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À Bali, c’est un échange tendu que se sont échangés Xi Jinping et Justin Trudeau, lors de la clôture du G20. Le président chinois a reproché mercredi au Premier ministre canadien d’avoir fait fuiter dans la presse les détails de leur entretien bilatéral, et chose rare, la scène a été filmée.
Ce n’est pas la brouille entre Xi Jinping et Justin Trudeau qui est inhabituelle, c’est le fait qu’elle soit publique. Le président chinois s’adresse au Premier ministre canadien sur un ton posé, il sourit un peu comme s’il donnait une leçon à un jeune écolier : « Aller raconter aux journaux ce qu’on a dit lors de notre conversation, cela ne se fait pas », dit en substance Xi Jinping. Avant d’ajouter: « Et en plus, ce n’est pas la façon dont la discussion s’est déroulée. »
La scène filmée par le pool image du G20 dure une minute. Elle montre quelque chose qu’on ne voit quasi jamais dans ce pays, à savoir un dirigeant chinois s’exprimant hors du cadre formel des prises de paroles officielles. Lors des tournées d’inspection du secrétaire général du parti-État chinois, ce dernier est généralement muet à l’image et ses propos sont repris dans la voix des commentateurs de la télévision centrale de Chine.
Le président chinois « au naturel »
Dès mercredi, Twitter s’emballe : la plupart des correspondants étrangers ont fait part de leur surprise face à ces images, mais aussi certains observateurs chinois étaient étonnés encore une fois de voir le président chinois parler « au naturel ». Le reste des propos est plus classique. Xi Jinping évoque la nécessité d’un « respect mutuel » et de respecter ce qu’il considère comme « l’étiquette diplomatique », des termes mis en avant par Pékin depuis le sommet d’Anchorage entre Américains et Chinois l’année dernière. Et de façon à peine voilée laisse planer la menace : sans ses conditions, dit Xi Jinping, il sera difficile d’attendre quoi que ce soit de nos futurs échanges.
La brouille entre la Chine et le Canada n’est pas nouvelle. L’échange entre Xi Jinping et Justin Trudeau au G20 a eu lieu le jour où un chercheur chinois employé par la compagnie publique Hydro-Québec comparaissait devant un tribunal pour espionnage. En 2018, deux ressortissants canadiens en Chine avaient été enlevés, puis placés au secret, suite à l’arrestation de la fille du fondateur de Huawei à Vancouver.
De « sérieuses inquiétudes » sur l’ingérence présumée de la Chine
La propagande chinoise est passée maître depuis quelques années de la communication post-sommet, dégainant souvent via les médias d’État chinois, plus vite que la partie rencontrée, une synthèse de la relation bilatérale que Pékin entend mettre en avant. Une manière aussi de ne pas revenir sur l’essentiel. Xi Jinping reproche à Justin Trudeau d’avoir fait fuiter le fait que le Premier ministre canadien a soulevé de « sérieuses inquiétudes » concernant une ingérence présumée de la Chine au Canada lors de ses premiers entretiens avec le président chinois en plus de trois ans, note The Guardian.
Le numéro un chinois va pour partir, après sa leçon, le dirigeant canadien le retient, là aussi, reprenant des éléments de langages fréquemment utilisés par la diplomatie occidentale dans son dialogue avec la Chine : avec la nécessité d’un « dialogue franc ouvert » et la volonté de « travailler de manière constructive, même s’il y a des désaccords ».
Lors d’un point de presse régulier ce jeudi, Mao Ning a nié la brouille : « Je ne pense pas que cela puisse être interprété comme une critique ou une réprimande de qui que ce soit de la part du président Xi », a affirmé l’un des porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères.
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Source : RFI
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