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Par Abdelkader Boussouf
Les récentes attaques marocaines aux drones contre des civils mauritaniens et sahraouis dans une zone proche de l’axe routier Tindouf-Zouerate que longent les camions civils algériens à destination de la Mauritanie constituent une violation flagrante du droit international qui interdit expressément le fait de cibler des civils même en état de guerre. Les actes commis par le Maroc sont donc passibles de sanctions internationales. La Mauritanie est un pays souverain membre des Nations Unies et de l’Union africaine. Si les plaintes auprès des Nations Unies risquent de ne pas avoir de suite eu égard au soutien dont bénéficie le Maroc auprès de pays membres du Conseil de sécurité, en revanche des plaintes auprès de l’UA pourraient mettre la pression sur le royaume alaouite.
Cependant, les pays concernés par les provocations marocaines dans la région ne pourront pas rester longtemps sans réaction dans la mesure où les attaques aux drones mettent en danger à tout moment la vie de leurs ressortissants et entravent la libre circulation des camions de livraison de biens qui constitue un facteur clé dans l’intégration régionale souhaitée par l’UA. A la suite de l’attaque aux drones qui a fait trois victimes algériennes en novembre 2021, l’Algérie s’est contentée à l’époque de mesures de rétorsion diplomatique et économique qui ont eu un effet certain sur le Maroc mais visiblement pas suffisamment puisqu’il n’a pas hésité, il y a deux semaines, à réitérer ses attaques contre des civils mauritaniens et sahraouis.
Les attaques marocaines aux drones peuvent à tout moment dégénérer même involontairement en conflit ouvert entre les armées des pays voisins. Jusqu’ici l’Algérie et la Mauritanie ont fait preuve d’une grande retenue qui est à saluer. Il n’empêche que les provocations marocaines constituent une menace réelle pour une région qui est pourtant déjà sujette à une grave déstabilisation liée aux activités des groupes terroristes qui écument la zone du Sahel. L’Algérie prend très au sérieux les risques sécuritaires engendrés par l’activité de plus en plus belliciste de l’armée marocaine.
Tout laisse penser que l’Algérie ne tombera pas facilement dans les provocations marocaines qui visent manifestement à embraser la région. En effet, les provocations marocaines sont telles qu’elles ne peuvent être dictées que par une volonté délibérée de provoquer un conflit ouvert avec l’Algérie et la Mauritanie en vue de faire intervenir directement les puissances occidentales dans le but d’imposer un cessez-le-feu sous leur contrôle. Le calcul perfide du Maroc est que ce cessez-le-feu mettra fin en même temps à la lutte armée du Front Polisario.
En effet, tant que le Maroc fait face militairement à l’armée populaire de libération sahraouie, aucune puissance internationale ne pourra faire cesser le conflit pour la raison simple que le droit international n’interdit pas à un peuple dont le territoire est illégalement occupé de prendre les armes en l’absence d’autres voies et moyens. Or, le Maroc qui fait face actuellement à une grave crise économique et sociale aura du mal à supporter plus longtemps le coût de la guerre d’usure que lui mène actuellement l’armée populaire de libération sahraouie surtout si cette dernière tire tous les enseignements militaires des deux années précédentes et passe à une vitesse supérieure en introduisant par exemple à son tour des drones tactiques sur le modèle des Houthis yéménites.
Sans tomber dans les provocations marocaines, l’Algérie et la Mauritanie n’ont pas d’autre choix que de défendre leur souveraineté et la sécurité de leurs ressortissants civils dans le respect du droit international. Mais la meilleure autodéfense de la part de ces deux pays s’avère être le renforcement quantitatif et qualitatif du soutien diplomatique et militaire accordé au Front Polisario dans sa guerre juste contre le régime colonialiste et expansionniste de Rabat.
Le 05 février 2023
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