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L’Espagne présidera l’Union européenne pendant le deuxième semestre 2023. Elle compte en profiter pour organiser un sommet UE-rive sud méditerranéenne et tenter un rapprochement avec Alger à cette occasion.
L’Espagne n’en finit pas de compter ses pertes, occasionnées par la détérioration de sa relation avec l’Algérie, provoquée par le revirement de Sanchez sur le Sahara occidental. Cette détérioration des relations entre les deux pays impacte particulièrement les opérateurs économiques de certaines filières ibériques qui montent régulièrement au créneau pour dénoncer la position de leur chef du gouvernement sur la question sahraouie qui les a plongés dans les bras de la banqueroute. C’est le cas notamment des céramistes et des vendeurs de viande rouge dont le marché algérien constituait le gros de leur chiffre d’affaires.
Aussi, l’Espagne de Sanchez nourrit l’espoir d’un réchauffement de ce lien brutalement rompu avec l’Algérie. Selon le media ibérique ABC qui cite des sources diplomatiques, Madrid compte mettre à profit la présidence de l’Union européenne qu’elle assumera durant le deuxième semestre 2023 pour tenter un rapprochement avec Alger. Cela se ferait, selon la même source, à l’occasion d’un sommet entre l’UE et les pays de la rive sud méditerranéenne que l’Espagne voudrait organiser pendant les six mois où elle présidera l’Europe. Le chef de la diplomatie espagnole Manuel Albares en a fait la proposition une première fois pendant le 7e Forum de l’Union pour la Méditerranée qui s’est tenu à Barcelone. Le chef du gouvernement Pedro Sanchez a ensuite pris le relais et a soumis une nouvelle fois l’idée à ses pairs lors d’une réunion européenne cette semaine à Alicante.
Cette rencontre UE – rive sud Méditerranée devrait, telle que formulée par Madrid, se pencher sur les questions migratoires mais, selon ABC, le but recherché est surtout d’avoir une occasion de se rapprocher des dirigeants algériens. La même source ajoute que la démarche de Madrid a déjà reçu l’appui du chef de la diplomatie européenne, l’Espagnol Josep Borrell.
La date du sommet n’a pas encore été proposée, mais selon les diplomates cités, si elle venait à se tenir, cette rencontre aura sûrement lieu à Bruxelles, et sûrement pas en Espagne, car Madrid veut éviter que l’Algérie refuse d’y prendre part s’il se tient sur les terres ibériques.
Toujours selon les mêmes sources diplomatiques espagnoles, même « si techniquement il y aurait du temps pour organiser une rencontre de ce type, les préparatifs ou les programmes n’ont pas encore commencé, car il reste à définir la portée et l’objectif de la rencontre».
L’Espagne de Sanchez veut mettre la question euro-méditerranéenne au centre de l’agenda de sa présidence pour « vendre » son sommet à ses partenaires européens, mais elle risque de se heurter aux répercussions de sa prise de position. Comme l’a noté le journal ABC, Sanchez a mis fin à la tradition de tous les gouvernements qui l’ont devancé. « C’est pourtant la première fois qu’un déséquilibre aussi brutal se produit avec les deux principaux acteurs de la rive sud de la Méditerranée que sont l’Algérie et le Maroc », écrit le média espagnol. Enfonçant le clou, il ajoute que « depuis que Pedro Sanchez a pris unilatéralement la décision de rallier les positions marocaines sur le Sahara occidental, les relations algériennes avec l’Espagne ont traversé l’un des pires moments de leur histoire».
Ainsi, comme l’écrit ABC, l’Espagne va donc « essayer de lisser les bords » de sa relation tendue avec Alger. En vérité, Sanchez cherche surtout à sauver sa tête, mesurant l’étendue des dégâts occasionnés par son ralliement aux thèses marocaines, condamné autant par ses opposants qu’au sein même de la coalition qui lui permet de gouverner. Sanchez et son parti, le PSOE, tentent de revenir dans les grâces des Espagnols et remonter dans les sondages pour se présenter dans une meilleure posture aux législatives de décembre 2023. Des législatives qui se tiendront donc pendant le semestre où l’Espagne présidera l’UE, et c’est là que Sanchez pourrait buter sur un autre obstacle. En effet, selon les diplomates espagnols, l’Algérie pourrait demander à ce que le sommet UE-rive sud méditerranéenne soir repoussé à l’après-législatives espagnoles, autrement dit avec le gouvernement qui sortira de ces élections.
D.B