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Par Djilali B.
Fin de la noce entre Paris et Rabat ? Ou presque. La relation entre les deux capitales entrées dans une phase de glaciation depuis 2021 ressemble à celle finissante dans un couple en instance de divorce. Mais aucun des deux partenaires ne franchit le pas.
C’est l’image qui ressort de la lecture du dossier de cette semaine du magazine Marianne sous le titre : Comment le Maroc nous tient.
Point de départ, les soupçons de corruption d’eurodéputés – des élus sont mis en cause, un a été inculpé et écroué et la justice belge poursuit ses investigations – pour influer sur les décisions du parlement européen qui d’ailleurs a adopté une résolution condamnant le royaume pour ses atteintes à la liberté d’expression et ses attaques contre les journalistes.
L’enquête de Marianne révélera un activisme trop encombrant du Maroc qui est passé, pour avoir perdu l’efficacité de ses anciens réseaux, du lobbying à l’espionnage et l’infiltration.
Les scandales se succèdent, du logiciel Pegasus utilisé par le Maroc pour écouter des responsables français, y compris le président Macron, le chantage par l’immigration clandestine, le trafic de drogue et bien entendu la corruption des élus européens.
Des responsables français pourraient figurer dans la liste. Le Maroc déploie toutes les méthodes, révèle le magazine.
Malgré le gel qui a frappé la ligne directe entre le roi Mohamed VI et le président Macron, le royaume n’a pas cessé ses pratiques.
Pourquoi, le Maroc est-il intouchable ? se demande Marianne. Parce que, énumère la publication, le Maroc est la porte d’entrée de l’immigration vers l’Europe.
Un phénomène qui inquiète et que le Maroc aidé financièrement par l’UE essaie de contenir ou de combattre. Elle l’a utilisé pour moyen de chantage contre l’Espagne. Il est la porte d’entrée de la résine de cannabis dont le royaume est premier producteur mondial.
Parce que ses ressortissants constituent une importante communauté en France. Elle est la deuxième après les Algériens. Les naturalisés et binationaux, 250.000 selon le magazine, sont aussi présents dans la sphère politique.
Parce que c’est un acteur majeur de l’islam de France. En effet, soutenus par Rabat, les Marocains sont présents dans toutes les instances dédiées à l’islam. Parce que la coopération antiterroriste ne fonctionne pas mal.
Le Maroc a été un grand pourvoyeur de terroristes depuis l’ère d’Al Qaida à l’Etat islamique en passant par le Mujao qui opérait au Sahel. Il était logique qu’il coopère avec les services de sécurité français.
Parce que, autre argument, la donne est compliquée avec un troisième acteur, l’Algérie. Elle s’est compliquée davantage pour le Maroc depuis la rupture des relations diplomatiques. Et parce qu’un autre acteur, l’Espagne, est paralysé.
Le Maroc a réussi à faire fléchir la position de l’Espagne sur la question sahraouie, une humiliation, et a dégradé ses relations avec l’Algérie. Parce que c’est un pays qui compte sur le continent africain, en étalant ses investissements dans le continent surtout dans la région francophone.
Et enfin, est-il avancé pour justifier la mansuétude de Paris vis-à-vis des pratiques inamicales de Rabat, parce que c’est une terre de villégiature pour les gens qui pèsent.
Ces gens se recrutent dans le monde politique, les artistes, comédiens et chanteurs, écrivains et philosophes, la jetset internationale…se retrouvent à Marrakech.
Cependant, même du côté marocain, la perception de la France a changé. Parce que la France de Macron ne regarde pas le royaume comme le partenaire privilégié. Le partenaire à protéger comme le faisait l’ancien président, le défunt Jacques Chirac.
Car, aussi, le rapprochement Macron-Tebboune est mal perçu par le Makhzen. Surtout après les épisodes du coup de fil du roi au président Macron qui l’a laissé en attente ou encore sa non-invitation à l’Elysée.
Le dossier est également truffé d’anecdotes et de témoignages sur les pratiques du royaume que Paris passe sous silence. Pour autant, le divorce n’est pas consommé.
Le couple reste fâché. Depuis 2021. En attendant les conclusions de l’enquête belge.
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