période il y a un an.(3)

    Cela, Biden le savait. A-t-il pensé y mettre un terme ?

    A noter la contradiction interne aux Etats-Unis (et aussi ailleurs) entre ceux qui se réjouissent de voir les prix du pétrole exploser, au-dessus du seuil de rentabilité de leurs investissements, et les consommateurs et entreprises qui en souffrent car cela réduit leur pouvoir d’achat, leur compétitivité-prix, leurs parts de marché et leurs profits. Le pouvoir des « sept sœurs » est intact.

    3.- L’Arabie Saoudite dément toute initiative de normalisation avec Israël.

    La normalisation entre Israël et certains pays arabes, dans lequel Washington voulait embarquer aussi l’Arabie saoudite, (M. Biden a salué la décision « historique » de Ryad d’ouvrir son espace aérien à « tous les transporteurs », y compris israéliens) a été démentie par l’Arabie Saoudite.

    Peu après son départ, le ministre des Affaires étrangères saoudien déclare que l’annonce de J. Biden « n’a rien à voir avec des liens diplomatiques » avec l’Etat hébreu. Pour le prince Fayçal ben Farhane, il s’agit seulement « d’assurer une connexion entre les différents pays du monde » et ce n’est « en aucun cas un prélude à une quelconque étape » vers la normalisation. Même si Ryad est très ambiguë sur ses relations avec Israël, ce démenti est un camouflet pour J. Biden.

    La confirmation de l’échec de J. Biden est venue de Wall Street.

    Lundi 18 juillet, à la clôture, les cours du baril de Brent comme du West Texas Intermediate ont grimpé de plus de 5%, le marché ne recevant aucun soulagement sur l’offre d’or noir signifiant ainsi l’échec de la visite du président américain Joe Biden au Proche-Orient.

    4.- Les Etats-Unis, Israël et le cas iranien.

    Le 14 juillet 2015 à Vienne, un accord « 5+1 » avait été trouvé entre l’Iran, la Russie, la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis sous la présidence B. Obama.

    C’était un accord raisonnable favorable à la paix dans la région.

    Il permettait de s’assurer que le nucléaire iranien resterait confiné au domaine civil et les sanctions contre lui devaient peu à peu disparaître.

    Hélas, c’était compter sans le bellicisme d’Israël et des « faucons » américains qui travaillent de concert, sans que l’on sache très exactement qui est au service de qui.(4)

    Le 08 mai 2018, D. Trump dénonce l’Accord trouvé en 2018. Israël a joué un grand rôle dans cette erreur. Pourquoi cela ? Qu’est-ce qui se cache réellement derrière cet accord et sa rupture ?

    1.- Les Iranien n’ont jamais cherché véritablement à se doter de la « Bombe ». Ils ont sans doute fait mine de la vouloir pour négocier la levée des sanctions américaines qui faisaient tant de mal à l’économie et à la société iranienne depuis la chute du régime des Pahlavid (1979-1980).

    2.- Pour Israël et ses soutiens américains, l’Accord n’est pas satisfaisant et n’a rien résolu car il ne s’attaque pas à ce qu’ils veulent réellement obtenir de l’Iran. D’ailleurs, D. Trump n’a pas rompu l’accord, il demandait, comme les Israéliens le demandaient depuis le début à B. Obama sa renégociation.

    Renégociations à quelles fins ?

    Les Israéliens et les Américains voulaient :

    1.- Que les Iraniens abandonnent la mises au point et la fabrication de leurs missiles à longues et moyennes portées qui menacent Israël ;

    2.- Qu’ils cessent leur soutien à la Syrie et au Hezbollah libanais.

    La destruction de cet axe n’a jamais cessé d’être le vrai objectif américano-israélien. Il n’était pas consigné dans les Accords « 5+1 ». Ce qui explique sa dénonciation en 2018.5

    Les Israéliens voulaient éliminer la menace iranienne pour terminer son processus de colonisation.

    Les Etats-Unis voulaient se débarrasser de la présence russe dans la région et en Méditerranée pour la confiner dans la mer d’Azov sous contrôle ukrainien et turc, en attendant de favoriser l’avènement d’un régime à Moscou plus docile. B. Eltsine a été beaucoup regretté à Washington.

    Lors de son passage en Palestine la semaine passée, J. Biden n’a renié aucune des décisions de D. Trump qui violaient pourtant les Résolutions des Nations Unies sur la colonisation et sur Jérusalem. L’ambassade américaine y a été déplacée et elle y reste.

    Pour ce qui est de l’Iran et de l’accord de 2015, J. Biden confirme tout ce sur quoi D. Trump s’était engagé. Mieux : il a signé un pacte stratégique israélo-américain explicitement hostile à Téhéran pour s’assurer que l’Iran ne se dote «jamais» de l’arme nucléaire.

    Alors que la visite de Joe Biden au Moyen-Orient se poursuit, sur fond de montée des tensions avec l’Iran, les Emirats arabes unis (EAU) font un pied de nez à Washington et optent pour l’apaisement avec Téhéran qui ne manque pas d’alliés, et ils le font savoir.

    Vendredi 15 juillet, avant la visite à Paris du président émirati, Mohammed Ben Zayed (« MBZ »), son conseiller diplomatique Anwar Gargash a annoncé qu’Abou Dhabi envisageait de renvoyer prochainement un ambassadeur en Iran, six ans après avoir abaissé le niveau de sa représentation à Téhéran.

    « Nous sommes en plein processus pour envoyer un ambassadeur en Iran, a affirmé M. Gargash lors d’un point de presse. Notre ministre de l’environnement et du changement climatique [Mariam Bint Mohammed Saeed Hareb Almheiri] était en Iran il y a quelques jours [le 12 juillet]. Nos échanges avec l’Iran se poursuivent au niveau ministériel. Ainsi, nous donnons le signal que la confrontation avec Téhéran n’est pas une option pour nous. Si cela a lieu, nous n’en ferons pas partie. » (Le Monde, S. 16 juillet 2022)

    Mardi 19 juillet Téhéran confirme ce processus en accueillant ses homologues turc et iranien.

    N’oublions pas qu’une part du pétrole russe sanctionnée par les Européens passe par l’Iran, via la mer Caspienne, pour être raffinée en Inde et renvoyée en Europe au plus grand profit de New Delhi.

    En sorte qu’entre avant les sanctions et après, c’est le consommateur européen qui paie la différence.

    La décote affectant le prix du pétrole russe vendu aux Indiens est compensée par l’augmentation importante du baril du fait même des sanctions.

    N’est-ce pas à cette « performance » que songeait Orban, le Premier ministre hongrois quand il déclarait le vendredi 15 juillet, dans une allocution à la radio nationale :

    « Bruxelles croyait que la politique des sanctions pénaliserait les Russes, mais elle nous pénalise encore plus ». « Au début, j’ai pensé que nous nous étions simplement tiré une balle dans le pied, mais l’économie européenne s’est tiré une balle dans les poumons et est asphyxiée »

    « Washington, en essayant de créer des tensions dans la région a une fois de plus eu recours à la politique de l’iranophobie et c’est raté. » Nasser Kanani, porte-parole iranien des Affaires étrangère. (LCI, D. 17 juillet 2022).

    L’Iran n’avait « pas pris la décision de fabriquer une bombe atomique » mais possède « les capacités techniques de fabriquer une bombe nucléaire », avait déclaré dimanche 17 juillet Kamal Kharrazi, président du Conseil stratégique des relations internationales iranien (sur le site de Al-Jazeera, AFP, L. 18 juillet 2022).

    Il ajoute, pour être bien compris de ceux qui seraient tentés par une réédition de l’opération « Opéra »6 qui a détruit le 06 avril 1979 le réacteur nucléaire Osirak, vendu par la France à l’Irak en 1976, que l’Iran avait mené de « vastes manœuvres pour pouvoir frapper Israël en profondeur si ses installations sensibles sont prises pour cibles ».

    A bon entendeur… si les Etats-Unis persistaient dans leur obstruction dans les négociations de l’Accord de 2015 et continuait à le menacer, l’Iran lancerait son programme nucléaire militaire.

    Rien ne saurait en compromettre le succès ou les conséquences, si d’aventure on essayait de l’arrêter.

    Un Emir à Paris.

    E. Macron déroule le tapis rouge devant « MBZ » en visite d’État en France. Le président émirati reçoit les insignes de grand’croix de l’Ordre national de la Légion d’Honneur, et une édition de 1535 de la carte du géographe allemand Lorenz Fries de la péninsule arabique et du golfe.

    Après un accueil au château de Versailles, ponctuée lundi soir par un dîner royal au Trianon, « MBZ » se rendra au Sénat, à l’Assemblée nationale et à Matignon.

    Dans son discours de bienvenue, E. Macron a fait allusion à la guerre que la Russie a déclenchée en Ukraine et à la menace nucléaire que fait peser l’Iran sur la région.

    Ce n’était que rhétorique destinée aux médias. Il savait parfaitement que « son ami MBZ » venait de décider de rétablir ses liens avec Téhéran et que les Emirats ont accueilli – pour fuir les sanctions américaines- dix fois plus d’entreprises russes qu’avant le 24 février.

    Qu’a donc fait cet honorable émirati émérite pour mériter ce faste et tous ces honneurs ?7

    Il suffit pour cela de mettre de côté les sirupeuses références aux principes occidentaux que l’Occident ne respecte pas pour en venir à l’essentiel.

    Les Emirats accueillent une base militaire française (à Abou Dhabi, juste en face de l’Iran) et sont devenus l’un des premiers clients de l’industrie militaire tricolore, symbolisé par le contrat du siècle fin 2021 : 80 avions Rafale pour 14 Mds€.

    Mais il y a plus urgent : Paris doit impérativement négocier avec les Émirats la livraison de diesel raffiné pour remplacer celui que la Russie ne fournit plus à la France.

    Est-il nécessaire d’ajouter que « MBZ » est à la tête de fonds souverains, alimentés en pétrodollars, qui frôlent les 1 500 Mds€ dont 1.5 Mds€ ont été investis dans un fonds de la BPI, le principal pompier d’une l’économie française en grande difficulté ?

    Tout le reste est littérature…

    Le président français connaît le format de ses illusions. Mais comme ce n’est pas lui le gardien des règles du jeu et qu’il ne distribue pas les cartes…

    Tout a une fin. Un autre monde est possible.

    Il est un fait que très tôt, Riyad et Abou Dabi s’étaient montrés très réticents à suivre les Américains.

    Le 25 février dernier, lors du vote du Conseil de sécurité des Nations unies, sur le projet américain et albanais de résolution relatif à l’Ukraine et condamnant la Russie, les Émirats avaient résisté à la pression de Washington en s’abstenant lors du vote. Sous forte pression, ils avaient fini par se rallier à cette résolution, le 02 mars, mais ils avaient bien nuancé leurs déclarations en sorte d’éviter de condamner nommément la Russie.

    Mieux.

    1.- Les dirigeants de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, Mohammed ben Salmane et Mohammed ben Zayed al Nahyane, ont tous deux décliné une proposition de s’entretenir avec Joe Biden au sujet d’une augmentation de la production de pétrole pour compenser les hausses de prix mondiales du brut qui profitent à Moscou.

    Le journaliste américain Fareed Zakaria, y voit le signe d’un déclin que les Européens ne discernent pas (encore) : « La Pax Americana des trois dernières décennies est terminée. Vous pouvez en voir les signes partout. Considérez le fait que les dirigeants des Émirats arabes unis et de l’Arabie saoudite –deux pays qui dépendent de Washington pour leur sécurité depuis des décennies– ont refusé de prendre les appels téléphoniques du président américain! » 8

    Comme V. Poutine a fini par refuser ceux de son homologue français…

    2.- 17 mars, en visite à Moscou ; le ministre des Affaires étrangères émirati, Abdullah ben Zayed al Nahyane, déclarait que les Émirats souhaitaient coopérer avec la Russie pour améliorer la sécurité énergétique mondiale.

    3.- L’Arabie saoudite va plus loin. Officiellement, elle déclare préserver sa relation avec Moscou et Pékin, et aurait entamé des pourparlers avec la Chine pour abandonner le dollar américain au profit du yuan dans les transactions pétrolières, ce qui irait dans le sens de la dédollarisation souhaitée par le Kremlin.

    Conclusion.

    1.- Il ne faut jamais présumer de sa clairvoyance et de la faiblesse de l’adversaire.

    Des mois auparavant, les Etats-unis n’avaient pas cessé d’annoncer l’« invasion » russe imminente de l’Ukraine. Personne, ne semblait donner crédit à une nouvelle inlassablement répétée. Ni les autorités européennes, ni même les autorités ukrainiennes. Ils avaient tort.

    Le 24 février la machine de guerre russe passait à l’action. Washington en a-t-il fait suffisamment pour cela ? Sa Sainteté le pape François en est convaincu.

    Mais les Etats-Unis n’avaient pas toujours raison. Ils avaient même tort de laisser croire qu’ils avaient tout prévu.

    La Russie aurait-elle sous-estimé la résistance ukrainienne (rien ne le prouve)9 et l’aide considérable que les Etats-Unis lui ont apporté ? Les Etats-Unis n’auraient-ils pas, à leur tour, sous-estimé l’anticipation russe des événements ?

    Dès le début des hostilités, il n’aurait pu y avoir et même dû y avoir qu’une seule vague de sanctions. Pourquoi deux, trois… sept vagues successives et les pays occidentaux ne cessent d’en prévoir de nouvelles ? N’est-ce pas parce que ces sanctions s’avéraient, l’une après l’autre, insuffisantes ?

    Mieux, les sanctions se retournent contre leurs auteurs. La Russie en souffre sans doute. Mais pour l’instant le régime du Kremlin tient. Il ne semble menacé ni par la rue, ni par une révolution de palais. Elles produisent un « effet boomerang » qui menace bien davantage les pays occidentaux, européens en l’occurrence, que la Russie. N’auraient-elles pas été conçues à cette fin ?

    Mardi 1er mars 2022, face au Congrès, le président américain dans son discours « sur l’état de l’union », se vantait d’avoir tout prévu. « Poutine avait tort. Nous étions prêts » lançait-il.

    J. Biden avait tort.

    C’est précisément parce qu’il n’avait pas « tout prévu » qu’il se retrouve contraint d’avaler son chapeaux en Arabie Saoudite. Et il n’est pas sûr que cet acte de résipiscence soit digeste et productif.

    Les pays occidentaux ont choisi la fuite en avant et poussent leur offensive aux dernières limites de la résistance de leurs populations.

    Question : mais qu’avaient-ils donc à faire dans cette galère ? Pour la protection de l’Ukraine, de son peuple et de son très médiatique président ?

    2.- Il ne faut jamais faire confiance à un tiers pour la défense de ses intérêts.

    Et se méfier des promesses de ceux qui vous invitent à combattre pour eux…

    Si le voyage de J. Biden en Arabie devait confirmer une règle c’est bien celle-ci : les principes moraux s’effacent systématiquement devant les intérêts. Avec cette différence : Biden a perdu sur les deux plans. Il a démontré le peu de cas que les Etats-Unis font des valeurs au nom desquelles ils prétendent gouverner le monde. Et que même en les bafouant ils n’obtiennent rien en retour.

    « Comme prévu, le président Biden n’a rien accompli, à part se ridiculiser, lui et les Etats-Unis, devant les Saoudiens », a sévèrement jugé Stephen Schork10. (AFP, mardi 19 juillet 2022)

    Les Etats-Unis et ce qui lui font office d’« alliés » qui leur ont fait confiance ou cédé à leur pression, se retrouvent face aux in-conséquences de leurs décisions.

    Kashoggi, le journaliste assassiné, a été enterré une deuxième fois. Sa veuve, Hatice Cengiz, n’a plus que ses yeux pour pleurer. Et tous les donneurs de leçons de démocratie, professionnels de la com’, devront aussi avaler leurs parapluies.

    Hatice Cengiz a publié un tweet avec une capture d’écran du compte de son défunt mari adressé au président américain : « est-ce ainsi que exigez comme promis de rendre des comptes pour mon meurtre ? » « Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains »11, est-il ajouté, avec une photo du « check » du poing que M. Biden a fait au prince saoudien, après avoir juré de faire de lui un paria.

    La démocratie, la liberté, le respect des règles ce sont des contraintes qui s’imposent aux vassaux et aux supplétifs, pas aux maîtres du monde.

    Kurdes et, demain, Ukrainiens et aussi Européens, devront payer la note d’une Amérique habituée à envoyer la facture de leurs déconvenues à leurs plus fidèles « alliés ».

    On a vu ce qu’il en fut des « auxiliaires » trahis en août dernier qui les ont aidé en Afghanistan, ainsi d’ailleurs que leurs alliés, unilatéralement abandonnés, comme naguère les Vietnamiens qui ont combattu le Vietkong ou encore les harkis algériens en 1962.

    Jetés après usage.

    En Ukraine, on meurt par milliers sous les bombes. Les villes dont dévastées, les campagnes brûlent, l’emploi rare, les revenus insignifiants, le PIB du pays effondré, les populations contraintes à l’exile intérieur ou vers l’étranger… Plus de 10 millions d’Ukrainiens ont quitté leur foyer.

    Les Ukrainiens sont sidérés et même indignés à suivre les débats en Europe. Pendant que leur pays est détruit, les Européens se préoccupent de pouvoir d’achat, de hausse rapide des prix de leurs produits alimentaires, de leur essence, de leur loyer…

    Déjà, un peu partout en Europe, des voix s’élèvent pour qu’on mette fin à cette divagation.

    Les Ukrainiens n’ont pas fini de s’indigner.

    « Les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer. » Michel Audiard

    Notes

    1- A. Benelhadj : « Crise ukrainienne. La guerre du gaz ».

    Le Quotidien d’Oran, J. 14 juillet 202

    2- L’OPEP+, présidée par Riyad et Moscou, réunit les 13 membres de l’OPEP et dix exportateurs de pétrole non membres.

    3- Reuters, via La Tribune, V. 15 juillet 2022.

    4- Ces éminences grises US qui encadrèrent l’arrivée de R. Reagan au pouvoir en 1981, s’étaient manifestées par une lettre adressée au président William Clinton (26 janvier 1998), avant d’occuper les principaux postes dans le gouvernement de G.-W. Bush et ouvrir des boucheries en Afghanistan (07 oct. 2001 – 30 août 2021) et en Irak (mars 2003- ). L’érection de tribunaux et de potences pour juger et condamner les « criminels de guerre » russes qui auraient commis des « crimes de guerres », voire des « génocides » en Ukraine devraient attendre leur tour.

    Les faucons US ont des carrières et des priorités à faire valoir. Sans doute, seul le tribunal de l’histoire se chargera de les juger. Les uns après les autres ils meurent paisiblement dans leur lit comme Donald Rumsfeld (juin 2021) ou Peter W. Rodman (août 2008).

    5- Lire A. Benelhadj : « L’Iran et la bombe », Le Quotidien d’Oran, 23 décembre 2021.

    6- Appelée également opération « Babylone » ou opération « Ofra » (en hébreu). Lire Pierre Péan (1982-1991) : « Les deux bombes ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975. » Fayard, 199 p.

    7- Pourtant, l’émirat de Dubaï est loin de respecter les plus élémentaires et les plus compréhensives valeurs occidentales : les arrières cours de la Fédération présidée par Abou Dhabi sont le théâtre d’une surveillance de masse de l’internet ou de l’espace public. La moindre voix dissidente est impitoyablement réprimée. Le plus célèbre opposant, Ahmed Mansour, survit dans un isolement quasi total depuis 2017. (Ouste France, L. 18 juillet 2022)

    8- La Tribune (AFP), mardi 05 avril 2022.

    9- L’opération autour de Kiev et dans le nord de l’Ukraine au début de l’offensive russe suivie de la concentration sur le Donbass mériterait, lorsque le conflit aura cessé, un retour circonstancié

    sur les événements pour mieux connaître et mieux comprendre ce qui s’était passé.

    10 « On a eu une correction qui nous a fait descendre sous 100 dollars le baril », en grande partie liée à la peur d’une récession et d’une chute de la demande, « mais maintenant, on revient à la réalité, et rien n’a changé », a commenté Stephen Schork analyste et auteur du Schork Report, un bulletin d’information (fondé en 2005) destiné aux professionnels, sur l’évolution des marchés financiers, notamment du secteur de l’énergie.

    11- AFP, V. 15 juillet 2022

    Le Quotidien d’Oran

    #Ukraine #Russie #OTAN #Occident #Proche_Orient

  • Algérie-Espagne : Suspension « momentanée des livraisons de gaz »

    Algérie, Espagne, gaz, Medgaz,

    Le groupe pétrolier algérien Sonatrach a annoncé, ce dimanche, que la livraison de gaz algérien vers l’Espagne via le gazoduc sous-marin Medgaz était « momentanément suspendue en raison d’un incident côté espagnol ».

    « Un incident s’est produit du côté espagnol, dimanche en fin de matinée, sur le gazoduc Medgaz, reliant l’Algérie à l’Espagne, provoquant une rupture momentanée de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne », a précisé la Sonatrach dans un communiqué.

    Le groupe algérien a indiqué que « les équipes techniques espagnoles sont à pied d’œuvre pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement de l’Espagne en gaz dans les plus brefs délais ». De son côté, le gestionnaire du réseau gazier espagnol, Enagas, a affirmé dans un communiqué « qu’à aucun moment le flux de gaz arrivant en Espagne depuis l »Algérie par Medgaz n’avait cessé aujourd’hui », mais simplement « diminué ».

    « A la mi-journée, selon une information provenant de Medgaz, une interruption temporaire – qui a duré deux heures – des flux partant de l’usine en Algérie a provoqué une diminution – mais pas une interruption – dans les débits d’entrée en Espagne », a expliqué le groupe, qui précise que « le flux le plus bas a été de 704.000 Nm/h ».

    Selon l’entreprise espagnole, le « système de sécurité n’a pas été affecté et il n’y a eu aucune raison technique pour qu’une telle situation se produise ». « Le problème a été réglé et les flux sont en train de revenir à la normale », a poursuivi la même source.

    Les importations de gaz algérien par l’Espagne seraient fortement baissées ces derniers mois, dans un contexte de tensions entre Alger et Madrid. Auparavant, l’Espagne importait la majeure partie de son gaz d’Algérie, notamment via le Medgaz, qui relie la péninsule ibérique aux gisements gaziers exploités par Sonatrach

    Selon Enagas, 24,4% du gaz importé par l’Espagne est venu de Russie en juin, contre 29,6% des Etats-Unis. Le 17 juillet dernier, le nouveau directeur général de la compagnie espagnole Enagas, Arturo Gonzalo, a affirmé, dans une interview accordée au quotidien El Pais, que l’Algérie a toujours honoré son contrat avec l’Espagne pour l’approvisionnement en gaz.

    Selon lui, la baisse des flux de gaz en provenance d’Algérie « est ordinaire durant la période estivale ». « Il est habituel qu’en été on utilise moins de gaz [algérien] que durant les autres périodes de l’année. Nous recevons 100% de ce qui est prévu selon les prévisions, les contrats et le calendrier. L’Algérie a gagné notre confiance », a-t-il déclaré.

    Selon lui, l’Algérie « a honoré ses contrats et a déclaré à maintes reprises qu’il continuerait à le faire ». « Elle s’y est toujours conformée : toujours, en toutes circonstances, depuis 1996 et jusqu’à ce jour. Je n’ai aucun doute ou inquiétude à ce sujet », a-t-il soutenu, précisant que « l’Espagne passera l’hiver sans problème et qu’elle ne connaîtra pas une éventuelle crise d’approvisionnement en gaz ».

    Pour rappel, l’Algérie et l’Espagne traversent, depuis le mois de mars dernier, une crise diplomatique en raison du revirement du gouvernement espagnol sur la question du Sahara Occidental. En réaction au soutien du premier ministre espagnol au plan marocain de « l’autonomie du Sahara Occidental », l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Madrid.

    Mais face à la campagne de justification de cette décision par les autorités espagnoles, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait décidé de suspendre immédiatement le traité d’amitié de bon voisinage conclu avec l’Espagne depuis 2002.

    Anadolou

  • Espagne: Une panne arrête l’approvisionnement en gaz algérien

    Espagne, Algérie, gaz, Medgaz,

    L’approvisionnement en gaz de l’Espagne en provenance d’Algérie est suspendu en raison d’une panne

    Une panne sur le côté espagnol du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie et l’Espagne a provoqué « une interruption temporaire de l’approvisionnement en gaz de l’Espagne » dimanche, a indiqué la compagnie algérienne d’hydrocarbures Sonatrach dans un communiqué.

    « Les équipes techniques espagnoles travaillent intensivement pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l’approvisionnement en gaz de l’Espagne dès que possible », a déclaré la même source.

    20minutos.es, 24/07/2022

    #Algérie #Espagne #Gaz

  • ABEF: La suspension des opérations avec l’Espagne n’est pas rétroactive

    Algérie, ABEF, Association professionnelle des banques et établissements financiers, Espagne, commerce,

    Alger, 24 juil (EFE) – L’Association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF), un organisme bancaire clé en Algérie, a déclaré que la suspension des opérations de commerce extérieur de biens et services vers et depuis l’Espagne n’affecte pas les biens domiciliés ou expédiés avant le 9 juin 2022, date à laquelle elle a ordonné la suspension des prélèvements automatiques.

    Dans sa lettre, datée de samedi, l’ABEF indique que la mesure « ne concerne pas les opérations d’importation ou d’exportation de biens et de services en provenance d’Espagne ou d’origine espagnole domiciliées avant le 9 juin et dont les mouvements de biens ou de services ont été effectués après cette date ».

    La mesure ne concerne pas non plus « les marchandises en provenance d’Espagne ou d’origine espagnole, expédiées avant le 9 juin, qu’elles soient domiciliées ou non, en prenant le document de transport ».

    Dans sa note, la source indique que « ces marchandises exemptées de la mesure de gel doivent être conformes aux exigences de la législation et de la réglementation en vigueur ».

    L’Abef a ordonné le gel, à partir du 9 juin, des « débits directs liés aux opérations de commerce extérieur de produits et de services à destination et en provenance d’Espagne », en raison de la suspension du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération.

    Cette mesure a entraîné un blocage total des échanges entre les deux pays, à l’exception des exportations de gaz de l’Algérie, qui n’ont pas été affectées par la mesure de l’Abef.

    Quelques jours plus tard – le 23 juin – les services douaniers du port d’Alger ont demandé aux autorités de clarifier la relation commerciale avec l’Espagne, et ont fait état de « difficultés » rencontrées « concernant l’interprétation et l’application » de cet arrêté.

    L’Espagne et l’Algérie sont au cœur d’une crise diplomatique sans précédent en raison de la volte-face du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental en mars, lorsqu’il a soutenu la proposition d’autonomie au sein du Maroc.

    La crise s’est détériorée jusqu’à ce que, le 8 juin, l’Algérie suspende le traité d’amitié et annonce la première mesure économique de rétorsion en bloquant le commerce extérieur. EFE

    Swissinfo, 24 juillet 2022

  • Qu’est-ce qui rend Biden si pugnace ?

    Etats-Unis, Joe Biden, Arabie Saoudite, Mohamed Bin Salman, Jamal Khashoggi,

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit… Quelle que soit la réalité de cet événement d’il y a 60 ans, Biden a publié, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays en jeu.

    Ce coup de poing amical avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman n’aurait peut-être pas été un moment aussi déterminant – si Biden ne s’était pas d’abord installé.

    Lors de la campagne de 2020, Biden a déclaré que lorsqu’il rencontrerait le prince, il le traiterait comme le « paria » qu’il était pour avoir autorisé le meurtre et le démembrement du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi.

    Quant à la description par Biden de la façon dont il a affronté MBS à huis clos, les Saoudiens contestent sa restitution, et beaucoup de ses propres compatriotes ne croient pas Biden.

    Pourquoi? Parce que Joe Biden a l’habitude de se peindre comme héroïque dans des rencontres personnelles où peu de contemporains se souviennent de lui de cette façon.

    Le classique est l’histoire que Biden a souvent racontée d’avoir affronté, en tant que gardien de sécurité de la piscine dans un quartier noir, un chef de gang nommé Corn Pop, à qui Biden a ordonné de sortir de la piscine pour avoir enfreint les règles.

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit. Biden, tenant une chaîne de six pieds, dit-il, lui a fait face, et Corn Pop a reculé.

    Quelle que soit la réalité de cet événement, il y a 60 ans, Biden a émis, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays sur la ligne.

    Lorsqu’on lui a demandé, avant son voyage au Moyen-Orient, s’il utiliserait la force pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, Biden a répondu : « Si c’était le dernier recours, oui. »

    Pendant le voyage, les États-Unis et Israël ont signé un engagement conjoint de refuser les armes nucléaires à l’Iran. Nous sommes maintenant engagés.

    Étant donné que les États-Unis ont combattu dans cinq guerres au Moyen-Orient au cours de ce siècle – Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Yémen – on pourrait penser que ce pays hésiterait à s’engager dans une nouvelle guerre avec l’une des plus grandes puissances du monde.

    Lorsque le président russe Vladimir Poutine a constitué des forces en dehors de l’Ukraine et a demandé à plusieurs reprises des assurances que l’Ukraine ne serait pas intégrée à l’OTAN, une alliance visant la Russie, l’administration Biden a refusé.

    L’invasion de février a suivi, et parmi les menaces ultérieures de Biden, son appel à la destitution de Poutine a pratiquement été considéré comme une déclaration de guerre.

    « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir », a tonné Biden en Pologne, une déclaration qui a été rejetée à la hâte par le personnel de la Maison Blanche.

    En plus des armes que nous expédions en Ukraine – artillerie à longue portée et roquettes – Biden a annoncé lors du sommet de l’OTAN à Madrid que les États-Unis renforceraient leur présence militaire en Europe.

    Le quartier général permanent du V Corps de l’armée américaine doit être transféré en Pologne. Deux escadrons supplémentaires d’avions de chasse F-35 doivent être transférés au Royaume-Uni. D’autres capacités de défense aérienne doivent être transférées en Allemagne et en Italie. Les déploiements par rotation des troupes américaines dans la région de la Baltique doivent être augmentés. Les troupes américaines doivent être déplacées en Roumanie.

    Les forces américaines en Europe doivent passer d’environ 60 000 à 100 000, et Biden a juré que l’invasion de Poutine « ne se terminera pas par une défaite russe en Ukraine ».

    Mais comment Biden garantit que l’invasion russe sera annulée, si Poutine enroule le Donbass, est inexpliqué.

    Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Biden a également donné des garanties de guerre de l’article 5 à la Suède et à la Finlande en promettant de les intégrer à l’OTAN.

    De l’Arctique à la mer Noire et de l’Islande à l’Estonie, il y a maintenant 30 nations européennes que nous sommes obligés de défendre.

    En 2021, Biden a indiqué que le traité de sécurité mutuelle américano-philippin datant des années 1950 signifiait que les États-Unis viendraient à la défense de Manille s’ils tentaient de récupérer des rochers et des récifs dans la mer de Chine méridionale, également revendiqués et désormais occupés par les forces militaires chinoises.

    Les garanties de guerre américaines dans notre traité avec le Japon s’étendent aux îles Senkaku, également revendiquées par la Chine, selon la Maison Blanche de Biden.

    En mai, à Tokyo, Biden a répondu par un « oui » catégorique à la question d’un journaliste lui demandant s’il était prêt à « s’impliquer militairement pour défendre Taïwan ». « C’est l’engagement que nous avons pris », a déclaré le président.

    Pas tant que ça. Les États-Unis ont abandonné leur engagement formel de défendre Taïwan en 1979, remplaçant un traité d’alliance par le Taiwan Relations Act, qui oblige les États-Unis à aider à équiper Taïwan pour se défendre.

    Encore une fois, le personnel de la Maison Blanche a cherché à revenir sur la déclaration de Biden selon laquelle nous nous battrions pour Taïwan, car la politique américaine depuis le voyage de Richard Nixon à Pékin est que Taïwan « fait partie de la Chine ».

    Nous avons écrit des dizaines de chèques en blanc à des nations non seulement en Europe mais aussi au Moyen-Orient et en Asie pour qu’elles viennent se battre pour défendre leurs frontières.

    Pourtant, la frontière la plus critique pour nous, la frontière américano-mexicaine, est envahie par un quart de million de migrants chaque mois, le pire d’entre eux apportant le fentanyl qui a tué 100 000 jeunes américains l’année dernière.

    Et le belliqueux Joe n’a presque rien fait à ce sujet.

    Occidental Observer, 23/07/2022

    #Etats_Unis #Joe_Biden

  • Qu’est-ce qui rend Biden si pugnace ?

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit… Quelle que soit la réalité de cet événement, il y a 60 ans, Biden a publié, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays en jeu.

    Ce coup de poing amical avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman n’aurait peut-être pas été un moment aussi déterminant – si Biden ne s’était pas d’abord installé.

    Lors de la campagne de 2020, Biden a déclaré que lorsqu’il rencontrerait le prince, il le traiterait comme le « paria » qu’il était pour avoir autorisé le meurtre et le démembrement du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi.

    Quant à la description par Biden de la façon dont il a affronté MBS à huis clos, les Saoudiens contestent sa restitution, et beaucoup de ses propres compatriotes ne croient pas Biden.

    Pourquoi? Parce que Joe Biden a l’habitude de se peindre comme héroïque dans des rencontres personnelles où peu de contemporains se souviennent de lui de cette façon.

    Le classique est l’histoire que Biden a souvent racontée d’avoir affronté, en tant que gardien de sécurité de la piscine dans un quartier noir, un chef de gang nommé Corn Pop, à qui Biden a ordonné de sortir de la piscine pour avoir enfreint les règles.

    Lorsque Biden est parti pour la journée, Corn Pop l’attendait, avec trois membres de gangs, et tenant un rasoir droit. Biden, tenant une chaîne de six pieds, dit-il, lui a fait face, et Corn Pop a reculé.

    Quelle que soit la réalité de cet événement, il y a 60 ans, Biden a émis, au cours de ses 18 mois de mandat, un nombre remarquable d’avertissements et de menaces quant à ce qu’il ferait en tant que commandant en chef s’il était contesté, mettant ainsi sa propre crédibilité et celle de son pays sur la ligne.

    Lorsqu’on lui a demandé, avant son voyage au Moyen-Orient, s’il utiliserait la force pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, Biden a répondu : « Si c’était le dernier recours, oui. »

    Pendant le voyage, les États-Unis et Israël ont signé un engagement conjoint de refuser les armes nucléaires à l’Iran. Nous sommes maintenant engagés.

    Étant donné que les États-Unis ont combattu dans cinq guerres au Moyen-Orient au cours de ce siècle – Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Yémen – on pourrait penser que ce pays hésiterait à s’engager dans une nouvelle guerre avec l’une des plus grandes puissances du monde. Région.

    Lorsque le président russe Vladimir Poutine a constitué des forces en dehors de l’Ukraine et a demandé à plusieurs reprises des assurances que l’Ukraine ne serait pas intégrée à l’OTAN, une alliance visant la Russie, l’administration Biden a refusé.

    L’invasion de février a suivi, et parmi les menaces ultérieures de Biden, son appel à la destitution de Poutine a pratiquement été déclaré objectif de guerre.

    « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir », a tonné Biden en Pologne, une déclaration qui a été rejetée à la hâte par le personnel de la Maison Blanche.

    En plus des armes que nous expédions en Ukraine – artillerie à longue portée et roquettes – Biden a annoncé lors du sommet de l’OTAN à Madrid que les États-Unis renforceraient leur présence militaire en Europe.

    Le quartier général permanent du V Corps de l’armée américaine doit être transféré en Pologne. Deux escadrons supplémentaires d’avions de chasse F-35 doivent être transférés au Royaume-Uni. D’autres capacités de défense aérienne doivent être transférées en Allemagne et en Italie. Les déploiements par rotation des troupes américaines dans la région de la Baltique doivent être augmentés. Les troupes américaines doivent être déplacées en Roumanie.

    Les forces américaines en Europe doivent passer d’environ 60 000 à 100 000, et Biden a juré que l’invasion de Poutine « ne se terminera pas par une défaite russe de l’Ukraine en Ukraine ».

    Mais comment Biden garantit que l’invasion russe sera annulée, si Poutine enroule le Donbass, est inexpliqué.

    Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Biden a également donné des garanties de guerre de l’article 5 à la Suède et à la Finlande en promettant de les intégrer à l’OTAN.

    De l’Arctique à la mer Noire et de l’Islande à l’Estonie, il y a maintenant 30 nations européennes que nous sommes obligés de défendre.

    En 2021, Biden a indiqué que le traité de sécurité mutuelle américano-philippin datant des années 1950 signifiait que les États-Unis viendraient à la défense de Manille s’ils tentaient de récupérer des rochers et des récifs dans la mer de Chine méridionale, également revendiqués et désormais occupés par les forces militaires chinoises.

    Les garanties de guerre américaines dans notre traité avec le Japon s’étendent aux îles Senkaku, également revendiquées par la Chine, selon la Maison Blanche Biden.

    En mai, à Tokyo, Biden a répondu par un « oui » catégorique à la question d’un journaliste lui demandant s’il était prêt à « s’impliquer militairement pour défendre Taïwan ».

    « C’est l’engagement que nous avons pris », a déclaré le président.

    Pas si. Les États-Unis ont abandonné leur engagement formel de défendre Taïwan en 1979, remplaçant un traité d’alliance par le Taiwan Relations Act, qui oblige les États-Unis à aider à équiper Taïwan pour se défendre.

    Encore une fois, le personnel de la Maison Blanche a cherché à revenir sur la déclaration de Biden selon laquelle nous nous battrions pour Taïwan, car la politique américaine depuis le voyage de Richard Nixon à Pékin est que Taïwan « fait partie de la Chine ».

    Nous avons écrit des dizaines de chèques en blanc à des nations non seulement en Europe mais aussi au Moyen-Orient et en Asie pour qu’elles viennent se battre pour défendre leurs frontières.

    Pourtant, la frontière la plus critique pour nous, la frontière américano-mexicaine, est envahie par un quart de million de migrants chaque mois, le pire d’entre eux apportant le fentanyl qui a tué 100 000 jeunes américains l’année dernière.

    Et le belliqueux Joe n’a presque rien fait à ce sujet.

    Occidental Observer, 23/07/2022
  • Maroc : Des images du roi truquées

    Maroc : Des images du roi truquées

    Maroc, Mohammed VI, Fête du Trône, santé du roi,

    Intox et manipulation
    Des activistes marocains ont dénoncé cette opération de mensonges quant aux images diffusées lors de la célébrationde la fête de l’Aïd El Adha en présence du roi.

    Hocine NEFFAH

    Le Makhzen en est arrivé là. Il a été réduit à truquer des images à la télévision pour faire croire que le roi va bien. Ce mensonge des médias marocains, qui n’est pas le premier d’ailleurs, ne peut plus marcher ni avoir de crédibilité. La raison est simple pour l’opinion marocaine qui sait que le protocole de la célébration de la fête de l’Aïd El Adha, présidé traditionnellement par le monarque, a été tronqué par des images douteuses montrées à la télévision. Cette scène a fait le tour des réseaux sociaux des internautes marocains qui ont dénoncé une opération de mensonge des plus criardes quant aux images diffusées lors de la célébration de la fête de l’Aïd El Adha en présence du roi Mohammed VI. Le peuple marocain sait pertinemment que le roi Mohammed VI est gravement malade et que la succession au sein du régime du Makhzen fait rage. Jamais la fête du Trône n’a été annulée qu’en cas d’une crise majeure qui a impacté le royaume chérifien. Ce qui est sûr, la situation est peu reluisante pour le régime du Makhzen qui a essayé plusieurs scénarios mensongers pour éberluer le peuple marocain quant aux intrigues qui affectent le Palais royal et ses retombées sur la situation politique, économique et sociale du Maroc qui est au bord de la faillite et de l’explosion.

    Le Maroc vit une situation des plus délicates dans son histoire politique. La lutte des clans au sein du régime du Makhzen s’affiche clairement entre les protagonistes au sein des Forces armées royales (FAR) et les services du renseignement et ceux qui tirent les ficelles à l’intérieur du Palais royal. Il s’agit selon certains médias marocains qui ont relayé des informations sur la guerre du succession, de Fouad El Himma, secrétaire particulier de Mohammed VI, Abdellatif Hammouchi, chef des services de sécurité et de renseignements marocains, ainsi qu’André Azoulay, conseiller spécial de Mohammed VI qui sont en train de redessiner l’échiquier du royaume pour mettre en place un processus de succession qui évitera au Maroc de sombrer dans le chaos. Cette guerre est menée entre le clan qui veut assurer la succession au Trône pour le compte du prince héritier Moulay Hassan et celui qui s’attache à imposer le prince Moulay Rachid comme successeur au roi impotent et gravement malade. Rien ne va au Maroc. L’annulation de la fête du Trône est révélatrice d’une véritable crise qui secoue le régime marocain du Makhzen.

    Certes, les sbires du royaume chérifien essayent par tous les moyens de dissimuler cette crise en rapport avec l’état de santé gravissime du roi Mohammed VI, en recourant encore une fois au mensonge qui est devenu la règle et un mode opératoire du régime du Makhzen. La presse officielle marocaine a relayé l’information relative à l’annulation de la fête du Trône de l’année 2022 en justifiant cette décision par rapport à «la pandémie de Covid-19 qui affecte le Maroc». L’année passée, la fête du Trône n’a pas été annulée alors que la pandémie de Coronavirus était plus virulente et meurtrière que cette année.

    L’annulation de la fête du Trône sera l’occasion pour les Marocains qui investissent la rue de dénoncer la répression du Makhzen et sa normalisation avec l’entité sioniste de durcir le ton et déclencher un élan de mobilisation historique à même de renverser la situation politique qui est en train de prendre une ampleur désastreuse et inquiétante sur le plan économique et social. Le Maroc traverse la pire des situations dans son histoire. La crise est telle que personne ne peut prédire ce qui va advenir du régime du Makhzen en proie à une menace structurelle qui risque d’emporter le système, voire même la nature monarchique puisque des slogans et des mots d’ordre qui vont dans le sillage de la mise en place d’un régime républicain est en train de faire du chemin à travers les manifestations qui se poursuivent dans les villes et les villages du Maroc.

    L’Expression, 24/07/2022

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