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L’ONG Reporters sans frontières (RSF), a salué jeudi le vote par le Parlement européen d’une résolution d’urgence « historique » qui souligne la détérioration continue de la liberté de la presse au Maroc et demande la libération des journalistes emprisonnés, notamment celle du lauréat du Prix RSF 2022, Omar Radi.
Dans un communiqué publié suite à l’adoption de cette résolution à une large majorité des votants (356 voix pour, 32 contre, 42 abstentions), le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire a rappelé que « cela fait plusieurs années que nous alertons les eurodéputés sur les intimidations et le harcèlement judiciaire dont sont victimes les journalistes marocains ».
« Avec cette résolution historique, le Parlement européen met fin à une fâcheuse tendance qui consiste à exempter le Maroc de toute remarque sur les atteintes à la liberté de la presse et aux droits humains. Mieux vaut tard que jamais. Trois journalistes sont actuellement arbitrairement emprisonnés au Maroc et attendent de pouvoir bénéficier d’un procès équitable et de ne plus être harcelés judiciairement », s’est félicitée l’ONG.
« C’est la première fois en 25 ans que le Parlement européen (PE) vote une résolution d’urgence sur les droits humains au Maroc », poursuit le communiqué.
Le texte demande aux autorités marocaines de respecter la liberté d’expression et des médias, mais aussi d’assurer aux trois journalistes actuellement emprisonnés au Maroc, « un procès équitable (…) leur remise en liberté provisoire, et de cesser immédiatement tout harcèlement à l’encontre de tous les journalistes, de leurs avocats et de leurs familles. »
Les parlementaires européens n’ont pas manqué de dénoncer dans leur résolution « l’utilisation abusive des allégations d’agression sexuelle pour dissuader les journalistes d’exercer leurs fonctions » et qui « met en danger les droits des femmes ».
La résolution dénonce aussi la surveillance dont Omar Radi et plusieurs autres journalistes ont fait l’objet, via le logiciel espion Pegasus. Les parlementaires exigent des autorités marocaines de « mettre fin » à cette pratique et « de prendre des mesures législatives les protégeant contre de telles pratiques ».
Le journaliste Omar Radi, dont le cas est mis en avant dans la résolution, est emblématique de la répression à laquelle se livrent les autorités marocaines envers les journalistes. Lauréat du Prix RSF 2022 pour la liberté de la presse (catégorie indépendance), il est détenu depuis juillet 2020, et a été condamné en appel à six ans de prison pour des accusations d’espionnage et de viol forgées de toutes pièces.
Taoufik Bouachrine et Souleiman Raissouni, respectivement directeur et rédacteur en chef du quotidien arabophone, aujourd’hui disparu, Akhbar al-Yaoum, ont été accusés de « traite d’êtres humains » et de « viol », écopant d’une peine de 15 ans et cinq ans de prison ferme.
Les deux cas ont en commun de nombreuses irrégularités procédurales, et le groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires a conclu au caractère arbitraire de ces détentions, estimant que Taoufik Bouachrine et Souleiman Raissouni avaient été visés pour avoir exercé leur métier et leur droit à la liberté d’expression.
Le Parlement européen est embourbé dans l’un des plus grands scandales de corruption baptisé « Marocgate » jamais vu dans l’hémicycle de l’institution continentale. Le Parquet fédéral belge a déclenché une enquête en décembre dernier visant des eurodéputés accusés de corruption au profit du Maroc.
Ce sera la première fois, depuis plus d’un quart de siècle, qu’un texte critique sur le Maroc qui ne soit pas en lien avec sa politique migratoire ait été adopté par ce parlement.
Le Maroc occupe la 135e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF.
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