Maroc Confidentiel

Le Maroc perd la main sur le culte musulman en France

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Le Maroc vient de perdre un important levier en France, le Conseil français du culte musulman, en l’occurrence, qui constituait une rampe de lancement supplémentaire marocaine dans l’Hexagone. 

En effet, le président français Emmanuel Macron a déclaré avoir « décidé de mettre au fin au Conseil français du culte musulman » (CFCM), instance de dialogue entre l’Etat et le culte musulman depuis 2003, en recevant jeudi 16 février les membres du Forum de l’islam de France (Forif), nouvel espace de discussion.

L’Algérie, par le biais de la Grande mosquée de Paris, avait également son espace d’influence en France, et ne laissait pas le Maroc diriger la représentativité de l’islam dans l’Hexagone.

Entre Mohamed Moussaoui, le Marocain, et Chems-Eddine Hafiz, l’Algérie, la lutte était imperceptible pour le profane, mais ô combien étourdissante, pour le connaisseur avisé du dossier.

Deux hommes, deux visions, une même mission. Le recteur de la grande mosquée de Paris et le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) se sont livrés souvent à un bras de fer, alors qu’ils étaient chargés de composer dans le cadre de la loi contre les séparatismes en France.

Le culte musulman en France, tiraillements

« Les précédentes instances présentaient des limites que j’ai déjà eu l’occasion de nommer. Il y avait un dialogue qui a existé, il y a eu des vraies avancées. Je ne veux pas sous-estimer ce qui avait été fait, par exemple, avec le CFCM », a déclaré le chef de l’Etat.

« Mais l’Etat discutait bien souvent aussi avec d’autres Etats, dans le cadre d’une forme de rémanence, pas simplement diplomatique mais qui embarquait aussi toute une histoire dont il fallait progressivement sortir », a-t-il poursuivi, ajoutant :« C’est pourquoi nous avons décidé de mettre fin au CFCM. De manière très claire. Et à son activité ».

Différends internes

Interlocuteur historique des pouvoirs publics à partir de 2003, le CFCM, composé de fédérations rattachées aux pays d’origine (Maroc, Algérie, Turquie, etc.), a connu ces dernières années de puissants différends internes.

Dans ses déclarations, le président du CFCM s’en est souvent pris au recteur de Paris, l’accusant notamment de « double discours ».

De son côté, le recteur de la Grande mosquée de Paris accusait Moussaoui de se cacher derrière les statuts du CFCM pour faire passer ses messages politiques.

En décembre 2021, l’exécutif a décidé de ne plus le considérer comme interlocuteur et lui a préféré le Forif – une instance composée d’acteurs de terrain désignés par les préfets – qui s’est réuni en séance plénière jeudi, après un an d’existence, pour livrer ses premiers travaux.

Interrogé par la presse sur les propos du chef de l’Etat, le co-président du culte Conseil français du musulman par intérim, Ibrahim Alci, a répondu: « un CFCM ça ne se dissout pas comme ça ». Le conseil d’administration « va se réunir » et « s’il veut dissoudre, ça se dissoudra », a-t-il dit, précisant que cela serait alors un processus « démocratique ».

A la question de savoir si le CFCM pourrait changer de nom, il a répondu, de manière évasive : « On pourrait, avec le conseil d’administration, acter la fin, oui ».

Il a évoqué la possibilité d’une « renaissance du Conseil français du culte musulman, différemment », via « une autre association, une autre organisation », mais n’a pas donné de détails.

Selon lui, « le Forif, n’est pas le remplacement du CFCM ». L’autre co-président du culte musulman Mohammed Moussaoui, contacté par l’Agence France-Presse, n’était pas joignable.

Source: Djalia

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