Qatargate : Qui est Avramopoulos, l’ancien commissaire grec du PPE qui a crié au complot italien

Tags : Maroc, Qatar, Dimitris Avramopoulos, Antonio Panzeri, Eva Kaili, Francesco Giorgi, corruption, Parlement Européen,

de Giuliano Foschini, Claudio Tito

L’homme politique était lié à Panzeri et à son ONG. Avec lui, l’enquête belge s’élargit et touche aussi les populaires

C’était le 20 décembre et le Qatargate avait déjà explosé, lorsque l’ancien commissaire européen aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos , a dicté une déclaration aux agences : « Je suis victime d’un complot italien, il y a un effort organisé de certains cercles en Italie pour saper la candidature que j’ai présentée pour le poste de représentant spécial de l’Union européenne dans le golfe Persique et, bien sûr, pour soutenir le candidat socialiste Luigi Di Maio . » En réalité , les derniers documents déposés par les magistrats bruxellois démontrentque, s’il y avait conspiration, c’était celle que Panzeri organisait pour favoriser l’ancien député grec. Dont l’implication (bien qu’elle ne fasse pas l’objet d’une enquête pour le moment) représente le saut qualitatif de l’enquête sur le Qatargate.

En effet, ses relations avec Panzeri démontrent deux choses : d’une part, le fait que le groupe bénéficiait d’un soutien non seulement au sein du Parlement – grâce aux bons offices de l’ancien député du Parti démocrate et, évidemment, aux portes qu’il leur ouvrait la vice-présidente, la grecque Eva Kaili- mais aussi d’excellents contacts au sein de la Commission. D’autre part, il y a la démonstration qu’il ne s’agit pas seulement d’une question « socialiste ». Mais que le réseau que Panzeri & co. ils avaient tissé sont allés plus loin, au point de toucher le Parti Populaire, comme en témoigne précisément le contact avec Avramopoulos. En revanche, les relations entre l’ancien commissaire grec et le parlementaire milanais sont attestées par des dizaines d’interceptions téléphoniques. Et surtout, de l’échange d’argent enregistré par les enquêteurs belges.

Avramopoulos travaillait pour « Fight Impunity », l’ONG de Panzeri au centre de l’enquête : selon les enquêteurs, c’était en fait l’un des principaux outils que le groupe utilisait pour déplacer l’argent qu’il recevait du Maroc et du Qatar et payer les personnes qu’il voulait corrompre. Le parlementaire grec a collecté 60 000 euros en un an (5 000 euros par mois) auprès de l’association, selon les documents, pour « la promotion active des activités de l’entreprise ». En quoi consistait le travail d’Avramopoulos ? Deux conférences – une en ligne et une en face à face en Grèce – et un article en ligne qui porte sa signature. Puis plus rien.

« J’ai l’autorisation écrite d’ Ursula von der Leyen pour mener à bien cette missionce rôle pourrait devenir crucial s’il parvenait à obtenir le poste de représentant de l’UE dans le golfe Persique à la place de Di Maio. Pour Panzeri, avoir son homme dans un fauteuil aussi important – le flux des relations entre l’Europe et Bahreïn, le Koweït, l’Irak, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis passe par là – aurait été « un cadeau du Père Noël ». Comme les enveloppes dans lesquelles il remettait des pots-de-vin à ses amis.

La Repubblica, 07/02/2023

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