Oui, le Maroc a eu son propre « Assange » mais sous le pseudonyme de Chris Coleman et il a sévi en septembre 2014 en pleine brouille diplomatique entre Paris et Rabat suite à la tentative de la justice française d’interroger le patron des services de sécurité, Abdellatif El Hammouchi, sur une affaire liée à deux plaintes pour torture déposées par deux citoyens franco-marocains.
Sous l’identifiant de @chris_coleman24,le hacker a balancé sur la toiles des milliers de documents de la diplomatie et des services secrets marocains
L’activiste s’identifie comme Le Makhzen et utilise le compte @chris_coleman24 pour poster et annoncer des publications en français et en arabe de documents et de messages révélant des secrets marocains. Il y a une semaine, Twitter a suspendu, à la demande du gouvernement marocain, une autre page portant les mêmes tags, mais l’activité a repris avec l’ouverture de cette nouvelle page.
Les révélations portent notamment sur la cyberguerre et la guerre de l’information avec le gouvernement algérien (pays avec lequel le Maroc partage une frontière) et les tentatives de discréditer le mouvement indépendantiste sahraoui. Elles mentionnent plusieurs articles « subventionnés » par les autorités marocaines pour diffuser dans la presse européenne la position de Rabat sur le territoire contesté du Sahara occidental.
En réponse aux premières publications, le ministère des Affaires étrangères a imputé les fuites à des espions algériens. Ce faisant, il a effectivement reconnu l’authenticité d’au moins une partie du matériel publié.
Parmi les fonctionnaires dont les boîtes aux lettres sont tombées entre les mains des pirates informatiques figurent le chef du service diplomatique marocain, Salaheddin Mezouar, et la vice-ministre Mbarka Bouaida. La Direction générale des études et des documents est un autre organisme gouvernemental victime d’un vol massif de données.
Les journalistes français savent-ils qu’ils travaillent pour la DGED marocaine ?
Selon les documents publiés par le pirate informatique marocain Chris Coleman, l’information circulait sans problème entre certains Français et le rédacteur en chef de L’Observateur du Maroc, Ahmed Charai, qui à son tour rendait compte à Mourad El Ghoul, directeur de cabinet de Yassine Mansouri, chef de la DGED marocaine.
Ils ont travaillé comme collaborateurs de L’Observateur du Maroc pour couvrir d’autres activités qu’ils menaient pour le service de renseignement marocain.
-Parmi ces activités, le relais de la propagande du Maroc pour améliorer l’image du roi Mohammed VI. Dans ce domaine, Vincent Hervouet était un véritable espion actif de toutes les publications parues en France contre le roi du Maroc et son pays. Le 01/03/2012, il a envoyé un message « urgent » et demandant un « accusé de réception » dans lequel il rapporte que « le livre d’Eric Laurent sur Votre Roi trouve un écho à Paris et le type fait carrément campagne. Il parle de menaces physiques par le biais de messages anonymes, incroyable ! « . Lors de la sortie du livre de Khalid Jamai, » Après l’État du Makhzen arrive l’État du chmakri « , remarque Hervouet dans un mail le 22/06/2012. « C’est du travail de communication « . De « l’agitprop » assez professionnelle. Ils occupent le terrain. Ils saturent l’écriture. Ils finissent par imposer leurs lubbies. Il faut venir à Paris pour en parler … avant qu’il ne soit trop tard », dénonce-t-il.
- Ahmed Charai s’est adressé à eux pour toute forme d’information dans le domaine des médias. Le 10/01/2010, Dominique Lagarde informe Charai d’une interview dans l’Express d’une université IFRI, » assez critique sur le raidissement des autorités sur la presse » au Maroc. « Je n’ai pas eu d’écho, mais il semble qu’un proche du palais, Terab, directeur de l’Office des phosphates ait contacté l’IFRI pour protester. J’ai vu JP Tuquoi dans une conférence à Paris. Il semble que le Palais, par l’intermédiaire de cet office, soit devenu financeur de l’IFRI ( ?). Je n’en sais pas plus », dit-elle. 11/05/2011, elle lui rapporte que « l’interview de Mly Hicham s’est faite à sa demande et par l’intermédiaire de C. Barber ».
-Ils ont été convoqués pour des conférences et débats de propagande organisés par le Maroc, comme celui du 17 décembre 2008 à Paris, au Cercle National des Armées pour présenter le livre d’Henri VEDIE sur les « réalisations » du Maroc au Sahara Occidental.
- Pour sauver le Maroc des effets du Printemps arabe, ces journalistes prendront soin de vanter les réformes de la nouvelle Constitution marocaine.
- Publicité pour le projet Tanger « Hervouet parlera du projet dans son Journal de jeudi 18h45 (heure de Paris), Mireille duteil fera un papier sur et Dominique Lagarde aussi dans l’Express.fr » indique Charai le 7 janvier 2012.
En plus de la communication, ces journalistes ont été utilisés dans des plans de déstabilisation de l’Algérie et du Front Polisario. Ils ont participé à la promotion du Gouvernement provisoire du MAK, une création du Makhzen marocain. Hervouet a élaboré une vidéo accusant les Sahraouis d’être derrière l’enlèvement de deux Français au Mali. Ses attaques contre l’Algérie remplissent les colonnes du journal marocain L’Observateur du Maroc. Un véritable travail de mercenaires.
Voici la liste des journalistes constamment convoqués et évoqués dans les mails échangés entre Ahmed Charai et la DGED :
Mireille Duteil : Le Point
Dominique lagarde : L’Express
José boy : ex Libération ; actuellement Medi1 sat et chroniqueur pour Le Journal « Stratégie ».
Vincent Hervouet : LCI
Florence Beaugé : Worldwide
Ruth Elkrief : BFM TV
Elaine Sciolino : Office Manager Paris The New York Times
Jean Pierre El Kabbach : Président d’Europe1