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Après le vice-président grec, deux autres députés européens risquent de perdre leur immunité à la suite du scandale de corruption. On en a également appris davantage sur le rôle du Maroc.
Il s’agit des sociaux-démocrates Marc Tarabella (Belgique) et Andrea Cozzolino (Italie). Le Parlement, lorsqu’il se réunira à Strasbourg le 16 janvier, entamera une procédure visant à lever l’immunité de ces deux personnes à la demande de la police fédérale belge, a déclaré la présidente Roberta Metsola.
La procédure doit être terminée dans un délai d’un mois. Dans le cas de la vice-présidente grecque Eva Kaili, cela a pu être fait en un jour, mais elle avait été prise en flagrant délit avec des centaines de milliers d’euros en liquide. Tarabella et Cozzolino, bien que mentionnés depuis que le scandale a éclaté en décembre, nient toute implication.
Des fuites dans les dossiers de la police ont permis d’identifier l’homme central de cette affaire : l’Italien Pier Antonio Panzeri. Cet ancien dirigeant syndical a été membre du Parlement européen de 2004 à 2019, où il est apparu de plus en plus engagé en faveur des droits de l’homme, en plus des droits des travailleurs.
Argent dans des enveloppes
Il est devenu président de la délégation chargée des relations avec les pays d’Afrique du Nord en 2009 et de la Commission des droits de l’homme en 2017. Il s’y exprime de manière extrêmement critique, sauf lorsqu’il s’agit du Maroc. Là, au contraire, il a souvent constaté des « améliorations ». Selon la justice belge, il entretenait des contacts étroits avec le service de sécurité étrangère du pays et était rémunéré par l’actuel ambassadeur du Maroc en Pologne. En espèces, dans des enveloppes et parfois même dans des sacs à provisions.
Dans NRC aujourd’hui, deux militants marocains ont raconté comment l’assistant parlementaire de Panzeri a tenté de les dissuader de proposer la candidature d’un manifestant arrêté pour le prestigieux prix Sakharov en 2018. Cet assistant était Francesco Giorgi, l’homme qui a eu une relation avec la députée grecque Eva Kaili alors qu’il travaillait au Parlement. Les deux hommes ont maintenant un enfant ensemble.
Les choses ont changé après les élections européennes de 2019. Antonio Panzeri n’a pas été réélu et a créé une organisation non gouvernementale. Francesco Giorgi devient alors l’assistant du député Cozzolino, mais garde des contacts étroits avec son ancien patron. Eva Kaili est devenue l’un des 14 vice-présidents du Parlement. Les procureurs belges soupçonnent que de l’argent a été acheminé à certains députés européens par l’intermédiaire de l’organisation de Panzeri avec l’aide de Giorgi, selon les dossiers de la police. L’enquête, qui a débuté en juin, ne portait initialement que sur le Maroc. Plus tard, le Qatar est également entré en scène.
Discours écrit pour le Qatar
Le journal belge Le Soir a publié mardi un exemple de comportement suspect, basé sur un rapport de police. Le 14 novembre, le ministre qatari du travail a prononcé un discours au Parlement européen : il a été rédigé par Panzeri et Giorgi. Le même jour, l’eurodéputé Tarabella a demandé si le Parlement n’avait pas été hypocrite en critiquant le Qatar alors qu’il était resté silencieux au sujet de la Coupe du monde en Russie quatre ans auparavant. La phrase qu’il a prononcée lui avait été murmurée par Giorgi à la demande de Panzeri, selon une conversation téléphonique interceptée.
Giorgi a admis après son arrestation en décembre qu’il avait distribué l’argent, a également mentionné les noms de Cozzolino et Tarabella, mais nie que sa petite amie Kaili était au courant. Kaili elle-même continue également à affirmer que ce n’est que lorsque la police était en route vers leur maison, le 9 décembre, qu’elle aurait demandé à son père en visite d’apporter rapidement une valise d’argent liquide en lieu sûr.
Cette valise était dans la maison à cause du travail de son partenaire, a-t-elle dit. Lorsque la police a arrêté le père dans sa chambre d’hôtel, il s’est avéré qu’elle contenait 750 000 euros. Kaili, Giorgi et Panzeri sont toujours en détention. L’enquête se poursuit.
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