Tags : France, retraite, article 49.3, Emmanuel Macron, Gilets Jaunes,
Le gouvernement français a opté pour la solution de force en choisissant l’article 49.3 pour faire adopter sa réforme des retraites. Une décision qui a déclenché la colère des Français qui ont protesté dans tout le pays.
A la dernière minute, il a cané. Emmanuel Macron, l’homme que l’on disait jusqu’alors si enclin « à prendre son risque » n’a pas osé jouer à la roulette russe en soumettant au vote des députés son explosif projet de loi sur le report à 64 ans de l’âge de la retraite. A quelques voix près, le pari était trop risqué. Il a préféré le passage en force en utilisant l’article 49.3 de la Constitution.
La réforme lui paraissait trop essentielle pour prendre le risque de la voir passer à la trappe. C’était une promesse de campagne. Mais deux tiers des Français rejetaient cet effort qui leur était demandé. Une bande de « Gaulois réfractaires » qui devant le reste de l’Europe incrédule refusaient de travailler davantage alors que la nouvelle espérance de vie menace partout l’équilibre du système de pensions ? Les choses sont moins simples. La culture contestataire, héritage révolutionnaire, imprime toujours sa marque. La philosophie du compromis n’est pas ce qui caractérise le plus le dialogue social dans l’Hexagone, où la confrontation et le rapport de forces dominent plus qu’ailleurs. Mais il n’y a pas que ça. Ce débat, bien qu’escamoté par des camps électrisés, a mis en lumière une relation au travail très dégradée. Si les Français étaient plus heureux dans leur boulot, s’ils avaient le sentiment de pouvoir en vivre correctement, si les conditions de leur labeur, pour une partie d’entre eux, n’étaient pas si pénibles, sans doute n’auraient-ils pas vécu comme un sacrifice l’exigence de devoir travailler deux ans de plus.
Emmanuel Macron aura sa réforme. A condition qu’une motion de censure n’emporte pas son gouvernement. Mais à quel prix ! Qui sème la brutalité pourrait récolter la tempête. Les premiers rassemblements spontanés, jeudi soir, donnent un aperçu de la colère qui déborde.
Le président a échoué à convaincre le pays du bien-fondé de sa réforme. Il n’a pas su lui donner du sens. Il n’a pas su trouver les mots pour défendre une loi tantôt vantée comme juste, tantôt considérée comme économiquement impérieuse. La manière s’est révélée confuse. La méthode, laborieuse. Jamais les syndicats, pas même les plus réformistes, ne se sont sentis pleinement embarqués dans la négociation. La mise à l’écart des corps intermédiaires était pourtant l’un des péchés originels du macronisme, lors du premier quinquennat. La leçon n’a pas été retenue.
Avec ce choix qui crée une onde de choc dans le pays, Emmanuel Macron affirme son autorité. Mais on lui souhaite bonne chance pour les chantiers à venir. Le pays, plus traversé que jamais de fractures et de rancœurs, ne se laissera pas aisément emmener là où il souhaite le conduire.
Source
#France #Macron #Retraite #Article493