Maroc Confidentiel

Le cas du Malawi et la RASD


Objet : Malawi/Cause nationale 11 mars 2014
 
J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Monsieur le Ministre que la presse africaine a fait état d’une information diffusée par les séparatistes selon laquelle la Présidente du Malawi Mme Joyce Banda aurait reçu, le 6 mars 2014, le dénommé Salha Al Abd, « ambassadeur de la soit disant « rasd » à Pretoria, qui lui aurait remis ses lettres de créances en tant qu’ « ambassadeur non résident de la « rasd » au Malawi.

Il est à rappeler que le Malawi a reconnu la pseudo « rasd », le 16 novembre 1994. Après des efforts soutenus de notre diplomatie, le gouvernement du Malawi a retiré le 26 juin 2001, sa reconnaissance mais suite aux agissements de la diplomatie algérienne et sud-africaine, le Malawi a de nouveau, reconnu cette entité, en marge du Sommet de l’Union Africaine de Février 2008.

Une intense compagne d’explication vers ce pays, a convaincu  Mme Joyce Banda, alors Ministre des Affaires Etrangères du Malawi,  de déclarer le 16 septembre 2008 à Rabat, que son pays «  a décidé, à la lumière des récents développements de la question du Sahara au niveau des Nations Unies, de retirer sa reconnaissance de la « rasd » et de rompre toutes relations avec elle ». Ces efforts diplomatiques ont été soutenus par une forte implication de l’AMCI qui a offert au Malawi une aide financière multiforme et des bourses d’enseignement.

 Le rapprochement entre le Maroc et le Malawi a été renforcé par une audience de Mme Joyce Banda avec Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères en marge du sommet de l’UA de janvier 2013 à Addis-Abeba, au cours de laquelle les moyens susceptibles d’insuffler une nouvelle dynamique aux relations bilatérales ont été examinés.

Suite à cette rencontre, une délégation ministérielle malawite a visité le Maroc du 11 au 15 novembre 2013, et a eu de fructueux entretiens avec plusieurs responsables marocains. Une proposition pour la tenue d’une commission mixte de coopération a été retenue pour le dernier trimestre de 2014.

Toutefois, dans le cas où ce revirement se confirme, il pourrait être expliqué dans une certaine mesure, par l’influence grandissante de l’Afrique du Sud sur la politique intérieure des pays de sa zone d’influence en Afrique australe. En effet, la Présidente du Malawi ne voudrait pas altérer ses chances de gagner les élections présidentielles prévues au mois de mai 2014 dans une conjoncture économique des plus défavorables.

En s’alignant ouvertement sur la politique étrangère du voisin sud-africain, Madame Banda serait sûre d’obtenir son soutien sur le plan interne, notamment avec la montée des protestations sur la gestion des fonds publics par son gouvernement et son incapacité à freiner l’expansion de la corruption.

Par ailleurs, ce changement de position sur la question nationale pourrait rentrer également dans le cadre de l’offensive menée dernièrement par les ennemis de notre intégrité territoriale dans les régions orientale et australe de l’Afrique, tel qu’illustré par la réouverture de « l’ambassade » de la « rasd » à Nairobi et les pressions menées auprès du nouveau Président malgache.

Dans l’optique de prendre les mesures qu’imposerait un tel revirement de la part du Malawi, nos Ambassades à Pretoria (qui couvre le Malawi) et au Caire (résidence de l’Ambassade du Malawi qui couvre le Maroc) seront instruites afin de s’enquérir des soubresauts de ce nouveau développement et de proposer, le cas échéant, des actions susceptibles d’aider à inverser cette tendance contraire aux intérêts de notre pays.  


Abdelkader TALEB
Chef de la Division de l’Afrique Centrale et Australe
Direction des Affaires Africaines
Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération
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