Maroc Confidentiel

L’Algérie, modèle de combat contre le colonialisme

L’Algérie, modèle de combat contre le colonialisme

La Révolution libératrice a inspiré plusieurs peuples d’Afrique à se soulever contre l’occupation. Certains de ces pays avaient su tirer les enseignements de l’expérience algérienne et tracer, à partir de ses idées, leurs propres stratégies de combat armé. Dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental continue de s’en inspirer pour libérer ses territoires toujours sous occupation marocaine.

La glorieuse Révolution du 1er novembre 1954 est l’un des plus grands évènements de l’Histoire contemporaine, en raison de son impact sur les peuples du tiers-monde, d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine et du fait qu’elle représentait pour eux un modèle pionnier dans le combat contre le colonialisme et l’autodétermination.

La Révolution libératrice contre le colonialisme français est reconnue de par le monde comme l’une des plus grandes révolutions du 20e siècle. Elle est source d’admiration pour les peuples épris de liberté et désireux de s’affranchir du joug colonial. Ils ont suivi ses pas et se sont inspirés de la force, de la détermination et de la résolution et du peuple algérien à se libérer définitivement du colonialisme qui l’a oppressé pendant plus de 130 ans.

La Mecque des braves et des révolutionnaires

Le soutien de l’Algérie aux mouvements de libération en Afrique était en totale cohérence avec les principes de sa politique et s’est notamment manifesté à travers son plaidoyer dans les tribunes internationales pour le droit des pays sous occupation à l’autodétermination. En ce sens, notre pays a maintes fois affirmé que l’indépendance de l’Algérie ne saurait être intégrale, de même que sa souveraineté demeure inachevée, tant que des pays à l’est, à l’ouest et au sud de l’Afrique n’auront pas vaincu le colonialisme et la ségrégation raciale. Les braves de ce monde se souviennent encore des propos du leader africain Amilcar Cabral qui disait : «Les musulmans vont au pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de libération nationale à Alger». Cette phrase éternelle résume à elle seule la place dont jouit l’Algérie, Révolution et peuple, auprès des peuples africains et leurs dirigeants. Amilcar Cabral l’avait prononcée en 1968, au moment où il menait son combat contre l’occupation Portugaise de la Guinée Bissau et du Cap Vert. A la tête du mouvement de libération de son pays depuis 1963 il a été assassiné son en 1973, un mois avant l’indépendance de la Guinée Bissau. Le 26 novembre 1974, à la demande du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap vert, l’Algérie a abrité les deuxièmes négociations entre ce parti et le Portugal, qui ont conduit enfin à l’indépendance de la Guinée Bissau en 1974 et du Cap Vert en 1975. Nul doute que l’Algérie, qui avait mené un dur combat contre l’occupant français, avait un devoir moral d’apporter son soutien aux mouvements de libération africains.C’est à ce titre qu’elle a soutenu, conformément aux principes constants de sa politique étrangère, des partis et des organisations africaines qui ont milité et combattu pour s’affranchir de l’occupation étrangère et de la politique fondée sur le racisme et la ségrégation. Outre son appui au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée Bissau et du Cap Vert, dirigé par Amilcar Cabral, l’Algérie a également soutenu le combat du peuple congolais, à travers le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le combat du peuple de Mozambique représenté par le Front de libération du Mozambique (Frelimo), celui du Zimbabwe, à travers son soutien à l’Union du peuple africain de Zimbabwe(Zapu). Elle a également été d’un appui précieux à l’Organisation de la Swapo, en Namibie, au parti du Congrès national africain (ANC) et au Mouvement pour la libération de Sao-Tomé et Principe. A cet effet, notre pays a abrité des représentations permanentes de ces mêmes partis et mouvements de libération.

L’Algérie a aidé les pays africains à se libérer du colonialisme grâce, notamment, à l’impact et la portée de sa Révolution sur les mouvements de libération africains naissants. Outre le fait que l’Algérie a ouvert son territoire à certains des dirigeants africains pour s’entraîner et se former aux arts de combat et de la guerre, les différents écrits sur la Révolution de libération ainsi que la ténacité et l’héroïsme de ses artisans avaient eu pour effet d’accélérer la prise de conscience des peuples africains sous domination de la nécessité de la nécessité d’engager le combat pour s’affranchir du joug colonial. Ce qui encouragé ces peuples est sans doute le fait que malgré les moyens forts modestes dont disposait la Révolution, elle a réussi à vaincre l’armée d’une des plus grandes puissances de l’époque.

Lorsque Mandela a salué les djounoud de l’ALN

Pour témoigner du rôle de la Révolution dans le combat qu’il avait mené dans son pays, l’Afrique du Sud, le leader africain, le symbole Nelson Mandela a tenu à se rendre en Algérie à sa libération par le régime d’apartheid, le 11 février 1990, après avoir passé 27 années dans les ténèbres des prisons et geôles sud-africaines. Par cette visite, le leader sud-africain a voulu surtout rendre hommage au peuple algérien et à sa Révolution, en reconnaissance au soutien apporté par notre pays au combat du peuple sud-africain contre le régime d’apartheid. Il a déclaré, à cette occasion, qu’il était temps, pour lui, de revenir, après une absence de trente-huit ans, au pays qui l’avait adopté et dans lequel il avait appris les bases du maniement des armes de guerre et l’art de combattre un régime répressif et persécuteur.

Il est connu que Mandela avait reçu une première formation militaire auprès des révolutionnaires du Front de libération nationale en Algérie, et ce, au début de l’année 1962. Il avait, à l’époque,décidé de former l’aile militaire du Congrès national africain et, dès cet instant, l’Algérie n’avait eu de cesse d’apporter un fort soutien à l’ANC qui, fort de cet appui, a fini ainsi par contraindre le régime sud-africain à se soumettre, grâce aux victoires obtenues aussi bien sur le plan politique que militaire.

Dans ses mémoires titrées «Un long chemin vers la liberté», Mandela exprime son vif attachement à la Révolution algérienne et affirme s’être inspiré des valeurs dont elle était porteuse, ainsi que de l’esprit de résistance et de la bravoure du peuple algérien. Dans l’une des parties de cet ouvrage, parlant de la place qu’occupait la Révolution dans son propre parcours révolutionnaire, il écrit : «la Révolution algérienne est le modèle le plus proche du nôtre, parce que les Moudjahidine algériens affrontaient une importante communauté de colons blancs qui régnait sur la majorité indigène». Il a ajouté, faisant l’éloge des éléments de l’Armée de libération nationale, que ceux-ci formaient «une armée de guérilla composée de combattants qui ont gagné leurs galons dans le feu des batailles et qui s’intéressaient plus à la guerre et à la stratégie de combat qu’aux uniformes et aux défilés militaires.Je savais que nos propres forces ressemblaient plus aux soldats de l’Algérie et j’espérais seulement qu’ils combattraient aussi vaillamment». Dans ses mémoires, il affirme également que les dirigeants algériens lui avaient conseillé de ne guère négliger l’aspect politique et diplomatique dans la guerre qu’il menait contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, tant qu’il est vrai que «l’importance et la force de l’opinion publique internationale vaut parfois mieux que la puissance d’une flotte d’avions de guerre».

Le Polisario sur les pas de l’Armée de libération nationale

Au moment où l’Afrique parachevait l’indépendance de ses Etats et pansait ses blessures, le Makhzen marocain a sciemment mis en exécution son plan expansionniste aux dépends d’un peuple sahraoui désarmé, qui s’est vu contraint d’engager la lutte armée comme seule voie de mettre fin à l’occupation de son territoire par le Maroc, et d’exercer ainsi sont droit légitime à l’autodétermination, conformément aux décisions de l’Organisation de l’unité africaine, puis de l’Union africaine et des Nations unies. Face aux tergiversations et manipulations du Makhzen ainsi que son entêtement à faire fi de tous les textes et résolutions onusiennes reconnaissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, ce dernier n’avait plus d’autre choix que l’option de la reprise du combat armé, sous la direction du Front Polisario, son seul et unique représentant légitime. Ceci, après avoir acquis la certitude (comme le montrent les agressions commises par les forces d’occupation marocaine contre des citoyens sahraouis désarmés au passage de Guerguerat), que le Makhzen n’était pas disposé à renoncer à sa politique du fait accompli et à se conformer aux décisions de la légalité internationale.Il cherche toujours à imposer le statuquo, croyant que de cette manière, il arrivera à duper la communauté internationale et l’opinion publique mondiale et aller de l’avant dans l’exécution de sa politique expansionniste. Mais tous les indices prouvent que le peuple sahraoui est plus que jamais déterminé à se battre jusqu’à vaincre l’occupation et la contraindre à se conformer aux décisions de l’Union africaine et des Nations unies sur le conflit au Sahara occidental.

Sur les traces de l’Armée de libération nationale, à laquelle le Front Polisario puise son inspiration, ainsi que d’un peuple qui s’est tracé comme objectif le recouvrement de sa souveraineté nationale au prix de tous les sacrifices, mais aussi sur les traces des mouvements de libération en Afrique, des années 1960 et 1970, le peuple sahraoui avance à pas sûrs vers l’accomplissement de sa destinée qui est d’arracher son indépendance et de vivre libre. A la lumière des victoires successives sur les plans militaire et politique, du Front Polisario, l’instance onusienne se doit maintenant de s’acquitter du rôle qui lui est conféré et d’assumer son entière responsabilité dans le règlement de ce conflit qui n’a hélas que trop duré. Un fait sur lequel le président de la République sahraouie, M. Brahim Ghali, s’est dernièrement arrêté, déclarant qu’il est de la responsabilité du Conseil de sécurité de mettre le train sur les bons rails, faute de quoi, inévitablement, la situation ne fera qu’empirer. Il a ajouté : «La résolution du Conseil de sécurité attendue serait inutile si elle ne comporte pas un mandat clair de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies et sa mission qui est déjà fixée, à savoir le parachèvement de la décolonisation et l’organisation du référendum, sans tarder, ainsi qu’un calendrier de mise en œuvre du processus, en plus de certaines garanties émises par le Conseil de sécurité pour pouvoir s’intégrer au processus»

El Djeïch n° 700, novembre 2021

Quitter la version mobile