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La hausse excessive des prix des produits de première nécessité au Maroc est une conséquence directe d’un dysfonctionnement au niveau national, contrairement aux justifications du Makhzen imputant cette flambée à des facteurs externes, selon des organisations locales des droits des consommateurs.
« Nous ressentons cette hausse des prix, et plus particulièrement au niveau des produits de consommation, surtout les légumes, les fruits et les viandes, dont les prix ont grimpé de manière spectaculaire. Il s’agit d’une vraie bataille pour les plus démunis qui n’arrivent pas aujourd’hui à joindre les deux bouts », a regretté le président de la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC), Ouadi Madih.
Au niveau des marchés de la région Casablanca Settat, le prix de la viande a atteint 120 dirhams le kilogramme (11,64 dollars), la pomme de terre 0,78 dollar/kg et la tomate 1,36 dollar/kg, ont rapporté les médias locaux. Dans son dernier rapport de suivi de la situation économique du Maroc, la Banque mondiale a relevé que la croissance réelle du PIB du Maroc a chuté à 1,2 % en 2022 (estimation), tandis que le déficit de la balance courante a augmenté de 2,3% à 4,1% du PIB, précise le document, ajoutant que l’inflation annuelle a atteint un pic de 8,3% à la fin 2022.
La Banque mondiale a constaté que « ce sont les ménages modestes et vulnérables qui continuent de souffrir le plus de l’impact de la poussée inflationniste des prix alimentaires et autres prix ». Les calculs présentés dans le rapport montrent que « l’inflation annuelle a été pratiquement 30% plus élevée pour les 10% les plus pauvres de la population, par rapport aux 10 % les plus riches, principalement en raison de l’impact de la hausse des prix alimentaires qui représentent une part plus importante de dépenses chez les ménages les plus pauvres ».
« Le problème est qu’aujourd’hui la majorité de ces biens est inaccessible. Le consommateur voit bien devant lui tous les produits dont il a besoin, mais son pouvoir d’achat ne lui permet pas de les acquérir », a fait remarquer de son coté le président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), Bouazza Kherrati. Pour justifier cette flambée des prix, le Makhzen présentait, au tout début de la crise, « la hausse du prix du fret, qui coûtait entre 400 et 1.800 dollars, comme la cause majeure de cette situation, mais actuellement, ce coût est inférieur à 400 dollars, et malgré cela, aucun effet n’a été observé sur les prix pratiqués au Maroc », a expliqué M. Kherrati, soulignant que « le problème réside au niveau du marché national » et renseigne d’un dysfonctionnement au niveau national.
Parmi les raisons réelles qui se cachent derrière cette hausse excessive des prix des produits de première nécessité, les défenseurs des droits des consommateurs citent « la présence de nombreux intermédiaires dans le processus de distribution des marchandises, notamment les produits agricoles ».
« Là où le bât blesse, c’est que le marché marocain, notamment celui des fruits et légumes, regorge d’intermédiaires et fonctionne avec un système de rente », déplore le président de la FMDC, précisant que « le symptôme pathognomonique de cette rente, c’est l’octroi, au niveau du marché de gros, d’une sorte de licence à des gens désignés par une instance inconnue et qui touchent des taxes alors qu’ils n’apportent aucune valeur ajoutée. Cela rend difficile la maîtrise des prix qui sont censés être libres en fonction de l’offre et la demande ».
Un autre dysfonctionnement, et qui n’est pas des moindres, « le caractère occasionnel » du contrôle des prix par les commissions mixtes, provinciales et locales de contrôle des prix. « Les opérations de contrôle ne sont effectuées qu’à l’approche du mois de Ramadan », a regretté Ouadi Madih, insistant sur la « nécessité et l’urgence de prendre des mesures draconiennes et strictes afin que le consommateur se sente protégé ».
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