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La volonté des États unis d’Amérique d’attirer l’Algérie dans son giron ou à tout le moins l’éloigner de l’influence russe n’échappe à personne. Cette volonté s’exprime un peu plus ouvertement depuis le déclenchement de la guerre entre la Russie de Vladimir Poutine et l’Ukraine. Les Américains savent à quel point l’Algérie est un allié historique et stratégique de la Russie depuis l’époque de l’Union sSoviétique et le choix de notre pays d’adopter le socialisme. C’est que Washington a compris que l’attachement de l’Algérie à son amitié avec la Russie rend cette dernière tout à fait crédible et fréquentable malgré sa guerre contre l’Ukraine.
Après avoir tenté vainement de faire changer d’avis à notre pays à travers des manœuvres de déstabilisation voire des menaces à travers des membres du Congrès ou via l’entité israélienne et le Maroc, Washington semble avoir compris que cette stratégie du bâton ne marche pas. Elle revient désormais à de meilleurs sentiments en tendant la carotte aux hauts responsables algériens dans l’espoir d’obtenir une réponse favorable sous forme, ne serait-ce que, d’une prise de distance vis à vis de la Russie de Vladimir Poutine.
L’activisme diplomatique ces dernières semaines de l’ambassadrice des États-Unis en Algérie Mme Elizabeth Moore Aubin, est en effet loin d’être fortuit. La représentante de Washington veut décliner une nouvelle tactique de l’oncle Sam qui consiste à tenir un dialogue doux avec Alger plutôt que de multiplier des déclarations tapageuses qui ont été perçues par Alger comme des provocations inacceptables d’autant que ses relations avec Moscou qui n’ont jamais souffert ne serait-ce que d’une brume passagère.
Autrement dit, l’Algérie a gagné dans son bras de fer larvé avec les États unis qui ont quasiment mis en demeure tous les pays du monde de choisir leur camp entre l’Occident pro Ukraine et la Russie. Cette posture menaçante qui confine au maccarthysme des années 60-70 n’a pas été du goût de plusieurs pays dont l’Algérie qui a refusé de sacrifier ses rapports historiques avec Moscou sur l’autel d’un positionnement douteux aux côtés du camp occidental et son sulfureux potiche Volodomir Zilensky.
Washington a donc fini par admettre que notre pays qui est attaché à sa doctrine diplomatique héritée de la guerre de libération nationale n’est pas malléable encore moins corvéable comme le sont certains autres. Le fait est que Mme l’ambassadrice a même lancé une offre de service aux autorités algériennes de s’armer avec du « made in USA » et ne plus se contenter de s’approvisionner de Russie. Connaissant la frilosité des Américains à vendre des armes à l’Algérie depuis les années rouges du terrorisme, il y a lieu de s’étonner de cette disponibilité.
Il faut croire que le pragmatisme américain ne s’accommode pas du passé et du passif. Pour obtenir l’isolement de la Russie, Washington est prête à tous les compromis possibles y compris à reprendre langue avec des régimes qui lui sont hostiles comme celui d’Iran, du Cuba ou du Venezuela. En convoquant une conférence de presse pour dérouler la feuille de route de son pays dans son approche avec l’Algérie, Elizabeth Moore Aubin confirme ce changement de ton et de mode opératoire US à l’égard de l’Algérie qui ne s’est pas laissée impressionner par les effets de manche. L’audience accordée hier par le Premier ministre Aiment Benabderahamane à l’ambassadrice des États-Unis constitue le point d’orgue de ce « soft power » typiquement américain.
Par Imane B.
L’Est Républicain, 23/11/2022
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