Tags : Parlement Européen, Tunisie, Kaïs Saïed, répression,
La situation en Tunisie se dégrade à vue d’œil. En quelques mois, toute la démocratie est par terre : système judiciaire, collectivités locales, droits humains, tissu associatif… La démocratie a une nouvelle page de déchirée : les maires élus ont été démis de leurs fonctions. En réaction à ces développements alarmants, Mounir Satouri a obtenu que le Parlement européen adopte une résolution d’urgence, portant notamment sur le cas du journaliste Noureddine Boutar.
Pour Mounir Satouri
Kaïs Saïed a profité de la volonté du peuple de se débarrasser d’Ennahda pour le flouer et installer toutes les composantes d’une dictature.
Et le Président s’amuse cyniquement, avec la vie des sub-sahariens, avec des discours racistes, qui ouvrent la porte aux exactions envers les migrants et les Tunisiens qui ont le malheur de leur ressembler. Le populisme est à son comble et fait un écho malheureux à d’autres populismes racistes, ici, en Europe, qui participent à le légitimer.
L’heure est grave. L’heure doit être à la condamnation claire de la part de l’Europe de cette dictature qui s’installe. Il est temps de s’assurer qu’aucun financement européen ne serve directement ou indirectement à l’instauration de cette dictature et aux exactions commises, qu’il s’agisse de la destruction de la justice, du tissu associatif, de la gestion migratoire, de l’aide à la gouvernance…
Nous avons une responsabilité majeure, en tant qu’Européens. Souvenons-nous en et restons aux côtés de celles et ceux qui défendent encore le droit.
Noureddine Boutar
Noureddine Boutar dirige la Radio Mosaique FM, la première station de radio privée de Tunisie. Mi février, il a été interrogé sur la ligne éditoriale de Mosaïque FM et finalement inculpé pour blanchiment et enrichissement illégal.
Proposition de résolution verte
Le Parlement européen,
– vu l’article 144 de son règlement intérieur,
A. considérant que depuis l’auto-coup d’État du président Kais Saied en juillet 2021, sa suspension du gouvernement et du Parlement démocratiquement élus, il gouverne par décret; considérant que Saied a aboli la séparation des pouvoirs et réécrit la constitution du pays dans le cadre d’un processus qui, selon la commission de Venise, ne remplissait pas les conditions juridiques préalables; considérant que seulement 11 % des Tunisiens ont participé aux récentes élections législatives; considérant que le 9 mars 2023, Saied a annoncé la dissolution des autorités locales;
B. considérant qu’en février 2023, les autorités tunisiennes ont lancé la répression la plus agressive contre la dissidence depuis la révolution tunisienne de 2011, arrêtant des critiques, dont le directeur de Mosaïque FM Noureddine Boutar, des militants politiques Chaima Issa, Jaouhar Ben Mbarek, des politiciens de l’opposition et un syndicaliste politiquement accusations non fondées motivées; considérant que Boutar a été interrogé sur la ligne éditoriale de Mosaïque FM et finalement inculpé de blanchiment et d’enrichissement illégal ;
C. considérant que le 21 février, le président Saeid a affirmé qu’il y avait un complot visant à installer des Africains subsahariens en Tunisie pour modifier la composition démographique; considérant que t par la suite, des Africains subsahariens de tout le pays ont été arrêtés, violemment agressés ou ont perdu leur emploi; considérant qu’en 2018, la Tunisie a promulgué la loi 50-2018 pénalisant la discrimination raciale et permettant aux victimes de demander réparation;
1. est profondément préoccupé par les implications pour les droits de l’homme du démantèlement de la démocratie tunisienne par le président Saied et l’escalade dramatique de sa consolidation dictatoriale;
2. demande au président Saied et aux autorités tunisiennes de respecter la liberté d’expression et d’association, de libérer les personnes détenues arbitrairement et de retirer les accusations infondées; demande aux autorités tunisiennes de respecter le droit à une procédure régulière et à un procès équitable, de mettre fin au harcèlement et à la discrimination contre les journalistes, les avocats, les défenseurs des droits humains, les syndicalistes, les Africains subsahariens et les opposants politiques ;
3. appelle les autorités tunisiennes à agir conformément au droit international des droits de l’homme et à ses lois nationales, notamment la loi 50-2018 contre la discrimination raciale, à s’abstenir de toute incitation raciste et campagnes de diffamation et à ouvrir des enquêtes sur les abus ;
4. Exige que le Président Saied réintègre immédiatement les juges et les procureurs arbitrairement révoqués et annule toutes les mesures portant atteinte à l’indépendance judiciaire ;
5. demande à toutes les institutions de l’UE et aux États membres de condamner fermement et publiquement la répression de la dissidence, des attaques racistes et des discours de haine et d’exiger la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et des mesures concrètes vers un dialogue démocratique national inclusif ;
6. demande à la Commission européenne de suspendre l’assistance macrofinancière au Trésor tunisien jusqu’à ce qu’il y ait des améliorations tangibles dans le respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit; veiller à ce que le financement de l’UE ne renforce pas les institutions et les pratiques qui contribuent aux violations des droits de l’homme ; revoir le soutien financier et la coopération avec le système judiciaire tunisien et cesser de financer le système intégré de surveillance côtière de la Tunisie ; rediriger les fonds de l’UE vers les ONG locales et les organisations internationales qui fournissent une aide directe aux personnes dans le besoin ;
7. invite la délégation de l’UE et les ambassades des États membres en Tunisie à observer les procès des personnes détenues arbitrairement et à leur rendre visite;
8. charge sa Présidente de transmettre la présente résolution aux institutions de l’Union, à la HRVP, aux États membres et à la Tunisie;
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