Maroc Confidentiel

Affaire Adib: Entretien avec l’Ambassadeur de France au Maroc

France, Maroc, Mustapha Adib, Général Abdelaziz Bennani, Hôpital Val de Grâce, Charles Fries,

Le 18 juin, Mustapha Adib, capitaine des Forces armées royales (FAR) et opposant notoire depuis son séjour en prison au début des années 2000 – il vit depuis en France -, est parvenu à s’introduire jusqu’à la porte de la chambre de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, où se trouvait depuis une quinzaine de jours le général Abdelaziz Bennani, 78 ans, inspecteur général des FAR et commandant de la zone Sud.

L’incident provoque la colère des autorités marocaines. Yassine Mansouri convoque immédiatement Charles Fries, l’ambassadeur de France. Le 20 juin, Nasser Bourita, secrétaire général du MAEC, rédige le compte-rendu de son entretien avec l’ambassadeur français au Maroc dont voici le contenu:

Objet : Entretien avec l’Ambassadeur de France

1- Suite aux instructions de M. le Ministre, j’ai reçu, aujourd’hui et à sa demande, l’Ambassadeur de France à Rabat M. Charles Fries qui était accompagné du Ministre-Conseiller de l’ambassade M. Ludovic Pouille. L’entretien a porté sur l’incident grave survenu le 18 juin à l’hôpital Val de Grâce.

2- L’Ambassadeur Fries m’a remis la lettre en annexe, adressée par M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, à M. Salaheddine Mezouar, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

3- En complément des informations contenues dans la lettre, l’Ambassadeur Fries a précisé qu’Adib « a été mis aujourd’hui en garde à vue conformément à l’article 222-17 du code pénal français, applicable dans les cas de menace de mort ».

4- En réponse à ma remarque sur les circonstances et la procédure inédite d’octroi de la nationalité française à Adib, M. Fries a précisé que « c’est la question qui tue ! On s’est posé la même question. Une enquête est en cours pour définir les circonstances réelles de cette naturalisation. On vous tiendra au courant ».

5- M. Fries a réitéré l’engagement des autorités françaises à œuvrer pour que les relations bilatérales reprennent leur cachet d’amitié sincère et leur caractère exceptionnel.

6- Il a toutefois relevé « le communiqué inédit par son ton et son contenu du Chef de Gouvernement qui évoque entre autres l’acharnement des autorités françaises contre le Maroc ». En réaction, j’ai précisé que de part son caractère grave et la stature de la personnalité concernée, l’incident a affecté l’ensemble des institutions et des forces vives marocaines. La réaction de M. le Chef de Gouvernement est tout à fait naturelle, il en a fait de même par rapport à l’incident du 20 février.

7- J’ai souligné enfin que cet incident confirme un élément qui a toujours été présent dans nos entretiens, à savoir la présence de personnes malintentionnées qui utilisent le territoire français, s’appuient sur certaines complaisances voire complicités en France et exploitent les brèches qui existent dans certaines procédures françaises pour nuire aux intérêts du Maroc. Cette situation devrait interpeler les autorités françaises et les pousser à réagir par des mesures concrètes.

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